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Critiques de Aristote (87)
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Éthique à Nicomaque

Cette éthique est toujours d'actualité, au bout de 23 siècles ! Le bien humain a un objectif : le bonheur. Mais pour cela, il faut être vertueux. Aristote présente l'objectif "bonheur" et les moyens d'y arriver en détaillant les points de vue de l'homme vertueux, du "méchant", du juriste, du politique, du plus grand nombre (peuple), du tyran, et même de l'animal. 

.

Une première remarque. L'éthique, qui est quand même le titre, il faut la trouver comme l'aiguille dans une botte de foin. C'est finalement « la vertu » qui englobe les qualités morales, qu'il appelle « éthique » ( page 99 ).

Bon... Pffff... Même Simone de Beauvoir était assommée par Aristote. Mais, sous une présentation laborieuse due au fait que des notes éparses d'Aristote furent rassemblées, la vue d'ensemble est très intéressante, et ce qui en fait un classique, une œuvre éternelle. Je ne vais pas reprendre toutes mes "épluchures" (mes notes), il y en aurait pour des heures, et cette critique serait plus longue que celle sur "Humain, trop humain". De plus il est difficile, à l'issue de la lecture, de créer un "modèle", c'est à-dire un système-graphique-"patates" qui représenterait la pensée de l'auteur, car il y en a plusieurs. Il est pénible, cet homme là ! Mais je vais soulever des réflexions, des questions et des contradictions que m'ont inspiré cet ouvrage. 



"Le bonheur est indépendant de la fortune". le sens de "fortune" n'est pas indiqué. Cependant, plus loin, il précise qu'un minimum de richesse suffit à l'entretien du corps pour que l'esprit puisse méditer ( penser, se servir de son intelligence et devenir sage ) moyen suprême du bonheur. Ailleurs, il parle aussi de "la bonne fortune" qui serait, selon lui, d'intervention divine. 



"Un mort peut-il être bienheureux si ses enfants souffrent ?" questionne t-il. Je vois qu'Aristote, comme ses maîtres Platon et Socrate, croient en l'au-delà, notamment Socrate qui, le verre de ciguë à la main, était tout joyeux de pouvoir vite retrouver Homère afin de converser. 



"Le bonheur est définitif". J'ai constaté qu'avec mes élèves éduqués, (et pour moi, ils sont en route vers le bonheur, sauf exception ), il n'y avait que très rarement une déviation caractérielle pour ces élèves-là. 



Aristote divise l'être humain en un corps et une âme. Celle-ci à nouveau en une raison / folie ( continence, compréhension, intelligence, sagacité, sagesse ) et des vertus / défauts moraux (générosité, courage tempérance ). Ce pourrait être son modèle de base. 



"La vertu consiste à viser le milieu, comme sur une cible, et c'est difficile". Par exemple, " l'aimable" a pour vice par excès la flatterie, et pour vice par défaut le caractère rustre, bilieux, fâcheux. 



Dans la traduction Flammarion 2004, j'ai quelques soucis. le "bien" est-il une valeur morale ou un objet concret ? Malgré tous les retours sur cette notion, je n'ai pas réussi à trancher. D'ailleurs, je me suis fait un petit lexique pour une dizaine de concepts flous. 



Le "sexe" à outrance n'est que suggéré, Aristote est assez pudibond là dessus. Il s'agit alors d'intempérance.



Le paragraphe sur la "justice légale" m'a fortement interpellé. Il y a en effet des gens qui, pour moi, sont dans le "gris" et s'enrichissent légalement mais pas vertueusement. 



Le cordonnier qui troque cinq paires de chaussures pour une maison avec le maçon m'a bien fait rire. Si ça pouvait être encore comme ça ! 



"Les appétits freinent le chemin vers la sagesse". Oui, Schopenhauer reprend ce schéma en disant que les pulsions sont un barrage pour être vertueux. 



Aristote vante les sacrifices aux dieux. Malheureusement, ils sont encore contemporains mais barbares. Là, évidemment, je ne suis pas d'accord avec Aristote. 



"Faire la guerre pour avoir la paix". le courage du soldat est loué. Là encore, Dieu merci, c'est en train d'évoluer. 



Pour me rendre compte de ce que c'est qu'un méchant, et certains hommes non vertueux parmi ceux qu'il appelle "le plus grand nombre", je me suis remis dans la peau du fana de vitesse que j'étais. ... Mais je ne vais pas m'étendre là dessus (o). 



Voilà. 

Platon est bien plus agréable à lire. Schopenhauer est tout aussi ardu avec ses essais de démonstrations géométriques "style Descartes". Chez Nietzsche non plus, ça ne coule pas de source, malgré ses superbes fulgurances ( j'ai un carnet entier de citations de lui ). 

Mais on peut dire que le livre d'Aristote est remarquable au moins à deux points de vue : 

Un : il est un précurseur. 

Deux : son œuvre me semble aborder les questions philosophiques d'une façon assez exhaustive. 



Deux petites remarques sur le titre. 

Nicomaque, médecin, était le père d'Aristote. 

"Ethique", comme dans "L'éthique" de Spinoza, sont des concepts qui ne sont que peu définis. 

Pour moi, il s'agit de l'application pratique de la philosophie, dont la société aurait grand besoin.
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Les politiques

Le pluriel du titre, "Les Politiques" et non "La politique", se justifie de mille manières, auxquelles on peut ajouter une autre : l'ouvrage est multiple, varié et composite. Pierre Pellegrin, traducteur et préfacier, explique lumineusement la chose, et la lecture, voire l'étude, de son introduction, sont indispensables à l'entrée dans ce livre. Il fait justice de l'opposition facile que l'on a enseignée entre un Platon spéculatif rêvant de cités idéales, et un Aristote réaliste et soucieux de phénomènes concrets, puisque ce livre s'inscrit, selon lui, dans la recherche grecque de la meilleure des cités possibles. Il signale qu'Aristote intervient comme "peut-être le dernier penseur du politique", puisque la forme politique de la cité disparaît avec l'époque hellénistique et les empires dans lesquels les cités sont englobées, au point de n'être plus que des communautés municipales autogérées sous l'égide d'un pouvoir central extérieur. Bref, on comprendra qu'une lecture strictement personnelle, sans recours à la tradition interprétative, serait une vaine entreprise.



Pourquoi lire Les Politiques aujourd'hui ? Plusieurs raisons se présentent à l'esprit, en dehors de la saine nécessité de se cultiver. L'une d'elles est que nous sommes témoins, actuellement, d'un processus de passation de pouvoirs : les anciens pouvoirs dépendaient de l'élection et du suffrage populaires, plus ou moins universels en droit sinon en fait, suffrages très fortement influencés, et même fabriqués, par des médias dont l'emprise suit les intuitions de Edward L. Bernays. C'était encore trop, et la réalité du pouvoir échoit désormais à des instances non élues, des cours suprêmes, des commissions, des conseils de sages. Donc le souci du bien commun, de la vie de la cité, du bonheur des citoyens, échappe aux citoyens eux-mêmes. Or l'homme selon Aristote est un animal politique, à savoir qu'il n'est pleinement heureux, pleinement lui-même, qu'en une communauté où il participe au bien commun. S'il est privé de cette participation, il est comme réduit en esclavage et dépossédé d'une grande part de son humanité : cette mutilation contemporaine, Aristote nous aide à la penser et à méditer sur elle. "Une cité est la communauté de la vie heureuse, c'est-à-dire dont la fin est une vie parfaite et autarcique pour les familles et les lignages" (III-9) : une agglomération d'hommes aliénés, étrangers les uns aux autres et à eux-mêmes n'est pas un lieu de bonheur. Rien de bon ne peut en sortir, car "c'est en vue de belles actions qu'existe la communauté politique, et non en vue de vivre ensemble." (ibid)



Il découle de là que l'analyse aristotélicienne de la tyrannie nous donnera des armes conceptuelles pour comprendre ce qui nous arrive. "La tyrannie aime le vice", dit l'auteur, qui décrit comment les régimes autoritaires, illibéraux dira-t-on, tordent la loi pour protéger leurs complices et partisans et persécuter leurs adversaires, ou ceux qu'ils désignent comme tels. En effet, la loi est le médiateur entre le gouvernant et les gouvernés : les deux parties doivent s'y soumettre afin de trouver un terrain d'entente et un langage communs. "Vouloir le gouvernement de la loi c'est, semble-t-il, vouloir le gouvernement du dieu et de la raison seuls, mais vouloir celui d'un homme, c'est ajouter celui d'une bête sauvage, car c'est ainsi qu'est le désir, et la passion fait dévier les magistrats, même quand ils sont les meilleurs des hommes. Voilà pourquoi la loi est une raison sans désir." (III-16) Dans un régime illibéral, la loi gêne, et les juges confisquant le pouvoir s'empressent d'en faire le déguisement de leur arbitraire. C'est pourquoi le régime illibéral, constitué de canailles en col blanc, s'appuie sur ce qu'Aristote décrit comme la lie de la société, à qui profite le laxisme judiciaire : aujourd'hui, cette lie s'appelle la racaille, au dessus des lois, comme ses protecteurs. L'ennemi commun, c'est le citoyen honnête, qui obéit aux lois parce qu'elles sont lois, non parce qu'elles expriment la volonté du tyran. Obéir aux lois est une offense insupportable pour ceux qui les déforment à leur profit.



Il y aurait mille choses à dire encore sur ce volume qui est plus une encyclopédie de pensée politique qu'un ouvrage tracé au cordeau. Pierre Pellegrin suppose que le volume a été maintes fois repensé et remanié par les éditeurs antiques. Il lui semble que Les Politiques sont "un ensemble de textes ... constituant les matériaux de ce qui aurait pu être un ouvrage au sens plein du terme." Il faut donc savoir s'y perdre, s'y promener et y cueillir ce qui peut aider à comprendre notre temps.

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Les politiques

L'apport majeur d'Aristote à la pensée politique, c'est l'approche pragmatique et scientifique que revêt son oeuvre.

Il est en effet instruit à la médecine et la biologie ce qui aura un impact sur ses analyses. Il apprend de son maitre Platon autant que de ses rapports avec les puissants, comme Alexandre le Grand dont il sera le précepteur.

Il observe la vie politique athénienne de l'extérieur, son statut de métèque le privant de toute intervention directe dans les affaires de la cité.



Aristote mêle deux objets d'analyses, le premier l'homme et le second découle du premier, il s'agit du regroupement d'hommes avec une finalité commune, à savoir la cité.



Pour Aristote, l'homme est fait pour vivre en cité, il est par nature un « animal politique ».

Partant du postulat que la « nature est fin » les hommes sont par nature amenés à se regrouper en cités, lieu où s'exerce la politique, dans le but de vivre une vie heureuse.

Reste à l'homme à trouver le gouvernement capable de conduire la cité jusqu'au bonheur, c'est alors l'affaire de tous, les grecs ne connaissent pas l'individualisme et la quête du bonheur ne peut être que collective.

En outre, c'est parce que l'homme sait, grâce au langage, faire la différence entre le juste et l'injuste qu'il parviendra à exercer ce pourquoi il est, à savoir la politique au sein de la cité.



Néanmoins, il ne s'agit pas de n'importe quelle cité, elle doit être centrée sur le juste en vue du bien-être de chacun. Cela implique de choisir le gouvernement le plus adéquat. Aristote pourtant n'invente rien, mais éclaire les lecteurs sur les gouvernements déjà existants et éclaire leurs limites, notamment celles de l'oligarchie, mais s'il est favorable à la participation en nombre des citoyens, il n'est pas favorable à la démocratie pour autant et il en éprouve aussi les limites.

La finalité de la cité, c'est de mener une vie heureuse, dès lors ce n'est ni atteindre l'égalité arithmétique parfaite de la démocratie en faisant fi de la vertu nécessaire pour gouverner, ni de faire de la richesse l'étalon de mesure de la participation à la vie politique de la cité. de telles conceptions conduiront à des contrefaçons de la cité véritable, controuvées par la conception relative du juste des démocrates et des oligarques.

Comme Platon avant lui, Aristote exhorte les citoyens grecs à ne pas s'arrêter à une justice conventionnelle qui soit le fruit d'un accord entre les hommes, comme le défendent ardemment les sophistes, qui ont gagné d'ailleurs, une telle justice ne dira point ce qui est juste ou injuste dans l'absolu.

Quant à la ou les personnes physiques chargées d'incarner le pouvoir dans la cité même les plus vertueuses ne peuvent se passer de la masse des citoyens, car si leur vision individuelle peut être irrationnelle, leur voix collective a de plus grandes chances d'être juste, de plus, leur refuser toute participation revient à remplir la cité de frustration et de haine.

Seulement, permettre de participer à des citoyens qui n'ont pas de compétences particulières n'est pas sans danger, à cela Aristote répond que les citoyens confrontés au fonctionnement des institutions n'en ignorent pas tous les rouages.



le juste doit donc guider l'action des gouvernants en vue du bien-être, mais cette cité idéale n'est pas à chercher dans un quelconque monde des idées, intelligible, mais bien sur terre, entre les lignes des constitutions. C'est le rôle du législateur.

Aristote interroge enfin le lecteur sur ce qui fait un homme de bien, il va sonder les âmes pour les diviser en deux parties et ainsi dévoiler les deux versants de la raison, la raison pratique qui guide l'action et la raison théorique qui voit la finalité.

Autrement dit, pour Aristote si « la fin justifie les moyens » elle ne doit pas se confondre avec eux. La guerre ne fait pas une constitution, la richesse ne poursuit pas la fin de la cité.

Pour éviter cela, Aristote enjoint le législateur à la pédagogie, à « philosopher à coups de marteaux » pour faire entrer cela dans l'âme des citoyens.

Peut-être est-ce, comme le pense son maitre Platon, au philosophe d'endosser cette tâche peu aisée pour laquelle il est le seul à pouvoir prétendre.

(#2014)
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Les politiques

***Attention, cet article n'est pas à proprement parler une critique de l'oeuvre***



Il était une fois, dans un pays tout proche, une jeune demoiselle obligée d'assister à des cours de philosophie afin de passer une terrible épreuve plus difficile que tuer un dragon à six têtes : obtenir son baccalauréat !



Ladite demoiselle était en grande détresse et ne voyait aucun Prince Charmant à l'horizon venir à son secours. Les heures passées en cours de philosophie étaient autant de séjours tortueux dans la haute tour de Babel où tous les habitants parlaient une autre langue que la sienne et, du coup, la pauvre demoiselle ne comprenait rien mais alors pas un mot au charabia qui sortait des lèvres de son professeur, une espèce de vieille sorcière avec une vraie verrue sur le nez, une craie en guise de baguette dans sa main osseuse, et entièrement vêtue de loques soixante-huitardes surmontées d'une écharpe en imitation PQ... La pauvre demoiselle en détresse avait peur, très peur de devenir folle à ce train-là alors, pour se prémunir, elle s'auto-charmait en griffonnant des petits poèmes sur des petits bouts de papier, recroquevillée dans un coin de la salle de classe...



Ce calvaire dura une longue année, l'heure fatale de l'ultime épreuve arrivait, juin et les examens approchaient au galop. La pauvre demoiselle en détresse n'avait jamais réussi à avoir une note supérieure à 3/20 de toute son année d'apprentissage et devant l'énorme crainte que suscitait le coefficient x7 de l'épreuve à venir, elle tenait à peine sur ses petites jambes... Désespérée, elle allait perdre tout espoir quand une fée lui apparut en songe et lui susurra à l'oreille ces mots étranges : "voici une formule magique qui résoudra tous tes problèmes, tu n'auras qu'à l'écrire dans ta copie et tu limiteras la casse ! Retiens-la bien dans ta mémoire, je ne la dirai qu'une seule fois : Aristote a dit que "l'homme est un animal politique", n'oublie pas cette formule qui fera un miracle !". Et la fée disparut aussi vite qu'elle était venue !



Le jour de l'épreuve, la malheureuse demoiselle en détresse ne regarda même pas son sujet d'examen, elle écrivit fébrilement sur sa copie qu'Aristote avait dit que "l'homme est un animal politique" puis elle essaya de regrouper absolument tous les mots étranges et incompréhensibles qu'elle avait entendus pendant les affreux cours de philosophie et noircit ainsi quelques pages de son écriture maladroite.



Quelques jours plus tard, le miracle opéra, comme promis par la fée, et la demoiselle en détresse obtint un formidable 8/20 !! L'épreuve était gagnée, elle fut reçue bachelière, fut délivrée à jamais de la philosophie et des vieilles sorcières soixante-huitardes et fut très heureuse le reste de sa vie.



***



Depuis, j'ai (un peu) grandi, je ne suis plus (tout à fait) une demoiselle, je ne suis plus (que rarement) en détresse mais je suis toujours (hélas) aussi hermétique à la philosophie !



La morale de cette histoire, c'est que grâce à ma bonne fée, je peux citer à vie Aristote...





Challenge AUTOUR DU MONDE
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Problème XXX

Le "Problème XXX", est un texte d'Aristote, où celui-ci aborde, des questions cruciales, sur la condition humaine et la nature humaine : Pourquoi agissons-nous comme ceci et pas comme cela ? L'homme est-il un être rationnel ?... Voilà des questionnements trop rarement posés, sans doute parce que si on y réfléchit de façon un tant soit peu approfondie, on se retrouve vite, face à un nombre incommensurable de questions, qui nous oblige à revoir, de A à Z, toute notre vision du monde. Bref, peu de gens, tentent de commencer à faire cet effort ( et on les comprend aisément, même s'il serait désirables que davantage, de personnes, face l'effort de réfléchir, de façon approfondie, à des sujets aussi cruciaux ). Aristote, d'ailleurs, ne le fait pas non plus. Il pose les questions, mais se refuse quelque peu, à méditer sur les réponses, il réfléchit assez peu aux réponses qu'ils donnent ; ce qui explique que ce texte, soit très court ( un peu moins d'une quarantaine de pages ), alors qu'en toute logique, au vu des thèmes abordés, ce devrait être le premier tome d'un énorme traité, brassant tous les thèmes essentiels pour l'Humanité, abordés dans ce texte... Bref, ce texte, pourrait être le point de départ, de tout un système philosophique, et Aristote m'a déçu, en ne poussant, pas sa réflexion plus loin.

En outre, les réponses données aux questions posées, par Aristote, sont souvent prétendument scientifiques, et nous savons de nos jours que les affirmations aristotéléciennes, en matière de physiologie ( ou, du moins, celles qu'il développe dans cet ouvrage ) sont fausses, et, comme une grande partie du raisonnement d'Aristote, est basé sur ces affirmations, il tombe un peu plat. Il reste, tout de même quelques réflexions intéressantes, qui touche quelque chose d'universel de la condition et de la nature humaine, et des questionnements qui donnent tellement, tellement matière à réfléchir...
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Constitution d'Athènes



Après la présentation remarquable du livre par l'éditeur sur la fiche de Babelio, il est bien difficile d'ajouter une note de lecture pertinente. Commençons toutefois par rappeler que le mot "constitution" employé dans le titre n'est pas à prendre au sens moderne, étroit, de document écrit fixant les règles de la vie politique d'une communauté humaine. "Constitution", ici, sera plutôt synonyme de "institutions", au sens large, ou encore, de "régime", et de pratiques diverses de la citoyenneté. Ce qui frappe en effet, c'est que le citoyen de la démocratie, ou même de l'oligarchie, athéniennes, n'a rien à voir avec nous, sujets passifs qui votons à date fixe pour des représentants à qui nous signons un chèque en blanc, avant de retourner à notre inactivité. Non, le citoyen athénien a d'autant plus de devoirs politiques que le régime est plus démocratique : on apprend donc ici (ou bien, ce livre nous rappelle) que la vie démocratique exige du citoyen un engagement politique de tous les instants, et un sens du devoir envers la communauté que nous n'avons pas. Montesquieu rappelle à juste titre dans L'Esprit des Lois que la démocratie exige des gens la vertu, la responsabilité, le sens du devoir. On est impressionné, en lisant le texte d'Aristote, par la quantité de charges qui pèsent sur le citoyen, et sur lui seul. Loin d'être des privilèges réservés aux autochtones de sexe masculin (d'où les sottes accusations modernes de racisme, de machisme etc), ces contraintes de la vie démocratique sont nombreuses et rendent l'apolitisme impossible, sauf en régime tyrannique.



D'autre part, ce livre est étonnant car il ne se borne pas à décrire le fonctionnement des institutions athéniennes, mais les situe dans une évolution et une longue durée. Aristote fait oeuvre d'historien et n'hésite pas à inclure des documents et textes authentiques, et à expliquer par des rapports sociaux, voire des luttes de classe, les différents régimes qui se sont succédé à Athènes des origines à 322 av. J.-C. A ce titre, son analyse des réformes de Solon, puis de la tyrannie de Pisistrate, est remarquable, entre autres qualités et pour ne parler que des figures politiques les plus connues. On voit à l'oeuvre dans ce texte une méthode d'enquête et de description qui étonnera le profane par sa rigueur.



C'est à l'occasion d'une version grecque tirée de ce livre, que ma curiosité a été éveillée. La langue (quand on choisit une édition bilingue, soit dans la Collection des Universités de France, soit en poche) est d'une grande clarté, et permet aux hellénistes amateurs, très, trop amateurs, dans mon genre, de reconnaître dans le texte grec ce qu'ils ont lu dans la traduction, et de comprendre la construction des phrases. Ce n'est pas un petit plaisir.



Quant à l'actualité de ce genre de lecture, je crois qu'elle va de soi. Les médias bruissent de vains débats sur l'état de "notre démocratie".Aristote nous fournit l'occasion d'y réfléchir un peu plus à loisir.
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Éthique à Nicomaque

C'est quoi, L'Ethique à Nicomaque ? Une recette de sagesse ? Une argumentation savante à l'usage des aspirants bienheureux ? La voie du bonheur ? Je n'en sais rien. Aristote fait du bonheur le bien suprême pour l'homme et ce bonheur est à la fois vertu et plaisir. Ce bonheur, il est non un état mais un acte. Il dépend de nous. Il consiste (j'aplatis hélas, comme toujours, il le faut) à vivre vertueusement, c'est-à-dire en évitant les excès, en cherchant sans cesse la moyenne entre ce qui est trop (la témérité par exemple) et ce qui n'est pas assez (la lâcheté). Il consiste à développer ce qui est le plus beau (d'où vient ce beau, quel est donc ce concept si souvent lancé et jamais clair ?) en nous, à savoir les vertus intellectuelles.



Quoi qu'est-ce ? Le bonheur, à la fin du livre, c'est la méditation (sur quoi ? comment ? pourquoi ?), activité durable, contrairement aux plaisirs, qui sont bons, très bon (Aristote est hédoniste, contrairement à mes idées reçues), mais éphémères. Pourquoi privilégier l'intelligence ? parce que nous sommes peut-être les seuls à la posséder ? Qu'est-ce qu'on en sait (il faudrait que je relise, en guise de contrepoint, L'Apologie de Raymond de Sebonde) ? Cela dit (je saute du coq à l'âne, je suis terriblement a-aristotélicien), il y a du bon (voilà que j'utilise moi-même ce concept si difficile à problématiser) dans la pensée d'Aristote, qui met l'accent sur la responsabilité de l'individu dans ses actes, les actes vertueux étant choisis en pleine conscience : "D'abord, il (l'homme vertueux) doit savoir ce qu'il exécute ; ensuite le décider et, ce faisant, vouloir les actes qu'il accomplit pour eux-mêmes ; enfin, troisièmement, agir dans une disposition ferme et inébranlable".



Et vlan ! Tout ça est terriblement exigeant. Il faut connaître (c'est déjà foutu, le "connais-toi toi-même" part en couille si souvent) ; il faut vouloir, pas dans son intérêt propre mais dans l'intérêt du bien (gratuitement, ou du moins en se rendant compte que la vertu ne peut que rendre heureux en fin de compte, et qu'il faut donc souffrir pour être belle) ; et finalement une fois qu'on veut, il faut s'y tenir.



Bref le bonheur, Aristote le dit lui-même, c'est plus divin qu'humain. Si c'est humain, c'est réservé à "l'homme vertueux", un type dont l'essence serait bonne, un saint ou un fou (bien sûr le philosophe ne dit pas ça, bien au contraire, c'est le non-vertueux, le banal pêcheur, qui est fou), bref un monstre. Aristote, une philosophie hors de portée ? une éthique impossible à mettre en application ? Ce qui est génial, c'est qu'en lisant son argumentation, malgré l'immensité de la tâche et l'incertitude quant à sa propre disposition à la vertu, on se dit que ça vaudrait quand même la peine d'essayer, que faire un bout de route est possible, qu'on peut aller vers le bonheur en flânant en chemin, du côté des vertus (pas toujours exaltantes hélas, parce que médianes, alors que l'on désire l'extrême, et que le jusqu'au-boutisme est plus beau pour un esprit moderne, qui se méfie de la sagesse comme de la peste, parce que méditer, c'est laisser faire Hitler, même si le sage aristotélicien n'aurait pas laissé faire, je l'espère, sinon toutes les belles phrases sur la vertu tombent à l'eau), de la justice, de l'amitié, du plaisir. Bref, la vie selon Aristote, c'est un peu ennuyeux, mais le bonheur, puisque c'est stable, c'est ennuyeux. Ennuyons-nous donc avec plaisir.

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Poétique

Vient de parvenir à Babelio cette étrange dépêche AFP signée d'un certain "Aristote" (??? Pffff... connais pas ! Encore un original ou un qui veut faire son malin !) Je vous en livre néammoins le texte mal ficelé :



" Je remercierai tout d'abord mes chers consoeurs & confrères de Babelio :



(1°) tout d'abord vous, Soundandfury en 2012 : " Il m'a semblé, sur le moment, que certains passages étaient lumineux et fort utiles pour qui se mêlerait d'écrire. Je suis même passée par une phase de fébrilité avec grande envie de me remettre à mes brouillons... Depuis, j'ai presque tout oublié, comme toujours, et mon enthousiasme est un peu tombé. Mais si toute la théorie de la littérature était aussi digeste, probable que j'aurais essayé avant. "



(2°) puis Tallula en 2012 : " Aujourd'hui encore les écrivains s'inspirent d'Aristote pour écrire leurs récits, je comprends aujourd'hui pourquoi. A recommander, donc ! "



(3°) puis olivberne en 2013 : "Doit-on le remercier pour avoir guidé le monde de la littérature pendant de siècles ou au contraire se plaindre de sa trop grande rigidité... ? Il n'empêche que ce très court traité doit être lu comme un fondement de la Littérature."



Ainsi, ma "Poétique " pourrait être un très court manuel inducteur d'un recherche d'écriture artistique ? D' écriture dramaturgique ou... d'écriture de - comment dites-vous ? - "roman" ? (Peut-être tel ce "Daphnis et Chloé" de notre ami Longus, soit une fiction narrative à fort contenu mythologique et aux beaux effets lyriques... ).



Bref, on retrouve là mon gentil couple." Mimesis + catharsis", vous connaissez cela par coeur, maintenant...



Théogonie simplifiée (aussi jolie que celle de ce bon Hésiode), allons-y... Aheum...



"Mimesis" et "Catharsis" sont dans une même trière (Vous savez, cette galère bien de chez nous... ). Alors ? Belle "Mimesis" (recréation d'un monde crédible fait de pure sensorialité et à fort impact émotionnel chez le spectateur ou le lecteur), oui, belle "Mimesis" ne tombe pas à l'eau mais engendre plutôt aimable "Catharsis" (purgation durable des passions du spectateur ou du lecteur, une fois la représentation ou la lecture achevée).



Bref, je ne me doutais pas qu'en rédigeant ma "Poétique" il y a 2.500 ans aujourd'hui, mon petit traité (très simplement observatif et tout à fait sans prétention) sur les mouvements de la psyché de nos concitoyens durant les représentations sacrées des "Perses" d'Eschyle, d' "Oedipe Roi" et d'"Ajax" de mon ami Sophocle, deviendrait un MANUEL inducteur d'art littéraire chez certains... On me parle en effet d'un certain Monsieur Gary, d'un Monsieur Gracq, d'un Monsieur Breton ou d'un Monsieur Ramuz... et de bien d'autres : Mademoiselle Brontë, Monsieur Zweig, Monsieur de Saint-Exupéry, Monsieur de Maupassant, Monsieur Walser, Monsieur Kafka, Monsieur Schulz : j'avoue que je m'y perds un peu !... Mais par Zeus le père et Athéna sa fille, comme j'aurais aimé TOUS les rencontrer ! "



Et c'est signé : " votre bon Aristote dévoué. Immortel puisque divinisé depuis."

(Mais oui, mais oui ! Et moi je suis Napoléon...)
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Éthique à Nicomaque

« Éthique à Nicomaque » est un livre qui peut paraître tout d’abord plutôt ardu et qui demande une attention soutenue pour ne pas se perdre en route.



L’énumération un peu scolaire des vertus et des vices peut paraître parfois ennuyeuse mais lorsqu’on arrive à la dernière partie, on comprend toute la cohérence et la puissance de l’ensemble.



On se trouve donc emporté comme un morceau de bois par un puissant fleuve de montagn , avec une seule envie : tout relire pour comprendre toutes les innombrables finesses et subtilités.



Le surnom d’Aristote est « le bâtisseur » , je trouve que cela lui va fort bien tant il a posé les bases de réflexions pour les millénaires à venir.



Certes l’ampleur des disciplines couvertes par son œuvre contribue fortement à sa grandeur, mais autant que la quantité c’est la qualité des raisonnements qui est étourdissante.



Je partage tout à fait la conclusion du livre, à savoir un goût pour l’activité intellectuelle qui nous élève mais même sans partager ce point de vue l’« Éthique à Nicomaque » constitue un ouvrage incontournable pour qui se pose des questions de fond sur la nature des choses traitant à la vie humaine.



En ces temps un peu troubles ou le monde vacille sur lui même faute d’éthique, j’avoue que la lecture de l’« Éthique à Nicomaque » représente une lecture des plus nécessaires.



Je pense tout à fait sincèrement que les théories d’un génie comme Aristote seraient capable de changer le monde en le rendant meilleur mais comme lui même le dit si modestement « les arguments sont insuffisants pour changer le plus grand nombre ».



Restent l’éducation et les habitudes…encore faut il avoir la volonté de les mettre en application.



Pour ma part entre recherche d’équilibre et activités intellectuelles j’essaie de m’y atteler en suivant à mon modeste niveau les traces du Maître.



Et vous, quand commencez vous ?

Éthiquement votre.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Poétique

Après avoir sauté le pas, (c'est quand même pas rien de se dire qu'on s'apprête à lire un auteur d'environ 300 avant JC), me voici donc en compagnie d'Aristote. Je dirais que ma première impression fût "En fait, c'est pas si terrible que je me l'imaginais."

Certes, certains termes restent hors de portée, mais il ne faut pas se laisser impressionner. Le lire comme on lirait une langue étrangère et passer au dessus des mots incompréhensibles pour saisir l'essence du texte.



60 pages de textes et 4 pages de notes, ce petit ouvrage est vraiment intéressant, on y apprend comment, par le texte, produire tel ou tel effet sur le lecteur (ou le spectateur), susciter telle ou telle émotion, comment les faits doivent être agencés entre eux... Aujourd'hui encore les écrivains s'inspirent d'Aristote pour écrire leurs récits, je comprends aujourd'hui pourquoi.



A recommander, donc !
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Politique II - Bilingue

Evidemment, les étoiles ne vont pas à Aristote lui-même (qui sommes-nous pour le noter ?) mais à l'édition bilingue du livre II de sa Politique, publiée en format de poche aux Belles-Lettres. Les indispensables vingt-deux pages d'introduction nous permettent d'entrer dans l'oeuvre et dans ses problématiques, que l'on peut résumer par la recherche de la vie heureuse. Puisque l'homme est un animal sociable, ou, dit Aristote, un animal politique, son plein épanouissement ne peut se faire que dans une société juste : cette société est le cadre où l'homme peut à la fois parler - penser- ("pour exprimer l'utile et le nuisible et par suite aussi le juste et l'injuste") ; parler avec les autres, à savoir délibérer avec eux du juste et de l'injuste ; enfin, agir avec eux pour réaliser le bien collectif. Parler, délibérer, agir sont les trois critères de la vie proprement humaine, et la cité est le lieu adéquat pour exercer ces trois activités, après la famille et le village, ou communauté économique.



Pour cela, il faut que la cité rende possible cette vie heureuse et accordée à la nature de l'espèce humaine. Aristote dans le livre II examine les cités réellement existantes dont on dit qu'elles sont bien gérées : Sparte, la Crète et Carthage. Avant cela, toutefois, l'auteur consacre le début de l'ouvrage à une étude critique des utopies politiques, des cités imaginaires ou théoriques conçues par Platon dans sa République et ses Lois, par Phaléas de Chalcédoine, moins connu, et par le célèbre urbaniste et architecte (mais aussi théoricien, si c'est bien le même) Hippodamos de Milet. Ce livre II est donc hybride, discutant d'abord de cités idéales, puis de cités réelles.



Et donc, je mets un nombre d'étoiles limité non à Aristote, ni même aux auteurs et traducteur français (parfois peu clairs), mais à moi-même, lecteur incompétent : en effet, pour comprendre ce livre, il aurait au moins fallu avoir une idée de la République et les Lois de Platon, que j'ai ouverts pour la dernière fois en 1975. Et en plus, le grec de la Politique me dépasse presque complètement. Mieux vaut donc commencer l'ouvrage d'Aristote par le commencement (Livre I) et, en ce qui me concerne, en français seul : justement, les éditions GF ont publié une édition complète unilingue, intitulée "Les Politiques". Ce mystérieux pluriel donne envie d'aller voir de plus près.



Un dernier mot sur une impression personnelle : ayant beaucoup lu sur la Torah juive et sur les modèles divins, sociaux, politiques et juridiques qu'elle enseigne, centrés sur le Temple, le Tribunal d'en-bas et d'en-Haut, le Roi, j'ai trouvé saisissante cette plongée en milieu grec. Aristote en effet, à peu près contemporain des auteurs hébreux de l'époque du Second Temple, conçoit la société humaine en termes parfaitement terrestres : une société, une cité, c'est une construction humaine, réformable, négociable, façonnable (voir les colonies grecques essaimées de la Crimée à la Provence, toutes ces Neapolis créées à partir de rien), sans aucune référence à une divinité transcendante et à ses volontés inscrites dans un Livre (la Bible, constitution de la Judée) à étudier sans relâche et à interpréter. J'ai eu l'impression de lire un texte purement laïc, à hauteur d'homme, hermétique à l'univers de pensée hébreu et juif. Il se peut que je force le trait, car si Aristote ne mentionne pas de Volonté transcendante dans cet ouvrage, il se réfère tout de même, implicitement, à des Valeurs universelles définies ailleurs dans son oeuvre. On sait que le sacré imprégnait profondément la civilisation grecque, mais tout autrement.
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Les politiques

Les Politiques, d'Aristote, ne sont pas un témoignage antique ; elles sont une clé de compréhension des institutions et questions politiques en général, et en particulier dans notre époque contemporaine. En effet, Aristote écrivait durant une période de décadence des cités grecques, de crise politique et de doute sur la justesse des institutions, dont il analyse les causes d'une corruption grandissante... toute ressemblance avec des faits et personnages réels contemporains, notamment en France, ne serait que pure et fortuite coïncidence.

Il ne s'agit pas d'un traité centré sur la politique au sens politicien du terme -la vidée est donc plus large que la problématique du Prince de Machiavel- . Aristote s'intéresse à l'ensemble des entreprises humaines, dans toutes ses dimensions sociales, à l'intérieur de la Cité.

Sa lecture est tout à fait accessible, s'il on admet 530 pages -finalement peu, pour un programme aussi ambitieux- et une obligation de revenir parfois sur certains passages, car la structure des chapitres est assez complexe, avec des développements qui peuvent parfois sembler contradictoires. Personne n'ayant eu accès à la version originale en hélène, il faut bien faire avec...

Certains passages pourront sembler rétrogrades -comme en ce qui concerne les esclaves et la place des femmes-, mais ils sont à remettre dans le contexte historique ; et d'autres sont tout simplement visionnaires, comme sur l'éducation, la constitution idéale, la justice et l'homme issu de nature -que prolongera Rousseau-.

Un grand ouvrage de philosophie, politique et tout court, incontournable et plein d'actualité...
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De l'âme

Livre difficile traitant d’une notion abstraite, intangible difficilement accessible, menant assez vite à la notion de religion et du divin, « De l’âme » est un ouvrage sans doute plus ardu que l’Ethique ou le Politique, à relire et à méditer longuement pour commencer à comprendre la pensée profonde de l’auteur.



J’avoue sans honte que certains passages m’ont semblé peu clairs et mériteraient une relecture approfondie.



Mais au final une question me tarabuste : comment en effet démontrer l’existence d’une véritable âme ?



J’ai l’impression que Descartes (que je n’ai pas lu) et l’Église catholique ont nié la notion d’âme aux animaux et aux plantes, l’accordant simplement à l’homme.



Mais finalement ne parlaient ils pas tout simplement d’intelligence ?



Aristote lui semble plus large dans sa vision de l’âme.



L’ouvrage m’a peut être paradoxalement plus impressionné par la finesse de ses analyses biologiques du monde végétal et animal avec la conclusion que je tire à savoir que les êtres reçoivent de la Nature le niveau de complexité de leur âme nécessaire à assurer les actes permettant leur survie.
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Invitation à la philosophie

L'"Invitation à la philosophie" est un court texte d'Aristote, censé nous invité à philosopher.

Bon, soyons clair : sur moi, ça ne fonctionne pas !... Aristote tente ici de déduire à partir de lois générales ( et de façon généralisatrice ) que la philosophie est bonne pour l'homme.

Le problème, c'est que personnellement, je ne suis pas entièrement d'accord avec toutes ses lois générales, alors cela me plaît pas entièrement… Qui plus est, personnellement, je pense qu'Aristote est très généralisateur… Et je trouve dommage qu'il n'argumente pas plus sa position concernant ces généralités…
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L'homme de génie et la mélancolie

L'étymologie du mot "mélancolie" signifie bile noire. Selon les Athéniens de l'époque, la mélancolie comme tous les excès en général viendrait d'une sorte de bile noire qui serait à l'intérieur de notre corps. Une bile noire qui tantôt serait froide, tantôt serait chaude. Et Aristote tente de répondre à cette question : pourquoi les hommes d'exception ont plus de chance d’être atteint par ce mal que les autres ? Plutôt intéressant et original.
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Poétique

Plus facile à lire que je ne le pensais. Tout ce qui concerne la phonétique grecque, sa grammaire, les vers iambiques, stasimons et autres étrangetés m'est passé loin au dessus de la tête. En revanche, ce qui traite de la tragédie ne manquait pas d'intérêt.



Première incursion, ou presque, dans ce domaine de la "poétique", qui ne concerne pas la poésie comme on peut l'entendre aujourd'hui, mais globalement, l'art d'écrire.



J'ai bossé, avec Aristote! Je suis à présent l'heureuse propriétaire d'une page de notes.

1 page = l'espace blanc qui restait autour du courrier d'EDF.

Moins un petit carré qui a été dévolu à la recette de la compote de pommes, car même pour un truc simple comme une compote, il m'a fallu une recette. Avantage: la compote était mangeable. Inconvénient: maintenant le recette est rangée au rayon mixte factures-littérature-cuisine, ce qui réduit presque à néant mes chances de remettre la main dessus à la saison prochaine. Par contre, si un gars d'EDF se pointe, j'ai de la compote au congélateur.



Mais revenons au texte. Ma méconnaissance des pièces antiques m'a souvent empêchée de comprendre les exemples, mais la brièveté de l'ouvrage m'interdisait de me décourager. Et tant mieux!



Le sentiment qui domine c'est "Whouaouh, mais alors, ça existe un livre qui explique comment écrire??". J'ai adoré l'examen méthodique des différents cas qui mènent, ou non, à l'obtention d'un effet tragique. C'est bien carré, bien scientifique comme façon de faire. Rigoureux comme j'aime.

Il est précisément expliqué comment on suscite la pitié, ou la crainte, par quel type de personnage, mis dans quelle situation, conscient ou ignorant de telle ou telle circonstance.



Je retiens en particulier que pour Aristote, seule l'action compte. Que la tragédie fait l'homme meilleur qu'il n'est. Que l'instant de la reconnaissance (notion assez difficile à appréhender pour moi... ) est une source essentielle de plaisir et un excellent ressort tragique et que l'on peut élaborer un classement qualitatif des types de reconnaissances.



Enfin, que la vraisemblance prime sur la vérité et donc, qu'il vaut mieux un trucage plausible qu'une vérité par trop incroyable.



Il m'a semblé, sur le moment, que certains passages étaient lumineux et fort utiles pour qui se mêlerait d'écrire. Je suis même passée par une phase de fébrilité avec grande envie de me remettre à mes brouillons...



Depuis, j'ai presque tout oublié, comme toujours, et mon enthousiasme est un peu tombé. Mais si toute la théorie de la littérature était aussi digeste, probable que j'aurais essayé avant.
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Sur la justice - Ethique à Nicomaque Livre V

Une plongée dans la pensée d'Aristote simple pour ceux qui ne sont pas rompus aux livres de philosophie.

Le dossier, les annotations et la préface de cette édition permettent une meilleure compréhension des enjeux et grandes réflexions qui sont celles de ce Livre V d'Ethique à Nicomaque.

A titre personnel, c'est le passage sur l'équité qui m'a le plus marqué.

Une bonne entrée en matière sur la justice en somme !
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Constitution d'Athènes

On a de quoi se demander ce qui a pu pousser une cité à passer de la monarchie à la démocratie (sans précédent il me semble), et pour devenir en même temps la plus puissante de la Grèce et enfanter en quelques années des génies comme Socrate, Eschyle, Sophocle, et j'en passe… Ce texte attribué à Aristote n'a été retrouvé qu'à la fin du dix-neuvième siècle et il manque le début. Il commence vraiment avec le mécontentement du peuple vis-à-vis des grands propriétaires terriens à la fin du septième siècle av. JC. Entre les trop riches et les trop pauvres, Solon, qui fait partie de la classe moyenne, un riche modéré, est nommé pour faire un arbitrage, il annule les dettes et met surtout fin à l'esclavage des citoyens pour cause de dettes, sans pour autant redistribuer les terres comme l'espéraient les pauvres. Un premier pas… qui n'a satisfait personne et a mené à la tyrannie de Pisistrate, le chef des pauvres en quelque sorte, bon tyran, sorte de monarque éclairé d'après Aristote ; ce sont ses fils qui ont abusés. Une fois les Pisistratides renversés, Clisthène est amené à revoir la copie de Solon, et on peut dire que d'un point de vue étymologique c'est lui l'inventeur de la démocratie. Il crée les dèmes qui ne sont rien d'autre qu'une nouvelle division de circonscription pour casser les anciens partis et il met en place l'ostracisme pour éviter que de nouveaux Pisistrate puissent prendre le pouvoir. En – 508 commence alors le grand siècle athénien. Même si Aristote fait très peu de commentaires et reste dans le factuel, c'est visiblement l'époque qu'il considère comme la plus aboutie de la démocratie, celle qui est dominée par l'Aréopage. Elle commence à se dégrader avec les démagogues dans les années 450, pour finir dans l'oligarchie. Avant que la démocratie ne soit rétablie. Toute cette histoire tumultueuse jusqu'en – 400 est racontée dans la première partie.

Dans la seconde partie Aristote ne fait plus d'histoire mais décrit les institutions athéniennes de son temps et leur fonctionnement. C'est très détaillé mais pas franchement passionnant pour le lecteur lambda. J'en retiens que les citoyens avaient beaucoup d'obligations, ils ont acheté chèrement leurs droits avec beaucoup de devoirs. Une grande portion des citoyens devaient participer activement à la vie politique. Outre un service militaire de deux ans (l'éphébie), ils pouvaient être appelés à occuper toute sorte de fonctions au sein de la cité, et s'ils manquaient à leurs devoirs ils pouvaient être sanctionnés. Au fond, ce qui différenciaient les démagogues des démocrates (selon la vision d'Aristote), c'est qu'ils usaient davantage de la carotte que du bâton pour impliquer les citoyens. L'autre chose qui étonne, c'est la confiance qu'accordaient les Grecs au tirage au sort, et la grande place qu'il occupait aux côtés des élections. Ce sens du tragique…
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Éthique à Nicomaque

C'est le genre de livre référence en philo qu'il "faut" avoir lu, alors voilà je l'ai lu...

C'est du genre préceptes de base pour être un garçon bien comme il faut.



Faut dire que j'ai toujours préféré Diogène à Aristote moi, n'allez pas croire que je me masturbe en public ou que j'habite dans un tonneau non non pas du tout. J'aime la liberté de penser de Diogène, son refus des conventions et aussi son cynisme.
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La Métaphysique

A la fin de ce volumineux ouvrage, on comprend pourquoi l’influence d’Aristote sera gigantesque sur les trois religions monothéistes.



En effet, la « Métaphysique » offre un terrain idéal pour le développement d’une justification philosophique à l’existence d’un dieu unique.



C’est donc au Moyen-Age, qu’une nouvelle science, la Scolastique, tentera la réunification des thèses aristotéliciennes avec la religion.



Je savais que l’église chrétienne avait été influencée par Aristote par l’intermédiaire des travaux de Thomas d’Aquin mais j’ignorais que le Judaïsme par les travaux de Maimonide ou l’Islam par ceux d’Averroès, avaient également subi cette influence.



Il est à noter cependant que contrairement à ceux de Maimonide, les travaux d’Averroès furent massivement rejetés par les autorités religieuses musulmanes.



Pour ces raisons on peut considérer la « Métaphysique » d’Aristote comme l’un des livres les plus importants ou influents de l’Histoire de l’homme.



Après avoir bien étudié ce philosophe, je dois admettre être toujours impressionné par l’étendue et la portée de ces travaux visant à atteindre une sorte de savoir total multi disciplinaire.



Certes, le style d’Aristote est souvent austère, professoral, difficile, peu littéraire (surtout comparé à celui de Platon) mais je suis impressionné par sa rigueur scientifique et son coté « savant ».



J’aime cette approche de la vie intellectuelle, spéculative et méditative à qui il attribue la part de divinité de l’homme.



Je me demande parfois (un peu vainement ) ce qu’aurait écrit un tel esprit visionnaire si il avait été doté d’outils technologiques aussi affûtés que les nôtres.



Nul doute que son prodigieux sens de l’observation, son esprit curieux et son intelligence aiguë auraient amené l’Humanité encore plus en avant sur les chemins escarpés de la connaissance.



Je pense donc relire un jours plus tard la « Métaphysique » mais doté moi même d’outils intellectuels plus performants pour me hisser davantage au niveau du Maitre.



Malgré tout le voyage n’ a pas été sans bienfaits.
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