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Critiques de Apulée (44)
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Amour et Psyché

« Attention, chers lecteurs, le livre que vous avez entre les mains est un lac en apparence silencieux. Plongez cet objet au fond de votre sac, et prenons un rendez-vous secret avec lui, à minuit, quand les bruits du monde vous auront délaissés... »

Voilà commence la préface de ce livre offert à l’occasion de la Fête de la Librairie par les libraires indépendants.



A ce rendez-vous secret, je me suis rendue... et j’ai (re)découvert un mythe, raconté par Apulée au 2e siècle.

A ce rendez-vous secret, je me suis rendue... et j’ai admiré de nouveau les vitraux de la galerie du château de Chantilly (musée Condé) illustrant cette histoire d’amour et de fureur.

Car il s’agit bien d’amour et de fureur ! Loin de moi l’idée d’analyser le contenu et le style, je me sens bien trop petite pour me mesurer à ce monument de la littérature, mais je vous donne, en vrac, mes sensations :

- Etonnement sans fin face à ces mortelles qui acceptent avec presque simplicité le commerce avec les Dieux (Psyché est enlevée à sa famille parce qu’elle est trop belle, et côtoie par cette occasion Cupidon, Vénus, Junon, Proserpine et autres divinités)

- Pointe d’envie face à l’amour infini que lui procure Cupidon chaque nuit

- Exaspération face à la bêtise et la curiosité de cette jeune femme comblée qui veut encore plus malgré les avertissements de son cher et tendre (il lui interdit de le regarder, et elle le fait quand même, évidemment)

- Rage face à la méchanceté incroyable de ses 2 sœurs qui, elles, n’ont pas eu la joie de s’unir à un jeune homme fringant

- Stupéfaction totale et déception face à l’appellation de Cupidon : « petit garçon » et son illustration dans les vitraux (oui, oui, c’est bien le garçonnet joufflu !!! Qu’est-ce que c’est que cet amour – pas seulement platonique ! – entre une femme et un garçonnet ???)

- Indignation sans limites face à cette Vénus jalouse de l’amour que porte son propre fils à une autre femme plus belle qu’elle. Voilà bien l’ancêtre du mythe de la belle-mère ! Et cruelle, qui plus est ! Faire fouetter une femme enceinte, par exemple...

- Apitoiement teinté de ravissement face aux épreuves quasi insurmontables que fait subir Vénus à la belle-fille honnie. Mais bon, pareille à une enfant, je me suis dit : « Elle a des amis, heureusement, pour la sauver !



Bref, ne vous adressez pas à moi pour avoir un quelconque avis philosophique ou psychologique, dites-vous bien que j’ai passé un bon moment à me cultiver et à accueillir mes sensations en toute candeur.



Bienvenue dans le monde des livres d’art illustrant les classiques !

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Amour et Psyché

Il était une fois, dans un lointain pays, un roi et une reine qui avaient trois filles, toutes trois fort belles… ainsi commence ce magnifique conte que l’on ne doit pas aux frères Grimm où à Charles Perrault mais à Apulée né en 125 de notre ère, sous le règne de l'Empereur Hadrien. Il apparaît dans l’œuvre de l’auteur intitulée « les métamorphoses » écrite au cours du deuxième siècle.



Je lis dans wikipédia, que l’origine du conte écrit se situe au XVIème siècle ? Apulée semble en avoir écrit les bases et d’autres récits, nés de la tradition orale ont certainement vu le jour antérieurement. On retrouve dans cette histoire magnifique, tous les aspect du conte tel que nous le connaissons aujourd’hui : une situation initiale : une jeune fille que l’on vient admirer et vénérer, une rupture : la jalousie de la déesse Vénus, (se demander si l’histoire de Blanche neige n’y prend pas sa source), la jalousie des sœurs de psyché qui précipiteront son malheur, d’autant plus qu’elle cède et brave les interdits, une errance et des épreuves puis un nouvel équilibre qui se crée, généré par les épreuves menées à bien, une situation finale heureuse d’où le héros sort grandi.



On n’oubliera pas les être qui viennent aider le héros dans ses épreuves, dans le récit, psyché se voit confier des travaux irréalisables pour une mortelle, elle est aidée et conseillée par des animaux, des éléments naturels ou matériels et mène ces travaux à leur terme.



Ces adjuvants sont partie intégrante de l’environnement et comme tous les éléments, ils sont de nature divine ou travaillant avec les Dieux de l’olympe, on peut même affirmer que tout ce qui existe à l’état d’idée, de chose, d’être vivant est baigné dans la divinité : depuis la Terre elle-même, jusqu’aux sentiments inspirés aux mortels : fortune : qui distribue la misère ou la prospérité est annoncée par Eros, Sobriété est l’ennemie jurée de Vénus , inquiétude et tristesse sont les servantes qu’elle appelle à son service pour le malheur de Psyché.



Le message délivré dans ce conte par Apulée n’est pas difficile à cerner : ne pas se montrer curieux, ni désobéissant, ni jaloux sous peine de se tracer un destin peu enviable, on comprendra également que la notion de destin y est implicitement mise en question : nos actions ouvrent des porte de ce qui sera la destinée que nous nous forgeons.



Les Dieux ne revêtent un aspect divin que parce que l’on sent la nature à leur service et qu’ils disposent de l’autorité et des richesses les plus pures : le char de Vénus lui fut offert par Vulcain le Dieu orfèvre, il est tiré par des colombes éblouissantes de blancheur, il est suivi par un cortège formé par tous les oiseaux du ciel et les nuages s’écartent pour le laisser passer...Voici donc une grande différence entre les Dieux et les mortels, par ailleurs, ils vivent et réagissent comme des humains : il rient, se mettent en colère, sont jaloux, intriguent au sein de l’Olympe, tombent amoureux.





Je me suis sentie bercée par ce conte si bien écrit (voir citation) par Apulée dont l’histoire raconte qu’il fut formé par un « litterator », puis un « grammaticus » pour terminer cette éducation entre les mains d’un »rhetor qui lui enseigna l’art de manipuler les mots.



Un récit à lire et à relire afin de se délecter du texte qui nous fut généreusement offert par Harmonie, Beauté et Douceur !
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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L'Ane d'or ou Les métamorphoses

J'ai été surpris par la modernité de ce texte qui outre l'occasion de revisiter l'Antiquité et ses mythes propose un regard décalé sur la société de l'empereur romain Marc Aurèle. Finalement, si peu semble nous séparer des mœurs de l'époque. Cette thérianthropie m'a fait penser par moment à Truismes de Marie Darrieussecq. De nombreux passages de l'Âne d'or ou Les métamorphoses ont dessiné un sourire sur mes lèvres et mis de la joie dans ma lecture. Un bon moment...
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L'Ane d'or ou Les métamorphoses

Un texte délicieux et gourmand .. ....



Je ne partirais pas pour ce commentaire dans des considérations historiques ou rhétoriques ..

Ce texte est un récit excessivement vivant qui peut parler à n'importe quel lecteur contemporain..

Pas besoin d'être féru de lettres classiques ...



La structure narrative n'en fait pas un roman au sens contemporain du terme ..

Cependant ! il est indiscutable que l'effet produit un presque roman ou un assemblage de trois récits très cohérents ( avec des personnages très réussis et très fonctionnels )...



Les métamorphoses constituent une thématique antique très riche ( effets littéraires .. mais aussi métaphores philosophiques ou expression du sentiment religieux ) ...

Ce texte est très vivant ..

C'est un vrai guide touristique rempli de magiciennes .. de larcins .. de quiproquos cocasses .. d'ironie .. d'humour et même de fables sexuelles à la limite du vaudevillesque ..

Le titre est très évocateur et l'âne ( pour un temps un âne et pour un temps victime d'une ruse éculée ) traverse des péripéties de derrière les fagots ( une partie seulement du récit ) ..

Ce texte est une distraction efficace .. qui rend l'antiquité gréco-romaine vivante et proche ...

Ce texte démontre aussi que le sens de l'humour ne date pas d'aujourd'hui et il parle à des lecteurs contemporains aussi facilement que ne le fait le dernier roman en date ...



je ne résiste pas au plaisir de citer PL Courier ( PL Courier est un latiniste et helléniste éminent de la fin du 18e siècle ...) qui parle très justement de ce texte :



" On y trouve des notions sur la vie privée des anciens, que chercheraient vainement ailleurs ceux qui se plaisent à cette étude. Là se voit une vive image du monde, tel qu'il était alors; l'audace des brigands, la fourberie des prêtres d'Isis, l'insolence des soldats sous un gouvernement violent et despotique, la cruauté des maîtres, la misère des esclaves; tout est vrai dans ces fictions si frivoles en apparence; et ces récits de faits, non seulement faux, mais impossibles, nous représentent les temps et les hommes mieux que nulle chronique, à mon sens. "



Pour faire une délicieuse et vivante plongée dans l'antiquité classique difficile de trouver mieux .. ( à part peut-être certaines pièces d'Aristophane ) ..

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L'Ane d'or ou Les métamorphoses

Voilà un roman de l'antiquité où on ne s'ennuie pas, où on a l'impression de redécouvrir une époque si ancienne alors qu'elle nous semble étonnement moderne.

Il y a de tout dans le long voyage de cet homme transformé en âne et qui va chercher à redevenir un homme: de l'humour, de l'aventure, des meurtres, du sexe, de la violence, de l'amour et de la tendresse, de la tristesse aussi. C'est un fourre-tout qui permet, à partir de multiples rebondissements, d'étudier l'homme, son comportement, le tout dans le corps d'un âne qui pense comme un humain.

L'animal n'a pas été choisi au hasard, il nous apprend beaucoup de choses sur nous et sur lui-même.

On pourrait presque parler d'antiroman de l'antiquité: on est loin d'Ulysse et de l'épopée, on assiste plutôt à une déshumanisation de l'homme pour mieux comprendre sa condition.

C'est vraiment un roman surprenant, amusant et plaisant à lire.
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Amour et Psyché

Moins romain que berbère, moins italien qu'africain, Apulée est un de ces grands conférenciers brillants et touche-à-tout qui avait des lumières de tout, et qui se sentait citoyen du monde plus que citoyen romain.



Il a écrit un immense roman, L'Ane d'or, ou, sous couvert d'aventures picaresques, il raconte une initiation aux cultes mystérieux de l'Orient dont Apulée était, dit-on, fort instruit..



Amour et Psyché fait partie de ce grand roman antique. C'est un conte dans le conte, une parenthèse enchantée, une sorte de mise en abyme de toute Initiation, par l'initiation suprême- celle de l'âme à sa propre immortalité..





Amour séduit Psyché, elle n'a pas le droit de le contempler mais jouit nuitamment de ses visites jusqu'au jour où ses deux méchantes soeurs lui insufflent le doute: ce serait un affreux monstre qui lui procurerait ces enivrantes caresses...Psyché -âme en grec- prend une lampe à huile et fort imprudemment découvre à sa lumière son amant : c'est un magnifique jeune homme, ailé, divin, Eros, le fils de Vénus..Mais une goutte tombe sur l'épaule du dieu et le réveille. Et les ennuis commencent...



Tout y est: le féerique, le fantastique, l'érotique, le philosophique, le mythique, l'ésotérique...Chaque grille d lecture s'applique au récit sans effort, et le charme, puissant, d'un récit bien troussé et plein d'esprit, demeure...



Délicieux comme un loukoum à la rose...





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Amour et Psyché

Cette édition réalisée à l'occasion de la Journée du livre est un joli cadeau qui permet de retrouver le texte original de ce mythe souvent repris au cours des siècles, en particulier par La Fontaine. On y retrouve des thèmes chers aux poètes et aux conteurs, qui expriment toute l'ambivalence des sentiments humains: confiance, abandon et tendresse, mêlés de crainte, culpabilité et rancune. La pauvre Psyché, c'est notre âme naïve et crédule, qui aspire au bonheur aveugle mais veut aussi connaitre le secret des choses. Tiraillée entre sa félicité conjugale et sa piété filiale, victime de la jalousie de ses soeurs et de sa belle-mère, ne sachant plus à quelle déesse se vouer, elle doit affronter bien des obstacles avant de trouver la paix.

Elle n'est ni sotte ni égoïste, seulement humaine: faible face à ses émotions, forte devant les épreuves. On ne peut s'empêcher à certains passages de penser à Cendrillon, ou à la Belle de Mme Leprince de Baumont.

Le texte est enrichi de très belles illustrations qui ne souffrent pas du petit format, et d'une préface de Pascal Quignard.
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L'Ane d'or ou Les métamorphoses

Je sais bien que les auteurs antiques peuvent souvent réserver de belles surprises, mais j’avoue ne pas m’être du tout attendue, avec L’Âne d’or, à un récit si moderne. Récit que nous fait Lucius, le héros/anti-héros de l’histoire, de ses aventures à travers la Thessalie, d’abord comme humain, ensuite comme âne, alors qu’il est victime d’une métamorphose malencontreuse. Métamorphose qui lui permettra de voir le monde d’un autre œil, pas le plus agréable et le plus facile.



Au fil de son récit apparaissent d’autres récits, parfaitement enchâssés, transmis par des personnages rencontrés au fil de ses pérégrinations, éclairant avec beaucoup d’intérêt, parfois d’humour, parfois au contraire de gravité, des évènements et comportements ayant eu lieu auparavant dans l’intrigue première. Les récits enchâssés se font ainsi leçons, autant pour ceux à qui l’on raconte l’histoire dans le roman, que pour le lecteur, sans pour autant faire preuve d’un didactisme trop moralisateur, certaines scènes du roman explicitant au contraire les délires du corps, notamment sexuels, dans toute sa crudité et sa réalité – où l’on nous voyons bien que nous sommes dans l’Antiquité, même si latine -, annihilant bien cette idée de moralisation à outrance. Ici, c’est à mon sens le divertissement qui prime, et le plaisir de raconter, autant pour Lucius que pour les autres narrateurs.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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L'Ane d'or ou Les métamorphoses

Je ne m'attendais sûrement pas à ça en ouvrant le livre. En effet, ce fut une surprise...et quelle surprise!

Même si le récit nous offre une vision de l'Empire Romain à l'époque d'Apulée, je n'ai jamais eu l'impression d'avoir affaire à un "vieux roman" mais j'ai eu plutôt le sentiment de lire un roman moderne.



Avec Lucius, on rit, on assiste à des histoires cauchemardesques et pourtant si drôle. J'ai même plusieurs fois levé les yeux en me disant..."non, ce n'est pas possible, il est sérieux?"



Je ne connaissais pas du tout avant de devoir le lire pour la fac, et sincèrement, même si l'humour est surprenant -ça vaut 100000 fois Fifty Shades of Grey- ce récit est à découvrir, pour le plaisir.
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L'Ane d'or ou Les métamorphoses

Écrivain antique du IIe siècle, Apulée est reconnu pour avoir écrit L'âne d'or ou Les Métamorphoses. C'est l'histoire d'un aristocrate grec, Lucius, qui débute le récit par un de ses voyages en Thessalie. Il y est accueilli par Milon, un vieil homme marginalisé et s'éprend très vite de Photis, l'esclave de la maison. Une nuit, cette dernière lui fait part d'informations concernant sa maîtresse, Pamphile, qui est en effet capable de changer son apparence. Lucius, fasciné par cette mystérieuse magie et en ayant été témoin, souhaite également en subir les effets. Cependant, alors qu'il croyait pouvoir devenir un hibou, le voilà transformé en âne (ce qui fait tout de suite rire le lecteur). C'est ainsi que sa vie bouscule: il accumule plusieurs maîtres, qui lui affligent tous de mauvais traitements. Il réussit malgré tout, à redevenir humain grâce à l'aide de la déesse égyptienne, Isis.

Le personnage de Lucius constitue selon nous une belle réussite littéraire car il présente plusieurs facettes, à la fois antipathique et sympathique. En effet, suite à sa transformation en âne, il a une profonde envie de s'en prendre violemment à Photis car il estime qu'elle est responsable de son sort. Il arrive donc, en quelques instants, à éprouver une haine envers celle qu'il chérissait pourtant, bien qu'elle lui assure qu'il peut retrouver son ancienne forme en mangeant de simples roses. On a alors l'impression qu'il voit les femmes comme de simples objets sexuels: il est vrai que sa libido est déclenchée à chaque fois qu'il aperçoit une belle femme. Par ailleurs, il nous semble qu'il perd peu à peu son humanité une fois changé en âne, même s'il a toujours la capacité de réflexion. Par exemple, il s'en est déjà pris à de vieilles personnes après avoir détruit leur pâturage en cherchant des roses, et même s'il ne fait que de se défendre, il n'a jamais aucun scrupule. D'ailleurs, il se réjouit même de la mort (dont il est en partie responsable) d'un jeune esclave, qui était chargé de sa garde. Cependant, on reconnaît également que ce changement de comportement peut s'expliquer par le fait qu'il n'a absolument plus aucun contact social, ne serait-ce qu'avec d'autres chevaux. Il ne vit que pour survivre: il est sans cesse maltraité et battu violemment par ses différents maîtres ce qui entraîne la sympathie et la pitié du lecteur. Et le ton amical qu'il emploie dès le début, en s'adressant directement au lecteur, nous donne l'impression de parler à un ami proche et de devenir son confident intime.

D'autre part, les récits secondaires nous ont particulièrement plu .

L'histoire de la jeune et belle Charité, nous a marquée. De son enlèvement par des brigands, à son suicide après la mort de son mari, son histoire est touchante, émouvante, et aurait même pu faire l'objet d'une tragédie classique. Le personnage en lui-même est captivant: il s'agit d'une femme fidèle à son mari, pleine de vertus, aimable: elle est la seule personne à être agréable avec Lucius, transformé en âne.

Le récit d'une multitude d'anecdotes nous permet d'avoir une idée globale du monde romain à l'époque d'Apulée. Ces histoires ne sont d'ailleurs pas toujours racontées par Lucius et on a trouvé très pertinent ce changement constant de narrateur, qui donne l'impression d'interroger directement les paysans de l'Empire. Elles sont la plupart du temps centrées sur la vie pénible des esclaves. L'une d'entre elles est particulièrement choquante: une esclave, étant trompée par son mari, décide de mettre fin à ses jours, en emportant avec elle son bébé.

La magie et la sorcellerie occupent, par ailleurs, une place très importante dans le livre. La transformation de Lucius en âne, la mention d'un dragon, des Enfers, de sorcières dévorant le visage des cadavres infléchissent le roman vers l'univers des contes. Le mythe de Psyché, qui est rapporté dans ce livre, en est un bel exemple. Il raconte en effet l'histoire d'amour vécue entre une simple humaine et le Dieu Amour. Leur couple est menacé à plusieurs reprises, notamment à cause de la déesse Vénus, qui met Psyché à l'épreuve en l'envoyant par exemple aux Enfers. Malgré les obstacles, Amour et Psyché finissent par se retrouver. Il s'agit certes d'un mythe très attrayant mais nous l'avons trouvé beaucoup trop long par rapport aux autres récits enchâssés et nous aurions également aimé une description beaucoup plus complète des Enfers.

La lecture reste cependant très facile et agréable, surtout que le style d'écriture utilisé est assez simple. On vous le recommande vivement, si vous avez envie de bon moments de détentes !
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L'Ane d'or ou Les métamorphoses

L'Âne d'or, récit de onze livres, constitue l'ancêtre du roman picaresque. C'est également un témoignage sur l'intérêt de l'époque pour tout ce qui touche au mystique et au merveilleux ainsi qu'un témoignage sur les activités des classes inférieures.

De plus, sur l'histoire principale, racontée par Lucius lui-même, viennent se greffer une foule d'autres récits, plus ou moins longs, rapportés par les protagonistes que Lucius rencontre au cours de ses péripéties (l'histoire de Socrate, l'histoire de Thelyphron, le conte de Cupidon et Psyché, l'histoire de la cuve, l'histoire du mari jaloux, l'histoire de la femme du foulon, l'histoire de la marâtre empoisonneuse, l'histoire de la femme condamnée aux bêtes)...



L'intrigue tourne autour de la curiosité de Lucius et de sa fascination pour la magie.

Cette curiosité se manifeste dès les premières pages quand Lucius supplie un marchand rencontré sur le chemin d'Hypata, ville de Thessalie, réputée pour sa magie et ses magiciennes, de reprendre pour lui l'histoire qu'il était en train de raconter à son compagnon de voyage dubitatif. Cette histoire est celle de Socrate, qui est victime des maléfices de Méroe, une sorcière ayant l'habitude de transformer en animaux ceux qui ont le malheur de lui déplaire, et qui inflige à cet amant qui la délaisse une mort en deux temps. Cette histoire est un premier avertissement à l'encontre de Lucius pour le mettre en garde contre les dangers de la magie, mais notre héros (ou devrais-je dire notre anti-héros) n'en tient absolument pas compte.

Car sa curiosité est à nouveau éveillée quand il apprend que Pamphile, la femme de son hôte, est versée dans l'art de la magie. Il séduit Photis, la servante de son hôtesse, dans l'espoir d'en apprendre davantage sur ces pratiques.

Le deuxième avertissement a lieu lors d'un banquet chez sa tante où Thélyphron raconte sa propre histoire : il perd son nez et ses oreilles, morceaux de corps recherchés par les sorcières pour leurs incantations, lors d'une veillée funèbre.

Le troisième avertissement survient immédiatement après le banquet avec l'épisode des trois supposés brigands que Lucius transperce de son épée; Lucius, victime en fait de la magie de Pamphile, est assigné à comparaître devant un tribunal, ce qui donne lieu à une scène extrêmement burlesque.

C'est à la suite de cette mésaventure que Lucius, nullement rebuté, convainc Photis de lui permettre d'assister en cachette aux pratiques surnaturelles de sa maîtresse. Mais la satisfaction de sa curiosité ne fait qu'enflammer son désir de pratiquer la magie par lui-même. Profitant de l'absence de Pamphile, Lucius avec la complicité de Photis s'enduit d'un baume magique, mais au lieu de se transformer en hibou, il se métamorphose en âne (livre III) !

Lucius est ainsi puni pour sa curiosité.

Il régresse de l'état d'homme à celui d'animal, et quel animal ! Un âne qui, comme nous l'apprend une note de Grimal, est réputé pour sa lubricité et sert de monture à Silène, le dieu de l'Ivresse...

Les circonstances vont l'entraîner à travers le pays où il passe successivement de maître en maître : des brigands, des esclaves fugitifs, des prêtres de la déesse syrienne, un meunier, un jardinier, un soldat, un pâtissier et un cuisinier puis leur maître... ce qui donne l'occasion à l'auteur de nous brosser une série de tableaux très vivants sur la vie quotidienne, où la violence, le sadisme et les crimes sont omniprésents !

Actes de brigandage sur les routes et jusque dans les villes, attaques de bêtes sauvages ou de chiens domestiques, capture de jeune fille noble pour rançonner sa famille, adultères, infanticide... Il est à noter que les femmes ont un bien méchant rôle : quand elles ne trompent pas leur mari, elles ont des désirs incestueux, ou se livrent à des tentatives d'assassinat sur leur mari devenu encombrant. Seules Plotine et Charité sont présentées comme des femmes honorables et fidèles.

Lucius traverse tous ces destins brisés en gardant son esprit humain et critique, se trompe parfois sur les apparences, ne résisite jamais à sa curiosité même en de périlleuses circonstances. Il fait également l'apprentissage de la misérable condition des animaux dont les forces sont exploitées jusqu'à ce que mort s'ensuive, qui sont brimés, battus, torturés même; d'ailleurs, notre pauvre Lucius pense plusieurs fois à se suicider pour échapper à son triste sort.

Ses vicissitudes font d'ailleurs penser à celles de Psyché, dont la touchante histoire constitue une part importante du roman puisque qu'elle occupe les livres IV, V et VI. Psyché est elle aussi punie pour sa curiosité lorsque Cupidon se rend compte de sa trahison et l'abandonne; elle va traverser toute une série d'épreuves, penser également à mettre fin à ses jours, avant de retrouver l'Amour.

Rassurez-vous, Lucius, riche de ses expériences, finira par retrouver forme humaine !



Et nous, nous refermerons ce livre dense en ayant souri, frémi d'horreur, éclaté de rire parfois face aux trouvailles burlesques ou aux jeux de mots de l'auteur, dont le goût pour les histoires et la satire (voire pour la gaudriole) nous fournissent un agréable moment d'évasion. Il y a bien quelques longueurs, notamment avec les processions religieuses, mais dans l'ensemble, cette quête initiatique est véritablement captivante. De plus, les notes de Grimal forment un support complémentaire très intéressant. Dommage que quelques erreurs sur certains mots se soient glissées çà et là...
Lien : http://parthenia01.eklablog...
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L'Ane d'or ou Les métamorphoses

L’on interprète souvent Les Métamorphoses comme un parcours initiatique, une allégorie de l’initiation aux mystères d’Isis. Mais c’est avant tout un roman que j’ai lu avec plaisir, et qui exploite habilement le point de vue choisi, celui d’un homme métamorphosé en âne ! J’ai également apprécié la variété des registres des récits enchâssés, du conte mythologique (avec les aventures d’Éros et de Psyché) au récit fantastique. C’est également un regard étrange, même s’il est loin d’être réaliste, qui est jeté sur la société gréco-romaine du IIe siècle : monde peuplé de sorcières, de brigands, d’esclaves enfuis, d’épouses volages ou assassines…



Une remarque enfin (le coup de pied de l’âne, pourrait-on dire) sur la traduction d’Olivier Sers (dans la collection Classiques en Poche des Belles Lettres) : ce traducteur est connu pour les grandes libertés qu’il prend avec les textes ; ici, il y a certes quelques trouvailles intéressantes, mais cherchant à reproduire l’inventivité verbale d’Apulée, il transcrit souvent des expressions assez banales en latin en recourant à un argot assez daté (avec un registre de langue qui ne convient pas du tout), ou en montrant certains tics assez désagréables (par exemple, Sers abuse très souvent de l’expression « in petto »). Pendant la Renaissance, des critiques du style d’Apulée accusaient celui-ci de braire ; le reproche envers l’auteur est injuste ; envers le traducteur, par contre…

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L'Ane d'or ou Les métamorphoses

Troisième lecture de cet ouvrage qui contient l’une de mes légendes préférées, Psyché et Éros.

A chaque lecture je découvre, ou redécouvre, un univers et des contes qui peuplent le roman pour mon plus grand plaisir. J’apprécie chaque fois plus qu’avant le livre.

Contrairement aux critiques que j’ai pu lire qui déplore une présence trop vive de sexualité, et de vulgarité, je trouve au contraire que les histoires racontées et rapportées par l’âne sont assez rigolotes, ou terriblement tristes. Mais je ne suis pas gênée par cette sexualité présente, et le comique de certaines situations. Je n’oublie pas malgré tout l’intérêt de l’œuvre en elle-même, qui représente une autre forme d’initiation. L’âne vit des mésaventures, il joue de malchance, mais il apprend continuellement.
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Amour et Psyché

Lu dans le cadre du club de lecture, thèmes de février-mi-mars 2023 : "mythologie" et "amours impossibles/contrariées", j'ai réussi avec ce texte à faire d'une pierre deux coups !

Psychée et moi, c'est comme avec Antigone : une longue histoire ! Disons pour faire court que par exemple je traduisais du latin Apulée à 2 heures du matin en Terminale quand je faisais une grosse insomnie ! Je trouvais touchante cette histoire d'amours contrariées, version antique des contes de fées. C'est donc assez rapidement que j'ai pensé à ce récit quand nous avons choisi les thèmes du club de lecture ce mois-ci !

Mais les années ont passé, je suis moins naïve, moins fleur bleue et plus mature ! le romantisme de l'adolescente s'est tempéré avec les ans, les expériences, les études, et le regard est plus critique !

Bref, je n'ai pas retrouvé dans cette lecture "l'enchantement" simpl(ist)e initial, et je mesure davantage toute la complexité des personnages ... et surtout à quel point ils reflètent les moeurs et l'époque de leur auteur. Ainsi les dieux sont très humains dans leurs sentiments : Vénus est jalouse, Eros un enfant gâté et rebelle, ...

Que dire de l'héroïne ? Psychée est complexe ! Au début elle est malheureuse de sa beauté et de l'admiration dont elle fait l'objet : un point de vue intéressant à notre époque glorifiant le paraître, une certaine beauté et un esthétisme artificiels et le "se faire voir"; en cela je la trouve très moderne. Mais la raison de son malaise est bien de son époque: elle sent bien que sa beauté est "trop" et offensante quand on est une simple mortelle, et en même temps qu'elle aspire à un bon mariage comme ses soeurs aînées (ça ou vestale, à l'époque, guère de choix!), elle se dit que sa beauté l'en écarte ! Alors elle accueille avec presque soulagement l'oracle qui la condamne à être offerte à un monstre. Après l'enlèvement, elle se résigne d'abord à son sort, apprécie les biens matériels dont elle jouit, le confort de se faire servir, et se donne à son amant inconnu sans rébellion puis avec entrain; mais quelle passivité et résignation, difficilement concevables pour nous aujourd'hui! Ensuite, sa famille lui manque, et elle s'inquiète de leur tristesse de l'avoir perdue... cet amour familial est plutôt à son honneur et témoigne d'une certaine maturité et un sens de l'altérité; mais le passage avec les soeurs révèlent l'infantilité, la naïveté et le caractère influençable de Psychée, qui bien que dûment et explicitement avertie plusieurs fois par son mari qui l'aime vraiment, se laisse avoir comme une idiote ! Une fois chassée par Eros (qui s'en va se soigner et pleurer dans les jupes de maman Vénus, l'affreuse belle-mère !), Psychée ère toute à son chagrin et cherche des appuis, y compris divins, puis livrée à Vénus, elle se retrouve punie/mise à l'épreuve. Là, Psychée m'a énervée : elle ne pense qu'à mourir au début de chaque épreuve à laquelle est confrontée mais dont heureusement elle triomphe parce que quelqu'un la réalise à sa place ! Pas très combattante pour sauver son amour, la demoiselle ! j'ai eu envie de la secouer quand elle fait, malgré ses malheureuses expériences précédentes, encore preuve de curiosité en ouvrant la boîte de Perséphone : idiote à nouveau, qui n'apprend pas de la vie ! Heureusement, tout est bien qui finit bien !

Apulée montre les figures féminines de manière guère positive : naïve, infantile, curieuse, désobéissante, enfant gâtée (Psychée), méchantes, envieuses, jalouses, rancunières (les soeurs; Vénus). Seules l'humilité et la docilité, la résignation de la femme devant le destin/les ordres (et de l'humain devant le divin), permettent de s'en sortir et d'obtenir le bonheur. La morale n'est pas du tout XXI°siècle ! Dans le contexte actuel, je me suis dit que ce texte risquait de se faire censurer/réécrire, vu les idées qu'il véhicule, ... si on oublie le contexte d'écriture, les moeurs et idées de l'époque de l'auteur: l'Antiquité romaine du II°s ap.JC !

Néanmoins, quand on y réfléchit, nous retrouvons indubitablement de nombreux échos de ce texte dans les textes des siècles suivants : des contes comme Cendrillon, la Belle et la Bête, ou des fictions plus modernes comme Jane Eyre, Pretty Woman, ou même les bleuettes young adult et mummy porn, type la fiction polonaise 365, pour le côté syndrome de Stockholm !

Qui se lancera dans une réécriture de cette histoire, en donnant la parole à Psychée? (SVP : Madeline MILLER !!!! ou même Pat BARKER) Sans en faire une de ces féministes ultras, il y aurait de quoi faire ...

Il y a d'ailleurs : Moi, Psychée, prévu chez les Ateliers-Henry-Dougier pour avril 2023 ... vais-je y résister ? non !)

Pour les curieux, il y a une pièce de Molière et un texte De La Fontaine sur le même sujet !

PS: quelques choix que j'ai trouvés peu heureux car trop XXI° s dans la traduction proposée (expressions, tournures de phrase, vocabulaire) : dommage ! Mais cette édition est souvent destinée aux scolaire du Secondaire donc il faut bien rendre le texte attractif et compréhensible....
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L'Ane d'or ou Les métamorphoses

Les Métamorphoses, ce sont d'abord, comme chez Ovide, les récits des exploits des dieux. Ce ne sont cependant pas les aventures de Jupiter le roi des dieux qui sont évoquées, mais celles de Psyché et Cupidon - on descend d'un rang. Vénus apparaît comme jalouse, querelleuse, rancunière.

Le récit ne met donc pas les dieux et leurs miracles au centre, plutôt les magiciennes et leurs sortilèges. Ces magiciennes sont des sorcières, capables de se changer en oiseau, ou de changer un jeune homme trop curieux et trop lubrique en âne... Le centre du récit, ce sont donc les différents moyens utiliser par des femmes - pas toutes sorcières, certes, mais toutes menteuses, manipulatrices et avides sexuellement, pour assouvir leurs désirs en utilisant les hommes - ou les ânes... Les histoires se succèdent donc, malheureusement trop rapidement pour que les personnages soient vraiment approfondies. Aucune femme n'est décrite de façon positive, même la jeune et belle Charité, figure de la vierge amoureuse puis de l'épouse aimante, se transforme en furie vengeresse après l'assassinat de son mari. C'est donc une accumulation de récits de femmes adultères, criminelles, dominant leurs maris...

Trop d'histoires donc, avec des longueurs et des répétitions, et un héros qui n'en n'est pas vraiment un, on ne compatit pas pour lui. Cependant, sa relation avec Photis permet quelques belles pages plus que sensuelles, érotiques. Et puis, la véritable métamorphose ne serait-elle pas la finale, celle où le débauché devient finalement un prêtre ? Mais ce rebondissement final semble excessif.

D'un point de vue historique, c'est en tout cas un passionnant ouvrage sur la vie quotidienne dans l'Empire romain, de la cuisine aux fêtes religieuses et profanes en passant par les relations hommes/femmes, les rapports de pouvoir...
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L'Ane d'or ou Les métamorphoses

Je ne suis pas forcément adepte de ce genre de littérature, mais j'ai été agréablement surpris par cette lecture. Voilà une histoire tout à fait convaincante, qui donne énormément à voir et vraiment très facile et agréable à lire.
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L'Ane d'or ou Les métamorphoses

Histoire intéressante, bien loin de nos tabous actuels. Que voit un homme lorsqu'il est transformé en âne? Quelle image de la Rome de l'époque peut-il nous donner? Des brigands, des politiciens corrompus, des femmes infidèles... Que d'aventure pour ce petit âne, la curiosité est dit-on un vilain défaut, cela semble se vérifier quand il s'agit d'épier une sorcière et de jouer avec des potions inconnues!
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L'Ane d'or ou Les métamorphoses

L'Ane d'or d'Apulée - fantasy de l'antiquité romaine. Un roman célèbre.

Un jeune homme est changé en àne par magie et doit parcourir toute une série d'aventures, souvent douloureuses pour lui, pour retrouver enfin sa figure humaine.

fr.wikipedia.org a un article sur ce roman sous Métamorphoses (Apulée).
Lien : http://fr.wikipedia.org/wiki..
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L'Ane d'or ou Les métamorphoses

Je ne reviendrai pas sur les qualités évidentes de ce livre que j'ai beaucoup apprécié.

Par contre j'ai été agréablement surpris de trouver là l'ancêtre des Infortunes de la Vertu du divin Marquis.
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L'Ane d'or ou Les métamorphoses

Je ne lis pas de textes antiques mais j'ai quand même essayé celui-ci. J'ai beaucoup aimé. La traduction compte beaucoup pour ce type de texte et celle de Géraldine Puccini est excellente. On retrouve à la fois la structure et l'esprit des textes antiques et une modernité bienvenue, que ce soit dans le choix des termes ou dans les constructions de phrases. Je conseille vivement cet ouvrage, il est très divertissant.
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