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On n'est jamais seul avec un livre. p.28
J’étais dans la maison des fous. La folie, ce n’est pas de hurler durant un incendie, mais d’agir normalement alors que la maison brûle.
Je commençais à comprendre que le destin des Québécois était pas mal plus lié à celui des Premières Nations qu'on ne pouvait l'imaginer. D'un point de vue identitaire, on retrouvait chez eux, à une autre échelle, les mêmes combats pour la survie de la langue et de la culture. À ceci près qu'au Québec, les Autochtones sont divisés en onze nations, disséminés sur un immense territoire et représentant à peine un pour cent de la population. D'une certaine façon, les Indiens étaient des canaris dans une mine de charbon : leur avenir préfigurait le nôtre.
Comme la mort, la cruauté adolescente frappe aveuglément, sans morale et sans remords.
On peut vraiment devenir fou à écouter "Pinpin le lapin" ou "Mes amis les légumes". Dans la prison d'Abou Graïb, on dit que l'armée états-unienne finissait par faire craquer les prisonniers iraquiens avec Métallica. Croyez-moi, Shilvi ou Annie Brocoli fait le travail beaucoup plus rapidement.
Cette grève, c’était mai 68. Beaucoup de bruit, une mobilisation sociale contre l’ordre établi, un déferlement de liberté et de créativité, mais que restait-il de tout ça une fois les moutons rentrés se faire tondre à la bergerie?
(Leméac, p.151)
Les économistes sont aussi des charlatans qui colportent l’idée que la croissance infinie dans un monde fini est une bonne chose. En biologie, la croissance infinie, on appelle ça un cancer.
(Leméac, p.116)
Smith tire une chaise et enlève les couvre-plats, dévoilant un festin pantagruélique. Deux poulets entiers, trois T-Bones saignants empilés, un rôti de porc, un jambon et une assiette de saucisse. Que de la viande. De ses doigts, il empoigne un poulet et le dévore à pleine bouche. Il déchire la chair plus qu'il ne la mastique, avec d'insupportables bruits de succion et des grognements contentés.
De deux ans à deux ans et demi, ce fut systématiquement "non". Peut-être par osmose paternelle, la phase fédéraliste de mon garçon n'a pas duré très longtemps, Dieu merci ! C'est quand même fascinant que la première étape du contrôle d'un humain sur son environnement soit le pouvoir du bâton dans les roues. C'est incontournable dans le développement psychologique de tout être humain : on commence sa vie en disant non. Pas surprenant que ce soit si difficile de dire oui à l'âge adulte.
Il faut être fou pour faire apparaître quelqu'un dans un monde fou. C'est vrai. Mais la folie du monde est bien relative. Qui aurait préféré naître parmi les esclaves de l'Empire romain, les paysans européens pendant les épidémies de peste noire ou les ouvriers américains lors de la crise des années 30 ? Oui, le monde est fou. Mais celui qui endort un enfant assourdit le vacarme de la barbarie humaine.