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3.22/5 (sur 9 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Thibaut d'Anthonay est un spécialiste de la littérature française du XIXème siècle.

De formation littéraire, Il a consacré à l'écrivain Jean Lorrain (1855-1906) une thèse, qu'il a soutenue en Sorbonne en 1997.

Outre plusieurs rééditions de cet écrivain, publiées à La Table Ronde, il lui a consacré deux ouvrages : "Jean Lorrain, barbare et esthète" (essai biographique, Plon, 1991, prix de l'Académie des Beaux-Arts et Belles-Lettres du Pays de Caux, 1992) et "Jean Lorrain, Miroir de la Belle Époque" (biographie, Fayard, 2005, bourse Goncourt de la biographie 2005 et prix Marcel Thiébault de la SGDL).

En 2010, il a co-écrit, avec Patrick Tudoret, une comédie dramatique intitulée "L'Entrevue de Taormine" - un face-à-face entre Oscar Wilde et Jean Lorrain -, qui a fait l’objet de plusieurs lectures publiques et a été créée au Lucernaire, à Paris, en 2015.

En 2014, il a publié, chez Albin Michel, "Le Baron de Beausoleil", un roman de cape et d’épée qui a été couronné par les "Lauriers verts" du roman historique de la Forêt des livres.

En 2016, il a publié chez Albin Michel le deuxième volet des aventures du Baron de Beausoleil, intitulé "Le Baron de Belsolles".

Thibaut d'Anthonay est secrétaire général de la Société des amis de Jean Lorrain, depuis sa fondation en 1996. Il fut également président-délégué de l'association Lorrain 2005-2006, qui a organisé les commémorations liées au cent-cinquantenaire de la naissance de l'écrivain et au centenaire de sa mort.
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Bibliographie de Thibaut d` Anthonay   (4)Voir plus

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
C’était le seizième jour de novembre de l’an de grâce 1641. Comment pourrait-il jamais l’oublier ? Ils venaient de se disputer, sa sœur Anne et lui, pour une vétille, par désœuvrement. Car le ciel morne de cette après-dînée les avait tenus enfermés tout le jour, remettant de nouveau l’excursion au hameau d’Auteuil promise par leur mère au début de la semaine. Leur contrariété allait grandissant, à l’ombre grelottante des toits de cette ville que le soleil dorait trop rarement. Cette cité qu’ils avaient détestée dès leur arrivée, en vertu de leur instinct d’enfants, et qui ne le leur rendait que trop en plombant son ciel, par le déclin du jour dès cinq heures après dîner, et le froid térébrant qui envahissait les venelles, s’infiltrant sous les porches des demeures pour souffler son haleine glacée jusque dans les appartements. Leur hôtel, sis au milieu de la rue Guénégaud, semblait gagné par l’engourdissement et, malgré les flambées qu’entretenaient les domestiques, les deux enfants ne parvenaient pas à se réchauffer dans leur épaisse vêture.

Leurs parents s’étaient reclus dans leur cabinet de travail, leur collation à peine achevée, ainsi qu’ils avaient accoutumé de le faire depuis quelques jours, sans même leur accorder un instant, s’en remettant aux soins de leur gouvernante pour les distraire. Ces derniers temps, des éclats de voix de leurs père et mère retentissaient jusqu’à leur étage – le second –, situé juste au-dessous des combles où logeait la domesticité. Heurts inhabituels, en vérité, leurs parents ayant toujours vécu dans la concorde et l’harmonie, jusque dans leurs travaux qui absorbaient le plus clair de leurs jours.

Lorsqu’il remonte l’écheveau de ses souvenirs d’enfant de dix ans, résonnent à ses oreilles certaines bribes de leurs conversations qui leur parvenaient par l’escalier, se répercutant de marche en marche. Son père reprochait à sa mère un opuscule qu’elle avait publié, l’année précédente, et qui semblait leur causer à présent de graves alarmes. Non pour les dépens qu’il avait occasionnés, mais bien davantage parce qu’il redoutait que cet écrit ne mît leur liberté en péril, en raison de ce que venait de leur révéler leur avoué, la semaine précédente.

Dès lors, et jusqu’à cette funeste journée, l’humeur de leurs parents, d’ordinaire enjouée et affectueuse, s’était assombrie en proportion du froid et de la nuit qui envahissaient, peu à peu, toutes les pièces de leur demeure, tissant les fils invisibles du malheur qui allait enserrer dans ses rets leur famille pour longtemps.

Le jour fuyait donc cette triste cité, comme honteux de ne l’avoir éclairée que quelques heures durant, et ils ressassaient, sa sœur et lui, l’ajournement de leur visite à l’oncle Matthieu, là-bas, dans le parc de sa maison d’Auteuil. Sans s’en douter, ils partageaient déjà l’angoisse de leurs parents, qu’ils s’essayaient à dissiper en de vaines querelles. Ils se tenaient à l’étage, dans le boudoir attenant aux appartements de leur mère, qu’ils prisaient en raison de ses dimensions qui permettaient de le mieux chauffer.
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Il l’entendit s’adresser à sa sœur, alors que des martèlements de bottes montaient de l’escalier et que la voix de son père apostrophait les cavaliers qui investissaient l’hôtel :

« Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? En vertu de quoi vous autorisez-vous… »

Mais la voix de sa mère couvrit ses dernières paroles :

« Anne ! Gagnez les toits ! Fuyez par une faîtière, hâtez-vous ! »

Le premier estafier parvenait à l’étage, car Hadrien entendit distinctement ses injonctions à l’adresse de sa mère, à travers l’enfilade des pièces.

« Halte-là, madame, par ordre du Cardinal ! L’hôtel est cerné ; ne tentez pas de vous soustraire à sa justice ou il vous en cuira ! »

En une tentative désespérée de gagner du temps, sa mère dut s’essayer à lui barrer le passage, car des bruits de bousculade s’ensuivirent.

« Comment osez-vous, ruffian ! proféra-t-elle d’une voix altérée par la colère. Anne, au nom du Ciel, hâtez-vous, je vous en conjure…

– Mère, non, mère ! Que vous font-ils ? Laissez-la ! Mais laissez-la donc ! »

Redescendue à l’étage, la pauvre enfant avait sans doute voulu s’assurer du salut de sa mère et, dans un élan irréfléchi, s’était jetée sur ses assaillants de toutes les forces de ses petits bras pour tenter de l’en délivrer. À présent, les cris de sa mère se faisaient déchirants et, à la suite d’une courte lutte, dont l’issue n’était que trop certaine, Hadrien l’entendit pleurer, tandis que des voix d’hommes, mi-goguenardes, mi-irritées, ponctuaient la fin de leur exploit guerrier, et que la troupe s’assurait de ses prisonnières.

« Fouillez la maison ! Il nous faut tous les emmener ! Ordre du Cardinal ! »
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Ils se regardèrent un instant, Anne et lui, et jamais il n’oublierait la surprise aperçue dans ses yeux, qui devait se muer en une lueur de terreur lorsqu’ils entendirent les premiers cris de leur mère.
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« Nous sommes faits de l’étoffe de nos rêves. »

Shakespeare
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