AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.73/5 (sur 118 notes)

Nationalité : Italie
Né(e) à : Rome , 1966
Biographie :

Melania Gaia Mazzucco obtient un diplôme de lettres à l'université de Rome, avant de passer son diplôme de cinéma.
Aimant voyager, son travail d'écrivain la conduit souvent à passer de longues périodes de l'année à l'étranger. Sa vocation pour l'écriture a toujours été une évidence pour elle : 'J' ai toujours voulu être écrivain'. Melania Mazzucco écrit aujourd'hui également pour le cinéma, le théâtre et la radio.

Ajouter des informations
Bibliographie de Melania G. Mazzucco   (8)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
Aujourd’hui, on vous traîne au tribunal pour une phrase de travers, et si vous êtes peintre, pour un personnage de travers, c’est-à-dire un personnage qui n’apparaît pas dans les Écritures, fait quelque chose dont elles ne parlent pas ou le fait autrement. L’imagination elle-même est sous les verrous. Je ne me souviens pas très bien de tous ces débats, qui avaient peut-être à voir avec la théologie, mais peut-être aussi simplement avec le sens de la vie. Et je ne veux pas m’en souvenir, car mon Église les a condamnés
et je me suis incliné : nous avons brûlé tous les livres qui en rapportaient l’écho.
Commenter  J’apprécie          140
On était fin mai, peut-être le même jour qu’aujourd’hui où j’évoque ces souvenirs : je ne sais pas, je ne me suis jamais soucié de connaître ma position dans le temps. Je ne me souviens même pas de ma date de naissance. Ce qui compte, ce n’est pas où j’étais ni où je suis, mais où je serai dans cent, trois cents ans. Si je ne suis nulle part, j’aurai vécu une existence inutile et stérile de caillou. Le scandale en nous n’est pas la mort, mais l’éternité. Le vent balayait la lagune, notre reflet se fragmentait sur l’eau comme dans un miroir brisé. La gondole avait la même couleur menaçante et brillante qu’une carapace de scarabée. Tout devenait livide, et le ciel semblait se refermer sur nous. Mais je n’avais décelé aucun présage.
Commenter  J’apprécie          132
Exitus

La nuit est tombée. Le rideau est tiré, on a dû allumer, je perçois l’odeur de fumée et de cire, mais pas une lueur ne m’arrive de la clarté qui m’entoure. Les ténèbres ont englouti mon corps. J’ai beau savoir que je suis allongé, je ne me rencontre pas, j’ai beau sentir ma main, je ne la trouve pas. Je me suis perdu. Si tu es là, je ne te vois pas. Quelqu’un bouge dans la pièce, je capte ses gestes et jusqu’aux vibrations de sa pensée. Mais je sais que ce n’est pas toi. M’entends-tu ? Car c’est à toi que je m'adresse. Je t’ai appelé et t’appelle encore. Viens, je ne veux pas parler tout seul.

Je ne dors plus. Quinze jours ont passé depuis la dernière fois que le sommeil m’a visité, me transportant au pays où ce qui est perdu reste présent et où le futur est déjà accompli. J’ai commencé par ne plus rêver, je sombrais dans mes nuits comme une pierre dans un puits sans fond, puis j’ai cessé de dormir. Tout ce que j’ai vécu chatoie dans l’obscurité. Mes yeux pourtant se perdent dans le vide terrifiant qui aspire chaque chose. Tout est éteint, mais je suis encore cloué ici, seul avec ce que moi seul sais et garde en mémoire. Et que j’emporte avec moi.

(INCIPIT)
Commenter  J’apprécie          112
...l'amitié ne renaît pas, elle a besoin de temps pour s'enraciner, comme un arbre. Les vieux n'ont pas d'amis.
Commenter  J’apprécie          132
Peu importe ce qui restera de moi, quelles anecdotes mes élèves raconteront à mes biographes, si l’un d’eux saura me reconnaître ou me confondra avec l’artiste qu’il croit vouloir être. C’est l’hameçon qui choisit le poisson, on ne pêche pas une baleine avec une mouche. Dans le récit d’une vie sont tissés éloges et aveuglements, et l’essentiel se perd entre les mailles larges de la mémoire.
C’est un tissu de secrets, censures, enjolivures, omissions, inventions et mensonges, et la vie vécue ne l’est pas moins. Je sais maintenant qu’il est totalement inutile de vouloir étouffer les rumeurs, corriger les opinions, rétablir la vérité : c’est battre vent. Mais je l’ai compris trop tard. Ma vraie vie se trouve là où tout le monde peut la voir, dans les
églises, les maisons, les façades, les palais des souverains, à la Scuola di San Rocco.
Quiconque me cherchera me trouvera là.
Mais elle, où est-elle ?
Commenter  J’apprécie          100
Venise brûle régulièrement. La ville d’eau meurt par le feu.
Venezia brucia regolarmente. La città d'acqua muore di fuoco.
Commenter  J’apprécie          120
Car l'art n'imite pas la nature, il la crée. La vérité et la beauté ne résident pas dans les choses, ni dans le monde, mais au fond de nous, dans cette partie cachée qu'on ne connaîtra jamais, mais à laquelle il faut laisser libre court. Peindre, peindre vraiment, pas pour satisfaire un client ni pour gagner son pain, c'est comme rêver. Tout est semblable au monde là-dehors, presque identique, mais sans l'être. C'est dans ce glissement que se trouvent la vérité et la beauté, ainsi que le sens de toute recherche et de toute représentation. Il faut réussir à rêver ses souvenirs. Voilà ce que signifie créer.
Commenter  J’apprécie          100
Mais un remède incertain était préférable à un mal certain. Les médecins ne comprenaient pas les causes de ce mal sans nom qui se propageait en ville depuis des mois : la volonté divine, l’influence néfaste des astres dans une conjonction défavorable, la sécheresse de l’année précédente qui avait tari les humeurs liquides du corps, l’empoisonnement des puits envahis d’eau salée pendant la dernière acqua alta, la corruption de l’air ou une piqûre d'insecte. Pour finir, tout ce qu’ils savaient faire était nous répéter ce que nous disaient déjà les prêtres : priez.
Commenter  J’apprécie          100
La persistance des choses et des lieux que nous avons aimés me donne l’illusion qu’en eux aussi persistera une part de nous.
(La persistenza delle cose e dei luoghi che abbiamo amato mi illude che qualcosa di noi persista in essi.)
Commenter  J’apprécie          100
On naît en un lieu et une époque dont on absorbe les idées et les habitudes avec l’air qu’on respire. On ne les discute pas. En un certain sens, on les subit, de toute façon, on les accepte.
Commenter  J’apprécie          100

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Melania G. Mazzucco (199)Voir plus

Quiz Voir plus

Un couple : un chef d'oeuvre et son musée (n°2/2)

"Impression, soleil levant" de Monet

Musée d'Orsay à Paris
Musée Marmottan-Monet à Paris

10 questions
23 lecteurs ont répondu
Thèmes : peinture , art , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..