Je n’ai pas vraiment eu la sensation de me remettre dedans. La vie d’adulte n’est pas si différente de la vie d’ado. A l’âge d’Aurore on se dit qu’on ne peut pas être plus perdu. Mais en fait, si. On s’en rend compte assez vite. Après, je retrouve de vieilles sensations, en dessinant Aurore. Je revois mes copines et leurs familles, mes profs. J’imagine que les vingt ans qui me séparent de ça déforment les choses mais c’est aussi ça qui est agréable…
Les couleurs sont de Grégory Elbaz, un merveilleux ami et dessinateur. On avait travaillé ensemble sur le dessin animé du Chat du Rabbin - intégrale Tomes 1 à 5 - tome 0 - Chat du Ra... de Joann Sfar et ça fonctionnait bien. Du coup, Aurore a été l’occasion de reconstituer le binôme, différemment. A mon avis, les couleurs ne s’opposent pas au fond. Aurore râle, mais elle râle dynamique. Elle est molle et avachie mais avec la tension sous-jacente de la bestiole prête à bondir. Elle est ado, on ne sait pas ce qu’elle va devenir. L’adolescence est le monde de l’incertitude mais aussi le monde de tous les possibles, c’est ça qui est beau.
Oui, j’imagine. Aurore vit sa vie un peu à l’écart de ses parents. Mais elle a quand même besoin de soutien, en dehors de ses copines. Ancelin et sa grand-mère prennent ça en charge et la perfusent d’énergie et d’optimisme, chacune à leur manière.
Ils sont un peu dans l’ombre de l’histoire, dans l’angle mort de la tête d’Aurore. Ils ne peuvent pas être intéressants, ce sont ses parents. Apprendre à considérer ses parents comme des humains à part entière, ça prend toute une vie.
C’est merveilleux de bosser avec Marie, elle a une vision très ouverte de ses personnages. Elle laisse tout le monde s’y glisser, moi compris. Du coup, on a été assez vite d’accord… Et puis, c’est l’année d’Aurore, puisqu’elle est aussi adaptée au cinéma par Emilie Deleuze. Ca fait plein d’adolescentes revêches lâchées dans le monde…
Au début, je pensais qu’il valait mieux se détacher de ça et supprimer un maximum de voix off. Mais finalement, il m’a semblé que les réflexions intimes d’Aurores et ses blagues étaient au contraire tout le sel du récit et que c’était ça qu’il fallait mettre en avant, tout en essayant de ne pas être redondant, de créer une complicité entre le texte et l’image.
Le petit monde du Golem, de Joann Sfar, quand j’avais seize ans. Je me suis sentie chez moi, la bande dessinée m’a appelée. Et dès que je m’y suis mise, j’ai trouvé ça très addictif, de faire avancer une histoire à la fois par le dessin et par le texte.
Boah, je ne suis pas sûre de fonctionner comme ça. Parfois, en regardant certaines choses, Alberto Breccia, certains mangas, comme l’L`enfer en bouteille de Suehiro Maruo, j’envie une technique et une limpidité dont je suis incapable. Ou bien, en lisant Peanuts, une compréhension de l’humain fine et délicate. Mais c’est plutôt dynamisant de voir de belles choses…
Gros dégueulasse de Jean-Marc Reiser. Dans le dessin, c’est la vie à l’état pur et l’amour de l’humain. Je le lisais en cachette quand j’étais petite même si, en vrai, mes parents ne m’auraient pas particulièrement engueulée en me voyant lire ça.
Peut-être les Donjons de Christophe Blain, ou Peanuts, ou les Gaston.
Aucune idée. J’ai honte de ne pas connaître plus de choses, mais rien de spécifique.
Capucin, Tome 1 : La mauvaise pente de Florence Dupré la Tour ! C’est un auteur génial et un de mes livres préférés. J’adorerais bosser avec elle, un jour.
Je ne suis pas tintinophile, ça m’ennuie un peu. Après, ce n’est pas que je trouve ça surfait. Plutôt que les personnages ne me touchent pas…
Je pense souvent à une phrase du papa d’Achille Talon : « Comment ai-je pu croire que j’avais une chance ? ». Je me dis souvent ça quand je me plante.
En ce moment, je me fais une session Virginie Despentes. J’ai découvert récemment, avec King Kong Théorie (je sais, j’arrive après la bataille) et c’est un gros coup de foudre.
Objet de désir ou de discorde empreint de jouissance ou de souffrance, le corps des femmes fascine ou intrigue. Une table ronde avec Florence Dupré la Tour ("Pucelle - Tome 1: Débutante", Dargaud), Éric Laurrent ("Une fille de rêve", Flammarion) et Agnès Maupré ("James Barry, la vie mystérieuse, improbable, stupéfiante, insolente et héroïque du Docteur", Steinkis). Animée par Laure Dautriche, journaliste à Europe 1
Qui est le personnage principal ?