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Citations de Aimé Césaire (421)


"Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouches. Ma voix la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir."
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Je demande trop aux hommes! Mais pas assez aux nègres, Madame! S’il y a une chose qui, autant que les propos des esclavagistes, m’irrite, c’est d’entendre nos philanthropes clamer, dans le meilleur esprit sans doute, que tous les hommes sont des hommes et qu’il n’y a ni Blancs ni Noirs. C’est penser à son aise, et hors du monde, Madame. Tous les hommes ont mêmes droits. J’y souscris. Mais du commun lot, il en est qui ont plus de devoirs que d’autres. Là est l’inégalité. Une inégalité de sommations, comprenez-vous ? A qui fera-t-on croire que tous les hommes, je dis tous, sans privilège, sans particulière exonération, ont connu la déportation, la traite, l’esclavage, le collectif ravalement à la bête, le total outrage, la vaste insulte, que tous, ils ont reçu plaqué sur le corps, au visage, l’omni-niant crachat! Nous seuls, Madame, vous m’entendez, nous seuls, les nègres! Alors, au fond de la fosse! C’est bien ainsi que je l’entends. Au plus bas de la fosse. C’est là que nous crions; de là que nous aspirons à l’air, à la lumière, au soleil. Et si nous voulons remonter, voyez comme s’imposent à nous, le pied qui s’arcboute, le muscle qui se tend, les dents qui se serrent, la tête, oh! la tête large et froide! Et voilà pourquoi il faut en demander aux nègres plus qu’aux autres : plus de travail, plus de foi, plus d’enthousiasme, un pas, un autre pas, encore un autre pas et tenir gagné chaque pas! C’est d’une remontée jamais vue que je parle, Messieurs, et malheur à celui dont le pied flanche!
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"ne faites pas attention à ma peau noire :
c'est le soleil qui l'a brûlé."
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Aimé Césaire
Tu es toi et je suis moi.
Accepte-moi tel que je suis. Ne cherche pas à dénaturer mon identité et ma civilisation.

[D'après l'ouvrage Aimé Césaire, Un volcan nommé poésie]
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Et venant je me dirais à moi-même :
"Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse..."
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Aimé Césaire
C'est quoi une vie d'homme ? C'est le combat de l'ombre et de la lumière… C'est une lutte entre l'espoir et le désespoir, entre la lucidité et la ferveur… Je suis du côté de l'espérance, mais d'une espérance conquise, lucide, hors de toute naïveté
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Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir.

Commenter  J’apprécie          2020
La Négritude, à mes yeux, n'est pas une philosophie.
La Négritude n'est pas une métaphysique.
La Négritude n'est pas une prétentieuse conception de l'univers.
C'est une manière de vivre l'histoire dans l'histoire : l'histoire d'une communauté dont l'expérience apparaît, à vrai dire, singulière avec ses déportations de populations, ses transferts d'hommes d'un continent à l'autre, les souvenirs de croyances lointaines, ses débris de cultures assassinées.
Comment ne pas croire que tout cela qui a sa cohérence constitue un patrimoine?
En faut-il davantage pour fonder une identité?
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Une civilisation qui s'avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente.
Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte.
Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde.
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Partir. Mon cœur bruissait de générosités emphatiques. Partir... j'arriverais lisse et jeune dans ce pays mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair : "J'ai longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies". Je viendrais à ce pays mien et je lui dirais : "Embrassez-moi sans crainte...Et si je ne sais que parler, c'est pour vous que je parlerai".
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Aimé Césaire
La vérité scientifique a pour signe la cohérence et l'efficacité. La vérité poétique a pour signe la beauté.
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Aimé Césaire
Non, jamais dans la balance de la connaissance, le poids de tous les musées du monde ne pèsera autant qu'une étincelle de sympathie humaine.

Aimé Césaire (1913-2008)

dans "Discours sur le Colonialisme" (1950)

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Pluie, capable de tout sauf de laver le sang
qui coule sur les doigts des assassins
des peuples surpris sous les hautes futaies
de l’innocence.
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Au bout du petit matin, l'extrême, trompeuse désolée eschare sur la blessure des eaux ; les martyrs qui ne témoignent pas ; les fleurs du sang qui se fanent et s'éparpillent dans le vent inutile comme des cris de perroquets babillards ; une vieille vie menteusement souriante, ses lèvres ouvertes d'angoisses désaffectées ; une vieille misère pourrissant sous le soleil, silencieusement ; un vieux silence crevant de pustules tièdes, l'affreuse inanité de notre raison d'être.
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Il est temps de mettre à la raison ces nègres qui croient que la Révolution ça consiste à prendre la place des Blancs et continuer, en lieu et place, je veux dire sur le dos des nègres, à faire le Blanc.
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Ma Négritude

Ceux qui n'ont inventé ni la poudre ni la boussole
ceux qui n'ont jamais su dompter la vapeur ni l'électricité
ceux qui n'ont exploré ni les mers ni le ciel
mais ceux sans qui la terre ne serait pas la terre [...]

ma négritude n'est pas une taie d'eau morte sur l'oeil mort de la terre
ma négritude n'est ni une tour ni une cathédrale

elle plonge dans la chair rouge du sol
elle plonge dans la chair ardente du ciel
elle troue l'accablement opaque de sa droite patience.

Eïa pour le Kaïlcédrat royal !
Eïa pour ceux qui n'ont jamais rien inventé
pour ceux qui n'ont jamais rien exploré
pour ceux qui n'ont jamais rien dompté

mais ils s'abandonnent, saisis, à l'essence de toute chose
ignorants des surfaces mais saisis par le mouvement de toute chose
insoucieux de dompter, mais jouant le jeu du monde
véritablement les fils aînés du monde
poreux à tous les souffles du monde
aire fraternelle de tous les souffles du monde
lit sans drain de toutes les eaux du monde
étincelle du feu sacré du monde
chair de la chair du monde palpitant du mouvement même du monde !
Tiède petit matin de vertus ancestrales

Sang ! Sang ! tout notre sang ému par le coeur mâle du soleil
ceux qui savent la féminité de la lune au corps d'huile
l'exaltation réconciliée de l'antilope et de l'étoile
ceux dont la survie chemine en la germination de l'herbe !
Eïa parfait cercle du monde et close concordance !

Écoutez le monde blanc
horriblement las de son effort immense
ses articulations rebelles craquer sous les étoiles dures
ses raideurs d'acier bleu transperçant la chair mystique
Écoute ses victoires proditoires trompéter ses défaites
écoute aux alibis grandioses son piètre trébuchement
Pitié pour nos vainqueurs omniscients et naïfs !
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MOKUTU : J'ai compris une fois pour toutes que l'on ne doit pas attaquer une bête, si on n'est pas sûr de la tuer.

Acte I, Scène 6.
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LUMUMBA : Quand je pense que pendant cinquante ans, ils ont rampé devant le Belge, et nous n'avons pas plus tôt posé notre cul sur un fauteuil, que les voici à nous mordre les jarrets.
UN MINISTRE : C'est gai ! elle commence bien, l'indépendance !
LUMUMBA : Imbécile ! Et comment croyais-tu qu'elle commencerait ? Et comment crois-tu qu'elle continuera ? Comment croyiez-vous que cela allait se passer ? Quand je vous ai nommés ministres, est-ce que vous avez eu l'impression que je vous invitais à une partie de plaisir ? En tout cas, je ne vous prends pas en traître. Tout. Nous aurons tout, et en même temps ! Et tout de suite : la révolte, le sabotage, la menace, la calomnie, le chantage, la trahison. Vous avez l'air étonnés ! C'est ça, le pouvoir : la trahison, la mort peut-être.

Acte I, Scène 8.
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Aimé Césaire
J’habite une blessure sacrée
j’habite des ancêtres imaginaires
j’habite un vouloir obscur
j’habite un long silence
j’habite une soif irrémédiable
j’habite un voyage de mille ans
j’habite une guerre de trois cent ans
j’habite un culte désaffecté
entre bulbe et caïeu j’habite l’espace inexploité ....
...je m’accommode de mon mieux de cet avatar
d’une version du paradis absurdement ratée
-c’est bien pire qu’un enfer-
j’habite de temps en temps une de mes plaies ....
.....je reste avec mes pains de mots et mes minerais secrets....
....j’habite donc une vaste pensée
mais le plus souvent je préfère me confiner
dans la plus petite de mes idées...

(extrait de "Calendrier lunaire" du recueil "Moi, laminaire")
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Nous frapperons l'air neuf de nos têtes cuirassées
Nous frapperons le soleil de nos paumes grandes ouvertes
Nous frapperons le sol du pied nu de nos voix.

Premiers vers du poème Perdition
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