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4.34/5 (sur 16 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Poitiers , le 23/12/1883
Mort(e) à : Madrid , le 31/05/1968
Biographie :

Né le 21 Décembre 1883.
C'est pour l'état civil le fils d'un fonctionnaire de l'administration pénitentiaire, mais son vrai père est un aristocrate Italien Joseph Napoléon Primoli, descendant de Lucien Bonaparte.
Il entre en 1933 à l'Académie Française.
Devient membre du PPF et du groupe Collaboration.
Le 18 Avril 1942, Laval le nomme Secrétaire d'Etat à l'Education Nationale en remplacement de Jérome Carcopino.
Son Directeur de cabinet est Jacques Bousquet qui est professeur agrégé de lettres et le fondateur des Jeunes du Maréchal, c'est aussi le créateur en Janvier 1943 du Téméraire le magazine illustrée pour les jeunes conçu dans l'esprit de l'Europe nouvelle.
Abel Bonnard part à Sigmaringen en Août 1944, puis en Espagne le 1 Mai 1945.
Exclu de l'Académie Française, condamné à mort par contumace.
Un second procès en 1960 (auquel il se rend) le condamne à 10 ans de bannissement.
Il repart en Espagne et meurt à Madrid le 31 Mai 1968.

il écrit:
_Les modérés (Grasset 1936).
_Berlin, Hitler et moi, inédits politiques (Avalon 1987)
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CHAPITRES : 0:00 - Titre A : 0:06 - ACTE - Jacques Deval 0:16 - ACTION - Sacha Guitry 0:28 - ADMIRATION - Comtesse Diane 0:38 - ADULTÈRE - Daniel Darc 0:59 - ÂGE - Fabrice Carré 1:08 - AMI - Jean Paulhan 1:18 - AMIS - Madame du Deffand 1:30 - AMOUR - André Birabeau 1:40 - AMOUR - Madeleine de Scudéry 1:51 - AMOUR DES FEMMES - Edmond Jaloux 2:03 - AMOUR ET FEMMES - Paul Géraldy 2:16 - AMUSEMENT - Jean Delacour 2:36 - ANIMAL - André Suarès 2:47 - APPARENCE - Nathalie Clifford-Barney 2:57 - ARGUMENT - Léonce Bourliaguet 3:07 - AVARICE - Abel Bonnard 3:19 - AVENIR - Gustave Flaubert 3:28 - AVIS - Marie d'Arconville B : 3:37 - BAISER - Tristan Bernard 3:49 - BEAUTÉ - Fontenelle 4:00 - BÊTISE - Valtour 4:13 - BIBLIOTHÈQUE - André de Prémontval 4:24 - BLASÉ - Louise-Victorine Ackermann 4:35 - BONHEUR - Henri Barbusse 4:45 - BUT - Richelieu C : 4:54 - CAPITAL - Auguste Detoeuf 5:10 - CERVEAU - Charles d'Ollone 5:20 - CHANCE - Pierre Aguétant 5:31 - COMPRENDRE - Charles Ferdinand Ramuz 5:42 - CONSEIL - Maurice Garçot 5:55 - Générique RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974. IMAGES D'ILLUSTRATION : Jacques Deval : http://www.lepetitcelinien.com/2013/06/lettre-inedite-louis-ferdinand-celine-jacques-deval.html Sacha Guitry : https://de.wikipedia.org/wiki/Sacha_Guitry#/media/Datei:Sacha_Guitry_1931_(2).jp Comtesse Diane : https://www.babelio.com/auteur/Marie-Josephine-de-Suin-dite-Comtesse-Diane/303306 Jean Paulhan : https://jeanpaulhan-sljp.fr/ Madame du Deffand : https://fr.wikipedia.org/wiki/Madame_du_Deffand#/media/Fichier:Mme_du_Deffant_CIPA0635.jpg André Birabeau : https://fr.wikipedia.org/wiki/André_Birabeau#/media/Fichier:André_Birabeau_1938.jpg Madeleine de Scudéry : https://www.posterazzi.com/madeleine-de-scudery-n-1607-1701-french-poet-and-novelist-wood-engraving-19th-century-after-a-painting-by-elizabeth-cheron-poster-print-by-granger-collection-item-vargrc0078786/ Edmond Jaloux : https://excerpts.numilog.com/books/9791037103666.pdf Paul Géraldy : https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Géraldy#/media/Fichier:Paul_Géraldy_by_André_Taponier.jpg André Suarès : https://www.edition-originale.com/fr/litterature/divers-litterature/suares-correspondance-1904-1938-1951-79921 Nathalie Clifford-Barney : https://www.amazon.fr/Eparpillements-Natalie-Clifford-Barney/dp/B081KQLJ87 Léonce Bourliaguet : https://www.babelio.com/auteur/Leonce-Bourliaguet/123718/photos Abel Bonnard : https://twitter.com/wrathofgnon/status/840114996193329153 Gustave Flaubert : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/ea/

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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Abel Bonnard
Il faut que les riches aient l'âme bien forte, pour se priver si fermement du plaisir qu'on éprouve à donner.
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La noblesse et la bourgeoisie, malgré beaucoup de mérites individuels, ont manqué de ces qualités collectives qui désignent une classe pour la direction d’un peuple, l’une trop vaine et l’autre trop lourde, l’une trop détachée du réel pour le connaître, l’autre trop attachée à certains de ses points pour le dominer : toutes différentes qu’elles soient, elles se heurtent souvent par les mêmes défauts, et la vanité des nobles blesse la vanité des bourgeois.

Le plus grave, chez l’une et chez l’autre, comme en général dans tous les groupes de Français, aura été de n’avoir su connaître que soi. Tels étaient les gentilshommes infatués de la fin de l’Ancien Régime, aussi bien que les parlementaires du même temps, qui joignaient à un égoïsme opiniâtre l’ambition d’être populaires ; tel fut ce tiers état qui voulait être tout, et où le sinistre Sieyès murmure : ce n’est pas la noblesse qu’il faut détruire, ce sont les nobles ; tel fut ce clergé français, qui ne cessa d’être opprimé que pour se rendre dominateur, et qui, après 1870, se pendit aux conservateurs pour les perdre, et leur ôta l’avantage d’être le parti de la paix, en prétendant les entraîner dans une guerre au profit du pape.

Quand on considère l’agitation de notre histoire contemporaine, on conçoit peu à peu quel est le genre d’homme qui y a manqué. C’est ce qu’on pourrait appeler l’honnête ouvrier du réel. On sent ce que ces mots veulent dire mieux qu’on ne saurait l’exprimer, car il est toujours plus facile de décrire un homme d’après les qualités dont il est orné que de le définir selon les dispositions qui le constituent.

Une fermeté qui fait qu’on ose être soi, une modestie qui permet de s’associer aux autres et de se subordonner à des chefs, un bon sens qui ne se laisse pas éberluer par les mots, une probité d’autant plus réelle qu’on la sent plus fortement en soi, une noblesse d’autant plus profonde qu’on l’y porte sans la sentir, voilà, pour ne le dire qu’en gros, les caractères où l’on reconnaît ce genre d’hommes. Quand il nous arrive d’en rencontrer, ils nous inspirent une estime et une sympathie auxquelles nous ne songeons pas le moins du monde à ajouter de l’admiration. Au moment même où nous les trouvons excellents, peu s’en faut que nous ne continuions à les juger ordinaires. Mais quand nous embrassons du regard une nation où ils sont en nombre, elle nous paraît grande.

Au contraire, quand nous sommes dans un pays où papillote partout un semblant d’esprit, nous avons en détail une spécieuse et fallacieuse impression de richesse, tant l’individu scintille et miroite de tous les côtés, mais quand nous prenons de ce pays une vue d’ensemble, il nous paraît pauvre.
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Ces simples remarques permettent de voir dans son jour la République française : différente, aujourd’hui, des dictatures établies ailleurs, elle paraissait, avant la guerre, la sœur bâtarde des monarchies constitutionnelles qu’elle avait pour voisines. Cependant elle reste un monstre à part.

La France est le seul pays où la nation ait en permanence son gouvernement contre soi, le seul où une guerre sinistre et grotesque ait été déclarée à Dieu, le seul où l’ordre ne subsiste que par survivance, sans être jamais soutenu ni fortifié, le seul où l’enseignement officiel n’ait pas d’autre tâche que de détruire obstinément tout ce qu’il devrait conserver, et dérobe à la nation la connaissance de sa propre grandeur.

La République est le seul régime où rien de sublime, ni seulement d’honnête, n’est donné en aliment à un peuple dont l’âme est à jeun ; c’est le seul régime qui, pressé de tous côtés par les choses, ne parle jamais un langage qui leur réponde, le seul où les problèmes les plus importants ne puissent pas être résolus, ni même posés, parce que l’intérêt du parti régnant entretient partout des fictions qui séparent la nation du réel. Il est dans un régime quelque chose qui compte davantage encore que les actes ostensibles sur lesquels il est discuté : c’est l’esprit qu’il infuse à tout moment, par le seul jeu de sa machine, dans le pays entier et jusque dans les derniers hameaux ; si cet esprit ne vient pas partout au secours des meilleures âmes, s’il ne les soutient pas dans la fierté de leurs vertus et la pratique de leurs devoirs, s’il passe au service des instincts qu’il doit réprimer, s’il ronge les forces morales qu’il doit préserver, s’il pousse en tous points l’homme à se défaire, il y a là un scandale qui, tout fondu qu’il est dans la grisaille des choses, est plus monstrueux que ceux qui se dessinent à leur surface : c’est la fonction même de l’État qui n’est pas remplie ; c’est l’acquis d’une nation et d’une société perdu par l’organe qui doit le sauver.

Sans doute, dans ce régime dénaturé, il arrive parfois que des hommes en place parlent sagement ; ils s’émancipent jusqu’à citer un proverbe, ils osent rappeler une de ces vérités banales qui ont cessé de l’être dans un régime séparé du vrai : mais, contraires à l’esprit du système où elles sont prononcées, leurs paroles n’y résonnent pas, elles tombent à terre sans que nul les ait entendues, tandis que le moindre appel de démagogie retentit comme s’il passait par le clairon de l’archange.
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Les qualités qui ont fait de la France une nation grande et charmante sont aux antipodes de tout ce que les Français sont devenus dans ces derniers temps, par l’effet de cette démocratie qui, sous l’oripeau d’une rhétorique menteuse, n’a pas d’autre fin que de pousser chaque homme plus bas qu’il n’était. Si nous voulons trouver, dans le désastre qui achève une époque, l’occasion d’en recommencer une autre, si nous voulons renaître aujourd’hui, il nous faut comprendre d’abord, une fois pour toutes et jusqu’au fond, que, dans notre aspect général, nous étions hier le contraire de nous-mêmes.

On pourrait faire tout un livre sur ce contraste. Je me contenterai de le marquer ici par quelques exemples. Regardez-le, cet homme que la démagogie bourgeoise, dans ces dernières années, a multiplié chez nous en tant d’exemplaires, à la fois mou et fanfaron, avachi et prétentieux, ne se contentant pas de se relâcher en tout, mais mettant encore un plumet de fatuité à sa négligence, coquet sans être propre, et d’une coquetterie si disparate d’ailleurs et si hétéroclite que l’effet produit était ridicule. Regardez-le, ce poulpe de mauvaise tenue déroulant ses tentacules dans une société trouble, cet homme sans correction et sans fermeté, tantôt balayeur et tantôt ministre, qu’on rencontrait avec ennui dans les rues et qu’on voyait, dans les photographies officielles, portant, au coin d’une bouche molle, la vile cigarette qui marque le refus de bien se tenir. Cet homme n’appartient pas à une classe plus qu’à une autre, son vrai caractère étant précisément de s’être désagrégé, de ne plus tenir à une tradition ni à des mœurs, d’être proprement un homme sans classe : il abondait dans le personnel politique, et parmi les tripoteurs qui le continuaient et qui étaient souvent des gens bien vêtus, sans être jamais des gens convenables ; il foisonnait dans toute cette partie de la nation qui se prenait pour de la bourgeoisie parce qu’elle avait de l’argent et si je souffrais, pour ma part, de le voir devenir si commun aussi dans le peuple, c’est parce que le peuple est la réserve de la nation, et qu’on peut craindre que tout ne soit perdu, lorsqu’il est gâté. ("Nos défauts et nous", 25 août 1940, pp. 129-130)
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La société bourgeoise n'avait pas souci de l'homme. Elle devenait cruelle par insensibilité, inhumaine par indifférence ; naturellement cette indifférence ne s'avouait pas. L'éloquence démocratique était là pour couvrir l'obscénité du règne de l'argent. Le capitalisme avait pour feuille de vigne le libéralisme. Mais le vent qui souffle et qui arrache tant de feuilles est bien de force à emporter aussi celle-là.

Voici un second point, ou plutôt une autre face de la même idée : le règne de l'anonymat est fini. On ne saurait croire à quel point l'homme d'aujourd'hui, à quel rang qu'il se trouve, est las de dépendre d'organisations abstraites, d'autorités impersonnelles, de conseils d'administrations insaisissables ou de parlements informes. Dans la société affermie et simplifiée où nous allons vivre, les hommes verront leurs chefs et les chefs verront leurs hommes. Bien des fois, en regardant le spectacle de la société bourgeoise, j'ai admiré par quel triste enchantement elle étendait partout des déserts entre les âmes. Des gens que toutes les conditions et les habitudes de leur existence auraient dû réunir, qui passaient des années dans le même atelier, le même bureau, les mêmes chambres, qui auraient dû naturellement échanger ces regards, ces sourires, ces menus services par lesquels des hommes se sentent unis, arrivaient à vivre à côté les uns des autres sans jamais vivre ensemble ; ils frottaient leurs égoïsmes sans jamais rapprocher leurs âmes. De là la couleur générale de bouderie, de maussaderie presque hargneuse qui donnait un caractère antipathique à toute notre vie sociale. Etre présent pour la jouissance ou pour le profit et absent pour tout le reste, se dérober aux rendez-vous du travail comme aux occasions de charité, de politesse ou de gentillesse, tel était l'esprit social. Ceux qui regrettent ce sinistre état donne par là leur mesure. La société bourgeoise avait partout remplacé les rapports par des distances. (Discours aux chefs miliciens, 30 janvier 1943, pp. 101-102)
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143

LE PLAISIR. – Si je devais résumer les réflexions que m’inspirent beaucoup de mes contemporains, je dirais qu’ils aiment trop le plaisir, mais qu’ils n’aiment pas assez le bonheur. Le plaisir, tel surtout qu’on le conçoit aujourd’hui, vulgaire, brusque, immédiat, nous vient du dehors ; le bonheur monte du fond de nous-mêmes. Le plaisir s’achète, le bonheur s’obtient. Le plaisir illumine l’instant, le bonheur remplit la durée, et quand je prétends que beaucoup de gens, aujourd’hui, ne cherchent pas assez à être heureux, je veux dire précisément qu’au fond ils désespèrent de leur vie, qu’ils renoncent à en faire leur œuvre : ils vont chercher l’heure du plaisir, là où elle se vend, pareille à ces bouteilles d’un vin frelaté qui fascinent les pauvres gens par leur capsule écarlate, leur goulot doré à force de cachets et d’étiquettes. Le plaisir est la drogue de l’homme moderne. Certains se contentent d’un divertissement banal, les platitudes du cinéma leur suffisent. Chez d’autres le besoin d’avoir des moments intenses est d’autant plus âpre que le dégoût de leur propre vie est plus profond. L’amusement recouvre le désespoir et la recherche du plaisir est pour eux une forme atténuée du suicide. (27 décembre 1933.)

144

L’individu n’a pas d’enfants, n’a plus d’ancêtres : il s’isole de tous les côtés, il se retranche du passé comme de l’avenir. Reste le moment, pour la jouissance ou l’ennui.

145.

Ne pas avoir d’enfants, c’est un suicide reporté.

146.

Comment s’étonner qu’un pays meure dans son corps quand il meurt dans son âme ? Il ne naîtra des Français que si une France renaît. Comment s’étonner qu’on n’ait plus d’enfants quand tout dans les idées, les préjugés et les lois détruit la famille ? (pp. 66-67)
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Il en est plus particulièrement des femmes comme de tous les êtres humains : il faut les connaître pour ce qu’elles sont et leur parler selon ce qu’elles croient être ; nous n’agissons jamais mieux sur leur vraie nature que lorsque nous l’atteignons selon la fausse idée qu’elles s’en font, au lieu que nous les aurions rejetées loin de nous, pour jamais peut-être, en leur parlant directement selon ce qu’elle est.

Les femmes prétendent avant tout qu’on les prenne au sérieux. Celles qui nagent dans le flot des heures, aussi changeantes que lui, veulent se donner la gloire de répondre d’elles dans l’avenir le plus éloigné. Il faut traiter la grande enfant en grande personne ; il faut dire à la sœur des nuages qu’elle est la sœur des statues, il faut couvrir l’indulgence même que nous lui portons d’une spécieuse exigence.

Il est bien vrai d’ailleurs que toutes ne sont point pareilles. Au-dessus de celles qui ont pour attrait de ne s’épanouir que dans le présent et qui ne peuvent que donner sans promettre, d’autres sentent le besoin de s’engager et en ont la force : il est seulement fâcheux que souvent cette solidité ne se trouve en elles qu’aux dépens du charme ; tandis qu’on admire le mérite qu’elles ont de ne pas changer au cours des années, on voudrait qu’elles eussent gardé le prestige de changer selon les instants : la satisfaction qu’on éprouve à ne pas douter d’une femme est sensiblement amortie quand on s’avise que sa vertu résulte du fait qu’elle est moins féminine que beaucoup de celles-là mêmes auxquelles elle paraît supérieure, et il se trouvera toujours des hommes pour préférer la possession inquiète d’une opale à la possession assurée d’un caillou.
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353

Ceux qui n’ont pas voulu d’un Dieu au-dessus d’eux s’en font un autre aussi bas qu’eux-mêmes.

354

On ne remplace pas Dieu par quelques majuscules.

355

Le monde moderne est plein de religion dissipée.

C’est dans la mesure où la religion n’existe plus dans notre monde que notre monde en est infesté. Elle est répandue partout sans être présente à sa place. Elle n’y est même pas chez les prêtres. Il suffit d’entendre les sermons du dimanche matin : ce qui se dit dans l'église même, ce n’est pas la doctrine qui doit y fleurir, c’est la vague phraséologie humanitaire qui coule partout ; ce n’est pas une chose forte, rigoureuse, pleine de promesses de vie pour ceux qui l’adoptent, c’est un verbiage sans vigueur et sans rigueur où la religion elle-même essaye de vivre aux crochets de l’idéologie régnante.

356.

Bergson et le catholicisme : il me dit qu’il s’en est rapproché de plus en plus. Il croit à sa vitalité profonde.

Sa faiblesse est de vouloir être à la mode, au lieu d’être soi-même. Jamais les hommes n’ont eu un plus grand besoin de la religion essentielle. Il le croit comme moi.

Il ne peut y avoir de sentiment réel de la fraternité que par un sentiment religieux qui ajoute ou superpose la nature d’homme au sentiment que nous avons de nous-mêmes par notre existence sociale et nationale.

357

Le catholicisme : comme tant de grandes choses d’aujourd’hui, sa faiblesse, ce n’est pas d’être menacé à sa frontière, c’est d’être pauvre dans son centre. (pp. 182-183)
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S’admirant à la fois selon les idées de l’ancien monde et selon celles du nouveau, ils [les libéraux] sont persuadés qu’ils ne perdront rien de leurs avantages en renonçant à leurs privilèges, car ils ne doutent pas qu’on ne leur rende, pour leur mérite, le rang que leur naissance leur avait donné.

Les illusions qu’ils se font sur l’homme commencent à celles qu’ils ont sur eux-mêmes. Leur optimisme n’est qu’une extension de leur fatuité : convaincus de leur propre supériorité, ils accordent au commun des hommes ce qu’il faut de jugement pour la reconnaître. « Le mérite, dit ingénument Mme de Staël, finit toujours par triompher, dans les pays où le public est appelé à le désigner. »

Rien n’est moins désintéressé que l’attachement des libéraux pour le régime représentatif. Ils l’aiment pour la figure qu’ils y font. Ils veulent que la politique soit un débat et non un combat, parce que tout combat les exclut, et qu’un débat, au contraire, convient admirablement à leurs qualités spécieuses ; ayant en eux, selon qu’ils sont nobles ou bourgeois, plus de salon ou plus de collège, une assemblée leur est également nécessaire, comme le lieu de faux-semblant où ils paraîtront avec avantage : c’est là qu’ils parlent et qu’ils croient penser, c’est là qu’ils votent et qu’ils croient agir.

De pareilles gens ne sont pas faits pour empêcher les Révolutions, ils regardent seulement comment elles leur vont. Après que s’est produit au dehors l’événement que la plupart d’entre eux amènent sans l’avoir voulu, tandis que quelques-uns ne se font pas faute de le préparer sciemment, ils reparaissent pour voir s’il subsiste une tribune ; dans ce cas, rien n’est compromis ; dans le cas contraire, tout est perdu. Alors il ne leur reste plus qu’à méditer la phrase bien recuite et bien scolaire, bien envenimée et bien naïve, par où ils croiront flétrir pour jamais le régime qui leur a coupé le caquet.
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155

[...]
Cet ancien monde, nous sentons aussi qu'il fut plus noble ; ce qui témoigne pour lui, ce ne sont pas seulement les grands hommes qui brillent sur ses sommets, mais la multitude de belles âmes qui ont obscurément vécu dans ses profondeurs ; il a vraiment été noble, puisqu'il a permis aux plus humbles de n'être pas vils. Il a sincèrement aimé la grandeur, il a apprécié et favorisé le mérite dans tous les ordres.

Ce qui flétrit, au contraire, l'époque des démocraties, c'est qu'il s'agit là d'un monde menteur, où tout est erreur dans les idées, sans que rien soit noblesse dans les sentiments, et où les grands mots servent à couvrir les vilains instincts. Si l'on prenait les rois d'autrefois, tels qu'ils furent, et qu'on les comparât aux politiciens d'aujourd'hui, tels qu'ils sont, où croit-on qu'on trouverait le plus de gravité, de méditation, de scrupule, et un sentiment plus vrai du devoir ?

Et si l'on considère l'ancien Etat, ne le trouve-t-on pas, malgré ses imperfections, bien modeste, bien discret et bien respectueux de la personne humaine, en comparaison de l'Etat démocratique qui fabrique tant de lois qu'il n'en conserve plus aucune, ou de l'Etat totalitaire qui avale corps et âme ses administrés, ou de l'Etat bolchevique qui ayant ôté aux malheureux sur lesquels il règne Dieu, les arts, les lettres, la famille, l'amour, les libres études et les libres loisirs, leur donne à adorer des moteurs et des casseroles ? (7 décembre 1933)
[...] (pp. 75-76)
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