Ces jeunes intellectuels, n’ont jamais connu l’assaut où tu te traînes épuisé dans la boue jusqu’aux genoux, tu voudrais bien courir jusqu’à ce bout de mur qui te protégera, mais tu n’as pas dormi depuis, oh ! combien de jours et tu chies dans ton pantalon de peur et de dysenterie.
Les fervents qui se levaient tôt à l’aube pour prier n’en continuaient pas moins à travailler puisqu’il était entendu que les pratiques religieuses ne devaient apporter aucun désordre dans la vie civile.
Finies les blagues stupides du genre : les sahariens sont devenus communistes, maintenant ils importent du sable ! Ou encore : Tu sais qui étaient les premiers communistes ? – Euh… ? – Adam et Eve, ils étaient tout nus, une pomme pour deux, et ils se croyaient en Paradis ! Le monde entier, Allemands, Japonais, Esquimaux, Anglais, Brésiliens, basculera dans le camp de la Russie Soviétique. Après ? Samsonov, Ibrahimov, Charagan ? Qui voudra ! J’ai semé, il récoltera !
L’Amérique, l’Europe seront privées des matières premières nécessaires aux technologies de pointe et aux programmes militaires, nucléaires et spatiaux. Elles viendront nous manger dans la main.
La parapsychologie ? C’est une sorte de fourre-tout où les ignorants entassent des tas de choses différentes : télépathie, télékinésie, voyance, médecines parallèles, recherches sur l’aura, la bioénergie, l’effet Kirlian, etc. Je suis bien placé personnellement pour être au courant de tout ça.
Avec les musulmans, il faut quand même faire attention. Ils s’énervent parfois à l’époque du Ramadan…
Notre formation souffre apparemment de lacunes. La Sécurité d’Etat ignore la Magie Noire. Nous ne pouvons plus envisager un protocole de coopération technique avec la Sainte Inquisition Espagnole.
Il était la main, l’oreille et les yeux du Secrétaire Général du Parti, grand invalide de guerre, myope, arthritique, dur d’oreille. Affligé de somnolences fréquentes. Et la mémoire… hé, la mémoire… la recherche agaçante d’un mot, d’un nom à mettre sur un visage, les dates qu’on oublie, la parole qui s’embrouille…
Bah, nous mourrons tous un jour.
Le soir du premier jour de marche, ils firent étape dans une ville qui célébrait avec turbulence la fête du Houli. Des troupes de musiciens faisaient un charivari de tous les diables avec des cymbales, des tambours, des cors et des conques, des gaillards à demi nus tiraient des coups de mousquets en l'air, des gamins et même des hommes mûrs se dandinaient dans des danses grotesques et se battaient à grands seaux de peinture, une sacrée kermesse pour tout le monde, même le simple passant se faisait copieusement arroser.