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Critiques de Saki (53)
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L'omelette byzantine

Recueil de nouvelles de ce journaliste et écrivain anglais ayant vécu fin XIXème/ début XXéme.



On frôle ici souvent l’absurde, parfois même le ridicule, les récits sont mignons sans toutefois être exaltants.



A lire une fois afin de connaître cet auteur même si cela reste selon moi beaucoup trop niais, à l’image du K de Dino Buzzati.







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L'omelette byzantine

J’ai acheté ce bouquin complètement au hasard. Je ne connaissais pas l’auteur, même pas de nom. Je suis tombée sur ce livre chez un bouquiniste. Il coûtait une bouchée de pain, la couverture me plaisait. Je me suis laissée tenter et c’est une bonne chose, c’était une lecture délicieuse.



Saki est un auteur britannique finalement assez peu connu, ce que je trouve plutôt étrange tant son style pourrait séduire un très large public.

« L’omelette byzantine » est un recueil de très courtes nouvelles, souvent des histoires à chute. Toutes ont pour cadre la bonne société. C’est l’occasion pour Saki de pointer du doigt les travers de ces gens bien nés. Le ton est grinçant, mordant, acide. C’est souvent très drôle. La rigidité de la société anglaise du début du 20ème siècle est bousculée de façon très plaisante. La galerie de personnages, qu’ils soient excentriques ou conventionnels, charmants ou odieux, est réjouissante.

Ces petits textes se lisent très vite, ils se dévorent même , il y a un côté addictif dans cette lecture. On se dit qu’on va lire une nouvelle et puis comme la suivante est très courte on la lit aussi ainsi que celle d’après et sans s’en rendre compte on les enquille les unes après les autres.



« L’omelette byzantine » est une lecture jubilatoire, vraiment savoureuse. Evidemment je compte bien lire d’autres œuvres de Saki qui m’a régalée de sa plume tout au long de ces nouvelles pleines de fantaisie et d’humour caustique.

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L'omelette byzantine

Le monde dans lequel les personnages de Saki évoluent est la noblesse ou presque. Les nouvelles de Saki montrent que ce monde est plus qu'un autre comparable un panier de crabe. Le talent de Saki est de désacraliser avec un humour. Cet humour est désuet.

J'imagine les scènes avec les personages et les lieux de Downtown abbey.

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Le cheval impossible

Le Cheval impossible nous raconte non seulement l’histoire d’un cheval mais aussi celle d’un chat qui a acquis le don de la parole et qui en profite pour révéler leurs vérités aux invités d’une réunion censée être festive –mais qui s’achèvera de manière catastrophique (Tobermory)- ; celle d’un furet auquel un enfant décide de rendre un culte en opposition aux forces maléfiques qui émanent de sa tante revêche (Sredni Vashtar) ; celle d’une louve qui s’introduit dans un intérieur bourgeois et qui y provoque la pagaille (La louve), histoire semblable, d’ailleurs, à celle du Bœuf en visite ; celle d’un chat dont la philosophie de tout repos fera croire à une jeune épouse comblée que sa voie est celle de la philanthropie –avant qu’elle ne s’aperçoive avoir fait fausse route- -(Le chat et la philanthrope) ; celle d’un taureau qui permettra de matérialiser l’opposition de deux frères autour des activités pragmatique (l’élevage) et artistique (la peinture) (Le taureau).





Qu’on ne s’y trompe pas ! si les titres des nouvelles de ce recueil de Saki laissent la part belle aux animaux, ces derniers permettent surtout aux maux typiquement humains de se révéler. Et au cours de la période qui a connu leur écriture, ceux-ci semblaient être suffisamment abondants pour que Saki n’en perde ni de sa verve, ni de son humour grinçant. Il s’avance tranquillement à faire ressortir les pires défauts et les plus grandes contradictions d’une certaine bourgeoisie britannique du 19e siècle en la mettant en scène dans son environnement naturel, accompagnée de tous les attributs nécessaires à sa condition –plateau de thé en fin d’après-midi, parcs remplis de massifs fleuris, voyages en train, réceptions et grandes soirées, domestiques et jeux de bridge… On a l’impression de s’avancer à l’intérieur d’un tableau minutieusement arrangé. Et puis, par une petite phrase anodine, Saki nous fait comprendre qu’il y a quelque chose qui cloche. Au détour d’un paragraphe tout ce qu’il y a de plus classique, de plus cohérent, surgit soudainement une petite phrase qui tire le lecteur d’une éventuelle léthargie tranquille dans lequel il se serait enfoncé par erreur.





« Je vais être veuve avant d’être mariée. Pourtant, j’ai tellement envie de voir à quoi ressemble la Corse. Elle a l’air tellement idiot sur la carte ! »





Cette spontanéité provoque un choc amusant, d’autant plus que Saki n’a pas son pareil pour révéler en quelques phrases tout l’hypocrisie d’une scène précédemment déroulée, à la fois avec cruauté et virulence, mais aussi avec une force comique réjouissante qui donne souvent envie de s’exclamer.



Saki n’hésite pas non plus à jouer avec l’absurde. Ses nouvelles prennent souvent le tour du fantastique et introduisent des évènements saugrenus, inexplicables… Mais là où l’on attend que les personnages cherchent à comprendre l’origine de cet évènement, ils décident de se comporter de manière irrationnelle à leur tour, et de résoudre des interrogations qui nous semblent être à mille lieues de celles que devraient logiquement amener la situation. Et ces personnages cartésiens, bourgeois et manucurés jusqu’au bout des ongles, de se démener et de trébucher avec frénésie dans des situations inextricables…





On se rend compte que derrière l’écriture de Saki, de première apparence correcte et conventionnelle, se cache un criminel de la fiction qui éprouve d’autant plus de plaisir à torturer ses personnages que ceux-ci correspondent en tout point à un certain idéal de la bourgeoisie britannique –jeune gentleman, éducatrice moralisatrice, demoiselle aux bonnes manières… Peu à peu, des leitmotive se dégagent de ces nouvelles. Saki semble éprouver une tendresse particulière pour ses personnages d’enfants, représentatifs d’une conscience encore intègre car non immaculée par les principes absurdes et aliénants des vieilles tantes revêches et moralisatrices. Ce sont eux, souvent, qui font dérailler le quotidien monotone des personnes adultes et qui observent, en toute innocence, leurs tentatives éperdues pour se raccrocher aux bonnes manières dont ils sont empreints et qu’ils s’évertuent coûte que coûte à infliger à leurs rejetons. Saki permet à ces enfants de prendre une revanche sur ce monde des adultes : victoire de la spontanéité, du plaisir et du jeu sur l’hypocrisie, le devoir et la morale.





« Vers onze heures et demie, les membres les plus rassis de la famille Steffink commencèrent à insinuer qu’il serait temps de penser à dormir.

- Allons, Teddie, tu sais que tu devrais déjà être dans ton petit lit, dit Luke Steffink à son fils qui avait treize ans.

- Nous devrions tous y être, ajouta Mrs. Steffink.

- Il n’y aurait pas la place, dit Bertie.

Cette réflexion fut considérée comme parfaitement indécente et tout le monde se mit aussitôt à manger des raisins et des amandes avec le zèle fiévreux d’un mouton qui broute pendant que l’orage menace. »





Saki semble vouer un acharnement plus féroce encore à l’encontre des femmes qu’il afflige de toutes les pires pudibonderies, de tous les voiles les plus grossiers et de toute la cruauté la plus féroce. L’auteur se serait-il inspiré de cette partie de son enfance qu’il passa dans le Devon, élevé par deux vieilles tantes, pour tracer ces portraits peu valorisants de la gente féminine ? Souvent, ces femmes manipulatrices s’opposent à un personnage masculin adulte, terrorisé par les cataclysmes que provoquent en lui les contradictions qu’il perçoit chez elles. On soupçonne, sous ce personnage, de reconnaître partiellement Saki… Et c’est la débâcle à vilipender les dons de comédiennes des bourgeoises…





« Thirza décida aussitôt qu’elle aurait une migraine qui durerait quatre jours ; c’était sa recette invariable en cas de contrariété ou d’ennui. On l’avait vue l’ajourner à plus tard pendant certaines périodes de tension, comme pendant la semaine de Noël ou quelque nettoyage de printemps, mais elle n’y renoncerait jamais complètement. »





…mais aussi leur besoin dévorant de contrôler et de diriger l’existence dans le moindre de ses détails, détruisant au berceau l’originalité et la fantaisie sitôt qu’elles essaient de se frayer une place dans leur univers…





« Thirza Yealmton était ce qu’on appelle une femme très organisée. C’est souvent un compliment très flatteur, mais Thirza appartenait à cette déplorable espèce qui ne peut jamais admettre que la nature, et particulièrement la nature humaine, est quelquefois conçue et construite de telle manière qu’elle puisse résister à toute organisation ; et cela, tant pour son propre bonheur que dans son intérêt propre. »



…pour ne pas citer, enfin, la véritable nature querelleuse et futile de femmes riches, mais qui s’ennuient…





« Une femme pourra endurer beaucoup d’inconfort, se sacrifier et se passer de tout jusqu’à l’héroïsme, mais le seul luxe qui lui soit indispensable, ce sont les disputes. Partout, si transitoire que soit l’évènement, elle ne renoncera jamais à ses querelles féminines, pas plus qu’un français ne renoncerait à mitonner sa soupe dans le désert des régions arctiques. Dès le début d’une traversée en mer, avant que le voyageur mâle ait eu le temps d’apercevoir une demi-douzaine de passagers, il se trouvera une femme qui aura déjà déclenché au moins deux causes d’hostilité et elle en aura mis de côté une ou deux supplémentaire…pourvu, évidemment, qu’(il y ait suffisamment de femmes à bord pour lui offrir plusieurs adversaires. »





Lire le Cheval impossible de Saki s’apparente à une expérience d’immersion dans cette bourgeoisie britannique du 19e siècle qui fait le centre de ses nouvelles. Sa manière de procéder dans son écriture est paradoxalement semblable aux comportements hypocrites et faussement doucereux qu’il condamne. Saki, avec ses airs de gendre respectable, s’avance tout souriant en présentant des manières travaillées –bonne apparence mais fond virulent ? Toutefois, Saki n’est pas comparable à cette faune de bourgeois qu’il met en scène : là où ceux-ci finissent par se laisser dévorer par les règles de la morale qu’on leur a inculquées, Saki laisse librement aller ses paroles et ses pensées pour saccager avec joie le petit théâtre ridicule des bonnes manières.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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La dimension fantastique, tome 2

Deuxième opus de la « Dimension fantastique », le mot qui me vient à l’esprit pour qualifier ce recueil, est “moins“ : “moins long“, “moins de nouvelles“, “moins bon“,…



Sommaire :

→ L’élixir de longue vie (1830) ~ Honoré de Balzac

→ Gottfrield Wolfgagn (1843) ~ Pétrus Borel

→ Sredni Vashtar (Sredni Vashtar 1910) ~ Saki

→ La chambre perdue (1858) ~ Fitz-James O’Brien

→ Les filles de la nuit (1954) ~ Jean-Louis Bouquet

→ Hier, c’était lundi (Yesterday was monday 1941) ~ Theodore Sturgeon



Mon père pourra être content, j’ai lu un texte d’Honoré de Balzac. Maintenant, à son tour de lire un des récits que j’affectionne. Pas sûr qu’il accepte le deal. J’ai eu beaucoup de mal à m’accrocher au style de l’auteur. Ses pages sont bien noircies par l’encre et les paragraphes sont rares. Certaines nouvelles sont complexes et difficiles à comprendre comme celle de Saki – qui, au passage, aura vu son œuvre adapté au cinéma (un épisode de « Great ghost Tales » et quatre courts-métrages). En revanche, j’ai plutôt apprécié « Les filles de la nuit », même si j’ai trouvé quelques longueurs.

Dans l’ensemble, ce recueil est bien médiocre, heureusement que la nouvelle de Theodore Sturgeon est de grande qualité. L’auteur s’amuse à nous torturer le cerveau grâce à des jeux de paradoxes, le tout sous fond de théâtre, car au fond, si la vie n’était qu’un jeu d’acteurs ? À noter que ce texte s’est vu adapté dans une série télé (La cinquième dimension) sous le nom de « Les coulisses du temps » en 1986, un an seulement après la disparition de cet auteur.



Après un premier tome abordable et agréable à lire, ici nous avons des textes plus complexes et élitistes. S’il n’y avait pas eu Theodore Sturgeon, je l’aurai probablement ignoré. Quoi qu’il en soit, ce livre peu épais, s’est vu réduire par rapport au premier opus, car il n’y a pas de préface, ni d’exercices littéraires. Une simple biographie des auteurs a été intégré en fin du volume.
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L'omelette byzantine

C' est dans sa première édition en 10/18, que j'ai découvert l'immense auteur qu' était SAKI.

Saki est un véritable "gentleman author": Il a le bon goût de ne jamais ennuyer le lecteur, de sa verve raffinée et si digeste.

Le malheur voulut que Saki disparut trop tôt, nous laissant sur notre faim, que dis-je sur notre famine de davantage de ses short storys si délicieuses!
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L'insupportable Bassington : Suivi de quatr..

Saki, bien trop top disparu, nous a laissé une œuvre bien peu copieuse pour qui y a gouté.

Cet incontournable auteur, à l'humour si fin et ravageur, n'écrivit qu' un roman: l'histoire de cet Insupportable Bassington.

Bien qu' excellant dans l'art de la Short Story, Saki ne démérite pas dans le Novel... Il approfondit davantage et rend la dégustation plus longue.

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L'omelette byzantine

Avec cette série de nouvelles, Saki nous plonge dans l'humour anglais. Humour noir, parfois très grinçant, au fil de ces nouvelles du début de siècle.

On y suit les aventures de l'excentrique Réginald et de son oncle, ainsi que des aristocrates empêtrés dans des situations souvent très cocasses. C'est l'esprit anglais que l'on retrouve ici dans toute sa splendeur.

Pourtant, ce recueil que j'avais lu, il y a une vingtaine d'années, ne m'a pas tout-à-fait convaincu à cette relecture. Je trouve certaines nouvelles un peu datées. Il est vrai que c'est une image de l'Angleterre début de siècle qui nous est présentée , et que l'on a du mal à se représenter actuellement.

Les situations décrites, hors contexte socio-historique, nous semblent parfois très éloignées, ce qui gêne à leur compréhension.

Il n'en reste pas moins que certains textes gardent encore toute leur saveur, à condition d'y mettre la distance nécessaire.
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La fenêtre ouverte

Pour ne parler que de la nouvelle qui donne son titre au recueil, la fenêtre ouverte montre de façon très cinématographique qu'un événement est effrayant ou anodin selon la perspective donnée par le récit qui le précède. Génial, cet auteur est un fleuron de l'humour so british, mais aussi , par son écriture , sa thématique, et par le soin toujours pris à conclure de façon imprévue,un maître de l'inquiétante étrangeté.
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Le Parlement infernal

Saki, pseudonyme de Hector Hugh Munro, a écrit de très nombreuses nouvelles au début du 20ème siècle. Ces nouvelles ont été réunies dans ce gros volumes qui nous permet d'aller aux sources de l'humour anglais.

La nouvelle, quand elle est courte comme c'est le cas avec Saki, est un genre exigeant pour le lecteur qui doit ses concentrer pour apporter toutes les cinq six pages l'attention que nécessitent les premières pages... Peut-être aussi me suis-je lassé, ayant fait l'erreur de lire l'ensemble d'une traite. J'ai beaucoup souri, mais suis peut-être passé à coté de quelques pépites.

Je crois préférer Chesterton ou Wodehouse à Saki, mais la filiation entre les uns et les autres est évidente et nous dit quelque chose de l'esprit britannique.

On notera aussi quelques éléments d'une étonnante clairvoyance en matière de politique étrangère…

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Le cheval impossible

39 petites nouvelles courtes et très éclectiques

Humour so british parfois noir sans concession

Très bons portraits caustiques de la société britannique sous l époque victorienne

Des textes féroces et résolument moderne au 21 ème siècle
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La dimension fantastique, tome 2

"La dimension fantastique" perd de son punch dès le second volume. La faute peut-être au format du recueil, guère épais à l'inverse d'un bouquin de Tolstoï. Après un premier tome de 13 nouvelles, celui-ci n'en contient que 6, qui plus est pas renversantes. Il aurait peut-être fallu gérer un peu mieux la répartition en fonction de la longueur des nouvelles (10 d'un côté 9 de l'autre plutôt qu'un tel déséquilibre).
Lien : https://unkapart.fr/critique..
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Nouvelles : Edition intégrale

Les nouvelles de Saki, sont parmi les meilleurs joyaux d'écriture que nous a offert la littérature anglaise.

Le conflit de 14-18 a emporté l'un des plus talentueux auteurs du Royaume-Uni, et les ecrits que nous a laissé Saki, seront toujours trop peu nombreux.

Une oeuvre indispensable qu'il est nécessaire, urgent et agréable de lire.

C' est un de ces livres, que je garde toujours à portée de main; pour les moments ou le moral va vacillant.

Merci, Monsieur Munro alias Saki.
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L'omelette byzantine

Saki est, pourrait-on dire, le roi du pince-sans-rire. Contrairement à son confrère P. G. Wodehouse, il ne sombre jamais dans le loufoque et si sa science du dialogue est moins bien réglée, il est en revanche souvent bien plus cruel.


Parmi les nouvelles réunies chez 10/18 dans le recueil "L'Omelette Byzantine", lequel constitue un bon départ pour quiconque n'a pas encore lu Saki, "Offres de Paix" est - à mon avis - celle qui, par son début, illustre de façon la plus exacte ce que l'on peut appeler "le style Saki." Dans le louable désir d'apaiser les dissensions politiques qui assombrissent le climat du village où elle a loué (pour sept ans) un authentique manoir anglais, une baronne tout aussi anglaise mais épouvantablement inculte décide d'offrir à l'élite mondaine du coin de nouvelles sources de distraction. Pour ce faire, elle demande son avis à Clovis, personnage récurrent de nombre des nouvelles de Saki :


-" (...)J'ai donc pensé qu'une pièce constituerait une excellente occasion de réunir de nouveau les gens et de leur donner de nouveaux sujets de méditation que d'ennuyeuses querelles politiques."


La baronne avait manifestement l'ambition de reproduire sous son propre toit les efforts pacificateurs que la tradition attribue au branle écossais.


- "Nous pourrions faire quelque chose inspiré de la tragédie grecque", dit Clovis après mûre réflexion ; le Retour d'Agamemnon, par exemple."


La baronne fronça le sourcil.


-"Il me semble que cela rappelle un peu trop des résultats électoraux, vous ne trouvez pas ?


- Ce n'était pas le même genre de retour," expliqua Clovis ; "il s'agissait d'un retour au foyer.


- Je croyais que vous disiez qu'il s'agissait d'une tragédie.


- Ma foi, oui. Il a été tué dans la salle-de-bains, figurez-vous.


- Oh ! je connais l'histoire, bien sûr. Vous voulez que je joue le rôle de Charlotte Corday ?


- Il s'agit d'une autre histoire et d'un autre siècle," répondit Clovis. "La règle des trois unités interdit qu'une scène se déroule dans plus d'un siècle à la fois. Le meurtre en l'occurrence doit être commis par Clytemnestre.


- Un joli nom. Je jouerai ce rôle. Je pense que vous voulez jouer Aga ... Comment s'appelle-t-il déjà ? ... (...)"


Des querelles étant survenues entre la baronne et Clovis (qui joue le conducteur de char dans cette pièce pour le moins insolite), tout se terminera par un scandale mémorable. ;o) Le lecteur, évidemment, le devine et n'attend qu'une chose : de pouvoir s'en régaler.


Une seule nouvelle fantastique dans ce recueil - Saki en écrivit pas mal : "La Musique sur la Colline" qui tourne autour du culte rendu au dieu Pan et à ce qui guette les monothéistes qui ont renié les dieux de leurs ancêtres.


Mais la plus connue des nouvelles de ce genre, la plus souvent reprise également dans les anthologies spécialisées, c'est évidemment "Sredni Vashtar", qui nous conte comment Conradin, un garçonnet de 10 ans, plus ou moins martyrisé par sa tante, Mme de Ropp, finira par prendre sa revanche sur celle-ci en invoquant "Sredni Vashtar le Magnifique." Pourtant, même dans ce contexte, le sourire n'est jamais absent et le lecteur, tel Conradin beurrant ses tartines à la fin du récit, referme son livre la conscience en paix parce que, finalement, Mme de Ropp le méritait bien ... ;o)
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L'omelette byzantine

Si vous aimez l'ambiance des grandes familles snobs anglaises du début 20e siècle, mais troublée par des personnages insolents et moqueurs, ce recueil de nouvelles est fait pour vous! La construction de chaque histoire est efficace, les personnages sont drôles à souhait; on se réjouit de voir échouer les stupides ou les avares, et de voir triompher les irrespectueux. Les dialogues font qu'on s'y croirait! Mention spéciale au personnage savoureux de Réginald, capable de mettre par terre l'ambiance d'une garden party en quelques minutes, au jeune Clovis capable lui aussi de déchainer le chaos, et à la jeune Véra, qui joue les jeunes filles obéissantes mais se montre redoutable de machiavélisme.
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The Music On The Hill

Etoiles Notabénistes : ******



The Music On The Hill

Traduction et présentation : Gérard Joulié

Extrait de "Nouvelles - Edition Intégrale" - L'Âge d'Homme



ISBN pour cette édition : 9782825117453



De Saki, nous avons déjà consacré une fiche à sa nouvelle en quelque sorte fétiche pour tous les amateurs de fantastique, "Sredni Vasthar". Précisons, si nous ne l'avons déjà fait, que la majeure partie des nouvelles de l'écrivain britannique, mort trop tôt durant la Grande guerre, sont plutôt d'essence comique, avec cette incomparable touche d'humour anglais qui caractérise, dans un genre plus long, les romans de ce dialoguiste de génie que fut son compatriote, P. G. Wodehouse.



Oui, avec Hugh Munro, dit Saki, on rit en général beaucoup car il fut un observateur impitoyable des faiblesses de l'establishment anglais. Le rire est parfois grinçant mais il est toujours accordé de bon cœur. Evidemment, il n'a pas la jovialité traîtresse du "père" de Jeeves et de Bertram Wooster, et sa gaieté a souvent quelque chose de carrément méchant. En revanche, avec Saki, on a rarement peur. Et pourtant, si vous relisez "Sredni Vasthar", et même si vous demeurez à fond pour Conradin, un malaise vous saisit non seulement à cause de l'énigme représentée par son "dieu" mais surtout à l'idée que, si Conradin grandit - après tout, les pronostics alarmistes des médecins peuvent se révéler faux - il pourra faire encore mieux ... ;o)



Dans ses nouvelles fantastiques, si rares qu'elles soient, Saki privilégie le malaise insidieux, celui qui est capable de vous réveiller en sursaut parce que, brusquement, vous venez de réaliser, non pas que l'idole bien-aimée de Conradin est sous votre lit, mais parce que vous envisagez les conséquences éventuelles du pouvoir du jeune garçon.



Dans "La Musique sur La Colline", le nouvelliste britannique relève d'un degré le niveau du malaise. L'impression d'être espionnée que ressent Sylvia Seltoun tout au long de cette courte nouvelle peut être imaginaire comme elle peut se révéler tout à fait exacte. Sa fin, comme celle de la tante de Conradin, peut être le fruit d'un pur hasard. Mais, dans les deux cas, le doute subsiste et, plus à mon avis que dans "Sredni Vasthar" , le malaise s'appesantit ici au fil des pages avec une assurance et une puissance qui ont, elles aussi, quelque chose de profondément inquiétant.



Le thème de la nouvelle est simple. Jeune mariée, Sylvia Seltoun, qui aime à tout diriger, parvient à arracher son mari (qu'on peut suspecter d'apprécier les hommes autant, sinon plus que les femmes) aux plaisirs de Londres. Elle l'entraîne dans un domaine familial qu'il aime particulièrement et sur lequel, parce qu'il y a vécu enfant, il paraît connaître nombre de choses qui ne viendraient jamais à l'esprit d'un citadin. Toutefois, s'il les connaît bel et bien, Mortimer a su les respecter. Ainsi, le culte du dieu Pan, dont une statue se dresse dans les bois familiaux. Il arrive à Mortimer d'y déposer une offrande - une grappe de raisins, par exemple. Sylvia, esprit rationnel au possible, ne fait tout d'abord que rire de ce qu'elle tient pour une superstition tout juste bonne pour les paysans du coin. Puis, cela l'agace de constater que son époux, un gentleman accompli, partage cette croyance en la présence de Pan dans la forêt. C'est un peu - habileté de l'auteur - comme si ce Pan, en qui elle ne voit qu'une légende issue du monde antique, tentait de lui voler son époux ou, plus précisément, si le dieu faunesque, dont le nom a engendré le mot "panique", ne l'oublions pas, avait, sur Mortimer, plus d'influence qu'elle-même.



Cela, Sylvia ne l'admet pas.



Tout se joue là-dessus, dans cette rivalité - supposée ou réelle, au lecteur de choisir - entre la Femme et le Dieu qui n'en reste pas moins de sexe masculin, entre la sophistication urbaine et le naturel parfois cruel de la Nature toute-puissante.



Les dialogues sont rares et les descriptions de la forêt, où Sylvia se sent de plus en plus mal à l'aise, abondent, tour à tour somptueuses et effrayantes. Sylvia - son prénom lui-même se rapporte à la Forêt où règne le Grand Dieu Pan puisqu'il signifie "la fille de la forêt, la sauvageonne" - est aussi vivante que ces bois qu'elle parcourt non sans déplaisir mais que, aux yeux d'une entité qui en serait la maîtresse absolue, elle a trahis doublement : en niant tout d'abord, bien qu'inconsciemment, tout ce qu'implique le prénom qui aurait dû lui permettre au contraire d'approcher sans crainte le dieu Pan et son royaume, et en se rebellant ensuite - le vol de la grappe de raisin et la façon qu'elle a de qualifier le geste de Mortimer de ridicule - très ouvertement contre le dieu lui-même.



Bien que le lecteur se doute que tout cela finira mal, la chute n'a rien de "téléphoné." Et c'est la Forêt et non Pan qui punit Sylvia. Là encore, on reste avec des doutes. Certains penseront que le Grand Dieu Pan est responsable de la fin de Sylvia, d'autres que celle-ci avait des hallucinations qui l'ont poussée vers son destin.



Mais, parmi les lecteurs, tous ceux qui ont lu "Le Grand Dieu Pan" , du Gallois Arthur Machen , ceux-là, je puis vous l'assurer, ne conserveront aucun doute ... ;o)
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Clovis

Ces nouvelles sont de petits bijoux d'humour, j'en garde un très bon souvenir malgré le temps passé depuis cette lecture.
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La fenêtre ouverte

Des nouvelles fabuleuses d'une causticité diabolique, bien sûr qu'il dépasse son rejeton littéraire Roald Dahl (nouvelles pour adultes), la haute société britannique dans toute son hypocrisie et son oisiveté, la petite bourgeoisie raillée et des personnages géniaux, que ce soient les infâmes entourloupeurs (viva Clovis) ou les victimes, qui ne sont jamais innocentes.
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Le cheval impossible

Ces nouvelles distillent une cruauté suave, une cruauté feutrée, une cruauté polie. Au centre de chaque nouvelle une méchanceté, une vengeance ou une vilaine farce, perpétrée par un enfant, par le hasard ou par un personnage sot. Ou alors c’est un grain de sable dans le mécanisme. S’ensuit l’effet dévastateur et hilare sur la victime. Il n’y a pas de morale et pas de remède. Un délicieux humour noir.



Parfois intervient un élément fantastique, un chat capable de parler ou un loup garou. Cependant l’auteur ne s’attarde pas sur sa créature fabuleuse, mais sur la confusion et le désarroi des humains pris au piège.



Graham Greene disait de nouvelles de Saki qu’elles égratignent les riches. Ce n’est pas vrai. Cela n’a rien d’une critique sociale. Je les rapproche plutôt de …. Cioran. Oui, Cioran, le pessimiste (parfois) souriant.

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Clovis

Parties à cheval pour une chasse au renard, deux ladies se retrouvent avec une hyène apprivoisée qui les suit dans les bois comme un petit chien, tue au passage une petite bohémienne et finit renversée par une automobile... Un des invités de Lord Wilfrid prétend que son chat parle aussi bien qu'un humain. Vérification faite, tout le monde découvre que non seulement l'animal s'exprime de façon parfaitement claire et compréhensible, mais encore qu'il est capable de colporter toutes sortes de ragots et potins voire même les secrets les moins reluisants des uns et des autres... Jalouse des exploits aériens de son amie Loona Bimberton, Mrs Packletide décide de partir chasser le tigre et de lui offrir un collier de dents du fauve pour la faire enrager... Un tableau « La chute d'Icare » tatoué sur le dos d'un voyageur lui cause bien des problèmes insoupçonnés au départ... Hermann l'irascible, le nouveau roi d'Angleterre prend une décision étrange : il n'accorde pas le droit de vote aux femmes, mais les oblige à aller voter à chaque élection sous peine de sanctions...

Ce recueil comporte une trentaine de nouvelles qui sont autant de petits récits, de tableaux, d'historiettes ou de contes écrits d'une manière fluide et délicate et épicés d'un humour très particulier, fait d'un mélange d'ironie, de dérision et même d'une certaine philosophie aussi élégante que détachée. Saki, de son véritable nom Hector Hugh Munro, a une élégance de style qui l'apparente avec Wodehouse pour l'humour british et avec Saint Exupéry pour le côté naïf et rêveur type « Petit Prince ». En effet, Saki se sert énormément des animaux pour dénoncer les travers des hommes. Avec une fausse naïveté confondante, il arrive à imaginer des situations souvent absurdes et presque toujours poétiques qui font de ces nouvelles de charmantes chroniques à déguster sans modération. Le lecteur y trouvera un tableau intéressant de la vie de la gentry britannique, des occupations et des passions des aristocrates désoeuvrés et des gentlemen farmers désabusés de la Belle Epoque. Tous les textes sont impeccablement écrits. Certains atteignent même aux rivages du fantastique comme « Les Ministres de la grâce » où Saki imagine ce que donnerait la gestion du pays si elle était confiée à des anges voire à la beauté de la fable avec « La réforme de Groby Lington » sur le thème de la ressemblance osmotique entre l'humain et son compagnon animal. A lire, même à un siècle de distance...
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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