La plus grande des sagesses se terre dans les recoins les plus obscurs. Et aucun guide ne pourra vous y conduire. Aucun guide sinon le courage.
Il y a certaines douleurs qui peuvent vous transformer. La plus solide des épées, sous l'assaut d'un feu violent, ploiera et sa forme sera modifiée.
Dans l'existence, c'est souvent dans les recoins les plus obscurs que se cachent la beauté la plus éclatante et la sagesse la plus lumineuse.
A cet instant précis, le beau jeune homme aux yeux verts et au sourire rouge sang apparut au pied des marches. Il tenait une fille par les cheveux. Il jeta sa victime sur la table en chêne, puis sortit une cage en fer d'un placard voisin. Il plongea ensuite le bras dans la gorge de la fille, l'enfonçant jusqu'au coude. Tandis que la pauvre innocente se débattait, il ressortit péniblement une belle colombe blanche. Celle-ci battit des ailes avec frénésie lorsque le jeune homme l'enferme dans la vieille cage sale. Le corps de la fille était immobile à présent. Il récupéra une hache accrochée au mur et Gretel, qui l'observait à travers l'interstice entre une casserole grasse et une marmite encore plus grasse, vit son beau, son merveilleux, son irrésistible ami débiter le corps de la fille en morceaux avant de jeter ceux-ci dans le chaudron bouillonnant. Il levait et abattait la lame émoussée sans relâche. Il léchait le sang qui giclait sur ses doigts et lançait les morceaux de chair, les uns après les autres, dans le chaudron. Tous les morceaux sauf un. La main gauche de la fille était ornée d'un magnifique anneau doré incrusté de rubis aussi rouges que des rubis peuvent l'être. Il tenta de retirer la bague pour qu'elle ne gâche pas le ragout, mais elle ne bougeait pas. D'un coup de hache rageur, il finit par séparer le doigt de la main et le jeta en l'air. Stupéfaite, Gretel le vit tournoyer au-dessus de la pile de récipients derrière laquelle elle se cachait puis atterrir dans son giron. La bague n'avait pas bougé. Par miracle, elle ne poussa aucun cri. Le jeune homme s'empara de la cage et se dirigea vers l'escalier.
_ Je reviens, mère, annonça-t-il. Assure-toi que mon dîner sera prêt!
Ce récit raconte les aventures de deux enfants, une fille du nom de Gretel et un garçon du nom de Hansel, qui voyagent dans un monde magique et terrifiant. Il dépeint leurs efforts, leurs échecs et leurs succès. Il illustre enfin leur éveil au sens de l’existence.
Quand j'étais petit, ma mère me répétait constamment :
- Oh, que tu es mignon ! Regarde-moi ces petits bras ! Ces petites jambes ! Et ce petit pouc-pouc !
C'est ainsi que ma mère appelait mes fesses. Puis elle ajoutait :
- Je vais te manger !
Et elle n'avait pas l'air de plaisanter.
Vos parents vous ont-ils déjà dit ce genre de choses ? La plupart le répètent en permanence, vous savez. C'est parfaitement normal. Un petit conseil, cependant : ne les laissez pas vous goûter pour de bon.
Bref, les enfants de la boulangère étaient si délicieux qu'elle décida de consacrer le reste de son existence à en chercher d'autres. Elle les aimait bien dodus, voilà pourquoi elle prenait toujours le temps de les engraisser avant de les dévorer. Ainsi s'explique son attitude envers Hansel et Gretel.
Une derniere chose, dans le cas ou vous auriez decidé de refermer ce livre : l’univers des freres Grimm peut se reveler effrayant, mais ceux qui osent l’explorer se trouvent recompenses. Car, dans l’existence, c’est souvent dans les recoins les plus obscurs que se cachent la beauté la plus eclatante et la sagesse la plus lumineuse.
Et, bien sur, le sang.
Voyez-vous, il y a un autre récit dans les contes des frères Grimm. Un récit qui s’insinue dans les pages de ce vieux volume mystérieux.
Il y a certaines douleurs qui peuvent vous transformer. La plus solide des epees, sous l’assaut d’un feu violent, ploiera et sa forme sera modifiée. Il en fut ainsi de Hansel. Le feu de la culpabilité et de la honte avait la puissance necessaire.