– Est-ce que tous les handicapés sont en fauteuil roulant ?
– Non ma puce, il existe autant de handicaps que de fleurs dans un champ.
– Tu as mal ?
– Oui parfois, mais pas physiquement, plutôt moralement.
– Pourquoi on n'est pas tous handicapés ?
– Parce que la diversité c'est bien, ce ne serait pas drôle si on se ressemblait tous.
– Pourquoi les gens me disent : « ma pauvre, ton papa est handicapé» ?
– Ils sont jaloux, ils ne pourront jamais porter leur fille sur les genoux et avancer en même temps comme moi quand je suis dans un fauteuil. Tu vois, parfois, pour eux ça marche, mais pour nous ça roule.
– C'est dur, d'être un papa handicapé ?
– Être papa tout court, c'est compliqué, mais c'est tellement bien.
– Et maintenant, tu es content de nous avoir ?
– Il n'y a pas dans la langue française de mots assez forts pour exprimer ce que je ressens.
– Quand tu étais petit, tu pensais que tu serais papa ?
– Je ne le pensais pas, je l'espérais.
– Mais tu ne pourras jamais me porter ?
– Je te porte dans dans mon cœur, c'est mieux.
Mon développement physique se fit au ralenti.
J'étais devenu, comme on dit, un « handicapé moteur ». Ça, c'est la version officielle. Ma mère a une autre version : elle pense que j'étais trop beau et qu'un démon jaloux m'a jeté un sort. Évidemment, c'est la version que je préfère.
Mes nouveaux amis et moi décidons de fuguer, mais on ne sait pas trop où aller ni comment faire. « Moi je sais, dis-je. L'Algérie, c'est à droite en sortant de l'ascenseur. » Non seulement j'étais nul en géographie, mais en plus je n'avais aucune notion des distances.
Quand on est un ado handi, il n'y a pas besoin de boutons d'acné ou d'appareils dentaires pour repousser les filles : les béquilles ou les fauteuils suffisent largement.
- T'as vu le nombre de scouts qu'il y a ?
- C'est un jamboree, une rencontre de scouts, c'est normal qu'il y ait beaucoup de scouts.
- Justement, en rose, je les vois de loin et je les ai à l'oeil.
- Mais il n'y a pas de rose chez les scouts, c'est insensé.
- Vaut mieux être insensé que de perdre un enfant.
- Ouiiii !! J'ai gagné ! J'ai gagné ! J'ai gagné !
- Mais t'as gagné quoi ?!
- Rien, mais je m'entraîne, au cas où ça arriverait !!