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Citations de Abnousse Shalmani (144)


Ce que rappelle ce « ghazal » à ma famille, c’est que pour elle, il ne faut jamais regarder la vérité en face et encore moins la dire (la dire, c’est l’accepter et c’est intolérable) et si le mari est homosexuel, mieux vaut raconter une histoire qui deviendra un mythe, une plaie béante dans le cœur des descendants. P 78
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J'ai vingt ans. J'ai vingt ans et j'ai déjà connu l'amour avec Louÿs, et j'ai découvert combien le sexe pouvait être révolutionnaire avec Sade. J'ai vingt ans et je sais que je vis les plus belles années de ma vie. Il me suffit de penser à Sade, il me suffit de penser au dialogue de Madame de Saint-Ange et d'Eugénie pour savoir que rien n'est perdu. Il me suffit de penser à Juliette pour savoir que la femme a un étendard et qu'elle le porte bien haut. Un jour, Sade sera la seule arme disponible pour casser les ténèbres. La violence de Sade n'est pas violente, elle est née de l'imagination et de la foi. La foi dans l'homme devenu le centre de la pensée et non plus le pantin d'hommes cachés derrière Dieu. Ce qui est violence, ce sont les attentats successifs contre le corps féminin à travers le monde. La violence, c'est exciser des petites filles qui aiment la chair et des grandes filles qui aiment la bite. La violence, c'est d'interdire à une petite fille d'apprendre à lire et à une jeune fille de choisir qui elle veut mettre dans son lit. La violence, c'est ce que les barbus font subir aux esprits en les broyant. Un jour, comme la Révolution française a mis ses barbus à la porte, d'autres révolutions éclateront qui réduiront les barbus au silence et célèbreront la parole de Hommes.
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les femmes intellectuelles ressemblent à des hommes. Elles s’habillent de pantalon et se maquillent « nude ». Il y a toujours le moment de surprise dans le regard des nouvelles rencontres quand j’ouvre la bouche. Il y a un raccord entre ma jupe et mon cerveau qui met du temps à se faire. Et parfois certains osent le constat à haute voix : « J’ai cru que tu étais une pouffe et tu es brillante. » Le pire est peut-être l’arrogance qu’ils mettent dans leurs remarques. Il y a un vrai problème entre la jupe et le cerveau. Comme si la jupe court-circuitait le cerveau et l’empêchait de se développer normalement. J’ai trop l’air d’une femme pour avoir un cerveau. Aujourd’hui, je suis encore plus fière de mes talons et du cliquetis de mes colliers.
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La littérature française m'a sauvée de l'isolement...
Et les premières héroïnes françaises que j'avais connues étaient Fantine et Cosette.

(pages 102-103).
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Jai péché péché dans le plaisir,
dans des bras chauds et enflammés.
J'ai péché péché dans de bras de fer,
dans des bras brûlants et rancuniers.
Dans ce lieu calme, sombre et muet,
je me suis assise près de lui, agitée.
Ses lèvres ont versé l'envie sur mes lèvres.
Du chagrin de mon cœur fou, je me suis libérée.(...)

L'envie a enflammé son regard,
le vin rouge a dansé dans le verre,
et sur le lit doux, mon corps
ivre de volupté sur sa poitrine a tremblé.
J'ai péché, péché dans le plaisir,
près d'un corps tremblant et évanoui.
Seigneur !Je ne sais ce que j'ai fait
dans ce lieu, calme, sombre et muet.

Forough FARROKHZAD,
«Le péché » in Le Mur, 1955.
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Ma mère était une elfe, une créature féerique qui possédait le don de rendre beau le laid. Par la grâce de la langue française, de boniche je l'avais métamorphosée en alchimiste. Et c'était exactement à ça que servaient les mots, tous les mots : à colorer autrement les humains en leur donnant une forme nouvelle. La langue française se métamorphosait en baguette magique pour combattre le réel et sauver ce qui restait de l'enchantement de l'enfance.
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Très vite, je compris que la France ne devait pas changer. Je découvris aussi ( folle découverte) que les français choisissaient leurs députés ; les gens décidaient vraiment de leur avenir, grâce à un bout de papier glissé dans une urne, et ils le faisaient en souriant, alors que personne ne souriait jamais en Iran quand il s'agissait de choisir des hommes politiques.
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Il est impossible de pleurer la nostalgie, c’est l’hymne national de l’exil. L’exil est une identité, un langage, un passé sans avenir. L’exil est une île où se retrouvent tous ceux qui n’ont ni le visage du pays natal ni celui du refuge : ceux qui sont trop vieux pour oublier et pas assez jeunes pour se fondre, ceux qui restent toute leur vie sur une île qui flotte sur des océans qui ne leur appartiendront jamais.
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Le grand écart entre l’Occident et l’Orient tient au corps. Là, il y a affirmation d’un corps, ici négation. Là, il y a des corps de femme qui somnolent, qui rient, qui posent, qui dansent, qui rêvent, qui se dressent, des tableaux, des sculptures, des métaphores, des poèmes, des dessins, des symboles, des romans, ici il y a des visages parfois, des regards le plus souvent, des mains qui s’échappent par mégarde des robes qui couvrent l’interdit absolu.
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Si l’argent est nécessaire à la survie, il est le pire ennemi de la liberté.
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La politique, c'était du fantasme, des idées qui volent alors que l'intime était ancré dans la réalité, fait de désir, de frustration, de silence et ils ne le supportaient pas, alors ils disaient n'importe quoi pour ne pas sentir la morsure de la vie. (p92)
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Il n’y a pas de sentimentalisme chez Sade. Il n’y a pas de prince sur son cheval blanc qui vient sauver les princesses prisonnières de pères autoritaires. Si la princesse n’a pas assez de couilles pour sortir de sa tour tant pis pour elle ! Personne ne viendra à sa rescousse, sauf elle-même. Sade, c’est l’apologie de la débrouillardise et le refus du destin. Sade ne cherche pas d’excuses à ses personnages, il démontre que si les hommes sont assez bêtes pour croire ce que leur racontent le pouvoir et ses lois, ils méritent une vie de misère.
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Et toi connard, comment peux-tu imaginer ce que c'est de ne pas l'être ? Comment peux-tu réduire la France où tu es né, où tu as bénéficié d'une série d'avantages pour lesquels les trois quarts du monde se damneraient, où tu peux voter pour qui tu veux - tous pourris d'accord mais ça aussi tu peux le dire à haute voix sans risquer la corde - lire les journaux qui te parlent - de l'extrême droite à l'extrême gauche - où personne ne vient te reprocher ta religion - enfin pas toujours et pas tout à fait tout le temps - où tu n'es pas abandonné quand tu perds ton travail - nettement moins qu'ailleurs même si c'est toujours la merde quand tu as perdu ton travail - où tu as accès à toute la culture gratuitement - les bibliothèques municipales, le Louvre, bordel le Louvre ! le musée d'Orsay, le centre Pompidou, partout où l’État a posé le bout d'un doigt - où quand tu es malade tu es pris en charge de A à Z et où tu ne regardes pas crever ton père ou tes enfants parce que tu n'as pas les moyens bassement financiers de les sauver - où tu peux faire les études que tu veux sans ruiner tes parents et sans engraisser les banques - même si les choses évoluent, même si les études coûtent plus cher, c'est quand même grandiose d'avoir un tel accès à l'éducation - comment tu peux réduire la France à une moue de dégoût ?
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Métèque, ce mot accolé à tout ce qui n’est pas d’ici, à tout ce qui fait peur, à l’exotisme, à l’aventure, à la méfiance, à la traîtrise, au déracinement, ce mot tranquillement balancé aux visages trop burinés, aux mains calleuses, aux esprits libres, aux athées, aux juifs, aux Noirs, aux métis, aux Arabes, aux étrangers, aux vagabonds, aux clochards, est l’un des plus beaux mots du monde.
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Ma mère était un elfe qui possédait le don de rendre beau le laid. Par la grâce de la langue française, de boniche, je l’avais métamorphosée en alchimiste. Et c’était exactement à ça que servaient les mots, tous les mots : à colorer autrement les humains en leur donnant une forme nouvelle. La langue française se métamorphosait en baguette magique pour combattre le réel et sauver ce qui restait de l’enchantement de l’enfance. P 59
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Rire est une politesse, une pudeur et une libération. C'est surtout la plus instantanée et directe des transgressions. La défaite des tyrans, la chute des empires germent dans la satire et la caricature, elles se propagent par le rire, s'installent dans l'intime, se muent en désirs, se transforment en contestation, finissent en liberté. (p. 126)
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Portez la jupe pour soutenir toutes celles qui y ont renoncé de peur du viol, de peur du père, de peur d’être réduites à leur con. Portez la jupe et soyez fières d’être des femmes. Portez la jupe et marchez. Marchez dans toutes les rues, marchez sur toutes les frustrations, sur tous les interdits, sur tous ceux qui veulent vous retirer la jupe sous prétexte que vous l’avez osée.
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Il y des lois et il y a des limites, et liberté n’est pas licence, mais s’il fallait donner crédit aux frayeurs de chacun, le monde ne serait peuplé que de barbus et de corbeaux. Nos amitiés ont survécu aux goûts particuliers mais cela ne fut possible que parce que nous avions vingt ans et que notre intolérance était toute molle. Encore quelques années et la rigidité des goûts aurait brisé notre amitié.
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Si le cerveau fonctionnait à plein régime, le corps n’était plus du tout celui qui se planquait derrière des pulls trop grands et des pantalons trop larges. Parce que nous nous pensions libres, le corps ne pouvait que suivre le même chemin. Il n’y avait pas de corps dérangeant, il n’y avait pas de corps enfermé. Comme il était facile de se mettre nue !
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La violence c’est exciser des petites filles qui aiment la chair et des grandes filles qui aiment la bite. La violence, c’est d’interdire à une petite fille d’apprendre à lire et à une jeune fille de choisir qui elle veut mettre dans son lit. La violence, c’est ce que les barbus font subir aux esprits en les broyant. Un jour, comme la Révolution française a mis ses barbus à la porte, d’autres révolutions éclateront qui réduiront les barbus au silence et célébreront la parole des Hommes.
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