Citations de Abla Farhoud (25)
Si ton ami est de miel ne le lèche pas complètement.
C’est ma hantise depuis toujours. Laisser passer ma vie. La gâcher par ma faute. Mourir sans avoir rien fait de ma vie.
(p.166)
Ma soif de dire, de raconter, de chercher, de trouver, n’a jamais été assouvie. Il me semble que je passe toujours à côté de l’essentiel. Et je recommence un autre livre en espérant y toucher, ne sachant pas quel est le visage de l’essentiel ni comment le nommer. (p. 12)
Le meilleur repas du monde, même un festin, a mauvais goût si on le prend dans la discorde et la mauvaise humeur. Moi, j'aime mieux ne manger que des olives et du pain... dans la paix.
… je penserai à ce hors-temps vécu par notre famille et je me dirai que le bonheur avait la couleur du ciel et une odeur d’algues de soleil de mer du Milieu et le sourire de père et mère heureux.
(p.72)
Lire n’importe où, n’importe quand, dans n’importe quelle position, sans déranger personne; elle aimait serrer contre elle ce rectangle de feuilles serrées les unes contre les autres avec plein de mots écrits en noir sur blanc, et partir dans des mondes inconnus, vers soi ou vers les autres. (p. 141)
C'est le moment de la journée que j'aime le plus. Etendue dans mon lit, seule, bien au chaud, à demi réveillée, à demi endormie, je sens l'odeur du café, peu à peu , puis beaucoup. J'ouvre alors les yeux et je regarde l'arbre devant ma fenêtre.
Depuis plus de cinquante ans je fais à manger tous les jours et, chaque fois, c'est différent. J'améliore les plats, j'invente de nouvelles recettes, de nouvelles façons de procéder, parfois. Je me demande s'il y a autant de différence dans les mots. Pour plonger mes mains dans la nourriture, il faut que j'en aie vraiment envie, sinon je brasse à la cuiller. Mes mains nues et propres touchent la nourriture que mes enfants vont manger. C'est ma façon de leur faire du bien, je ne peux pas grand-chose,mais ça, je le peux.
Elle disait: " Ne laisse jamais passer les instants de plaisir; pour rassasier ton corps, un rien suffit. "
Notre maison était,comme on dit, une maison ouverte. Je ne l'ai jamais vue vide, ou juste notre famille, il y avait toujours des gens.C'était le presbytère, un salon, un café, parfois même un tribunal, et pour ceux qui venaient d'ailleurs, un hôtel et un restaurant puisqu'il n'y en avait pas au village.
On ne reconnait que ce que l'on connait déjà intérieurement, sans le savoir peut-être. Connaître, c'est ''naitre avec''.
Certains immigrants disent: "Je voudrais mourir là où je suis né." Moi, non. Mon pays, ce n'est pas le pays de mes ancêtres ni même le village de mon enfance, mon pays, c'est là où mes enfants sont heureux.
Un prisonnier qui sait lire et écrire n'est pas en prison.
La bonté se place au-dessus de la générosité parce qu'elle n'a rien à voir avec les convenances.
Si j'ai pardonné avant même de comprendre, c'est que je sais que la haine, le ressentiment, l'amertume et la rancoeur n'apportent rien de bon à l'âme ni au corps.
C'est une merveille , un robinet, et même quarante ans plus tard, depuis cet instant miraculeux où j'ai ouvert le robinet pour la première fois, que l'eau claire et propre a coulé dans mes mains, il m'arrive encore de m'arrêter, de lever les yeux au ciel et de rendre grâce.
Rends les choses difficiles, elles le seront : facilite les, elles deviendront faciles...
Le meilleur repas du monde, même un festin, a mauvais goût si on le prend dans la discorde et mauvaise humeur. Moi, j'aime mieux ne manger que des olives et du pain... dans la paix.
Partir pour toujours, partir en sachant qu'on ne reviendra pas... quel étrange sentiment... je l'ai vécu deux fois et la troisième sera la dernière... J'ai pleuré la première fois, la deuxième fois encore plus et la troisième, je ne sais pas encore...
Même si nous savons que le bonheur a la queue lisse, difficile à attraper et à garder, même si nous savons que le malheur, plus griffu qu'un bouton de bardane, colle à nos vêtements, à notre peau, même si nous savons que nos jours sont comptés, même si nous savons que l'argent n'est ni un fleuve ni un ruisseau, que rien n'est éternel et que la maladie peut frapper à n'importe quel moment, nous profitons au maximum de notre jardin d'Éden.