- Regardez-le, vous autres ! Regardez-le bien ! Ce que vous voyez là, c'est le visage de la guerre... Voilà le visage de l'héroïsme dont on nous a tant rebattu les oreilles depuis l'école, dont on nous a appris à chanter les louanges d'une voix émue et tremblante ! Regardez-le bien !
On n'aura jamais fini de sonder la méchanceté de l'homme. Et le pire, c'est l'homme repu !
L'homme n'est rien d'autre qu'un animal cruel, Uschi ! Et si un jour l'Allemagne réussit à se relever tout à fait, alors ce sera la fin pour toi. Alors on considérera ton Erich comme un reste de cette guerre à laquelle on ne veut plus penser ; il sera pour tous le rappel du passé, de la défaite, des temps odieux !
Mais quelque part, dans les hautes sphères, vous savez, là ou souffle la brise légère des âmes tendres et non pas le vent brutal des bassesses humaines, on croit encore à l'honneur du criminel et à la force de la pédagogie pour l'amélioration de l'individu. De là haut on peut être idéaliste... Nous, ici bas, nous devons nous battre contre la canaille et nous en protéger. Car nous vivons dans la réalité... Il nous faut des litres de cognac pour faire passer le goût que nous laissent les crimes les plus scandaleux et pour croire à ce que certains appellent justice?
En lançant son cri, il pensait à sa mére, à cette femme qu'il avait cru mépriser parcequ'elle ne partageait pas ses idées, et, au-delà d'elle, à toutes les méres qui étendent des mains consolantes sur les enfants sortis de leur sein et qui pleurent, à toutes les méres vers qui monte l'ultime cri des désespérés et des mourants.
Une délégation de la Croix-Rouge internationale venait d'arriver à Jéricho, en fin d'après-midi ; elle promettait de l'aide aux réfugiés jordaniens...mais pour le moment, elle ne possédait que du papier et une machine à écrire portative, car elle était chargée avant tout de rédiger un rapport.
L'espace est leur mort, dit Sergeï. Comment un bateau, sur une mer, peut-il croire que cette mer leur appartient ?
Le lendemain d'une nuit d'ivresse est un miel empoisonné.
- Départ des 57 hommes, en remplacement du groupe de choc Bauer - 170e division d'infanterie - 4 octobre 1944, 9 h 20, sous commandement.
Ainsi, depuis six heures, les 57 gamins voyageaient à travers le froid cinglant, surveillaient d'un regard aigu la campagne plate et le ciel laiteux, et écoutaient, l'esprit tendu, la rumeur lointaine et le grondement sourd qui de temps en temps dominaient les bruits de moteur. Alors, ils se regardaient les uns les autres et, dans leurs yeux, on pouvait lire la peur et un courage désespéré.
Le front ! On l'entendait déjà. Et là-bas, ils les attendaient. 57 gamins de 17 à 19 ans, instruits en six semaines, avec quatre traineaux, neuf fusils et trois cents grenades. La réserve.
Extrait du livre paru en 1986 :
-"Mais qui peut être assez fou pour commettre un tel crime ?"
-"C'est nous, c'est notre société qui est responsable. Apprend-on aux enfants à penser droit, à raisonner, à discuter, à être tolérants ? Quels sont les exemples que nous leur donnons, sinon le meurtre, des bombes, des attentats, des incendies, la violence sous toutes ses formes ! Les médias transforment en héros des assassins de bas étage. Malheur au pauvre contribuable qui est leur victime ! L'assassin bénéficie dans notre pays d'un cellule de luxe, avec radio, télévision, machine à écrire, les livres, les disques et les cassettes qu'il désire lire et entendre, et ses gardiens doivent mettre des gants de velours pour s'adresser à lui et ne pas lui causer le moindre tort moral ou physique ! Etre assassin de nos jours, c'est la solution de tous les ennuis personnels : une vie assurée, une nourriture surveillée par des diététiciens, de l'exercice physique mesuré par des spécialistes du "body building", des visites féminines, conjugales et autres autorisées, pas de travail obligatoire, pas d'impôts à payer... Je me demande comment nos enfants ne sont pas tous des assassins..."