Une harpe, un clavecin, des piles de partitions, et le piano où joue Marianne.
– Qui joue de la harpe ? demande Augustin.
– Ma mère.
Augustin s’approche de l’instrument en bois de sycomore blanc, pince une corde. Il lit à haute voix : V.B.
– V.B. ce sont les initiales de ta mère ?
– Non. Ma mère c’est M.M. : Mathilde Maillol.
– Cette harpe a appartenu à une autre femme peut-être ?
– C’est sûr ! Tu es d’un romantisme ! Viens voir, plutôt.
Dans une vitrine, un violon au vernis mystérieux est posé sur un coussin de velours rouge. Baptiste le sort de son tabernacle, il le tend à Augustin avec solennité.
– Une merveille ! dit Augustin.
– Joue, lui dit Baptiste.
Augustin tremble, mais il joue. Mathilde Maillol vient d’entrer.
– « À la mémoire d’un ange », murmure-t- elle, Alban Berg, pour Mutzi.
Augustin hoche la tête.
– Mutzi ? demande Baptiste.
– La fille d’Alma Mahler, dit Mathilde, morte si jeune. Pourquoi as-tu choisi l’adagio Augustin ?
– Cette musique est comme le souffle éperdu de Mutzi qui ne veut pas mourir. Et moi, je joue sa délivrance.
Augustin a fermé les yeux. Il rend le violon à Baptiste. Mme Maillol prend Augustin dans ses bras, l’embrasse, le remercie.
– Avec toi, Baptiste a trouvé un ami. Tous ses amis d’enfance sont à Aix. Il ne les voit plus.