AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Abdelkader Djemaï (80)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La bataille du rail : Cheminots en grève, écriv..

36 auteurs pour autant de nouvelles, illustrés par les dessins de Mako.

36 auteurs engagés, car cet ouvrage polyphonique n'a qu'une seule ligne éditoriale : celle de défendre les services publics, un certain « idéal de solidarité »

concrétisé ici par le train dans la tourmente de cette nouvelle « bataille du rail ».



36 pierres apportées à l'édifice d'une lutte, puisque les droits d'auteurs sont entièrement reversées aux caisses des grévistes contre cette réforme ferroviaire 2018.

À chacun d'en juger la nécessité bien sûr, mais il fallait le préciser, car il ne s'agit pas ici d'un don seulement caritatif, mais profondément politique.



Bien sûr, ces nouvelles sont très différentes, et parfois inégales, mais toutes réussissent la gageure de parler à nous tous, qui avons en commun cet « imaginaire du rail».

Comme Didier Daenincks dont « le sang noir du monde ferroviaire coule dans [s]es veines. »



Lu en juillet 2018.
Commenter  J’apprécie          10611
Mokhtar et le figuier

Dans Mokhtar et le figuier, roman, court, sobre, tout en délicatesse, Abdelkader Djemaï raconte l’histoire d’un enfant, Mokhtar, qui grandit dans l’Algérie des années 1950, nous suggérant et nous laissant entrevoir les signes annonciateurs de la guerre, jusqu’à l’indépendance en 1962.

L’enfant passe ses premières années dans une modeste maison auprès de ses parents et grands-parents dans un petit village, un douar. Il décrit cette vieille bâtisse, son puits, le four en boue séchée dans la courette, près du figuier. Ce figuier aux deux récoltes annuelles, sous lequel son grand-père Kouider fait la sieste et que sa grand-mère Aïchouche lui a présenté un matin comme un membre de la famille, pour sa bonté et sa générosité.

Lassé de louer çà et là ses bras, le père de Mokhtar décide de quitter le douar des Ouled Ahmed. C’est dans une charrette tirée par un mulet que Mokhtar et ses parents prennent donc la direction de la grande ville pour s’installer dans une pièce louée dans un haouch.

Toujours très observateur, le jeune garçon s’habitue rapidement à son nouvel environnement et sera le premier enfant de sa lignée à franchir le portail d’une école, découvrant alors, outre la mer, le cinéma ou le hammam, la lecture et l’écriture.

Un après-midi, alors que Mokhtar est dans ses cahiers, sa mère prend son stylo et aligne dans la paume de l’enfant les huit lettres de leur patronyme : un pacte silencieux venait d’être signé, celui d’y ajouter d’autres lettres, d’autres mots, d’autres phrases…

À hauteur d’enfant, Abdelkader Djemaï nous restitue l'Algérie à la veille de l'indépendance.

Il décrit le quotidien, l’extrême simplicité et sobriété de cette vie à la campagne avec ses fêtes et moult images odorantes. Très simplement et avec habileté, il fait cohabiter des scènes de vie très sombres, comme les hivers où les paysans doivent affronter la boue et le vent dans des conditions plus que difficiles avec d’autres très lumineuses comme celle où l’on découvre les remèdes utilisés par Aïchouche pour soigner la famille et le secret confié à Mokhtar…

À la vie rude, dure de ces fellahs qui doivent courber l’échine pour survivre, il brosse en parallèle le portrait de Manhès, le puissant propriétaire alsacien du domaine, qui en loge et en fait travailler une soixantaine sur les centaines d’hectares qui avaient appartenu à leurs aïeux avant la colonisation, qui parade, juché sur son pur-sang et qui reçoit régulièrement les notables de la région. Une colère sourde latente qui ne tardera pas à s’exprimer…

En ville, les habitants du quartier et les locataires du haouch ne trouvent pas vraiment leur place et restent entre eux quand ils ne sont pas sur leurs lieux de travail.

En plus d’un quotidien difficile, le renforcement des barrages sur les routes par l’armée, le bourdonnement des hélicoptères et la danse des convois militaires...

Sans trop savoir, sans trop comprendre, Mokhtar entend parler du maquis, des commentaires sur « La voix libre de l’Algérie libre et combattante », une émission que le FLN émettait en soirée, depuis la capitale égyptienne…

C’est à travers des images, des odeurs, des sons, des souvenirs, que sont évoquées, et le plus souvent seulement suggérées, ces années allant des prémices de la guerre jusqu’à l’indépendance. Une concentration de sensations dans un récit d’une extrême concision.

Inoubliable figuier, figure centrale du roman, personnage à part entière, dont Mokhtar imagine les racines courant sous la terre et se perdant dans son grand ventre, et ses branches pareilles à de longs bras aux coudes noueux et à la peau légèrement grise et devant sans doute toucher le ciel. Quelque peu effrayant pour le jeune enfant, mais rassurant par la saveur de ses délicieuses figues violettes !

Cet arbre est le témoin et en quelque sorte le socle de la famille, le gardien des souvenirs enterrés à son pied.

En honorant le pacte silencieux, Abdelkader Djemaï nous offre sans jamais tomber dans le pathos un roman touchant, sensible, émouvant, délicieux et poétique à souhait où tout est dans le détail, l’attention au quotidien.

Mokhtar et le figuier se lit comme un conte dans lequel Mokhtar a survécu à la misère, au colonialisme, à la guerre et a appris à lire et à écrire, cette écriture qui le sauvera et nous enchantera.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          914
Mokhtar et le figuier

Voici un ouvrage qui porte merveilleusement bien son nom et qui a été mon coup de cœur de cette rentrée littéraire 2022. Ce roman a toutes les caractéristiques de ce bon fruit que l'on aime manger à la fin de l'été dans nos régions méridionales. Une fois ouvert, on découvre une chair tendre, sucrée et toutes ses saveurs subtiles explosent à chacune de nos bouchées...

Comme l'attente de la saison des figues, j'ai toujours hâte de découvrir les sorties proposées par les Éditions du Pommier car les livres lus sont toujours synonymes de coups de cœur.

Dans ce court roman se situant dans une Algérie des années 1950, on fait la connaissance de Mokhtar, un jeune garçon qui va quitter la campagne pour partir avec sa famille s'installer à la ville. Ouvrage touchant, pudique et d'une grande sensibilité, on découvre une époque à travers les yeux d'enfants du personnage. Il ne vous faudra que la lecture de quelques pages pour être emporté dans ce récit et vous attacher au jeune Mokhtar.



Je tiens à remercier vivement Le Pommier pour m'avoir fait découvrir ce très beau texte à la couverture magnifique. Je suis heureuse d'avoir pu découvrir au travers de cette histoire son auteur, Abdelkader Djemaï dont j'ai beaucoup aimé la plume.
Commenter  J’apprécie          451
Le nez sur la vitre

Dans ce récit bref fort , puissant , dense et riche en émotions

le père d 'une famille franco-algérienne tente par des lettres écrites par sa fille cadette d 'avoir des nouvelles de son fils aîné incarcéré .Mais le fils n 'a répondu à aucune d 'elles .

L 'anxiété et l 'angoisse du père de viennent de plus en plus fortes .A la longue , ce dernier décide de lui rendre lui-même visite en prison et discuter avec lui .

Par une matinée ,le père prend l 'autocar et part vers la prison .On relève que c 'est un bon observateur car rien ne lui échappe de l 'attitude et des gestes des voyageurs qui sont avec lui : des jeunes , des hommes , des femmes mais son attention est retenue surtout par un couple de vieux et la tendresse qui les unit .Touchant !

Au cours du voyage , les souvenirs de ce qu 'il était et ce qu 'il a vécu au bled .La colonisation ,le guerre , la misère ,la faim , le chômage ,l 'analphabétisme . Son père sérieusement malade Il pense aussi à se venue en France à la recherche d 'un travail .

Il pense aussi à son mariage et son installation définitive

au pays d 'accueil . Son amour pour son métier dans une papeterie .On apprend beaucoup sur cet homme : sa modestie , son sérieux , sa ponctualité et la satisfaction

qu 'il donne à son employeur .

Bientôt , il sera sexagénaire .I la quatre enfants dont trois garçons et une fille .Les enfants se sont bien intégrés à la

société sauf le fils aîné .Entre ce dernier et le père ,il n 'y a

pas de communication .Remontant loin dans ses souvenirs , le père nous disait que lui aussi parlait peu avec son

père .Es-ce un atavisme ? Mais on doit savoir que dans notre société ce peu de communication est dû à la pudeur

Une extrême pudeur existe qui fait que les enfants et surtout les jeunes ne peuvent aborder facilement leurs pères et leur exposer leurs problèmes .Mais maintenant

les rapports entre les parents et leurs enfants ont bien , bien évolué .La télévision , les portables ,l 'éducation etc...

Arrivé du père : la rencontre du père et du fils est inattendu et très émouvante .

Un très bon et beau roman .

Commenter  J’apprécie          402
Le nez sur la vitre

Le nez sur la vitre est un très court roman mais tellement intense ! On y fait la connaissance d'un homme qui part, pour retrouver son fils qui ne répond plus a ses lettres. Le trajet en car est l'occasion pour lui de faire le point sur sa vie, de remonter le fil de ses souvenirs, de comprendre pourquoi sa relation avec son fils s'est détérioré.



On tourne les pages très rapidement car on veut savoir. Et puis l'écriture de l'auteur est très agréable. C'est ma première rencontre avec lui mais j'ai maintenant très envie de découvrir ses autres romans.



Et puis surtout cette fin, qui m'a tant touché, bouleversé, a laquelle je ne m'attendais pas. Je n'en dirais pas plus pour ne pas gâcher le suspense mais on referme forcement le livre avec beaucoup de tristesse.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
Commenter  J’apprécie          351
Mokhtar et le figuier

j'aime les figues, et celles que donne le figuier de Mokhtar ont 'une saveur exceptionnelle... COUP DE COEUR ..

Mokhtar a tenu sa promesse: " raconter, plus tard, le monde des siens dans lequel il n’avait pas fini de grandir. Il n’oublierait pas non plus d’évoquer les gens du haouch. Jamais il n’avait entendu ses parents, qui s’aimaient en silence, dire du mal d’eux.

Il savait qu’il lui faudrait, un jour, honorer le pacte silencieux qui l’avait lié à sa mère un après-midi d’hiver : celui d’ajouter d’autres mots, d’autres phrases, d’autres lettres aux huit qu’elle avait lentement tracés sur la paume de sa main droite. "



Années 50, en Algérie, Mokhtar est encore tout gamin quand il quitte la campagne où il est né pour aller vivre en ville avec ses parents. Ses yeux d'enfant enregistrent les images, les odeurs, les sons, le monde autour de lui, les prémices de la colère ... et Abdelkader Djemaï honore la promesse de Mokhtar.. magique.





Commenter  J’apprécie          342
Mokhtar et le figuier

Déjà, parlons de la couverture qui est magnifique. Les couleurs, le graphisme, la superposition de ces figues que l’on s’imagine comme autant de petites madeleines de Proust. Et il y a en effet quelque chose de l’ordre du souvenir et de la nostalgie dans ce court roman d’une centaine de pages. Abdelkader Djemaï nous parle d’un enfant qui s’appelle Mokhtar et qui grandit dans l’Algérie des années 50. L’auteur est lui-même originaire d’Oran et est né en 1948. Je n’irai pas chercher plus loin des traces autobiographiques dans cette œuvre de fiction – même si les derniers paragraphes peuvent nous inciter à le faire –, mais j’ai été frappée, je dois le dire, par une impression très forte de sincérité. Dans une langue à la fois simple et poétique, le narrateur nous raconte l’enfance de Mokhtar à la campagne, évoque les coutumes familiales et se focalise sur l’infiniment petit et l’infiniment précieux : un chemin caillouteux, les lampes à pétrole, les osselets, les remèdes de sa mère Aïchouche et le figuier, bien sûr. Témoin imperturbable des événements, abritant sous sa terre les souvenirs sacrés de la famille, il est le symbole d’un enracinement profond qui perdurera même quand Mokhtar et les siens partiront pour la grande ville. Vraiment, c’est un roman très touchant que je suis contente d’avoir lu.


Lien : http://aperto-libro.over-blo..
Commenter  J’apprécie          310
Le nez sur la vitre

Je viens de terminer ce petit livre de 85 pages qui est un petit bijou.



Un père venu d'Algérie vit en France depuis longtemps. il aime ce pays où il a réussi a bâtir sa vie en travaillant dans une papetterie où il fait un travail qui lui plaît avec beaucoup d'ardeur, de fierté même. Il est marié, ses enfants réussissent bien dans leurs études sauf un qui est en prison.



Il lui écrit régulièrement via sa fille pour prendre de ses nouvelles et aussi pour tenter d'établir avec lui une vraie relation car il n'arrivait pas à communiquer avec lui. depuis quelques temps, son fils ne répond plus à ses lettres, et il s'inquiète, se pose des questions et décide d'aller le voir.



Il prend le car pour se rendre à la prison, avec lui vont voyager des personnes différentes auxquelles il prête une grande attention. Et ce voyage lui en rappelle un premier voyage en car "au pays" où il se rend chez son oncle en compagnie de son père malade. les souvenires remontent , les sentiments, les émotions cachées, ce père qu'il a perdu jeune et avec qui il n'avait pas assez partager par pudeur, timidité....



A chaque arrêt du car, des souvenirs continuent de remonter en parallèle avec ce qui se passe avec les autres voyageurs : un couple agé dont le mari est très attentif envers sa femme, en étant discret, tellment discret qu'on les oublie sur l'aire de repos...



Puis, un autre voyage remonte du fond de sa mémoire: le grand voyage, il va quitter l'univers de son enfance très pauvre dans "le pays" pour gagner la France avec sa mère. Il repense à ce qu'il a laissé derrière lui, à la mer qu'il voit pour la première fois avec émerveillemen, la traversée difficile à cause de la houle et l'arrivée dans le Suf-Est où il trouvera du travail.



Il repense à son mariage aussi avec tous les non-dits: on nedit pas assez aux gens qu'onles aime mais, on ne le lui a pas appris à montrer ses émotions.



Ce livre est minuscule mais extrêment puissant, plein de pudeur et d'amour et il m'a beaucoup secouée sur le plan émotionnel car on fait le voyage avec lui et on imagine la rencontre avec son fils ...... superbe du premier au dernier mot.



et une belle réflexion sur la relation père-fils : celle avec son père et celle avec son fils...
Commenter  J’apprécie          312
Mokhtar et le figuier

Un petit livre de 66 pages sur ma liseuse, vite lu, rempli de poésie, de tendresse, un très agréable moment de lecture, teinté de nostalgie.



En Algérie, dans les années 1950, Mokhtar vit heureux, entouré de sa famille, dans une modeste maison, un seul arbre trône dans leur jardin, autour duquel toute la vie de ce foyer tourne.



Un magnifique figuier près du coin cuisine, Il leur donne des fruits deux fois par an, de l'ombre pour que son père, puisse se reposer après le travail, il recueille les traditions familiales. C'est un phare vers lequel chacun se dirigera selon les joies, les peines ou les deuils. Il a aussi le pouvoir

de guérir.

" Pour chaque saison, Aïchouche avait des remèdes contre les tracas de santé de sa famille, qui n'avait jamais connu le médecin.

Avec le lait du figuier, elle lui avait enlevé la verrue qui poussait dru sur son mollet gauche.

Quand l'un des siens se plaignait de maux d'estomac, elle lui donnait à boire de la poudre de figues sèches bouillie avec l'eau du puits. Une eau à laquelle elle accordait,comme son mari, des vertus thérapeutiques."



Puis c'est le départ pour la ville. Sans trop de regret, Mokhtar n'est qu'un enfant, il découvrira le cinéma, l'école, la mer avec Kouider, son père, Aïchouche, sa mère, l'aidera pour ses devoirs.

Une chose qu'ils n'oublieront jamais c'est leur figuier, ancré à jamais dans leur mémoire et vers lequel chacun reviendra toujours.



Mokhtar nous raconte son quotidien à travers ses yeux d'enfant. Un récit très sensible et émouvant.

Commenter  J’apprécie          2510
Mokhtar et le figuier

C’est le genre de livre que l’on a envie de serrer fort sur son cœur. Voilà exactement ce que je me suis dit (et ce que j’ai fait) en terminant l’histoire de Mokhar. Une sensation difficile à expliquer mais sans doute liée à la candeur et la pureté qui se dégagent de ce texte.



A l'aube de l’indépendance algérienne, Mokhar quitte le douar où il est né, quitte ses grands-parents et quitte son figuier pour la ville. Ce figuier c’est l’arbre ancestral. Celui qui veille sur la famille. Celui où sont enterrés son placenta et son prépuce. Autour de cet arbre, il y a le désert, la misère et il y a surtout la fraternité du hameau.

La ville c’est une nouvelle vie, un immeuble, une école, des cinémas. Et la guerre bien plus proche…



La mémoire familiale et la mémoire de l’Algérie se mélangent à travers les yeux de ce gamin. Il ne se passe rien et il se passe tout. La banalité de deux styles de vie raconté d’une plume sans artifice mais où il ne manque aucun détail, aucune profondeur. On est au cœur de l’intime. C’est doux comme la nostalgie de l’enfance et dur comme les rapports entre l’Algérie et la France. C’est surtout d’une émouvante justesse.
Commenter  J’apprécie          240
La bataille du rail : Cheminots en grève, écriv..

Sortez de votre train-train et prenez avec moi, ce train de nouvelles, d'écrivains solidaires de cheminots en grève. Les droits du livre sont intégralement reversés en soutien aux grévistes.





Prévert écrivait : "Le train m'égare, la gare m'étreint." J'ai aimé le texte de Laurent Binet qui convoque le plus long générique de film, avec l'arrivée en gare, d'un train, d'où descend C.Bronson, dans "Il était une fois dans l'ouest." Tandis que H.Fonda essaie de prendre une locomotive, dans "Mon nom est personne". Cris Evans remonte des derniers wagons, avec des prolétaires révoltés ( les cheminots?) pour " Snowpiercer".



Vous rencontrerez peut être d'autres écrivains, dans les wagons suivants, pendant que "le train sifflera 3 fois". Lisez ce livre, et compostez votre billet " de soutien".
Commenter  J’apprécie          180
Le nez sur la vitre

Un homme traverse le sud de la France en bus pour retrouver son fils dont il n'a plus de nouvelles.

Une journée de voyage, dans laquelle le présent et le passé s'emmêlent: d'un côté, l'Algérie colonisée, en guerre, son mariage heureux, l'exil.

De l'autre, ses quatre enfants, une vie tranquille dans une petite ville française, mais la disparition de l'aîné qui ne répond plus aux lettres de la benjamine.



La simplicité et la brièveté de ce roman pourraient donner une apparence de légèreté mais dans tous les non-dits, on devine la vie quotidienne de cet homme analphabète qui ne maîtrise pas bien le français. Après trente d'ans d'exil, il est toujours étranger dans un pays qu'il ne connaît toujours pas, alors qu'il est celui de ses enfants. Deux mondes se complètent: l'actuel, avec ses pubs radiophoniques et ce petit couple de vieux qui se tiennent la main dans le bus, se montrent leur amour, et celui de l'Algérie en guerre.



C'est un portrait juste et touchant d'un homme que je croise moi-même tous les jours et que je comprendrai mieux maintenant.
Commenter  J’apprécie          160
Camping

Une relecture 15 ans après ma première, cet auteur découvert grâce à une rencontre organisée par mon lycée à l'époque, je me souviens avoir adoré la simplicité de ce monsieur.

C'est cette simplicité et cette fraîcheur que l'on retrouve dans ses écrits et notamment ici lorsqu'il nous raconte par ses yeux d'enfant de presque onze ans, ces vacances au camping de Salamane. L'atmosphère, la galerie de personnages de ce monde sur l'arête de la falaise, prend place dans un dernier été avant celui de cendres. Ce que j'aime chez cet auteur c'est que ses livres se répondent et s'enchaînent.

Ici, c'est l'histoire de souvenirs de gamin, d'une culture d'un autre temps, lointaine et pourtant aux accents de familiarité. L'histoire d'un premier amour aussi.

Drôle, touchant, poignant, un récit d'enfance comme on aime en lire pour se souvenir et savourer les petits riens qui font le tout. Et le camping laisse sa marque...
Commenter  J’apprécie          150
Un été de cendres

Une très juste chronique saisonnière tout en pudeur et en descriptions.

J'ai découvert l'auteur et le livre au lycée et quinze ans plus tard, la relecture m'a encore une fois plongée au coeur de la fournaise de cette ville dont le nom n'est pas précisé mais on est en Afrique du Nord (en Algérie même), c'est la guerre (laquelle ? après celle d'indépendance en tout cas). Ca sent les ordures et le sang. L'air est moite de peur. Et on suit cet agent de la Direction des statistiques qui s'accroche aux chiffres comme une bouée salutaire, une ancrage à la vie dans cette réalité qui fond sous les assauts de la chaleur et ceux des moustiques voraces.

Le style est simple mais efficace et immersif. C'est une tranche de vie sans prétention mais avec une grande sensibilité.

Court récit de vie qui, le temps d'une centaine de pages, vous embarque dans un autre lieu, un autre temps.
Commenter  J’apprécie          131
Un été de cendres

Sid Ahmed Benbrik est tombé en disgrâce à la Direction générale des statistiques , de ce fait il se voit relégué dans un tout petit bureau guère plus grand qu'un placard où il a décidé de vivre après la mort de sa femme.

On découvre à travers son regard la lente montée de la terreur, des fusillades, agressions et meurtres de cet été de cendres qui a envahi l'Algérie.

Il semble nous raconter ceci avec une façon assez détachée de ce qui l'entoure mais on devine à travers ses mots, ses phrases les sentiments douloureux qui l'animent et le bouleversent.

Sa fausse indifférence nous laisse à penser l'incommensurable douleur de voir son pays déchiré.

Commenter  J’apprécie          130
Mokhtar et le figuier

Le narrateur est un petit garçon prénommé Mokhtar. À travers ses yeux, on découvre la vie de sa famille dans un hameau rural de l'Algérie, qui n'est jamais nommée. L'attention est portée sur un figuier qui est source de vie, témoin des petits et grands événements de la famille. Il participe à une mémoire.



On suit Mokhtar et de loin, la vie des algériens ruraux et leurs traditions dans un contexte d'occupation française. Pas de discours politique, seulement des faits ici ou là. Puis, un jour, les parents de Mokhtar décident de partir à la ville pour un meilleur avenir. Le petit garçon qui a eu un livre entre les mains, est une source d'espoir pour sa mère et la mémoire de leur famille.



La ville leur demande des renoncements, mais ils vivent entre ruraux et dans la solidarité et les petits et grands bonheurs. Peu à peu, Mokhtar et son père découvrent le cinéma, le hammam, la mer, les photographes de rue...



La famille s'agrandit dans un contexte de menaces terroristes. Les grands-parents paternels meurent et la nostalgie envahit Mokhtar. À l'aube de l'adolescence, alors que l'Algérie a été libérée, Mokhtar respire sous le figuier et entrevoit son avenir fait de mots, d'écriture, de transmission.



Voilà un beau roman, tout en douceur, tendresse, descriptions de scènes du quotidien empreintes de culture arabe. Nul esprit revanchard n'émane du narrateur ou de l'auteur quant à l'aspect politique. C'est un roman de la transmission familiale et de la culture.













Commenter  J’apprécie          120
Mokhtar et le figuier

Ce petit bijou restera comme mon premier achat de cette rentrée, celui qui parmi tous ses comparses m’a tapé dans l’œil. Sa 4ème de couverture n’en disait rien, si ce n’est un extrait que je n’ai pas lu, car je ne lis pas les extraits, uniquement le résumé s’l y en a, en revanche sa couverture superbe, et son titre énigmatique ont fait la différence.



L’histoire nous porte en Algérie, encore française, à la rencontre de la famille de Kouider et Aïchouche. Ils vivent dans une toute petite maison de deux pièces, avec leur fils Moussa, les autres enfants ayant déménagé une fois mariés. Kouider, patriarche travaille un peu plus bas, à la ferme Manhès.

Kouider n’est pas bien riche, si ce n’est de sa droiture, de sa famille et en particulier Mokhtar son petit- fils adoré et de son figuier, seul arbre de son modeste jardin.

Ce figuier est bien davantage qu’un arbre planté au milieu d’un jardin. C’est un membre à part entière de cette famille, une figure essentielle, tutélaire. Le figuier apaise, permet au patriarche de se reposer à l’ombre, nourrit, guérit, recueille selon les traditions familiales les petits d’intimités de chacun.

Quand les parents de Mokhtar prendront leur envol, et iront s’installer à la ville, le figuier sera toujours ce point fixe vers lequel chacun revient dans les jours heureux, comme les jours de deuil.

Le départ de Mokhtar pour la ville, bien qu’il corresponde peu ou prou aux débuts de la guerre d’indépendance, n’est pas vécu comme un arrachement. Les évènements sont discrètement évoqués C’est pour lui à la découverte du cinéma, des conditions de vie difficiles de la vie citadine, l’école, la photographie et la mer avec son père, la lecture, l’écriture avec sa mère qui pourtant ne connait que les lettres de son prénom, le corps féminin et ses mystères au Hammam…L’auteur prend le parti d’évoquer la vie dans tous ses aspects en les enveloppant de douceur, d’odeurs et de parfums agréable.

C’est délicieusement teinté de nostalgie, admirablement écrit, poétique à souhait, divinement imagé.

Cet ouvrage m’a littéralement envoutée, transportée ailleurs, et dans un autre temps.


Lien : https://leblogdemimipinson.b..
Commenter  J’apprécie          120
Zorah sur la terrasse : Matisse à Tanger

Matisse a séjourné à Tanger en 1912. De ce voyage sont nés plusieurs tableaux, dont le portrait Zorah sur la terrasse. C'est à travers lui que l'écrivain Abdelkader Djemaï découvre le peintre.

Et c'est sous la forme d'une longue lettre qu'il s'adresse à lui, pour lui dire son admiration devant son œuvre passé et à venir (privilège de celui qui écrit après la mort de l'artiste). Il évoque Tanger, sa lumière, son architecture, ses habitants ; la ville est un personnage. Il entrecroise son récit de souvenirs : son grand-père, sa propre enfance oranaise, pauvre. Une enfance pauvre, mais non triste, marquée par la nature, notamment le figuier du fond de la cour. Et la mer.

Un texte court placé sous le signe de la peinture et de la lumière.
Commenter  J’apprécie          120
La dernière nuit de l'Emir

C'est un témoignage émouvant et bouleversant sur la dernière nuit passée par l’émir Abdelkader sur sa terre natale avant de partir en exil. Il n’y reviendra plus jamais.

Après quinze années de combat, il s’est rendu la veille à l’armada française qui a envahi l’Algérie en 1830. Ce jour de départ est fixé pour le 24 décembre 1847. L’Emir Abdelkader est ce jour-là à Ghazaouet, un port pas loin d’Oran. Il est sur le point d’embarquer sur un vaisseau avec 96 personnes composées de sa famille et de ses fidèles lieutenants. Le bateau, le Solon, porte le nom d’un sage de la Grèce antique, père de la démocratie. Cet évènement dur et douloureux est l’occasion pour l’auteur, dans un style romanesque, d’évoquer le passé de l’Emir, illuminé par de hauts faits d’arme contre l’envahisseur. C’est une résistance farouche et déterminée où l’Emir Abdelkader a mis le meilleur de ses forces ainsi que les capacités de sa vive intelligence. Il s’est rendu compte que son combat est vain contre une armée de loin plus nombreuse et mieux équipée. Il s’est rendu pour éviter les souffrances à son peuple face à un ennemi qui ne recule devant rien pour l’anéantir, l’affamer et le déposséder de ses terres. ‘’Nous les tuerons tous ‘’, a dit un général qui n’a pas hésité à enfumer une grotte où se sont réfugiées des centaines de personnes pour les tuer. Un autre général a attaqué lâchement sa smala, une ville itinérante, tuant sauvagement des centaines d’enfants, de femmes et de vieillards. Même dans la France de l’époque, des voix de personnalités célèbres, comme celle de Théophile Gautier ou de Lamartine, se sont élevées d’une manière véhémente contre ces atrocités et ces actes inhumains.

D’autre part, l’Emir, lui homme de parole, empreint d’une foi pure et noble, n’a plus confiance dans les engagements de ses ennemis qui rompent leur parole donnée. Comme ce fut le cas dans le traité de la Tafna où l’armée d’occupation ne reconnaît plus les clauses signées. Cette parole donnée trahie, l’Emir l’a subie encore amèrement quand le bateau qui devait l’emmener en exil dans un pays musulman a accosté, après quatre jours de navigation, à Toulon. Pourtant sa volonté a été de joindre Alexandrie et cela, promesse ferme lui a été confirmée avant son départ, par les hauts officiers venus le saluer ce 24 décembre 1847 en partance pour l’exil. Cependant, l‘Emir partait avec dans ses pensées l’idée et la ferme conviction d’avoir semé dans l’esprit des Algériens cette soif de reconquérir le pays et de rejeter l’envahisseur. Cette idée sera concrétisée quelques années plus tard avec la révolte d’El Mokrani en 1871 en Kabylie.

Cette résistance a été âprement réprimée, aussi sauvagement qu’au temps de l’Emir Abdelkader avec les terres brûlées, les massacres, le vol des terres. La répression a été si féroce qui fallait attendre le 1er novembre 1954 pour reprendre la lutte armée. A Toulon, l’Emir et ses compagnons resteront pendant cinq mois enfermés dans une forteresse. Leur captivité a été ensuite allégée avec leur départ pour la ville d’Amboise à l’ouest de la France. Dans la traversée qui a duré une semaine, l’Emir a constaté la richesse des champs cultivés et l’abondance de l’eau dans les fleuves et les canaux. Il s’est demandé comment une nation aussi prospère est venue attaquer son pays aride et pauvre. Il s’est dit que l’arme suprême est la science et le savoir qu’il n’a cessé lui-même d’acquérir. Par son intelligence et son sens de l’humain, à Amboise, il a su gagner des sympathies, recevant des artistes, des intellectuels, des savants, des personnalités et parmi eux, Ferdinand de Lesseps, le concepteur du canal de Suez. D’ailleurs, il sera invité personnellement par l’impératrice Eugénie à assister à son inauguration en 1867. Les années 1800 sont les temps modernes où la technique triomphe avec l’arrivée des chemins de fer, l’avènement de l’électricité. Aussi a-t-on surnommé, à juste titre, l’Emir le Jugurtha des temps modernes. Jugurtha comme l’Emir Abdelkader, était téméraire et intrépide. Audacieux, tous les deux eurent le grand courage de combattre à l’époque les plus grandes puissances mondiale, la France pour l’Emir Abdelkader et Rome pour Jugurtha. Tous deux, nationalistes et patriotes, ont accompli leur devoir de défendre leur pays. Jugurtha avait un royaume dont les frontières s’étendaient du nord constantinois au sud du Maroc.Vaincus, mais restés profondément fidèles à leurs racines, ils eurent le même destin : ils ont vu leur combat rompu par la cruauté de la puissance colonialiste
Commenter  J’apprécie          100
La vie (presque) vraie de l'abbé Lambert

Ce n'est pas le premier ni le dernier homme de religion (toutes les religions) qui jette aux orties son engagement premier au service de la foi.



Niçois d'origine, frais émulu de l'Institut catholique de Toulouse, docteur en théologie et en philosophie, co-auteur d'un traité pratique, à succès, de radiesthésie, encore bien jeune.... sorte « de précurseur de Belmondo » aimant côtoyer les précipices et frôler les abîmes, et accompagnée d'une belle amie, Clara Pardeni, qui avait abandonné mari et enfant pour le suivre, l'abbé (Gabriel Irénée Séraphin Lambert ) débarque, en soutane ( car, hélas, l'habit fait toujours le moine), une sorte de « terre promise », pour exercer son art (un don ?) de sourcier... c'est-à-dire, « chercheur d'eau », au moyen d'un pendule ou d'un bout de bois (baguette de coudrier).



D'abord Alger, l'Algérois et l'Est algérien (c'est à Souk-Ahras qu'il « débaucha » Clara qui s'ennuyait ferme en compagnie de son instituteur de mari.) Oran est sa dernière étape (il avait déjà connu le Maroc, Marrakech qui l'avait beaucoup marqué), et de découverte en découverte (Oran était déjà connue par la rareté de son eau potable et le sel étant fortement présent), beau parleur, portant beau, populaire auprès des masses et de certains milieux affairistes... il deviendra, le 18 mai 1934 –toujours en soutane– le 33ème maire de la ville la plus antisémite d'Algérie... Bien après son départ (vichysiste, il avait été écarté après le débarquement des Américains ... et il ne quittera l'Algérie –et Clara- qu'à l'Indépendance... mourant, religieusemnt, à Antibes, dix-sept années après ), il n'y avait toujours pas d'eau potable à Oran. C'est seulement, en juillet 1952, que l'eau miraculeuse provenant du barrage de Béni Bahdel (à 180 km d'Oran) fit son apparition, alors que l'étude avait débuté en 1920. On fêta cette nouvelle née avec une gigantesque anisette-party qui dura deux jours.



Une révélation : Robert Houdin, prestidigitateur (ou magicien) mondialement connu, était venu en Algérie en 1856, sollicité alors par l'armée d'occuoation pour « lutter contre les marabouts et les confréries qui incitaient la population indigène à la révolte ». Une mission militaire qui dura trois mois, de septembre à novembre 1850... Un voyage aux allures de « croisade »...

Avis : Pour ceux qui veulent approfondir leur connaissance de la vie de leur ville, Oran (car il y a une description détaillée de la ville et de la vie quotidienne, côté Européens et côté Indigènes)... et ceux qui s'intérressent aux comportements des hommes de religion « défroqués » et/ou hypocrites.

Commenter  J’apprécie          100




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Abdelkader Djemaï (285)Voir plus

Quiz Voir plus

Les plats préférés des personnages de BD

Je suis surnommé ainsi en raison de mon « œil crevé », j'ai été créé par E. C. Segar en 1919. Ma force peu commune est due à mon plat préféré...

Brocolis
Carottes
Épinards en boîte
Hamburgers
Lasagnes
Miel
Piranhas
Sangliers
Sardines à l'huile
Vache qui rit

10 questions
97 lecteurs ont répondu
Thèmes : nourriture , repas , plats , bande dessinée , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur cet auteur

{* *}