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Critiques de Goossens (69)
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L'encyclopédie des bébés, tome 1

♫Neuf mois ferme

Ca y est, j'ai purgé ma peine

J'entends la vie qui m'appelle

C'est par où la sortie ?♫

- Camille - bande originale film - 9 mois ferme -

Réalisateur Dupontel - César Meilleure Actrice Sandrine Kiberlain -2013 -



Livre qu'il a pioché au hasard

les bras tendus,complètement hagard

"C'est celle des Bébés, leur encyclopédie,

J'espère que t'as compris, tu vas être papi

M'enfin, bientôt, plutôt dans 8 mois 1/2 !!?"

-08/02/2020, hum,oups, tu parles si sam'di-

Bibliothèque Champs Libres - Rennes -

-

Complètement décalé, les deux font la paire

Goossens ou Dupontel père

N'empêche que ce Fluide Glacial

Il m'a fait chaud au coeur

Potemkine, le bébé dans le landau qui dévale

était en fait, doublé par un cascadeur !!!!?

J'ai bien failli chercher l'erreur....

Mais suite à l' annonce...j'ai encore la tête ailleurs.

Pour préparer la venue de mon premier p'tit bonhomme

Nul besoin de réserver l'encyclopédie 2em Tome !











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La porte de l'univers

Robert Cognard, un vieil humoriste, n’a plus d’inspiration pour ses gags. Il ne fait que recycler d’anciens gags archivés. Il se fait doucement conduire vers la retraite par son producteur. ● On retrouve dans cet album la trame sempiternelle et usée jusqu’à la corde du manque d’inspiration. Et, de fait, il est patent que Goossens a un gros manque d’inspiration. Rien ou presque ne m’a fait rire dans cet album fait de bric et de broc. Le côté déjanté est parfois plaisant mais ici même pas, il n’y a aucun effet comique, à part peut-être, au début, le pastiche des séries et des films américains, mais l’auteur s’en sert tellement que le procédé en devient lourdingue et perd toute puissance comique. ● Le côté attachant que l’anti-héros pourrait avoir est complètement gommé par les histoires ridicules où son créateur l’entraîne. ● Pourtant, Goossens n’a pas perdu la main pour les dessins, qui sont très réussis, de même que les couleurs. La trogne de Robert Cognard est magnifique, c’est d’autant plus dommage que l’auteur ne parvienne pas à l’insérer dans un scénario qui tienne debout. ● En l’absence de scénario, les multiples références cinématographiques ou de bd tombent complètement à plat. ● Et la postface où Goossens s’escrime à expliquer son humour, démarche à la fois superflue et représentative de son échec, n’arrange vraiment rien à l’affaire. ● Grand lecteur de Fluide Glacial dans ma jeunesse (années 80), j’ai été très déçu par cet album qui est peut-être l’album de trop.
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La porte de l'univers

Un grand merci à Babelio et à Fluide Glacial pour leur confiance et l’envoi de ce livre. N’étant pas lectrice de BD, je n’avais jamais eu entre les mains un album de Daniel Goossens, scénariste, dessinateur et coloriste. Qui plus est, un auteur ayant reçu le grand prix du Festival d’Angoulême en 1997. J’ai donc pris un risque en le choisissant à la dernière Masse Critique, risque partagé par la maison d’éditions car malheureusement, je dois ici expliquer ma déception.



Les sujets abordés par l’auteur, non dénués d’intérêts, sont simples : la pression constante d’un patron pour que vous soyez productif et la mise au rebut lorsque vous ne l’êtes plus ; le christianisme, le paradis et l’enfer ainsi que les grandes questions existentielles que l’on se pose avant de passer de vie à trépas ; l’humour et ses dérivatifs puisque cette BD se veut avant tout humoristique.



L’anti-héros, Robert Cognard, humoriste de son état, est incapable de trouver un nouveau gag, LE gag qui lui permettrait de continuer à jouer dans la cours des grands.



J’adore rire et lorsqu’une lecture m’apporte joie, c’est gagné. Que l’humour soit fin, subtil ou sarcastique, mignon ou plutôt con con, je l’apprécie suivant les situations cocasses ou rendues ridicules ou en fonction des personnages qu’ils soient principaux ou secondaires. Je n’ai pas d’échelle de valeur.

Malheureusement, je n’ai même pas souri, hormis à la dernière planche où l’auteur, heu pardon, le héros trouve enfin son gag. Je me suis alors portée sur le dessin pour y trouver mon bonheur. Tout est axé sur le protagoniste, les décors et détails sont insignifiants. J’ai quand même aimé l’illustration de Dieu et quelques expressions de visage.

Il y a beaucoup de références cinématographiques qui, pour moi, n’apportent rien à l’histoire, sauf à se dire « tiens, je le connais celui-là ».

Quelques scénettes m’ont franchement interloquées comme celle de Tintin devenu le capitaine Tintin portant la casquette et le capitaine Haddock devenu Haddock et affublé de la fameuse chevelure à houppette. Où en est l’intérêt ?



Peut-être n’ai-je rien compris à ce livre.

Heureusement, tout n’est pas perdu puisqu’à la fin de l’album, l’auteur décortique, explicite les différentes sortes d’humour et ses choix, intellectualise son travail. J’avoue avoir encore moins compris cette démarche.



Autrement, un bel album, une belle couverture et je suis curieuse maintenant de lire d’autres avis.

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La porte de l'univers

C’est de l’humour de vieux, place aux jeunes.

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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, ne nécessitant pas de connaissance préalable de l’œuvre de l’auteur. Il a été réalisé par Daniel Goossens, pour le scénario, les dessins et les couleurs. Cette bande dessinée bénéficie d’une introduction d’une page rédigée par Édouard Baer, et d’une courte phrase sur le bandeau en quatrième de couverture de Benoît Poelvoorde (La porte de l’univers… Voilà qui met en appétit). Il se termine avec une postface de six pages, écrite par l’auteur, essayant d’expliquer son humour.



Chapitre 1 : Robert Cognard. Ce monsieur est assis à sa table de travail : c’est un comique professionnel et il cherche de nouvelles idées de gags. Il est complètement à sec. Il n’a plus un gag en stock, lessivé. Que des redites. C’est la fin des haricots péteurs. Il se rend à la réunion de travail chez son employeur, mais il pousse la porte de la salle de réunion alors que celle-ci se termine, que tout le monde s’est déjà levé, et prend congé. Il s’adresse à Jean-Pierre, à Chantal, mais ils préfèrent l’éviter. Il se dirige vers le patron et il engage la conversation. Celui-ci lui propose de l’accompagner dans son bureau. Robert explique qu’il cherche du neuf, que ce n’est pas le tout de faire rire, qu’il faut également dénoncer la bêtise. Arrivé dans le bureau du patron, celui-ci explique que les gens sont exigeants, qu’ils veulent du nouveau, toujours du nouveau. Robert continue de soliloquer sur ses mollets poilus, mais le patron lui tend un chèque. Il lui conseille de prendre du bon temps, de s’amuser avec des filles. Il ne le vire pas, il lui offre la liberté, en conseillant à Robert de saisir sa chance. Le comique s’en va, les larmes aux yeux, citant Pierre Desproges : on peut rire de tout, mais pas de n’importe qui.



Robert Cognard est rentré chez lui. Il a relevé son courrier : les factures, les papiers d’huissiers, les convocations au tribunal, et il n’a plus le moindre gag en stock. Sa compagne Sheila a revêtu une robe pimpante assez courte. Une dispute s’en suit, et elle fait calmement sa valise, alors Robert s’emporte de plus en plus. Il se rend au bar et aborde une femme, lui racontant la blague de pourquoi Popeye avait des avant-bras musclés. Il finit par la raccompagner chez elle, tout râlant sur le fait que ça ne suffit plus de les faire rigoler, après, il faut allonger la friche. En entrant dans son appartement, il remarque une affiche de Corto Maltese. Il se lance dans un soliloque en s’adressant à la prostituée. Elle rêve d’être emmenée par un beau marin ? Elle aussi, elle est attirée par la lumière ? Il n’existe pas d’âme vraiment simple et pure ? Corto Maltese, c’est juste le prestige de l’uniforme. Le p’tit foulard, les p’tits galons, la casquette de marin… Les vrais marins, ça se pomponne pas. Ça a pas l’temps pour la galipette. Y a-t-il donc que lui de lucide ? Si Corto Maltese avait eu le même succès avec une casquette Pernod, il aurait dit Chapeau l’artiste ! C’est facile quand on est marin et beau. Lui, croit-elle qu’on lui ferait une gâterie à l’œil avec la casquette de Corto Maltese ? On ferait la fine mouche, oui !



Un nouvel album de Daniel Goossens : plus de quarante-cinq ans de métier avec des histoires publiées dès 1976 dans le magazine Pilote, et des albums dès 1979. Ici, il propose une histoire continue, plutôt qu’une série de scénettes, composée de douze chapitres : Robert Cognard ; Les Grands du rire ; Le Salon du rire ; La Taverne des artistes ; Le Procès ; Dans le pétrin ; La plus belle femme du monde ; Les Marines de l’Alabama ; Épilogue ; La Porte de l’univers ; Le Jugement dernier ; Dernier épilogue avant l’éternité. Toutes les caractéristiques qui font le charme de ce bédéaste sont bien présentes. Le lecteur identifie immédiatement sa manière de dessiner : des décors tracés d’un trait sûr, allant à l’essentiel, parfois avec plus de détails le temps d’une case ou deux. Le lecteur sait immédiatement où il se trouve : le bureau de Robert Cognard avec ses armoires métalliques à tiroir et son escabeau, la salle de réunion avec ses tables et ses fauteuils, le bureau du patron avec un mobilier plus couteux, le bel appartement du comique avec sa cheminée, un simple bar, un grand hall du bâtiment pour la convention, une salle de procès avec la barre des accusés, une cellule avec deux bat-flancs, une grande prairie avec des cowboys et des vaches, une navette spatiale. Les accessoires sont tout aussi parlants et bien choisis : la sacoche en cuir de Cognard, les tenues vestimentaires différenciées et faisant apparaître une facette de la personnalité du l’individu représenté, la coiffeuse de Sheila, le flacon de M. Propre, la reproduction des cieux d’un tableau de Vincent van Gogh, les différents modèles de fauteuil de bureau, le tutu rose, la selle de cheval, etc.



L’artiste a atteint un niveau remarquable dans la représentation des personnages, leur posture, leur langage corporel, la palette d’expression de leur visage, au point de transmettre l’émotion avec un naturel évident, même si la représentation peut être exagérée, ou caricaturale. Le lecteur ressent immédiatement une connexion avec Robert Cognard : un homme marqué par l’âge, sûrement la soixantaine, de petite taille, endurant, encore plein d’énergie, mais peut-être dépassé par l’époque, ne parvenant plus à lutter avec les nouvelles générations car il est vrai que l’humour se démode. Un homme qui essuie les échecs et qui les supporte sans se plaindre, un homme encore capable d’enthousiasme, un homme qui y croit encore. Quelqu’un qui essaye de se maintenir dans le coup, qui bosse pour proposer de nouvelles blagues, mais aussi quelqu’un avec les valeurs et la culture de sa génération. Il est impossible de rester de marbre devant cet individu avec des valeurs, avec une vraie envie de continuer, avec un tel cœur à l’ouvrage. Le lecteur souffre avec lui quand il se heurte au refus poli mais implacable du patron, à la froideur de sa compagne qui ne le soutient pas, à la médiocrité des blagues de ses pairs se contentant d’un humour bourgeois, alors que lui reste un ouvrier dans l’âme. Il sourit devant le général qui se vante de ses cinq étoiles alors que son interlocuteur n’en a que trois, ou encore devant ce dieu à la longue barbe blanche, au halo impeccable et à la longue robe blanche immaculée.



Et puis bien sûr, l’incongru et l’absurde sont fidèles au rendez-vous. Par exemple visuellement : Corto Maltese avec une casquette Pernod au lieu de sa casquette de marin, Robert jeune le pantalon et le slip baissés sur les chevilles en plein milieu d’un trottoir passant, Robert en tutu avec des mollets très poilus, le même Robert montant dans une fusée, etc. Sans oublier les caricatures de Corto Maltese à Capitaine Tintin & le jeune reporter Haddock, en passant par François Mitterrand avec sa belle écharpe rouge, Full Metal Jacket (1987) de Stanley Kubrick (1928-1999), ou une célèbre série policière télé. Ça dérape également dans l’absurde et dans l’incongru avec les réparties, à commencer par la citation erronée de Pierre Desproges (1939-1988) : on peut rire de tout, mais pas de n’importe qui. Ou encore ce détournement d’un aphorisme de Georges Brassens : Sans le talent, le travail n’est qu’une sale manie. En fonction de sa sensibilité, certaines blagues fonctionnent immédiatement sur le lecteur le faisant rire à haute voix, alors que d’autres le laissent interdit, entre platitude littérale et idiotie. Pourtant…



Pourtant arrive un moment où l’émotion l’emporte sur tout. En pleine plaidoirie pour se défendre d’un gag éculé qui a mal tourné, Robert Cognard explique que le vrai courage est de laisser tomber son pantalon dans la rue d’un seul coup, sans prévenir. Et il a eu ce courage à dix-sept ans, et il n’est pas sorti intact d’une telle expérience. Le lecteur éprouve un élan irrépressible de sympathie et de pitié l’emporter devant ce jeune homme humilié par l’indifférence des passants qui s’écartent, alors qu’il s’est littéralement mis à nu pour son art. Dans le chapitre huit, l’auteur réussit un autre exploit avec une élégance légère, celle de faire croire à l’élan d’amour pur entre son personnage principal et une vache faisant la figurante parmi un troupeau en arrière-plan dans un western. C’est ridicule, absurde et même idiot, et en même temps un drame d’une rare authenticité. Un peu plus loin, Robert Cognard parle de la société qui exige que les clowns se maquillent pour sortir, et le lecteur y voit l’écho de l’exigence que les femmes se maquillent, un écho pénétrant d’une exigence sociale implicite et lourde de sens. Le lecteur se prend d’une réelle affection pour Robert Cognard dont il ne doute pas un seul instant que tout le monde prononce son nom comme s’il ne comprenait pas la lettre G. À certains moments, il se dit que cet artiste comique qui n’y arrive plus vraiment, qui semble atteint par la limite d’âge, incarne ce qui pend au nez de l’auteur lui-même, ou peut-être ce qui lui a déjà été mis dans les dents, que sa carrière est derrière lui, et que son grand prix de la ville d’Angoulême date de 1997. Avec cette idée en tête, il relève quelques phrases. C’est de l’humour de vieux, place aux jeunes. Un comique, c’est pas un génie, nom d’une pastèque en slip ! C’est un écorché vif, prêt à se déculotter pour le public ! Je suis un comique, moi ! J’ai besoin de prendre des risques ! Je ne peux pas me contenter de vos petites vies tranquilles.



Puis le lecteur passe à la dernière partie : la postface écrite par l’auteur. Elle est constituée de six chapitres : Les aventures de Cognard - Les connivences - La connivence humaniste - Effets de manche et contenu intellectuel - Autres points de vue sur les mêmes phénomènes - De quoi je me moque et pourquoi ce n’est pas forcément partagé. L’auteur décortique ce qui le motive à s’exprimer, ce qui constitue son sens de l’humour. Le lecteur découvre ou retrouve les intentions de l’auteur qu’il a pu percevoir, ou qu’il n’a pas saisies au cours de cette bande dessinée. C’est une véritable profession de foi, sans fausse modestie, sans acrimonie non plus. C’est honnête et intelligent, sans prétention, sans donner de leçon, sans fard.



Un album de plus d’un bédéaste avec plus de quarante ans de métier ? Oui, bien sûr, c’est du Goossens. Pas seulement, car c’est un format long sous forme de douze scénettes, c’est une toujours aussi absurde et incongru, drôle et parfois impénétrable. C’est aussi une mise en abîme et une profession de foi directe. C’est abordable et enlevé. C’est un très grand cru.
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Passions

Les personnages des Passions de Goossens savent à la limite murmurer à l’oreille des chevaux mais lorsqu’il est question de courtoisie mutuelle, la fin’amor vire au burlesque voire au grotesque. Entre naïveté et cruauté, Goossens honore brillement l’humour noir qui caractérise l’édition Fluide Glacial. Ça faisait longtemps que le sexe et l’amour n’avaient pas été traités avec autant d’humour, de cynisme et de talent.
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Rubrique Abracadabra

Cet album est un hommage à la Rubrique-à-Brac, œuvre emblématique de Marcel Gotlib, qui a marqué l’histoire de la bande dessinée. Pour cet hommage, un casting de rêve est réuni dans cet album : Zep, Berbérian, Léandri, Tardi, Belkrouf, Maëster, Dupuy, Binet, Boucq, Jannin, Mourier, Arleston, Barral, Chauzy, Mandryka, Goossens, Christin, Blutch, Lindingre, Tonino Benacquista, Bilal, Lefred Thouron, Antoine de Caunes, Jean-Yves Ferri, Margerin, Tronchet, Solé, Édika, Larcenet, Mézières, Guarnido, Julien/CDM, Ptiluc et Dal.

Chacun, dans son style, reprend quelques principes utilisés dans la Rubrique-à-Brac, quelques idées, quelques personnages. Le résultat est assez décevant, en tentant de s’accaparer le style du maître, la plupart s’y cassent les dents.

Dupuy & Berberian avec la girafe, et Blutch avec le matou matheux, reprennent et détournent un histoire de Gotlib et s’en sortent nettement mieux, ainsi que Solé, avec la morale finale sous forme de jeux de mots comme dans le tome 5 où quelques histoires avaient été scénarisées par Gotlib et dessinées par d’autre auteurs.

Manu Larcenet m’a vraiment fait rire, toujours très drôle, mais c’est du Manu Larcenet.

Le reste est assez moyen, en essayant de faire du Gotlib, ils ne parviennent pas à être drôle, même Binet et Goossens déçoivent, certains se plantent carrément, venant d'auteurs que j'admire d'habitude, c'est presque gênant.

Bref, un hommage raté et vraiment une grosse déception.
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Route vers l'enfer

C’est un peu mon téléfilm de Noël, je le ressors tous les ans à la même période : Shirley publicitaire à Manhattan retrouve goût à la vie en faisant des gâteaux de noël dans le Kentucky avec un bûcheron sympa en chemise à carreaux et en pick up.

Bon, c’est pas tout à fait ça, celui-ci, c’est un téléfilm avec des couilles, avec des vrais mecs, des braves, des discours sur la lâcheté, le courage, avec des réunions stratégiques entre officiers, c’est plutôt comme si le générateur de films de Noël avait buggé, et l’avait remplacé toutes les options “téléfilm de Noël” par “film de guerre bien couillu” sauf l’option “Le père Noël existe vraiment”. Mais niveau clichés, on est vite rassuré. Il y en a à la pelle (à neige).

Le dessin est sombre, fouillis, aussi torturé que son propos, parfois très réaliste, et puis ça dérape… Dans toutes les vignettes, autant dans les dialogues que dans le dessin, les décalages sont partout, incongrus, loufoques, mélangeant les clichés de différents univers, comme ici, noël et l’armée.

Et j’ai beau l’avoir relu des dizaines de fois, je m’esclaffe à chaque fois, Goossens cultive cet art de l’humour décalé avec un talent qui lui est propre, très particulier, tout le monde n’y est pas sensible, mais personnellement, j’adore.
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Combats

Dans la famille Fluide Glacial, Goossens est un cas un peu à part. Si Edika, Binet ou Maëster me font marrer, leur humour est moins subtil, moins fin que celui de Goossens.

J'étais donc ravie que la Masse critique m'ait désignée pour recevoir son dernier ouvrage, "Combats" (d'ailleurs, je remercie Babelio et les éditions Fluide Glacial). Ravissement confirmé à la lecture de l'album.



On retrouve ce qui fait le talent de Goossens. En premier lieu, le dessin est superbe, d'une grande sobriété tout en étant fouillé. Les décors sont très soignés et fourmillent de détails tout en restant d'une lisibilité parfaite. Quant aux personnages, ils sont d'une expressivité toujours étonnante. Les couleurs sont riches et viennent renforcer l'impact du trait.



Goossens, c'est aussi un art du scénario très bien maitrisé. Il manie l'absurde avec excellence. Mais l'humour décalé et non-sensique de l'auteur n'est pas dénué de propos. Certaines histoires sont l'occasion de brosser le portrait d'une époque et de ceux qui la peuplent.

Il joue avec les clichés pour mieux pointer du doigt les travers de notre société. A ce titre, le récit "la fabuleuse épopée de l'automobile" est exemplaire. Hilarant par la situation décalée et complètement pertinent par le propos sous-jacent.

Le portrait sociétal est acide mais pas cynique et le regard de Goossens sur l'humanité n'est pas dénué de tendresse ni de poésie.



Goossens est un auteur qui ne cède jamais à la facilité et ose bien des audaces narratives. Il n'hésite pas à proposer des histoires drôles questionnant nos existences, on n'est pas loin de réflexions philosophiques. Il ose également la mise en abyme vertigineusement tordue (gros clin d’œil à Edika) dans "Pas de titre non plus". A une époque où beaucoup rejettent les récits qui s'affranchissent des codes de narration habituels, les audaces de Goossens font plaisir.



"Combats" est un très bon album qui titille les zygomatiques et les neurones.



Challenge Petits plaisirs 2016 - 1
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Voyage au bout de la Lune

Pour ceux qui ne connaissent pas l’humour de Goossens, c’est assez particulier, mais personnellement, j’adore.

La mission du Commandant Morton, aller planter une graine sur la lune. On retrouve, comme souvent chez Goossens, les poncifs du cinéma de guerre américain détourné dans des situations totalement loufoques, des personnages de gros durs qui se chamaillent comme des enfants, des références qui se percutent, c’est toujours inattendu, plein de gags dans les arrière plans, des retournements de situations totalement incongrus, absurdes et loufoques. “Lobjectif Lune” de Goossens se transforme en cour de récréation délirante, en bon moment de folie et en ce qui me concerne, en grands éclats de rires.

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La porte de l'univers

Quand l’inspiration n’est plus là, mieux vaut arrêter. Il ne suffit pas de clamer vouloir arrêter la connerie et il ne suffit pas non plus de s’en prendre aux « bourgeois » pour se rendre légitime à l’écriture alors qu’il n’y a plus rien à dire. Certes, la connerie et l’esprit dominant (que certains appellent donc encore « bourgeois » avec un retard de plusieurs siècles) sont des luttes acceptées d’éternité : il sera toujours difficile de demander à quelqu’un souhaitant les mettre à mal de ne pas s’exprimer à ce sujet. Ce n’est pas pour autant qu’il ne sera pas possible de reconnaître qu’aucune véritable intrigue ne soutient cet album, que les blagues répétitives deviennent rapidement lourdes quand elles ne sont pas, tout simplement, dénuées du moindre aspect comique. Daniel Goossens explique en postface que « Cognard utilise l’humanisme avec une grande maladresse ». Cognard ou Goossens ? La maladresse est en effet perceptible mais elle semble vouloir se mettre du côté du « bien » et en perd tout intérêt. Les blagues dérisoires sur Dieu, auquel tout un chapitre sera même consacré, ne font que brasser les éternels clichés de la contestation libertaire progressiste (la fameuse « bourgeoisie » que Goossens disait vouloir combattre ?).





Le manque d’inspiration qui fait le thème de cet album est donc patent aussi bien sur le plan du scénario (mais à la limite, cela aurait pu n’être pas un problème) que sur le plan des blagues en elles-mêmes qui sentent bon le gauchisme soixante-huitard qui n’a jamais su se reconnaître comme son propre ennemi : le bourgeois. La postface restera la partie la plus intéressante de cet album. Nous pourrons comprendre la démarche qu’a voulue suivre Daniel Goossens, bien qu’il ne me semble pas qu’elle transparaisse en actes dans l’album.

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Route vers l'enfer

Tout d'abord, merci aux Editions Fluide Glacial et à Babelio de m'avoir offert cette BD cultissime.

Pour moi, Goossens fait partie des dessinateurs/scénaristes phares de la grande époque de la BD des années 70/80.



Ce que j'aime chez Goossens ? Sa maîtrise du dessin noir et blanc, son amour pour l'absurde, le non-sens, l'humour décalé aussi bien dans le dessin que dans les textes.



Exemple dans cet album, les scènes qui regroupent tous ces hommes/soldats archi virils, grosses mâchoires, gros bras musclés, réparties saignantes, se prenant très au sérieux, face à un Père Noël mal dégrossi, pas vraiment glamour, pas super bien à sa place, qui pleure parce que la guerre va faire mal aux enfants.



Avec une chouette préface de Michel Hazanavicius, cette réédition de l'album sorti en 1986, tient encore bien la route. 😊
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L'encyclopédie des bébés - Intégrale

Goossens est, pour moi, le maître de l'humour décalé. Je sais qu'il y en a qui n'aime pas cette expression, personnellement, je l'entends dans le sens d'une inadaptation du ton au contenu, d'un parallèle ou d'un rapprochement absurde ou grotesque. Par exemple, quel rapport y-a-t'il entre le film “À l'heure zéro” (déjà parodié avec Y-a-t'il un pilote dans l'avion ?) et l'apprentissage du langage chez les enfants. Il n'y en a pas, pourtant cela ne pose pas de problème à René Goossens, pour tenter de nous édifier, c'est bien le principe d'une encyclopédie. Alors ça part dans tous les sens, surtout ceux qu'on attend pas, c'est complètement loufoque, absurde, déjanté, il mélange allègrement les clichés du cinéma viril hollywoodien, les vieux intellos des émission de débats à la télévision, la recherche scientifique, les publicités, le bricolage et même la religion, tout ça dans un foutoir jubilatoire et hilarant. le burlesque, le cynisme, l'ironie et l'humour noir ne sont pas absent non plus. C'est bourré de références, mais utilisées de façon incongrues. On retrouve des cowboys dans une parodie de “La Rivière Rouge” avec John Wayne et de Lucky Luke, sauf qu'au lieu de convoyer un troupeau de vaches, c'est d'un troupeau de bébés, ou une parodie de “Le retour des morts-vivants” où les fayots se font attaquer par les cancres. Alors c'est un humour particulier, il faut aimer, et c'est mon cas. Tout ceci est appuyé par un graphisme naviguant entre réalisme et burlesque, tous les personnages sont laids, ridicules, affichent des expressions grotesques et parlent avec un sérieux et une gravité pour n'exprimer que des inepties. J'ai ri de la première à la dernière page, couverture comprise.

PS, il y a quelques bonus dans cette intégrale où on retrouve des variantes de planches entre l'édition dans le magazine Fluide Glacial et les albums, et quelques planches sur le même thème issues d'autres albums (L'enfance d'Eisntein, Passions)

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Combats

Ces quelques sondes parmi les plus farfelues et même carrément désopilantes (quelquefois) envoyées dans le territoire de Totale Absurdie regroupent dans cet album un florilège des thèmes du grand Goossens - je n'en reviens toujours pas que ce gars soit docteur en informatique spécialisé dans l'intelligence artificielle .



De Georges et Louis, sortes de décalques de Patrick Timsit et Jean Rochefort qui se seraient mis à la colle, à Dieu en personne accompagné, ou pas, de son fils (c'est de saison) ; en passant par des entrainements pour préparer les meilleures perles du baccalauréat au travers d'une histoire de France dont les stéréotypes sont revisités en les retroussant comme de vulgaires chaussettes ; des histoires s'enchainent sans queue ni tête. On évolue (ou "on involue", ce qui revient à rétrograder d'un cran dans l'évolution) en plein délire. On se croirait dans un album d'Edika. Au point qu'une bande finit par en être une copie, un faux ? (douteux : les deux compères travaillent pour Fluide Glacial depuis la nuit des temps) ou un hommage. De toute façon, on se bidonne bien... de temps en temps. Tout n'est pas d'une exceptionnelle qualité cependant et on sent que l'inspiration s'étiole un peu dans certain coin de page quand apparaissent des quéquettes (est-ce que j'ai le droit d'écrire "quéquettes" dans une critique pour Masse Critique ?) dignes des latrines d'un bistrot parisien. Pourtant Goossens, c'est une sacrée patte coté dessin ! Je ne sais pas trop ce qu'il utilise, peut-être des craies ou un outil craie sur une tablette graphique. Peu importe, ça donne à certains de ses dessins un aspect très chaleureux - là, j'écris comme un docteur en histoire des arts diplômé en "1900" ! Mais comme je le disais plus haut, le trait, quelquefois, s'assèche et devient d'une banalité très chiante (est-ce que j'ai le droit d'écrire "chiante" dans une critique pour Masse Critique ?)



Donc : des Combats rudes mais nécessaires car les adversaires puissants sont : tristesse, ennui, grisaille morne des pires journées à la couverture nuageuse basse de l'hiver. En plus, il ne fait même pas assez froid pour avoir de la neige : la dèche complète ! (est-ce que j'ai le droit d'écrire "dèche" dans une critique pour Masse Critique ?) Pas de bonhomme de neige à l'horizon, mon dictionnaire de rime est en panne et le Père Noël est bloqué à la frontière italienne par les gabelous depuis mardi !



Addendum

En comptant bien, l'affirmation "sans queue ni tête" est fausse vu qu'il y a au moins deux têtes que l'on reconnaît (les deux olympiens cités au début du second paragraphe), et au moins une quéquette (faut que je retrouve le numéro de page).

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La porte de l'univers

Robert Cognard est un vieil humoriste à court de gags. Son préféré : un poilu en tutu faisant le danseur en patin est complètement éculé. Toute la société semble contre lui.



C'est certainement un album que je n'aurai jamais lu si on ne me l'avait pas offert, car je sais que j'ai souvent du mal à rentrer dans ce genre d'univers. Et effectivement je n'ai absolument pas compris où voulait nous emmener l'auteur. Au départ je me suis dit "bon le Robert c'est un impulsif, un comique raté, et il est mis au rebut et on va avoir une critique des dérives de la société version humour" mais si ça démarre comme ça, cela part vite en cacahuète. On plonge petit à petit dans l'absurde, c'est un enchaînement de situations sans queue ni tête que je n'ai vraiment pas trouvé drôles. Bref je me suis ennuyée, j'ai même eu du mal à ne pas sauter quelques dialogues.

Le dessin marche bien avec le ton humoristique mais on ne pas dire non plus que je l'ai apprécié. Par contre j'ai trouvé la colorisation assez sympathique, crayonné couleurs pastels, elle est la seule touche délicate dans cet album que j'ai trouvé dénuée de sens.
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Route vers l'enfer

Quel merveilleux cadeau que cet album : Merci Fluide Glacial, Merci La M.C. Babelio, et Bisous au Père Noël !

Cette 3ème édition d’une B.D. sortie en 1986 (♫ un temps que les moins ♪♪ de 20 ans ne peuvent pas ...(Oui bon ça va on a compris !)), est préfacé par l’excellent Michel Hazanavicius : La 1ère phrase de sa préface est : « Goossens n’est pas Shakespeare, c’est vrai » et la dernière : « Merci Goossens », et entre ces 2 phrases il y en a d’autres dont cet extrait : « C’est hilarant. Parce ce que ses personnages jouent hyper bien (...). C’est intense. Complètement con, mais intense ». Voila pour la préface.

Bon maintenant le dessin ; Il est hyperréaliste, surtout quand le Père Noël joue au poker avec ce sergent arrogant et tricheur, qui subira le terrible courroux du Père Noël - Du coup celui-ci se retrouve en taule ; Damn ! Une vraie tête brûlée ce père Noël ! Mais je ne peux pas en dire plus quant au scénario ; Vous connaissez la loi du « no spoil » !

Le choix du noir & blanc renforce le côté vintage de l’histoire. Pourtant, saisi d’une irrépressible envie de voir le manteau du Père Noël en rouge, je l’ai colorié sur quelques pages, ce qui fait de mon exemplaire un ouvrage absolument unique ! C’est ça la magie de Noël !

Mais soyons un peu sérieux ! Le scénario impeccable et original, fait néanmoins référence à quelques classiques du cinéma américain, westerns ou films de guerre avec John Wayne ou Steve McQueen, vous voyez ce genre ... ♫ Que les moins ♪♪ de 20 ans ne peuvent pas connaître ♪ Bon maintenant ça suffit !

A la fin de cet album collector ; quelques pages sur l’origine de celui-ci, avec des croquis au crayon de bois sur la recherche des personnages et des bonus formidables, dont la 4ème de couv. de la 1ère édition avec une figurine du héros (le Père Noël donc) fabriquée par l’inénarrable Edika.

Bon, maintenant, si vous êtes insensibles (ou imperméables (ou étanches)) à l’Esprit Fluide Glacial vous pouvez allez vous faire ... offrir un album de B.D. grave et chiant ... Y en a plein, mais après venez pas vous plaindre !

Allez, salut, je vous souhaite un joyeux Noël à tous et une bonne bûche pour celleux* qui aiment ça :-))

P.S. : *c’est comme ça qu’on écrit celles et/ou ceux en écriture inclusive, du coup c’est plus court et ça n’exclu personne, c’est ça qu’est chouette avec l’écriture inclusive !
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Georges et Louis, tome 5 : La planète des mou..

L'humour de Goossens est très particulier, comment pourrait-on le définir... Ben, c'est du Goossens !

Situations loufoques, bourrées de clins d’œils, imagination délirante, absurde mais qui suit une logique particulière, basée sur des obsessions triviales, qui en fait sa spécificité et son unicité. On pourrait aussi de parler du burlesque au second degré, enfin, c'est spécial, mais moi j'adore !

Georges et Louis, dans cet album, voyagent dans le futur : Tibor Olsen, commandant du Kalamar, seul rescapé de l'humanité, vient du futur pour bénéficier de l'aide de Georges et Louis pour sauver le monde. Il y a plusieurs petites histoires qui se suivent comme des nouvelles avec un fil conducteur. Le dessin de Goossens, comme toujours, mêle le grossier et le ridicule aux soucis de détails, souvent incongrus, à la manière de Gotlib. Les héros sont laids, Georges est un vieil homme, grand à la silhouette avachie, Louis est petit, son visage n'est qu'un rond avec un gros nez. le dessin est soutenu au lavis, en noir et blanc, élégant et moche à la fois, il joue aussi de cette dissonance graphique pour accentuer son propos et les gags décalés.

Et on va rire des paradoxes temporels, et des découvertes d'un futur très étrange : dans “Voyage au 30e siècle”, on découvre que la mode est de porter les pantalons au dessous des genoux, et dans “La planète des moules”, les moules dominent le monde et mangent leur frites avec des belges. On retrouve, comme un clin d’œil, des obsessions de Goossens pour les gros qui réparent leur voiture en laissant apparaitre leur raie des fesses et que mettre sa capuche ça fait con... Et si vous voulez savoir ce qu'aurait été Hiroshima si Einstein avait été cordonnier je vous conseille cette lecture !

Déjantée, décalée, pour moi, avec Binet, Goossens est mon préféré de l'équipe Fluide Glacial.
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Georges et Louis, tome 1 : Georges et Louis..

Georges et Louis, deux hommes d'âge incertain vivent sous le même toit et travaillent ensemble à l'élaboration de romans. Pour ce faire ils vont rechercher, étudier des sujets ,le plus souvent originaux, afin de pouvoir les coucher sur papier. Mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin et vont donc, en parallèle, s'initier à la radiophonie et au cinéma car souvent la fin justifiant les moyens mais leurs fins romanesques sont plutôt calamiteuses.
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Passions

Ce tome constitue un recueil de 9 histoires courtes, d'une page à 16 pages. Elles sont toutes en couleurs. L'album comprend 44 planches de bandes dessinées. Il a été réalisé par Daniel Goossens qui a tout fait : scénario, dessins, couleurs. La première édition date de 2014.



(1) Les bidoches (4 pages) - Louis indique à Georges qu'il souhaite réaliser une adaptation de la célèbre bande dessinée des Bidoches, mais à sa manière, parce que la vie en HLM ça ne fait pas rêver, et en ajoutant aussi du drame parce que l'humour ça ne suffit pas. Le titre : Autant en emporte la Bidoche. (2) La piste des Magombos (16 pages) - Le guide Mac Cabe conduit Brenda Willis à travers la brousse jusqu'à la mission où se trouve son mari. Elle tombe sous le charme du chasseur Butch Braddock, un individu qui n'a plus son bras gauche. Elle l'accompagne dans la brousse. Il lui fait rencontrer les indigènes de la tribu Magombos, et elle assiste à une scène terrible de mise à mort d'un bébé sauvage, avec récupération de couche sale. (3) - Chagrin (5 pages) - Louis rend visite à sa mère ; il est assis dans le fauteuil en face d'elle, son chapeau à la main, pendant qu'elle tricote. Il évoque une femme qu'il voyait en bas d'un immeuble qu'il ne pouvait pas aborder faut d'avoir de quoi se payer ses tarifs. Ensuite, il évoque le sourire vertical, celui de la braguette ouverte. (4) Charmes (2 pages) - Louis continue à parler avec sa mère de son besoin d'argent pour aller voir une prostituée, qui a besoin d'argent pour se faire refaire la poitrine. Ils parlent ensuite de son charme, ou plutôt de son absence de charme à lui.



(5) Solitude (1 page) - Louis papote avec sa mère et évoque sa difficulté à mettre des femmes dans son lit. Il arrive à les faire bailler, parfois à les faire rire ; sa mère ne réagit pas. (6) Place aux jeunes (2 pages) - La mère de Louis revient de faire les courses et son fils l'attend pour lui demander de l'argent afin d'aller voir une professionnelle. Sa mère lui fait observer qu'il s'est déjà reproduit. (7) Une fille formidable (5 pages) - Louis lit un poème en prose à Georges, écrit par une femme et d'un érotisme torride. Il lui indique qu'il va rejoindre l'autrice qui est dans la pièce d'à côté. (8) La fureur du désir (3 pages) - Georges et Louis sont sur leur transat dans le joli jardin de leur pavillon. Pour sortir de la routine, Louis envisage le fait que Georges soit une péripatéticienne et que lui Louis soit son client, ce qui les met en indélicatesse face à son mac qui fait irruption dans la chambre. (9) Passions (6 pages) - Louis et Georges sont sur leur transat dans le joli jardin de leur pavillon et Louis indique à Georges qu'il ne le fait plus rêver, en se laissant pousser des doubles mentons. Ils entrent se reposer dans leur fauteuil devant la cheminée, et Louis évoque sa vie rêvée de conquêtes amoureuses.



Daniel Goossens participe à la revue Fluide Glacial depuis 1977, ce qui en fait de lui un des piliers. Il est connu et reconnu pour son humour absurde s'exprimant aussi bien contre les bébés dans L'encyclopédie des bébés (l'intégrale) , que pour révéler La vie d'Einstein, tome 1 : Enfance . Il n'y a pas de raison objective ou logique à découvrir l'œuvre de cet auteur à l'humour fin, froid, glacé et sophistiqué, par cet album plutôt qu'un autre, ou le contraire. Le lecteur plonge donc dans une suite d'histoires courtes et il remarque que pour une raison inexplicable et qui reste inexpliquée, celle portant le titre de Le sourire vertical n'est pas répertoriée dans le sommaire, et que les pages des histoires (3) à (6) sont en fait numérotées comme s'il s'agissait d'une unique histoire. Le lecteur observe que l'auteur met en scène Louis dans toutes ses histoires sauf une (la numéro 2), sans que cela n'ait non plus d'importance. Il ne peut rien déduire non plus du nombre de pages par histoire ou du nombre de personnages mis en scène. Il ne lui reste plus qu'à prendre ces séquences comme elles viennent, sans essayer d'y retrouver un horizon d'attentes sans fondement.



Daniel Goossens fait comme tout le monde et appâte le lecteur avec une magnifique couverture, vaguement évocatrice du souvenir que le lecteur peut se faire d'Autant en emporte le vent. Il observe un coup de crayon agile et élégant qui croque des personnages avec un gros nez. Il n'y a que les protagonistes du récit La piste des Magombos qui échappent à un appendice nasal surdéveloppé. Étrangement, ça ne les rend pas plus crédibles. Au contraire, l'auteur se déchaîne avec l'humour absurde, ce qui ne fait que plus ressortir le ridicule de la tonalité romantique de ces beaux acteurs. Les gros nez deviennent la manifestation de l'intention comique, l'élément qui assure la cohérence des personnages avec leur fonction de ressort comique. Pour le reste, le lecteur est frappé par la qualité descriptive des dessins et leur richesse. En tant qu'artiste Goossens réalise des planches à l'identique de ce qu'il ferait pour une comédie dramatique ou un récit d'aventures. Les acteurs présentent des morphologies bien distinctes. Ils bénéficient de tenues vestimentaires spécifiques, parfois teintées d'une touche d'exagération : le décolleté pigeonnant du chemisier rouge de Brenda Willis, les pagnes et les parures stéréotypées des Magombos, la robe et les charentaises très confortables de la mère de Louis, les tenues racoleuses et voyantes des différentes prostituées.



De séquence en séquence, le lecteur peut se projeter dans chaque endroit grâce à un travail soigné du chef décorateur. La recréation du salon d'une maison de riches propriétaires du Sud est consistante et cohérente. La page d'ouverture du deuxième récit montre les différents animaux qu'évoque le guide : serpent, alligator, toucan, calaos, grenouille du Brésil. Le Citroën type H (utilitaire léger de type fourgon automobile) est d'une authenticité remarquable. Le salon de la mère de louis est confortable et accueillant. Le lecteur se dit qu'il aimerait bien profiter du soleil sur un transat, dans le jardin de Georges et Louis (mais de préférence sans eux). L'opulence des différents intérieurs décrits dans la dernière histoire atteste de l'aisance financière des différentes femmes de Louis. Pour ses découpages de planche, Goossens privilégie les cases bien détourées et sagement alignées. Le nombre de case par page est en moyenne de 6, mais il peut monter jusqu'à 12 quand il s'agit d'une discussion entre Louis et sa mère, et que l'intérêt visuel réside dans le langage corporel des interlocuteurs : variation des postures, expressions des visages. Il n'y a que dans l'histoire Une fille formidable, où Goossens se lâche un peu avec des dessins différents coexistant au sein d'une même case, ou des cases sans bordure, pour que la forme de la narration soit à l'unisson du poème en prose.



Le lecteur plonge dans une suite de 10 saynètes (ou 5, ça dépend comment il compte, mais on ne va pas revenir dessus) grâce à des images soignées, des acteurs avec une trogne marquée, mais avec un jeu d'acteur naturaliste, des décors réalistes et détaillés. En total décalage, dès la première histoire, il est confronté sans ménagement à l'humour puissant de l'auteur. Cela commence par un jeu sur une référence, celle aux Bidochon et à Binet dont les noms sont écorchés. Par la suite, Goossens effectue d'autres références plus ou moins marquées, parfois à ses propres œuvres (L'encyclopédie des bébés), parfois à des films précis (Autant en emporte le vent, dans la première histoire), parfois de manière plus générique (le héros viril et marqué par ses aventures), parfois à des stéréotypes culturels (à de nombreuses reprises sur les prostituées dans ce tome), d'autres fois à des humoristes comme Fabrice Luchini ou Édika (une maladie imaginaire appelée Delirium Profondicum). Il peut aussi effectuer des variations humoristiques sur des expressions toutes faites comme Femme qui rit à moitié dans son lit, Couvrir une femme de bijoux, Un individu dans sa tour d'ivoire. Il s'amuse également beaucoup avec les conventions propres aux publicités télévisuelles pour les couches. Enfin il n'hésite pas à utiliser une citation totalement inventée de René Chateaubriand : Le désespoir, c'est une culotte vide ; à quoi bon mettre les mains dans le désespoir ?



Le lecteur peut prendre la première saynète comme une aimable moquerie des producteurs ou auteurs se lançant dans l'adaptation cinématographique d'une œuvre (ici une série de bande dessinée) sans rien en connaître et en la transformant tellement qu'il ne reste plus rien de la création originelle. La deuxième histoire commence comme un pastiche d'une comédie dramatique où une femme va découvrir les vraies valeurs de la vie au contact d'un homme marquée par la nature, et des indigènes africains. Mais rapidement, l'histoire se transforme en une réclame pour les couches pour bébé (avec les petites fronces à l'entrejambe), aboutissant à un manteau de couches sales que même Lady Gaga n'aurait pas eu l'audace de concevoir. Goossens met en œuvre un humour absurde à froid, en utilisant des conventions et des stéréotypes de différents genres littéraires en dehors de leur contexte, à contretemps, les désamorçant totalement. Parfois, le lecteur a besoin de prendre un peu de recul pour mesurer l'absurdité d'une situation allant jusqu'à l'obscène, par exemple Louis taxant sa mère pour aller voir les prostituées, en lui expliquant leurs difficultés économiques. En fonction de son état d'esprit, le lecteur peut trouver les situations juste absurdes sans aucune dimension comique (les blagues filées sur les couches souillées), ou au contraire d'une perspicacité pénétrante et élégante (la transposition des formes de poitrine et de seins, à la forme des portefeuilles des hommes). Dans tous les cas, il sait que l'auteur maîtrise chaque abus de langage, chaque situation absurde, et qu'il le fait sciemment.



L'appréciation de ce tome et de cette forme d'humour dépend beaucoup de l'état d'esprit du lecteur. Le savoir-faire et les compétences de l'auteur apparaissent comme une évidence, qu'il s'agisse de la qualité de ses dessins et de sa narration visuelle, ou de l'inventivité des différentes situations. Pour ressentir l'effet comique des situations et des propos, le lecteur doit y participer activement, en se moquant de ce qui lui est montré, soit de la bêtise des personnages, soit de leur misère affective. Ce sens de l'absurde repose sur la conviction profonde que la vie est dépourvue de sens et que chacun est prisonnier de sa finitude ce qui fait de lui un idiot se heurtant à ses limites. De ce point de vue, il devient drôle que Louis s'ouvre de sa misère sexuelle à sa mère, ou que la frustration soit au cœur de la vie de tout être humain, sans espoir d'y échapper. C'est un humour qui ne peut pas laisser indifférent, mais qui peut aussi s'avérer très dérangeant. 4 étoiles pour une inventivité extraordinaire, et pour une vision de la vie peut-être trop décapante, trop décillée qui fait que le lecteur n'éprouve pas d'envie de s'identifier aux personnages.
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Sacré comique

Cet album est le septième tome de la série Georges et Louis, nos deux romanciers, une inspiration iconoclaste de Bouvard et Pécuchet. Louis a décidé d’écrire la vie de Jésus, malheureusement, ça déjà été fait… Je ne me lasse pas de l’humour décalé et absurde de Goossens, un brin irrespectueux, il mélange tout sans scrupules, Superman et la crucifixion du Christ, le cinéma hollywoodien, Dieu peut aller au bistrot boire un canon avec René, on croise dans cette bible quelques schtroumpfs, au dessert, lors de la cène, il y a de la mousse au chocolat… Le ton est très sérieux, mais les propos toujours loufoques, c’est une règle, loufoque, mais faussement absurde, chaque gag est une façon d'appuyer sur nos travers, notre perception faussée pas la culture artificielle du spectacle (le cinéma hollywoodien, les médias). Fabcaro, pour ne citer que lui, a bien appris des leçon de Goossens.

Pas de répit pour les zygomatiques, chaque vignette, chaque réplique est un moment de pur délire, encore un bijou d’humour de la part de Daniel Goossens.
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Sacré comique

Ah l'adolescence, j'achetais Fluide Glacial, je me marrais non pas comme Jean mais telle une baleine.

J'ai toujours aimé cet humour potache, jamais méchant, toujours rigolo et assez fin.

Evidemment notre Cher Goosens n'échappe pas à la règle, il y a dans son Sacré comique, une bonne dose d'absurde, de comique, non-sens et des dessins reconnaissables entre 1 000.

Là, il est question de Louis qui souhaite écrire un roman sur la vie de Jésus, c'est rigolo, c'est n'importe quoi, et c'est tendre.

Merci aux éditions Fluide Glacial (j'ai bien du vous filer au bas mots 90 % de mon argent de poche) et à Masse Critique, pour cet envoi.

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