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4.12/5 (sur 83 notes)

Nationalité : Royaume-Uni
Né(e) à : Liverpool , le 22/03/1910
Mort(e) à : Londres , le 8/08/1979
Biographie :

Nicholas Monsarrat est un journaliste, romancier et diplomate britannique, connu avant tout pour ses romans à thèmes maritimes.
Il fit se études à Winchester et au Trinity College de Cambridge.
Pigiste dans les journaux londoniens, il écrit quatre romans et une pièce de théâtre en cinq ans (1934-1939). Pacifiste, participe tout de même à la guerre comme ambulancier puis dans la Royal Naval Volunteer Reserve, commandant d'une frégate.
Il a tiré de cette expérience ses histoires de mer.
En 1946 il démissionne et il entre dans le corps diplomatique. En 1959 il se consacre uniquement à l'écriture, installé à Guernesey puis à Gozzo



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(Après Dunkerque)

La carte représentait un tableau sombre et menaçant. Avec la Norvège abattue, la France occupée, l'Irlande douteuse, l'Espagne repliée dans une neutralité équivoque, les côtes d'Europe, de Narwik à Bordeaux, devenaient accessibles aux sous-marins et, menace plus sérieuse encore, utilisables comme bases aériennes pour appareils à grand rayon d'autonomie. Désormais, un avion pouvait dépister tout convoi en plein Atlantique et le Signaler aux sous-marins tandis que lui-même évoluait hors de portée.

Les conséquences de cette coopération devinrent très vite funestes aux Alliés. Dans les trois mois qui suivirent l’affaire de Dunkerque, plus de 200 bâtiments furent ainsi envoyés par le fond, et les pertes continuèrent à la cadence de 50 unités par mois jusqu'à la fin de l'année. Les secours se préparaient sous la forme d'armes nouvelles, d'une production d'escorteurs et d'avions sans cesse accrue, mais ils arrivèrent trop tard pour beaucoup de convois qui regagnèrent le port d'attache avec bien des vides dans leurs rangs.

Ce fut en revenant de l'un de ces convoyages que le Compass Rose, alors qu'il se trouvait au large de l'Islande, vit couler le sang pour la première fois.
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Ainsi prit fin la bataille, pour eux et dans tout l'Atlantique, une fïn étrangement insipide, après ces cinq années et demi d'une lutte sans merci. Il n'y eut pas de onzième heure, pas de tentative individuelle de piraterie après la date de la reddition : cette guerre haineuse se termina en bulles, en pétroliers sabordés, en une soumission boudeuse et par l'ordre laconique : « Suivez-moi. »

Mais ce passage du sublime au banal ne put obscurcir le triomphe et la fierté inhérents à cette victoire obtenue au prix énorme de 30 mille marins tués, 3 000 navires envoyés par le fond dans ce seul océan et, pour établir l'équilibre, 780 sous-marins ennemis coulés.

Cette guerre vivrait dans l'histoire à cause de sa longueur et de son impitoyable férocité; elle vivrait dans la mémoire des hommes à cause du mal qu'elle leur avait fait, à eux, à leurs amis et aux bateaux qu'ils avaient aimés. Surtout, elle vivrait dans la tradition navale et deviendrait légendaire, à cause des services vitaux qu'elle a rendus à une île en guerre, à cause des vies de marins qu'elle a coûtées et, gloire suprême, parce qu'elle a empêché la rupture de la ligne de sauvetage du monde extérieur allié.
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Mil neuf cent quarante et un, année de victoire seulement vers sa fin, avait atteint un degré de violence et de désastre qui donna le ton pour l'année nouvelle. Juste avant Noël, deux pays alliés avaient éprouvé des pertes navales d'une importance considérable : la Grande-Bretagne avait perdu au cours d'une seule attaque deux grands navires, le Prince of Wales et le Repulse, et l'Amérique avait reçu à Pearl Harbor un coup qui l'avait privée de la moitié de sa flotte et à la suite duquel elle était entrée en guerre.

Cette alliée arrivait à la rescousse au moment le plus critique; mais sa guerre principale ne fut jamais dans l'Atlantique qui resta, du début à la fin, à la garde des marines britannique et canadienne. Les Etats-Unis - avaient fort à faire dans le Pacifique pour refouler la marée furieuse de l'avance japonaise; dans l'Atlantique, la lutte entre escorteurs et sous-marins comportait toujours les mêmes combattants qui en étaient maintenant à leur quatrième round, le plus sanglant de tous.
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Il transportait environ vingt «Wrens», les premières qu'on envoyait à Gibraltar ; du Compass Rose, les hommes avaient regardé les jeunes filles se promener sur le pont, ils leur avaient fait des signes en passant et s'étaient réjouis de leur compagnie, même à distance.

Le bateau qui les portait fut le dernier à être frappé cette nuit ; il sombra si rapidement que les flammes qui enveloppaient tout son arrière eurent à peine le temps de s'en emparer avant d'être éteintes. Le bruit de cette extinction, un rugissement sifflant, indiciblement cruel, parvint jusqu au Compass Rose,

— Dieu! ce sont ces pauvres petites! s'écria Ericson attaché à un calme qu'il ne sut pas conserver en un moment aussi affreux.

Occupés à une recherche ordonnée par le Viperous, ils ne pouvaient l'abandonner ; il leur fallait laisser à d’autres les sauvetages possibles.

Quatre des jeunes filles furent effectivement sauvées par un bâtiment marchand qui s'était courageusement arrêté et avait mis un canot à la mer. On les aperçut le lendemain matin sur le pont supérieur, serrées les unes contre les autres, les yeux fixés sur l'eau ; il n'était plus question, maintenant, de se faire de gais signaux de la main...

Mais le navire qui les avait sauvées fut, avec un autre, envoyé par le fond cette même nuit; lui aussi sombra rapidement, et le Compass Rose, désigné cette fois pour repêcher les survivants, ne put ramener que quatre vivants et six morts.

Parmi les cadavres, il y avait l'une des « Wrens », la seule dont on retrouva le corps sur les vingt qu'elles étaient. Elle était jeune, infiniment pitoyable, ses cheveux blonds, trempés, s'étendaient sur le pont du Compass Rose comme un éventail, autour d'un visage effrayé et pincé qui, vivant et au repos, avait dû être délicieux. Lockhart, chargé de surveiller la mise en sacs des morts qu’on devait immerger, sentit sa gorge se serrer.

La guerre ne pouvait présenter d'aspect plus navrant et plus abominable...
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« Comment s'y prend-il ? se demanda Ericson en le raccompagnant jusqu'au pont supérieur. Est-ce une mémoire prodigieuse ou simplement des dossiers bien tenus ? »

A la coupée, les gabiers chargés de rendre les honneurs au sifflet, avec le maître de manœuvre à leur tête, se tenaient au garde à vous.

— Je vous ai déjà vu, dit l'amiral, les yeux sur la barbe jaune de l'homme.

— Barnard, Amiral, dit le maître de manœuvre ; j'étais sur le Tangerine quand il est venu ici.

Satisfait, l'amiral inclina la tête.

- Il n'avait pas de barbe, alors, dit-il à Ericson. Mais il faut plus qu'une barbe pour cacher un homme. Je l'ai reconnu tout de suite.

Les sifflets firent entendre leur son strident, l'amiral salua et enjamba le bord d'un mouvement agile. La tête au niveau du bastingage, il dit d'un ton rude :

— Vous commencerez vos exercices en mer demain matin à 5 heures et demie.

Puis il disparut le long de l'échelle, et bientôt, sa vedette luisante et immaculée se détacha du flanc du navire et s'élança vers le rivage.

En route il envoya ce message au Saltash avec une lampe de signalisation portative : « En rade, tous les canons doivent être dans l’axe. » Lockhart d'un vif coup d’œil, s'aperçut, hélas! que le canon «X» déviait approximativement de dix degrés de l’axe du navire. Il se hâta vers l'arrière et appela Allingham.
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Ce fut dans cette atmosphère d'insuffisance, dans ce gaspilIage d’efforts et de courage, que s'acheva l'année 1940.

Elle ferma son rideau sur une scène mémorable : dans la matinée de Noël, un bâtiment lourdement chargé de minerai se coupa littéralement en deux sous leurs yeux et coula, en moins d'une minute, comme une pierre dans un étang. Il ne laissa d'autres traces qu'une écume huileuse et quatre hommes qui se débattaient à sa surface. Ce jour-là, ce fut le record de destructions rapides et de morts subites. Mais à cette époque, les pertes de navires, les cadavres, l’ampleur de la tuerie, étaient encore capables de les terrifier et de les émouvoir.

Ils allaient bientôt comprendre que la partie commençait juste à s'échauffer.
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Elle s'est excusée de m'avoir fait attendre, s'est assise et m'a laissé parler le premier.

Je lui ai dit combien j'étais désolé de la mort de son mari, combien nous l'avions tous aimé... ce qu'on dit en pareil cas.

- Mais c'est vrai.

- Oui, c'est vrai... Puis, j'ai attendu qu'elle dise quelchose, mais elle restait tout bonnement assise à me regarder. Alors, je lui ai demandé si elle aimerait entendre le récit du torpillage et de la fin de Morell...

Elle a répondu «Non... je ne tiens pas énormément à l'entendre. Ces choses-là sont toujours pareilles, n’est-ce pas? »

— Oh ! fit Lockhart, interloqué.

Ericson inclina la tête et poursuivit:

— A ce moment, je me sentais plutôt bête.

Elle venait visiblement de quitter son lit, et elle s'étalait sur le divan dans la position la plus avantageuse; je dois dire qu'elle est admirablement faite; pas une ombre sur son visage maquillé à la perfection, et pas plus en deuil que l'homme qui nous a torpillés...
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Mais on ne pouvait en exiger autant... Le rassemblement du convoi demanda au Saltash près de quarante-huit heures de recherches menées à une vitesse moyenne de 20 nœuds dans une douzaine de directions différentes ; cette tâche n'était pas facilitée du fait que tous les autres escorteurs s'y livraient simultanément, s’efforçant de replacer en rangs les bateaux marchands de leur zone immédiate; il y eut ainsi à un moment donné six de ces petits convois d'une demi-douzaine de navires chacun, essayant tous d'en attirer d'autres dans leur troupeau, sans que leur cap fût le même.

Le Saltash, rencontrant la frégate le Streamer avec une compagnie de cinq cargos lui signala : «Le convoi est à 200 degrés 14 milles de distance de vous. » A quoi l'autre répondit : « Le convoi est ici. »

C’était, pour un officier supérieur au bord de l'irritation, un moment important qu'Ericson avait grande envie d'exploiter.

Mais il ne pouvait s’offrir ce luxe qui l'aurait retardé, et les ordres que reçut le Streamer ne furent ni brutaux ni sarcastiques : simplement explicites et ne pouvant être discutés.
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Le 3 septembre 1939, premier jour des hostilités, le paquebot Athenia avait été torpillé et coulé avec 138 passagers. Le 14 septembre, l'Angleterre ripostait à ce coup inhumain en coulant le premier sous-marin. Ainsi, dès le commencement, l’affaire marcha à bonne allure : 40 navires furent envoyés par le fond au cours de ce même mois, et deux beaux bateaux de guerre, le Courageous et le Royal Oak coulés avant la fin de l'année.

Mais cette cadence diminua bientôt. Ces pertes affectaient presque uniquement des unités isolées, surprises en mer à la déclaration de guerre. Comme l’Athenîa, elles s'étaient trouvées au mauvais endroit, et au mauvais moment. Le développement de la navigation en convois allait modifier cette situation. Les compagnies maritimes et les navires eux-mêmes comprirent qu'il fallait tout faire pour naviguer en convois plutôt que de traîner à la débandade ou de charger furieusemènt l'ennemi en avant du champ de bataille terrestre.
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Et ce qui continuait à stupéfîer Ericson était que la grande majorité des hommes objets de cette étonnante transformation, étaient des amateurs. Ils s'étaient engagés ou avaient été enrôlés alors qu'ils exerçaient une douzaine de professions différentes, sans le moindre rapport avec la mer.

« Avoir la mer dans le sang, songea-t-il, n'est pas simplement une idée romanesque héritée de Nelson. » Cela signifiait qu'on pouvait mettre des Anglais— n'importe quels Anglais — sur un bateau et qu'ils le faisaient marcher et se battre comme s'ils n'avaient eu, toute leur vie, d'autre occupation, surpassant dans cette activité les professionnels de toutes les autres nations. Cette qualité fondamentale, ils la devaient à ce qu'ils vivaient dans une île.

Il était fier d'eux.
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