AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4.11/5 (sur 56 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 06/10/1957
Biographie :

Michel De Jaeghere est un journaliste, historien et essayiste français.

Il est licencié en histoire (Paris-IV, 1979), diplômé d'études approfondies en droit public (Paris-II, 1979) et en histoire des idées politiques (Paris-II, 1981).

Après avoir été rédacteur en chef adjoint de "Valeurs actuelles" puis directeur du "Spectacle du Monde", il est ensuite directeur de la rédaction des "Figaro Hors-Série" qu'il a créés en 2001.

En 2012, il publie le premier numéro du "Figaro Histoire" (bimestriel), dont il est également, depuis lors, le directeur de rédaction.

Auteur d’une dizaine d’essais sur des sujets aussi différents que Chateaubriand ou la chute de Rome, il a publié en 2021 aux Belles Lettres "Le cabinet des antiques : les origines de la démocratie contemporaine".

En 2021 il est élu membre correspondant de l'Académie des sciences morales et politiques, section Histoire et Géographie. Il est membre du jury du prix du Guesclin

X : https://twitter.com/M_DEJAEGHERE

+ Voir plus
Source : Wikipedia
Ajouter des informations
Bibliographie de Michel de Jaeghere   (22)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

Michel De Jaeghere : "Nous ne sommes pas la patrie, nous en sommes les dépositaires"


Citations et extraits (56) Voir plus Ajouter une citation
La croisade est devenue plus simplement, aujourd'hui, dans notre imaginaire, le pendant chrétien du djihad. L'une des faces d'ombre de l'histoire de la chrétienté occidentale. Le symbole même d'un âge heureusement aboli, où les disciples du Christ avaient cru, eux aussi, pouvoir étendre son règne par la violence et par la force : la guerre et la conquête, l'intolérance en marche.
Le contresens est cette fois total.
Le mot jihâd apparaît 35 fois dans le Coran. Une seule de ces occurrences est non-violente. Il a été pratiqué dès l'époque de Mahomet sous la forme de la guerre sainte pour convertir par le sabre les peuples vaincus à l'islam. Rien de tel ne figure dans l'Évangile. Arrêté par les gardes du grand prêtre, au jardin des Oliviers, le soir du jeudi saint, Jésus ordonne précisément le contraire : "Remets ton épée au fourreau ; car ceux qui prennent le glaive périront par le glaive. " (Mt 26, 52). Rien de tel non plus dans les croisades. Jamais celles-ci n'ont en effet visé à la conversion par la force des musulmans, sur le modèle de ce que Charlemagne avait pu imposer aux Saxons, après qu'ils eurent égorgé les prêtres qu'il leur avait envoyés en mission.
Commenter  J’apprécie          160
L'histoire est un dévoilement. Elle fait lever des ombres venues de la profondeur des âges pour nous faire partager les leçons tirées de la pratique de notre condition. Elle a pu devenir une science, peut-être. S'en tenir pour autant à la froide objectivité d'un collectionneur de papillons (…) c'est passer à côté de ce qui l'a justifiée, pendant tant de siècles ; nous priver de l'essentiel de ce que nous lui demandons : d'enrichir nos âmes blessées au milieu des vivants par un fructueux colloque en compagnie des ombres.
Commenter  J’apprécie          20
Rien n’est tout à fait vrai dans les Promenades dans Rome. Stendhal les avait ouvertes en nous avisant qu’il avait été six fois à Rome, et il n’y était allé que quatre. Il date son premier séjour de 1802, et il n’avait poussé, en 1801, que jusqu’à Florence ; il avait regagné la France l’année suivante, sans s’aventurer plus au sud ; il ne visiterait Rome que dix ans plus tard, en 1811. Ce changement de date lui était, simplement, nécessaire pour raconter que suspect, comme Français, aux autorités de la Rome pontificale (nos troupes y avaient proclamé, en 1798, la République, et en avaient expulsé le pape Pie VI avant d’en être elles-mêmes chassées par les Bourbons de Naples), il y avait été continûment suivi par deux argousins auxquels il avait fini par donner amicalement du vin à boire, et qui lui avaient, par reconnaissance, baisé la main en lui disant adieu.

Il prétend avoir peint ses tableaux sur le motif, noté les conversations sur le vif, rédigé le récit de ses découvertes et de ses aventures le soir même de ses courses. Il avait écrit en réalité tout son livre à Paris : même les pages où il semble rapporter, heure par heure, les échos du conclave qui s’était achevé, le 31 mars 1829, avec l’élection de Pie VIII.

Tout est faux, et pourtant, tout est plus vrai que nature : éclatant de couleurs et palpitant de vie. La Rome qu’il décrit superpose, entremêle les antiquités, les musées et les champs de fouilles, les temples païens et les basiliques dédiées aux martyrs, les palais ruisselant de marbre et les catacombes éclairées à la bougie, les somptueuses liturgies pontificales et les chefs-d’œuvre de la Renaissance, les jeux de l’amour et de la mort de l’histoire et de la légende, et les crimes passionnels du bout de la rue. On y entend le cri des marchands de légumes et le chant des castrats de la chapelle Sixtine ; on pénètre dans quelques-uns des plus inaccessibles des palais construits par les familles de la noblesse « noire », on y rencontre des cardinaux à l’ambition féroce et au goût exquis, on se raconte, entre deux sorbets, l’histoire de crimes spectaculaires et de complots subtils. On visite l’atelier de Canova, on berce ses soirées avec les longs récitatifs des cantatrices. On flâne dans une ville dont la réunion de splendeurs, palais, jardins, églises, peintures, sculptures, a fait une œuvre d’art à part entière, une polyphonie créatrice. On retrouve, d’un monument à l’autre, Michel-Ange, Raphaël, Caravage comme de vieux amis. On s’irrite de voir décliner leur art sous le pinceau de leurs disciples. On mesure la soif de pouvoir sans limite de quelques hommes d’Église, en même temps que la vigueur, l’énergie d’un peuple qui n’a rien oublié de sa grandeur et de son caractère en perdant la puissance qu’ils lui avaient value.

(INCIPIT)
Commenter  J’apprécie          90
Orson Welles le dit autrement : " L'Italie, pendant les trente années de règne des Borgia, connut la guerre, la terreur, les meurtres et des flots de sang. Mais elle produisit Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. La Suisse connut pendant cinq siècles la démocratie, la fraternité et la paix, et elle a produit le coucou."
Commenter  J’apprécie          110
Ils s'étaient battus, naufragés dans des étendues mortes, pour gagner à grand-peine quelques mètres de terrain. Ils avaient subi, trois cents jours, le pilonnage incessant des grandes orgues de feu : une pluie de fer et de boue dans un ciel maculé par une fumée noire, le vacarme assourdissant des explosions, les secousses d'un interminable tremblement de terre. Soixante millions d'obus tombés sur un étroit couloir de 20 kilomètres de long, transformé en charnier à ciel ouvert ; 163 000 morts français, 140 000 morts allemands, dont un tiers n'auraient jamais de sépulture, feraient corps pour toujours avec le paysage dévasté, les arbres arrachés, les balafres de la terre. Comme tombés dans le cratère d'un volcan. (Verdun)
Commenter  J’apprécie          100
Nous avons entamé un dialogue sans limite avec les hommes de notre temps. Il nous donne le sentiment d'une amplification inouïe de nos connaissances, de notre intelligence, de notre faculté de compréhension. Il nous grise de l'illusion de notre omniscience, acquise sous les couleurs du divertissement. Elle ne se résume guère qu'à une succession d'impressions que rendent éphémères l'abondance et le rythme des informations, notre indifférence foncière à l'égard d'une actualité que démodent sans cesse de nouveaux rebondissements.
Le dialogue avec les morts semble échapper, seul, à la curiosité universelle, parce qu'il correspond à de tout autres exigences, qu'il est le fruit d'un effort absorbant. Il s'établit par la frequentation des livres d'histoire, des grands textes, des documents. Par la méditation de leurs leçons. Il ne se contente pas d'une attention superficielle : il suppose qu'on franchisse la barrière de langues parfois mortes depuis longtemps ; que l'on s'acclimate à des habitudes, des institutions, des coutumes, des mœurs, des religions qui nous surprennent ; dont nous ne sommes pas sûrs de comprendre toujours la signification. Qu'on entre en familiarité avec des mentalités qui nous sont étrangères. Il demande qu'on accepte de poursuivre longuement une recherche imparfaite, incertaine, qui nous laisse dans le doute et l'insatisfaction. Nous ne comprenons pas toujours ce que les morts nous disent. Nous sommes sujets aux contresens comme le seraient deux hommes conversant du haut de deux falaises, de part et d'autre d'un gouffre dont on ne verrait pas le fond : l'écho ne leur renvoie que des bribes de réponses, sans qu'il leur soit possible de se faire confirmer la justesse de l'interprétation que chacun d'entre eux a faite de cris presque indistincts.
Commenter  J’apprécie          00
A quoi sert l'histoire? [] D'abord à faire en sorte que le temps n'abolisse pas les travaux des hommes et que les grands exploits accomplis ne tombent pas dans l'oublie. Pourquoi? Parce que ces exploits sont ceux de nos pères. L'histoire est l'expression de la piété filiale : elle nous rappelle que nous ne sommes pas les enfants de personne, mais, selon la belle expression de Jean Madiran, des "débiteurs insolvables" de tout ce qu'en naissant nous avons reçu.
Commenter  J’apprécie          100
La démocratie athénienne repose certes sur des principes très différents de ceux qui fondent le régime dans lequel nous vivons. Par la place qu’elle fait aux lois divines, à la loi naturelle, à l’autorité des traditions, elle en est même parfois le contraire. S’autoriser de la beauté de l’Acropole ou du génie de Platon pour justifier le triomphe de la démocratie contemporaine, c’est se parer à peu de frais des plumes du paon. La démocratie athénienne est un régime politique qui a eu ses grandeurs et ses faiblesses, ses avantages et ses inconvénients, ses ombres et ses lumières. Le drame est qu’il semble bien qu’elle ait tenu ses ombres de ce qu’elle a de commun avec nous, tandis qu’elle a dû ses grandeurs à tout ce qui nous sépare d’elle. La démocratie athénienne n’est pas le despotisme, mais il se pourrait bien que ce que nous lui avons emprunté, insensiblement, nous y mène.
Commenter  J’apprécie          90
Comme [si les Grecs] avaient compris que le mystère de la condition humaine laissait place à des questions auxquelles la réponse ne pouvait être donnée que sous le voile du mythe. Et que le triomphe de la raison sur les forces obscures de la pensée magique ne pouvait avoir, pour autant, toujours réponse à tout.
Commenter  J’apprécie          10
Une "immigration salutaire", "promesse d'un monde nouveau" (citations de la directrice générale de l'exposition "Rome et les Barbares, 2008, Venise) ; ainsi redéfinies, les invasions germaniques finiraient, à vrai dire, par cesser d'être un sujet d'étude pour devenir le support d'une relecture idéologique destinée à rassurer ceux qui pourraient trouver, dans le spectacle des derniers siècles de la vie de l'empire romain, matière à réflexion sur la situation de l'Europe contemporaine. Y pointer des raisons de s'alarmer de la crise de civilisation qui pourrait un jour s'y produire. Les Barbares avaient provoqué la mutation la plus féconde, ils avaient accouché l'avenir.

Tout rapprochement, toute analogie entre notre situation et celle de l'empire romain finissant a longtemps été interdit, suspect d'arrière-pensées xénophobes. L'exposition du Palazzo Grassi en 2008 a marqué à cet égard un tournant. Son commissaire, très politique, assumait en effet pleinement le parallèle entre la vague d'immigration dont l'Europe est le réceptacle et la chute de l'empire romain.
... Or (...) ce que font apparaître les sources est pourtant que l'effondrement de l'empire romain s'est traduit, pour les peuples européens, par un désastre comme l'histoire en offre peu d'exemples.

p. 33
Commenter  J’apprécie          80

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Michel de Jaeghere (84)Voir plus

Quiz Voir plus

Du feu dans les titres

"Feu", tout simplement, un roman écrit par ... (indice : Bardot/Moreau)

Véronique Olmi
Maria Pourchet
Alice Zeniter
Sandrine Collette

10 questions
32 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}