Puisque la création entière n'est qu'une allusion - ou ensemble de manifestations théophaniques (tajallî) - de Dieu, l'Amour, en tant qu'il est un mouvement où le sujet veut "s'abolir" dans son objet, est une porte métaphysique privilégiée ; quand l'amant désire l'aimé, ce n'est en définitif que l'âme individuelle qui cherche l'union, la dissolution créatrice, dans l'Essence divine, et tout support d'amour - qu'il soit même "matériel" (une femme, l'argent, ...) - cache, derrière son "voile", l'amour pour Dieu, qui S'aime à travers Sa création.
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Le désert se peint, se dessine, se dévoile à peine sous les plumes d'Hassan Massoudy, il en ressort peint sur le papier, esquissé et s'il semble mis en forme et n'en parait qu'encore plus mystérieux. Sur les fond des calligraphies on pourrait jurer voir le sirocco balayer à l'infini les sables du désert. Le noir profond de l'encre tranche sur les tons chauds des arrières plans en thème de fond désertique et pourtant en mouvement, plein de vies dissimulées, discrètes, effacées peut être.
Les flammes des mots d'amour du poète semblent pouvoir nous consumer corps et âme.
D'un trait unique Massoudy sait donner vie à une courbe: évoquer la flamme, la terre, la tempête de sable, la femme rêvée...
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Ce livre m'a interpellé par son approche originale de "ce que Dieu n'est pas" qui offre au lecteur une sorte de purification de sa perception de l'Infini. Méthode incomparable d'efficacité par rapport à une démarche qui poserait des postulats de "ce que Dieu devrait être".
J'y ai trouvé aussi, avec étonnement, un certain parallèle avec des écrits comme ceux de Denys l'Aréopagite.
A lire, méditer, puis relire, re-méditer. Un bien belle nourriture spirituelle.
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Ibn'Arabi , théologien, juriste, poète, métaphysicien .
Mélange entre amour profane et amour divin, exploration du passage de l'amour de l'autre à l'amour divin
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Voici le travail sérieux et habité de deux passionnés qui n'ont pas compté leurs heures pour établir cette traduction d'un large choix de poèmes mystiques pour l'essentiel inédits en français semble-t-il. Le choix économique de cette édition directement en poche est de ne pas présenter les textes en version bilingue. Mais les arabisants les trouveront ailleurs. En revanche, l'appareil critique, riche et bien conçu, aidera le béotien à se repérer avec profit.
Un seul bémol, personnel, j'ai beau avoir l'impression de comprendre en gros ce qu'est la mystique, elle me demeure bien étrangère, tout particulièrement si elle est monothéiste. Je fais le grand écart entre la diversité radicale d'avant Platon et le matérialisme de Diderot. Entre les deux j'ai du mal à poser franchement le pied. Mais j'espère que d'autres feront leur miel de ce beau travail.
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Non croyant mais tourné vers toutes les spiritualités, j’ai trouvé dans ce court traité énormément de sagesse sur la symbolique spirituelle et initiatique du nom d’Allah. Aucun prosélytisme, seulement de belles réflexions (Ibn Arabi ne nous déçoit jamais!). Je conseille cependant aux lecteurs de maîtriser l’alphabet arabe pour comprendre ces pages qui ne sont pas si faciles à lire. Un cahier et un stylo seront de bons compagnons pour ce projet de lecture !
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D'après Jean Hébert, auteur de la préface, le titre arabe de ce livre et "Fuçûç al-Ḥikam" (c'est-à-dire " Les chatons de la sagesse') qui annonce mieux l’idée principale de l'œuvre car la sagesse est de Dieu et les prophètes sont seulement des chatons qui l'ont reçue. Dans les mots d'Hébert:
"Le rapport entre le 'chaton' et la sagesse qu'il contient, dont il est à son tour le contenu, préfigure le thème fondamental du "Fuçûç al-Ḥikam", thème qui peut résumer de la manière suivante: la révélation divine se conforme à la réceptivité du cœur, de même que la lumière incolore en elle-même, se colore selon le cristal qui la réfracte. ; l'aspect de la divinité assume donc de son 'récipient'. D'autre part, la Réalité divine étant active et créatrice, tandis que le récipient est passif, toute qualité positive par laquelle Dieu se manifeste doit s'émaner de Lui; ce sont donc les contenus réels de l'Essence divine qui détermine la qualité d'état contemplatif." (pp. 11-12).
Chaque chapitre est consacré à un prophète particulier (Adam, Seth, Jésus, Noé, Énoch, etc.) où Ibn 'Arabi décrit le bijou de sagesse qu'ils ont reçu. Avec un autre métaphore du monde la joaillerie, Ibn 'Arabi dit que tous les prophète sont des sceaux; c'est-à-dire que chaque prophète est le synthèse que ce qui l'ont précédé. Mahomet est donc le sceau de tous les prophètes.
Les hommes sont purement des créatures de Dieu et Dieu est le miroir dans lesquels les hommes se voient. Encore selon Ibn 'Arabi: "Dieu est l'ouïe de l'être crée, sa vue, sa main, son pied et toutes ses facultés." (p. 76)
J'ai retenu de la lecture du "Fuçûç al-Ḥikam" que Ibn 'Arabi croyait en l'unité profonde entre Dieu le créateur et l'homme la créature mais il y avait bien des choses que je n'avais pas compris. Notamment dans le chapitre consacré à Seth Ibn 'Arabi prétend que c'est la prédisposition de l'individu qui détermine ce qu'il recevra de la sagesse de Dieu. Cette thèse me parait proche de la doctrine luthérienne de prédestination mais je ne suis pas certain d'avoir parfaitement saisi l'argument d'Ibn Arabi. Ce qui est certain est que j'ai bien des lectures à faire si je veux vraiment connaitre le soufisme.
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Ouvrage particulièrement intéressant, résumant la doctrine de l'islam.
Les chapitres sur l'imamat des quatre premiers califes sont d'un grand intérêt.
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Ibn Arabi nous relate son ascension céleste, "Mi'raj", symbole de son accomplissement spirituel, degré par degré.
Chaque ciel représente une station spirituelle, associé à un astre, un prophète, une qualité, une science, etc. jusqu'à la station finale qui est la vision de dieu, dans la plus pure tradition alchimiste, néoplatonicienne et mystique.
Le thème de l'ascension céleste est universel et commun à toutes les traditions spirituelles puisque Dante écrira quelques décennies plus tard sa célèbre divine comédie.
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J approuve la naïveté sprituelle mue par une foi profonde en vers Dieu
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