Am 5. März 2013 stellte Abbas Khider seinen dritten Roman im Literaturhaus Frankfurt vor. Im Gespräch mit Moderatorin Melanie Amann erklärt er, worum es in "Brief in die Auberginenrepublik" (Edition Nautilus) geht.
Trois vieilles dames en robe et voile noirs traditionnels d'Irak sont assises dans le passage. La première vend des cigarettes, des graines de tournesol et des chewing-gums, la seconde des montres et des bracelets, et la dernière des sandales en plastique. Cette vision du centre d'Amman me remplit de tristesse. Je me demande comment je réagirais si une de ces femmes était ma mère, ma femme ou ma soeur. Nous Irakiens, n'avons vraiment pas mérité de mener une vie aussi misérable sur cette Terre. Je te maudis, Saddam, pour tous tes crimes ! Et je te maudis, Amérique, pour toutes les guerres et pour cet éternel embargo économique qui a fait de nous des esclaves. (p.64)
Atteindre un haut degré d'indifférence et prendre les choses comme elles viennent. Dans l'absence de réflexion, l'indifférence et la facilité, on peut aussi trouver son espace de liberté
Chez nous, il n’y a presque rien à manger. Depuis l’embargo nous n’avons plus vraiment le choix. On ne fait que manger des aubergines. Les jeunes Irakiens ont trouvé un nouveau surnom à notre pays : “la République des Aubergines”. Toute l’année on se nourrit exclusivement de ce légume. Ma femme tente à chaque fois de créer des nouveaux plats à base d’aubergines : boulettes d’aubergines, soupe d’aubergines, aubergines vapeur, grillées ou sautées. Même la peau des aubergines, elle en fait des chips. Elle surnomme les aubergines “reines de la cuisine” ou “stars de la poêle”.
"_ Tu as vraiment vu le portrait de Saddam dans la lune, en 1991, lorsque la guerre a éclaté ?
_ Oui, je le jure sur le Prophète et sur le Coran. De mes deux yeux qui ne vont plus tarder à se faire déloger de leur orbite par une armée de fourmis dans la tombe. Dieu est mon témoin. Le ciel était rouge, presque brun, et Saddam souriait dans la lune argentée, autour de son visage une auréole de lumière. Tel un saint, un sage prophète."
L'histoire n'est pas linéaire, c'est une suite aléatoire et vicieuse d’événements agréables et insupportables.
Depuis l'embargo nous n'avons plus vraiment le choix. On ne fait que manger des aubergines. Les jeunes Irakiens ont trouvé un nouveau surnom à notre pays : "la République des aubergines". Toute l'année on se nourrit exclusivement de ce légume.
La légitimité de notre histoire réside sûrement dans le fait qu'elle n'est ni légitime ni illégitime. Elle n'est qu'une histoire mésopotamienne... (p.133)
La légitimité de notre histoire réside sûrement dans le fait qu'elle n'est ni légitime ni illégitime. Elle n'est qu'une histoire mésopotamienne
La précipitation est l'oeuvre du diable
Chez vous, c'est la merde et chez nous aussi. Ici, on nous pisse dessus et vous, on vous chie dessus. Nous nageons tous les deux dans les excréments puants de la politique pestilentielle. Bref, on vit tous à une époque de merde. (p.70)