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Citations de Abû-Hâmid Al-Ghazali (71)


Les lumières des pensées intimes illuminent le comportement extérieur, l'ornent, l'embellissent et remplacent les qualités détestables et mauvaises par celles qui sont excellentes. Celui dont le cœur n'est pas humble, ses membres ne le seront pas. La beauté de l'éthique prophétique ne se répand pas sur celui dont la poitrine n'est pas un tabernacle pour les lumières divines.
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L’origine de l’orgueil est donc le caractère renfermé dans l’âme, et il s’agit d’un penchant et du plaisir éprouvé lorsqu’on se fait une bonne opinion de soi. Et qu’on se juge supérieur à celui vis-à-vis duquel on manifeste son orgueil.
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Que le but du disciple soit d'orner son être intérieur de la vertu spirituelle, dans l'espoir de se rapprocher de Dieu, et de s'élever vers le Royaume des Cieux parmi les Anges et les Élus rapprochés. L'étudiant ne doit, à travers son apprentissage du savoir, ni viser l'argent et le pouvoir, ni chercher à disputer avec les idiots, ni essayer d'épater ses semblables. Si c'est bien la proximité divine qu'il a effectivement en vue, l'élève étudiera et recherchera la science qui est la plus conforme à son objectif : la science de l'Au-delà. Cela dit, il ne doit par pour autant mépriser des sciences comme les fatwas, la grammaire et la langue, qui sont liées au Livre saint et à la Tradition du Prophète.
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Liminaire :
A Nom de Dieu, celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux.
Louange à Dieu !
Sa Clémence englobe toute chose ; Son infinie Miséricorde récompense les hommes, en se souvenant de ceux qui se souviennent de Lui. Il dit : "Souvenez-vous de Moi, Je Me souviendrai de vous" (Coran, II, 152).
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Louanges à Dieu qui crée et ressuscite, et qui fait ce qu'Il veut,
Lui qui est le Glorieux Maître du Trône,
dont la rigueur est implacable !
Guidant Ses serviteurs purs sur la voie orthodoxe et le chemin juste,
Il les gratifie du témoignage de Son Unicité,
et garde leur foi des ténèbres du doute et de l'hésitation.
Il les conduit à imiter l'exemple de Son prophète élu,
et à suivre les traces de ses nobles Compagnons.
Il Se révèle à eux dans Son essence et dans Ses actes
par Ses plus belles qualités,
que seul peut saisir celui qui prête attention et contemple.
Il leur enseigne qu'Il est, en Son essence, Unique sans associé,
Seul sans égal, Absolu sans contraire, Solitaire sans pareil.
Il est l’Éternel Unique, sans rien avant Lui ni après Lui.
Il est l'Infini, l'Immuable, sans début ni fin, ni interruption.
Il était et demeure qualifié des qualités de Majesté.
Il n'est pas atteint par la segmentation ni par l'extinction
qui touchent et séparent les époques et les générations,
car, en vérité, Il est le Premier et le Dernier,
l'Apparent et le Caché, l'Extérieur et l'Intérieur.
Sa Science embrasse toutes choses.
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En entendant la parole de le Messager d'Allâh -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallam- : "Les Anges n'entrent pas dans une maison où il y a un chien", l'un gardera son chien chez lui en prétendant qu'il ne faut pas l'entendre à la lettre. Selon lui, cela signifie qu'il faut évacuer de la "demeure du cœur" le chien de la colère, qui interdit l'entrée de la connaissance, lumière angélique car "la colère dévore la raison".

L'autre, à la différence du premier, se conformera à la lettre du précepte, et ensuite seulement dira : "Le chien n'est point tel par sa forme concrète mais par la nature qu'il incarne, c'est-à-dire sa férocité et sa voracité. Et s'il faut protéger la maison, qui est la résidence de la personne corporelle, contre le chien sous sa forme concrète, à plus forte raison convient-il de protéger la demeure du cœur, ou réside la substance véritable propre à l'homme, contre les défauts qu'incarne le chien; je vais donc, moi me conformer à la fois à la lettre et à l'esprit du précepte."

Voila l'homme parfait, celui dont on dit : "L'homme parfait est celui chez qui la lumière de la Connaissance n'éteint pas la piété scrupuleuse". C'est pourquoi on ne le verra pas se permettre de négliger la moindre des limites tracées par la Loi, malgré la perfection de sa connaissance intérieure. C'est pourtant l'erreur de commise par certains de ceux qui ont suivis la voie spirituelle, et qui sont tombés dans l'antinomisme (ibâha), abandonnant une fois pour toutes la lettre des prescriptions légales. C'est ainsi qu'il y en a qui ne font plus la prière rituelle, sous prétexte qu'au fond d'eux-mêmes ils sont toujours en prière. C'est une erreur d'un autre genre encore, quand les plus stupides des antinomistes se complaisent dans des charlataneries telles que : "Allâh se passe de nos œuvres" ou "L'intérieur de l'homme est plein de choses immondes, dont il est impossible de se purifier", selon l'un d'eux, qui soutenait que, pour que l'ordre d'extirper la colère et la concupiscence, il ne fallait pas chercher à les éliminer. Tout ceci n'est que foutaises ! Mais en ce qui concerne la première erreur, on peut dire que, semblable à un pur-sang qui fait un faux pas, l'homme qui parcourt la voie spirituelle trébuche et tombe, tiré trompeusement vers le bas par Satan qui le jalouse.
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incipit :
Au nom de Dieu, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux. Seigneur ! Tu as répandu Tes bienfaits, ajoutes-y un surcroît de grâces !
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Le livre des vices de la langue fait partie de l'avant dernier tome de l'Ihya de Ghazali qui en compte quatre. L'auteur y décrit le mal que peut procurer la langue ainsi que ses causes, en s'appuyant sur le Coran, les traditions prophétiques et la sagesse des anciens.
Cet ouvrage revêt une importance capitale car dans bien des cas, les croyants oublient de se contrôler lorsqu'ils parlent d'autrui ou d'eux-mêmes et risquent ainsi de pécher souvent sans même en être conscients, tout comme ils ignorent ou ne se soucient guère du mal que leur langue peut procurer aux autres.
Ainsi, Ghazali insiste et nous explique de manière exhaustive quels sont les risques qu'encourent celui dont la langue fourche et fauche, ainsi que les moyens d'en être épargné.
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Étrange similitude entre la philosophie d'Al Ghazali et celle de Descartes, surtout en ce qui concerne la méthode, et plus précisément "le doute". Tout comme Descartes Al Ghazali a opté pour le Doute comme méthode, il a remis en cause tout le savoir humain et les connaissances acquises. Il a voulu, tout comme Descartes, fondé le savoir humain sur des bases solides, une évidence absolue.
Ils ont tous les deux douté de nos connaissances sensibles, les sens nous trompent, et puisque nos connaissances rationnelles se basent sur le sensible donc même celles-ci ne sont pas dignes de confiance…
Il n’y a qu’une seule vérité absolument vraie, selon Descartes, c’est le faite qu’il doute. Et s’il doute c’est qu’il pense, et s’il pense c’est qu’il existe. De la est né le fameux COGITO « Je pense donc je suis ».
Pour Al Ghazali, c’est Satan qui nous trompe, si non pourquoi nos sens nous trompe, et si Satan existe effectivement c’est que Dieu existe aussi, et sera donc le garant de nos connaissances.
Descartes, après avoir reprit son souffle au sein du COGITO, il s’est aperçu qu’il n’est qu’un esprit, qu’un être pensant, voir une pensée, il avait les pieds au mur, il était dans l’impasse. Et pour se faire, il lui a fallu trouver un garant pour la connaissance sensible, et ce garant n’était autre que Dieu. C'est-à-dire que les chemins des deux philosophes se sont croisés une fois de plus à ce point.
Conclusion : Descartes et Al Ghazali, ont tous les deux adopté le doute comme méthode, et sont arrivés à Dieu comme garant de toutes nos connaissances
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La noblesse de caractère (al-khuluq al-hasan) (...) s'avère après examen, n'être rien de moins que la moitié de la religion, le fruit des efforts fournis par les pieux serviteurs, et, le résultat de l'exercice spirituel pratiqué par les dévots. quant aux vices, ce sont des poisons mortels, de funestes écueils, des objets d'infamie, des sources patentes d'ignominie et des tares qui éloignent le serviteur du Seigneur des mondes, et le relèguent au rang des démons. Les vices sont la porte ouverte au "brasier de feu qui dévore les coeurs"(Coran 104:(5,6), les nobles vertus, quant à elles, sont la porte du coeur ouverte sur les jardins de la félicité et sur la proximité du Miséricordieux.
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Le Prophète était l’homme le plus magnanime, le plus courageux, le plus juste et le plus chaste. Sa main n’a jamais effleuré celle d’une femme sur laquelle il n’avait aucun droit, ni de celle qui n’était pas son épouse, ni de celle qu’il ne lui était pas interdit d’épouser. C’était l’homme le plus généreux. Ni dinar ni dirham ne demeuraient la nuit chez lui. S’il en restait, et qu’il ne trouvait personne à qui le donner, il ne rentrait pas chez lui le soir avant de l’avoir remis à qui en avait besoin. Il ne prenait des choses que Dieu lui accordait que ses provisions annuelles, et distribuait le reste de sa faible quantité de dattes et d’orge dans la Voie de Dieu. On ne lui demandait aucune chose sans qu’il ne la donne. Parfois, s’il ne trouvait rien à donner, il préférait partager avec autrui une partie de ses provisions annuelles [conservées pour sa famille], et dont il avait besoin. Il réparait ses sandales, raccommodait ses vêtements, aidait aux tâches domestiques et coupait la viande avec ses épouses. C’était l’homme le plus pudique et ne fixait jamais le visage des gens. Il répondait à l’invitation de l’homme libre et de l’esclave. Il acceptait les présents, même s’il s’agissait d’une gorgée de lait ou d’une cuisse de lièvre. Il les mangeait et récompensait celui qui les lui offrait. Il ne mangeait pas de ce qui provenait de l’aumône (al-sadaqa) et ne s’estimait pas trop important pour répondre à l’invitation des gens ordinaires et des pauvres. Il se mettait en colère pour Dieu et non pour lui. Il appliquait la loi même si cela était à son détriment ou à celui de ses Compagnons. Les incroyants lui offrirent leur concours pour en combattre d’autres, mais bien qu’il n’avait qu’une petite armée et qu’il avait besoin d’hommes supplémentaires, il dit : « Je ne veux pas de l’aide d’un incroyant dans mes conquêtes. »

L’un de ses meilleurs et des plus vertueux Compagnons fut trouvé assassiné chez les Juifs, mais il ne se précipita pas ni n’excéda dans la sentence. Il accepta cent chamelles en guise de réparation pour le sang versé, bien que ses Compagnons aient besoin d’un chameau pour se renforcer. Parfois, il serrait une pierre sur son ventre pour supporter la faim et d’autres fois il mangeait ce qui était présent, et ne refusait pas ce qui était disponible ni ce qui était licite. S’il ne trouvait que des dattes, sans pain, il les mangeait. S’il trouvait de la viande grillée, du pain d’orge ou de seigle, il les mangeait. S’il trouvait des douceurs ou du miel, il en mangeait; et s’il trouvait du lait, sans pain, il s’en contentait. S’il trouvait un melon ou des dattes fraîches, il en mangeait. Il ne mangeait jamais appuyé, ni sur une table (khuwān) et ses pieds lui servaient de nappe. Il n’a jamais mangé suffisamment de pain trois jours de suite, et ce, jusqu’à sa mort, par choix et non par pauvreté ou avarice. Il assistait aux fêtes, rendait visite aux malades, participait aux funérailles et marchait seul et sans escorte au milieu de ses ennemis. C’était le plus modeste des hommes, le plus silencieux sans être arrogant et le plus éloquent sans être exubérant. Il avait le plus bel aspect et ne redoutait rien de ce monde. Il s’habillait de ce qu’il trouvait, parfois un manteau ample qui lui couvrait tout le corps, un manteau yéménite, ou une bure en laine. Il portait tout ce qu’il trouvait permis. Son anneau était d’argent, et il le portait parfois à l’auriculaire droit et d’autres fois à celui de la main gauche.

Il faisait monter son serviteur ou d’autres en croupe et montait ce qu’il pouvait : un cheval, un chameau, une mule grise ou un âne. Parfois, il marchait pieds nus sans manteau, ni turban ni couvre-chef. Il se rendait à l’autre bout de la ville pour rendre visite au malade; il aimait les parfums et détestait les mauvaises odeurs; il s’asseyait avec les pauvres, mangeait avec les indigents, honorait les hommes vertueux pour leur caractère et se mêlait aux hommes de haut rang pour leur piété. Il rendait visite à ses proches sans les préférer à ceux qui avaient plus de mérite qu’eux. Il n’opprimait personne, acceptait les excuses, plaisantait en ne disant que la vérité, riait sans s’esclaffer, assistait aux jeux licites sans les désapprouver et faisait la course avec son épouse. Il se montrait patient envers ceux qui élevaient la voix contre lui. Il possédait une chamelle et des brebis et se nourrissait, ainsi que sa famille, de leur lait. Il n’a jamais mieux mangé ni s’est mieux vêtu que ses domestiques, mâle et femelle. Pas un moment de sa vie n’est passé sans qu’il n’ait accompli une œuvre pour Dieu (exalté soit-Il) ou une action nécessaire à dresser son âme. Il se rendait dans les jardins de ses Compagnons. Il n’a jamais méprisé un pauvre pour son indigence et son infortune, et ne craignait pas un roi pour sa puissance; il appelait l’un et l’autre à Dieu de la même manière.
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Assurément, il est possible d’aimer une belle image pour elle-même : la perception de la beauté étant en soi agréable, cette beauté peut donc être aimée en soi. Niera-t-on cela alors que la verdure ou l’eau qui court est appréciée, et que cela n’est pas nécessairement lié à l’envie de boire l’eau, de manger un fruit ou d’en tirer une quelconque jouissance autre que leur contemplation. L’envoyé de Dieu (paix sur lui) aimait la verdure et l’eau courante.

Toute personne de saine constitution aime voir un foisonnement de fleurs exubérantes ou un assortiment d’oiseaux aux plumages bigarrés. A tel point que les gens, à la simple vue de ces beautés, en oublient leurs maux et leurs soucis, sans pour autant convoiter quelque chose à travers elles.

Ces causes d’amour sont autant de sources de plaisir. Or toute source de plaisir est aimée ; et toute beauté et toute grâce procurent en leur perception un plaisir. Nul ne peut nier que la beauté soit naturellement aimée. Or s’il s’avère que Dieu est beau, Il doit nécessairement être aimé par quiconque découvre Sa beauté et Sa majesté, ainsi que l’a indiqué l’envoyé de Dieu : « Dieu est beau, et Il aime la beauté. » (p. 32)
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Le mot Allâh se compose de quatre lettres qui se ramènent à trois : le Alif (A), le Lam (L) et le Ha (H).

Le Alif (A) est une allusion à la subsistance de Dieu par Lui-même et son individualité par rapport à Ses créatures. En effet, le Alif ne se détermine par rapport à aucune des autres lettres ; de même Dieu ne se détermine pas par rapport à tout autre que Lui.

Le Lam (L) est une allusion au fait qu’Il est le Maître de toutes les créatures.

Le Ha (H) indique qu’Il est Celui qui de tout ce qui est dans les cieux et sur la terre : « Dieu est la lumière des cieux et de la terre. » (Coran, 24/35).

Et si tu veux, tu peux dire que Alif est une allusion à la familiarité de Dieu avec les créatures en les comblant de Ses bienfaits à travers les subsistances qu’Il accorde. Le Lam (L) est une allusion au jour de la création en se détournant de Dieu. Le Ha (H) est une allusion à l’éperdument de Ses saints dans l’amour et la passion, comme l’a dit le poète :

L’Alif est le signe de l’entende toutes les
créatures,
Le Lam est celui du reproche adressé au
réprouvé,
Le Ha est un Ha éperdu dans son amour
passionné par l’Un. Celui qui est adoré. (p. 54)
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La langue exerce sa fonction dans un champ très vaste, et son domaine ne connaît ni fin ni limite. Elle a un vaste territoire dans le bien, et des nuées dans le mal. Celui qui lui accorde pleine liberté, la néglige et lui lâche la bride se voit entraîner par le Diable dans tous les domaines ; il est alors conduit au bord d'un précipice et contraint à la perdition (al-bawâr). Les gens ne sont précipités sur leur nez en enfer qu'en raison de ce que leurs langues ont semé.
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Ce que Dieu accorde aux gens ne peut leur être ôté. Or cette miséricorde est diffuse par le fait de la libéralité et de la générosité du Très-Haut. Il ne la refuse à personne. Néanmoins, elle se manifeste dans les cœurs qui se prédisposent à recevoir les souffles de miséricorde divine, ainsi que l’indique la parole du prophète : « Dieu, en chaque jour qu’Il fait, dispense des souffles de Sa grâce. Prédisposez-vous donc à en bénéficier. » S’y prédisposer consiste à nettoyer et à assainir le cœur des impuretés et des souillures qui s’y accumulent par le fait des caractères blâmables, comme nous allons l’expliquer.

La générosité dont il est question est indiquée par la parole du Prophète : « Dieu descend chaque nuit vers le ciel de ce bas-monde, et dit : ‘’Y a-t-il des hommes qui invoquent, afin que Je les exauce ?‘’ » ; ainsi que dans cette autre tradition prophétique dans laquelle le Prophète rapporte les propos de son Seigneur : « Voilà longtemps que les hommes vertueux désirent me rencontrer, or Je désire les rencontrer plus ardemment encore. » ; ou encore dans cette parole du Seigneur rapportée dans une tradition prophétique : « L’homme se rapproche-t-il de Moi d’un empan que Je me rapproche de lui d’une coudée. »

Ces propos indiquent que les lumières des sciences ne sont pas voilées aux cœurs par l’effet d’une quelconque parcimonie ou d’une quelconque entrave de la part du Bienfaiteur. Il est bien au-dessus d’une telle attitude ! Mais elles sont voilées par l’effet des impuretés, des souillures et des préoccupations qui entachent les cœurs. Car ceux-ci sont semblables à des récipients : tant qu’un récipient est rempli d’eau, l’air ne peut y entrer. Aussi les cœurs préoccupés à autre chose qu’à Dieu ne peuvent-ils être pénétrés de la connaissance de la majesté du Très-Haut. C’est ce qu’indique la parole du Prophète : « Si les Démons ne tournaient pas autour des cœurs des hommes, ceux-ci verraient le royaume céleste. »
(…)
Ali pour sa part a dit, parlant symboliquement des cœurs : « Dieu, exalté soit-Il, a sur Sa terre des récipients : ce sont les cœurs. Ceux qu’Il affectionne le plus sont les plus délicats, les plus purs et les plus solides. » Puis il ajouta : « Les plus solides sur le plan religieux, les plus purs sur le plan doctrinal, et les plus délicats sur le plan fraternel » (…) par ailleurs, Zayd Ibn Aslam a dit au sujet de la parole de Dieu : « Dans une table gardée » (Coran, 85 : 22), qu’il s’agit du cœur du croyant. Comme nous l’avons vu, Sahl At-Tustari, quant à lui, disait que le cœur et la poitrine sont semblables au Trône et au Marchepied. (pp. 28-33)
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Sache que l’être humain est un résumé du monde : il comporte en lui un reflet de chaque forme présente dans le monde. Ainsi, ses os sont l’équivalent des montagnes, sa chair équivaut à la terre, ses cheveux équivalent aux plantes, sa tête correspond au ciel et les sens aux astres. Il serait long de développer ici toutes les correspondances.

De la même façon, on retrouve en l’homme les artisans du monde extérieur : la capacité de l’estomac correspond au cuisinier ; celle du foie au boulanger ; celle des intestins aux blanchisseurs ; la capacité de produire du lait blanc et du sang rouge correspond aux teinturiers.

Exposer tout cela en détail serait trop long. L’essentiel est que tu saches qu’il se trouve en toi bien des mondes différents qui s’affairent tous à ton service. Alors que tu en es insouciant, eux ne se reposent point. Tu ne les connais pas et tu n’es pas reconnaissant envers Celui qui t’en a comblé ! (pp. 84-86)
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Ce genre de science certaine, cependant, l’examen de mes
connaissances me montra que j’en étais dépourvu, sauf en ce
qui concerne les données sensibles et les nécessités de raison.
Je fus alors livré au désespoir, me trouvant incapable
d’aborder les problèmes autres que les évidences — celles des
sens et celles de la raison. Il me fallait clairement discerner la
nature de ma confiance dans les données sensibles et de mon
assurance d’être à l’abri de l’erreur dans les nécessités de
raison. Ces sentiments sont-ils analogues à ceux qu’éprouvent
la plupart des gens à l’égard des connaissances spéculatives?
S’agit-il, au contraire, d’une certitude sans illusion ni surprise?
Je m’astreignis donc à considérer les données sensibles et
les nécessités de raison, m’essayant à les mettre en doute.
J’en vins alors à perdre foi en les données sensibles. Et ce
doute m’envahissait, se formulant ainsi:
Comment se fier aux données sensibles? La vue, pourtant
le principal nos sens, fixant une ombre, la croit immobile et
figée et conclut au non-mouvement. Au bout d’une heure
d’observation expérimentale, elle découvre que cette ombre a
bougé, non pas d’un coup, mais progressivement, peu à peu,
de sorte qu’elle n’a jamais cessé de se déplacer. L’oeil regarde
une étoile: il la voit réduite à la taille d’une pièce d’un dinâr[1],
alors que les arguments mathématiques montrent que cet astre
est plus grand que la terre.
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La perfection humaine réside en cela : l’Amour de Dieu doit conquérir le cœur de l’homme et le posséder complètement, et s’il ne le possède pas complètement, il doit prédominer dans son cœur avant toute autre chose.
(…)
Quand l’ange de la mort vint pour prendre l’âme d’Abraham – que la Paix soit sur lui –, ce dernier dit : « As-tu déjà vu un ami prendre la vie d’un ami ? » Dieu lui répondit : « As-tu déjà vu un ami peu disposé de voir un ami ? » Alors Abraham – que la Paix soit sur lui – dit : « Ô Azraël, prends mon âme ! »

La prière suivante a été enseignée par le Prophète – que Dieu le bénisse et le salue – aux Compagnons : « Ô Dieu, accorde-moi de T’aimer, d’aimer ce que Tu aimes, et tout ce qui me rapproche de Ton Amour et fais que Ton Amour me soit plus précieux que l’eau fraîche pour étancher la soif ».
(…)
Tant qu’il est dans ce monde, l’homme qui aspire à la Vision de Dieu se trouve dans une condition comparable à celle d’un amoureux qui voudrait voir le visage de sa bien-aimée dans le crépuscule, alors que ses vêtements sont infestés de frelons et de scorpions qui le tourmentent continuellement. Mais le soleil se lèvera et dévoilera le visage de la bien-aimée dans toute sa beauté, et la vermine malaise cessera de le torturer. La joie de l’amoureux sera alors comme celle du serviteur de Dieu, qui, libéré du crépuscule et du tourment des épreuves de ce monde, Le contemplera sans voile.
(…)
Si son amour est réellement fort, il devra aimer tous les hommes, car tous sont des serviteurs de Dieu ; qui plus est, son amour doit embrasser toute la création car celui qui aime un poète aime les œuvres qu’il compose ainsi que son écriture. (pp. 127-128, 136, & 142)
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Les actions du Seigneur sont autant d’effets de Sa puissance : elles en sont le prolongement. Si bien qu’elles n’ont en réalité aucune existence si ce n’est par Lui. L’existence appartient donc à l’Un, le Vrai duquel procèdent tous les actes. Quiconque a conscience de cela, ne voit en les actions que l’Agissant. Il ne considère pas les réalités accidentelles en tant que ciel, terre, animal ou arbre, mais en tant qu’œuvre de l’Un réel. Son regard ne s’arrête pas sur ces altérités. Il est comme un homme qui admirerait un poème, bien calligraphié et sublimement composé, et n’y verrait que le prolongement du poète, du calligraphe et de l’auteur ; qui ne considèrerait ces traces que comme traces et non comme encre, comme feuille ou comme écrit noir sur blanc ; il ne verrait en somme que l’auteur.

Toute l’existence est l’œuvre du Très-Haut. Aussi, quiconque la considère en tant qu’acte divin, la connaît en tant qu’acte divin et l’aime en tant qu’acte divin, ne regarde qu’en Dieu, ne connaît que par Dieu, et n’aime que pour Dieu. Seul un tel homme sera dument appelé adepte de l’unicité divine, qui ne voit que Dieu. Plus encore, un tel homme ne se voit pas lui-même en tant que personne, mais en tant que serviteur de Dieu. C’est de lui que l’on peut dire qu’il s’est annihilé dans l’unicité, et qu’il a fait abstraction de lui-même. Quelqu’un a dit en ce sens : « Nous étions avec nous, puis nous avons fait abstraction de nous-même au point de demeurer sans nous. » (p. 103)
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Les sages (ârifûn) s'élèvent depuis le bas de l'existence métaphorique jusqu'à la cime de l'existence vraie. Alors ils ont parfait leur ascension spirituelle et ils ont vu par la contemplation de visu (al-muchâhada al-iyâniyya) qu'il n'y a dans l'existence que Dieu, et que « toute chose est périssable sauf Sa Face ». Non pas que la chose devient périssable à un certain moment, mais au contraire qu'elle est périssable éternellement et perpétuellement, et qu'elle ne saurait être conçue qu'ainsi. En effet, toute chose autre que Lui, considérée dans son essence et en tant que telle, est pur néant. Tandis que, si l'on considère la face (wajh) par laquelle l'existence se communique à elle à partir de l'Un vrai, on la voit comme existante, non pas dans son essence mais par la face de son existentiateur, de sorte que l'existant est uniquement la face de Dieu.
(...)
Les sages, après s'être élevés jusqu'au ciel de la Vérité, sont d'accord sur le fait qu'ils n'ont vu dans l'Existence que l'Unique, le Réel (al-Haqq). Mais pour les uns cet état de conscience (hâl) n'est qu'une connaissance apprise, pour les autres c'est une expérience intérieure personnelle (dhawqî). La multiplicité est alors, pour ces derniers, entièrement supprimée et ils sont abîmés dans la pure unicité (fardâniyya), l'esprit comme frappé de stupeur, incapables de se souvenir d'un autre que Dieu et incapables de se souvenir d'eux-mêmes. Il n'y a en eux que Dieu, et ils sont dans un état d'ivresse (sukr) qui réduit leur raison à l'impuissance. C'est ainsi que l'un d'eux a pu dire : « je suis la Vérité » (anâ-l-Haqq), un autre : « los à moi ! que ma gloire est grande », et un troisième : « il n'y a sous ce manteau que Dieu ». Les paroles des passionnés de Dieu (uchchâq), dans cet état d'ivresse, sont à tenir secrètes et à ne pas répéter.
(...)
Quand cet état finit par l'emporter, on l'appelle, eu égard à celui qui en est le siège, « extinction » (fanâ), et même plus exactement « extinction de l'extinction » (fanâ al-fanâ), car il est « éteint » à lui-même et « éteint » à sa propre « extinction ». En effet, dans cet état il n'est pas conscient de lui-même, et il n'a pas non plus conscience de ne pas être conscient de lui-même, car s'il avait conscience qu'il n'est plus conscient de lui-même, c'est qu'il serait encore conscient de lui-même ! Un tel état, relativement à celui qui s'y trouve plongé, n'est appelé « identification » (ittihâd) que par abus de langage, alors que son véritable nom est « réduction à l'Unité » (tawhid). Mais se cachent derrière ces vérités d'autres mystères, qu'il serait trop long d'aborder. (pp. 52-55)
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