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4.2/5 (sur 22 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 19/01/1874
Mort(e) : 1898
Biographie :

Jean de Tinan, alias Jean Le Barbier de Tinan, né à Paris le 19 janvier 1874 et mort en 1898, est un romancier et chroniqueur français.

Né d'un père baron et d'une mère mondaine, Jean de Tinan emménagea à Paris en 1895 après avoir obtenu un diplôme de l'école d'agriculture de Montpellier. Il fut une figure caractéristique de la Belle Époque et un représentant de l'esthétique du décadentisme.

Source : Wikipedia
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
A vrai dire, j'avais une espérance : celle de devenir fou. Je savais bien que j'étais, que j'avais toujours été sur le point de devenir fou. Mais je ne l'avais jamais été, et je ne l'étais pas. Etre fou ! mais c'est l'ambition légitime de tous les hommes dignes du nom d'hommes. Je sais, je sais, il y a les gâteux, les baveux, et les agités féroces, qu'on met en cages ! Exceptions. Il y a surtout, en plus grand nombre, les bons fous rêveurs, qui s'éblouissent délicieusement, comme les bergers d'une idylle de rêve, d'un papillon posé à la fleur des pommiers dans la cour de Charenton ! il y a les mères qui, assises sur un banc, retrouvent, dans le bercement sous un châle, l'illusion du premier-né ; il y a celui qui se croit empereur ! il y a celui qui se croit dieu ! et cet empereur-là ne perdra jamais de batailles ; et ce dieu n'aura jamais d’athées.

Catulle Mendès, Le Chercheur de tares.
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Il y a bien des genres de suicides. On peut arrêter un train en marche, se jeter en Seine, se laisser choir du haut de Notre-Dame, se priver de nourriture, s'intoxiquer, s'inoculer le choléra-morbus, assassiner une famille afin d'être guillotiné, avaler du verre pilé, fumer de l'opium, s'ouvrir les veines comme Sénèque, se transpercer comme Caton, se pendre comme Judas, se planter des clous dans la tête, se brûler à petit feu, entrer dans une fourmilière, s'offrir en pâture aux crocodiles, se révolter contre les Anglais, se faire piquer par un aspic, boire du plomb fondu, voyager chez les anthropophages, réciter d'une seule haleine le monologue de Charles Quint, dormir les pieds en l'air, respirer des fleurs capiteuses, coucher avec un succube, s'absinther ou s'asphyxier au charbon.
Albert avait choisi le revolver.

Louis Dumur, Albert
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Une poésie triste, familière, née de la pauvreté, de l'odeur des feuilles et du brouillard, émane de ce paysage, qui essaie d'être la campagne derrière un mur abritant trois millions d'existences et qui s'imprègne d'elles, frissonne sous leurs souffles, se recueille avant de les laisser prévoir. On dirait qu'aux portes de la ville immense se suspend un instant l'adieu de la nature reconduisant le passant qui va pénétrer dans le chaos : on dirait qu'avant de l'abandonner elle veut lui donner un regret, se faire plus exquise et plus nostalgique. Un charme étrange se révèle en cette nature souillée, qui languit épuisée jusqu'aux bords des remparts, et qui, de tout l'égout commençant les banlieues, a tiré sa mélancolique beauté.

Camille Mauclair, Le Soleil des morts
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J'ai été de toutes les émeutes. Comme je suis vieux, j'ai même connu M. Thiers, qui s'habillait en garde national pour le plaisir de tirer sur le monde. Il était si petit qu'il était obligé d'acheter son uniforme chez les marchands de joujoux, et il tirait avec un tout petit fusil. Ça ne fait rien, il tirait. Il tirait mal, parce qu'il ne pouvait pas viser très haut. Il tuait tout de même ; on souffrait plus longtemps, voilà tout. Et, quand il avait été vainqueur, on lui mettait dessous un plus haut piédestal ! Il ressemblait à une puce de Napoléon, sur la pyramide d'Égypte.

Catulle Mendès, Le Chercheur de tares
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- Calomniateur !
- La calomnie est inutile où la médisance suffit.
- Mon père a du talent !
- Rarement.
- Mon père est honnête !
- Parfois.
- Mon père est ministre !
- Toujours.

Catulle Mendès, Le Chercheur de tares
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L'humanité, pour te faire plaisir, imbécile, ne va pas cesser d'être voleuse, luxurieuse, meurtrière et bête.

Catulle Mendès, Le Chercheur de tares
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Les grandes énergies en étaient dépensées, il n'y restait que les sensations raffinées, l'efflorescence fragile des délicatesses, la curiosité, le rare. L'élite ainsi demeurait comme les Byzantins occupés de controverses minutieuses et savantes, dans un empire illusoire et exténué, cerné par le grand submergement des barbares. Elle prolongeait un art admirable et maladif, fin comme les visages de ceux qui vont mourir de langueur, et dressait dans la jouissance égoïste et bousculée de l'époque sa noblesse inutile et ses œuvres hésitantes, ne persistant que pour l'honneur. Elle eût dû s'imposer comme une féodalité, elle devenait une congrégation, mal tolérée, et tournait le dos à la vie : c'était bien ce que Manuel Héricourt avait dit, et André de Neuze, en rentrant dans l'existence active de l'hiver, en demeura écœuré. L'odeur de décadence montait de cette élite, en somme, comme de la foule ; mais c'était une odeur exquisement fanée et captivante, comme ces parfums que la chimie sait extraire des plus odieuses pourritures.

Camille Mauclair, Le Soleil des morts
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Je"descendis en moi-même"... et je n'en fus pas plus renseigné.
C'était bien trouble - "en moi-même".
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Nerveux, subtils, tourmentés par le souci de nuances d'art difficiles, presque insaisissables, les intellectuels se dressaient vainement, un contre cent mille, comme la suprême efflorescence avant la déchéance des races latines. Avec l'espoir, les projets, les formules d'un renouveau, ils étaient la fin, les derniers annonciateurs d'un aspect inconnu de beauté, que la modernité au sang pauvre apercevait mais ne pourrait plus saisir. Et avec une obstination douloureuse, ils montraient les routes, s'y engageaient seuls, semblaient exilés par une époque piétinante qui fermait la porte derrière elle et qui ne voulait plus inventer.

Camille Mauclair, Le Soleil des morts
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Sanglé à la taille dans une longue redingote à tuyaux, les épaules larges et le buste mince, un énorme chapeau haute forme incliné de côté, en casseur d'assiettes, c'était avec l'effrayant gourdin qu'il tenait à la main, une figure déjà vue ailleurs et d'autant plus inoubliable. Tournure d'argousin, de vieux premier rôle et d'officier à la demi-solde, c'était à la fois Javert, la retraite de Russie et Frédérick Lemaître.
La redingote était verte et de quel vert râpé ! le pantalon à sous-pieds se tortillait en vis sur une fine botte très cambrée et cirée, mais bâillant à l’orteil ; le cache-nez de laine rouge, très long autour du cou, était une loque reprisée, rapiécée et à trous ; mais tel quel, avec son vieux visage de capitan fardé et empâté de plâtre, ses yeux éraillés et noircis au charbon, avec sa bouche édentée sous la double virgule d'une moustache au cirage, ce loqueteux était un grand seigneur, ce fantoche personnifiait une race, ce maquillé était une âme.

Jean Lorrain, Monsieur de Bougrelon
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