17 piges Récit d'une année en prison
TRADUISEZ CES PHRASES BORDELUCHES EN FRANçAIS OFFICIEL.
1- Vous voulez une poche pour votre chocolatine?
2- Hé bé! ça me daille de passer la since!
3- J'ai une palanquée de pignes dans la malle de ma cacugne.
4-Si tu fais ton mangane , tu vas te prendre une avoinée.
5- Anfigueil! Y a une loche dans ma gardale!
Ne cherchez pas la place Saint-Seurin sur un plan : elle n'y figure pas. Elle n'existe que dans la bouche des bordelais qui trouvent trop long de dire "Place des Martyrs de la Résistance".
- Hey, M'sieur, j'ai fait un dessin hier soir dans ma cellule.
- Super ! Montre-moi !
- J'ai recopié une photo de cul... T'as vu comme elle est bonne, la meuf !
- Ah, d'accord...
- T'as vu, j'me suis appliqué. J'ai fait tous les détails comme il faut avec les poils et tout !
- Je vois, je vois...
- C'est trop bien fait, m'sieur, non ?
- Mais, heu... Qu'est-ce que tu as fait à ta feuille pour qu'elle soit dans cet état-là ?
[ un autre : ] - Il s'est branlé dessus, m'sieur !
- Vas-y bâtard, c'est de la mousse à raser pour la coller au mur !
- Tiens, ton dessin... On va essayer de faire une BD aujourd'hui.
- Ah ouais, une BD de cul !
- Euh, non, on va essayer d'être plus créatifs, là !
(p. 52-53)
Les ressources et les potentiels de ces jeunes sont malmenés ou anéantis par les événements tragiques qui jalonnent leurs vies. (p. 62)
Qui n'est jamais entré en prison ne connaît pas la frayeur qui saisit, la première fois, au moment de franchir les grilles, le pont-levis, l'énorme porte, comme on voudra. Qui n'y est jamais allé ne connaît pas ce vacarme confondant, cette odeur unique, mêlant peurs, violences, tristesses et désinfectant qui surprend tant la première fois.
[préface]
"Celui qui ouvre une école, ferme une prison" écrivait Victor Hugo. Et c'est l'inverse qui se passe...
p. 51
Second point qui me paraît essentiel pour dénoncer l'utilisation de la prison contre les enfants: le rapport au temps. Ma connaissance charnelle de la prison acquise au cours des dix-sept années passées derrière les barreaux m'amène à dire que la dimension la plus cruelle de la détention est sans nul doute ce temps devenant temps inutile. Arrivé à un certain âge, ce rapport au temps vécu en conscience devient vite source de douleur pour celui qui le vit au fond de son espace cellulaire. Et c'est là probablement que le temps passé dans cet espace mortifère devient la sanction suprême. Celle qui châtie au plus profond de soi. Celle qui mutile l'âme. Une mutilation que l'on porte jusqu'à la fin.
La fin de sa vie.
Mais un enfant n'a pas conscience de ce rapport au temps inutile, puisque non conscient du temps qui passe. Un enfant se pense immortel. N'a pas conscience qu'un jour viendra où l'horloge de sa vie s'arrêtera. Alors une semaine, un mois, un an derrière les barreaux… quelle importance ? La prison dans de telles conditions d'inconscience tient plus de l'absurdité systémique que de la recherche d'un objectif précis.
(p. 98, extrait de la Postface de Gabi MOUESCA)
Et si mon rôle n'était pas celui d'un professeur mais d'un passeur ? Que ces ateliers ouvrent des portes et fassent sauter des verrous... Le dessin ne serait pas une fin en soi. Il n'en serait qu'un prétexte. Un prétexte pour vibrer, rêver, s'émouvoir, et se souvenir de bons moments. Un prétexte pour se viriliser et se valoriser. Et se construire une autre vie, plus stable, plus solide et structurée.
(p. 92-93)
La prison n'est qu'un espace muré qui cache les échecs de la société.
Suite à cette évasion, la maison d'arrêt s'équipe de miradors baptisés "miradors Besse".
Ce qui n'empêche pas Besse de s'évader une seconde fois… en passant sous le mirador.
p. 23