Pour les féministes, il s’agit de sortir d’une spécificité féminine, proche de la nature, opposée à l’universel humain masculin, mode de pensée dominant
La question principale est celle de la relation entre genre et sexe. Alors que Christine Delphy s’empare de ce concept pour penser l’utopie d’une société non genrée en affirmant un paradigme fondamental "Le genre précède le sexe", Nicole-Claude Mathieu s’appuyant sur la pensée de Gayle Rubin montre la variabilité de la relation entre sexe et genre selon les sociétés.
Après de nombreux débats et malgré certaines réticences, le terme de genre, terme qui permet de différencier le sexe social du sexe biologique et, employé au singulier, de rappeler que le féminin et le masculin forment système, tend à s’imposer dans le domaine scientifique français comme traduction du terme américain gender.
Analyser les constructions, c’est aussi penser comment modifier, desserrer à la fois les biais sexistes qui faussent la perception du réel, et desserrer les structures viriarcales qui nous enserrent. Comment modifier pratiques et imaginaires ? Comment changer les schémas intériorisés ?
De la micro à la macro-histoire, le genre se place dans l’entre-deux, au-delà des espaces temporels ordinaires de l’histoire : entre discontinuité et continuité, pour être en mesure de saisir la genèse des catégories en formation et leurs effets de sens dans la longue durée
Le concept de genre permet d’analyser comment l’organisation sociale, les pratiques sociales, produisent, reproduisent, institutionnalisent la différence des sexes dans nos sociétés
pour penser le genre, il est est nécessaire de rompre avec les perspectives qui définissent la bipartition sexuée comme une nécessité sociale universelle
Son singulier (LE genre par opposition aux deux genres) permet de déplacer l’accent, des parties divisées, vers le principe de la partition lui-même, d’autant que la hiérarchie est un aspect constitutif du genre
La catégorie femme est soit oblitérée, soit traitée en annexe d’un discours universaliste, soit isolée en tant que catégorie spécifique
les hommes et les femmes n’existent pas indépendamment du rapport de domination qui les constitue comme tels.