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Citations de Akira Yoshimura (260)


De l'avant de la file nous parvint un joyeux tumulte.
Les voix qui s'élevaient dans la pénombre de la forêt déclenchèrent les cris aigus et les battements d'ailes d’oiseaux sauvages.
Nous avions tous attendu cet instant avec impatience.
(incipit)
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Mon bras se tendit naturellement pour fouiller au fond de mon sac qui contenait mes effets personnels. Je sentis le contact de la petite boîte. Je grimaçai et retirai aussitôt ma main. Tant que cette boite serait là, il serait absolument impossible pour moi de connaître la paix. Ceci dit, l'idée de la jeter ne me venait pas non plus à l'esprit. Bien au contraire, j'étais dominé par le sentiment agacé de vouloir obstinément la garder.
Et jusqu'à notre arrivée dans la vallée, à chaque pas j'entendais un léger bruit provenir de la boite. Un cliquetis comme celui de la bille de verre qui ferme les bouteilles de limonade ou de coquillages s'entrechoquant, que je ressentais dans mon corps. Ce bruit qui martelait des reproches pendant que je continuais à marcher. Je ne cessais de marcher en attisant ma haine envers ma femme.
Cinq petits morceaux d'os des doigts du pied de ma femme...Posséder une partie d'elle me donnait le plaisir de profaner son cadavre. Il était impensable que je les jette, mais si je les jetais, ce serait uniquement en les lançant dans un égout d'eau croupie.
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Sur le rivage, il voyait des femmes, des vieillards et des enfants, le dos courbé. Quand le calme revenait après plusieurs jours de tempête, on trouvait beaucoup d'algues et de coquillages à ramasser. Il arrivait parfois que viennent aussi s'échouer des morceaux d'épaves, des fruits ou des fragments d'objets usuels, portés par les flots. Sa mère se dépêcha d'aller les rejoindre.
Un petit bateau flottait sur la mer. Contrairement à la nuit précédente, il n'y avait pas de vent, et
l'étendue d'eau était paisible sous le pâle soleil. Il entreprit de mettre le bateau de son père à l'eau. Il le tira sur le sable puis, les pieds dans l'eau froide, le poussa vers le large. Quand il prenait la rame, il pensait toujours à son père. La poignée en était lisse, et à la pensée que c'étaient les paumes de son père qui l'avaient façonnée ainsi, il avait conscience de sa présence à ses côtés.
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Isaku avait entendu parler des terribles châtiments qu'ils encouraient. Ils risquaient d'être ligotés et promenés, puis crucifiés la tête en bas et éviscérés à coups de lance. On disait aussi qu'on était crucifié après avoir eu les membres sciés. Si on apprenait qu'ils avaient pillé la cargaison d'un navire et battu à mort des matelots, on leur ferait certainement subir le même sort.
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Dans cette gorge constamment ravinée par la pluie, la vitesse à laquelle germaient les bourgeons printaniers était stupéfiante. Au début c'était comme si tout se couvrait vaguement d'une fine couche de poudre vert-de-gris, mais de jour en jour la couleur devenait plus foncée, et bientôt les couleurs fraîches du feuillage printanier se répandaient dans toute la vallée.
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De retour à la maison, sa mère lui servit un bol de saké. Il le porta à ses lèvres et fut surpris par l'arôme qui se développa aussitôt à l'intérieur de sa bouche.
Après en avoir bu une gorgée, sa mère dit avec émotion :
- C'est de la bonne qualité. Je n'en ai jamais bu d'aussi bon. Ce n'est pas la même chose quand il est fait avec du riz.
Le liquide était épais, et une vague de chaleur se répandit dans son corps. Il se sentit tout ragaillardi.
- C'est au printemps de l'année prochaine que papa va revenir... J'espère qu'il sera en bonne santé, dit-il à sa mère.
Elle se tourna vers lui :
- Ne sois pas idiot, bien sûr qu'il reviendra en bonne santé. Ton père est solide, il ne risque pas de tomber malade, lui répondit-elle d'une voix forte.
Isaku prit une gorgée de saké. Il voulait être un pêcheur accompli pour le retour de son père. Il voulait être fort, être capable de soulever facilement un sac de riz.
L'ivresse le gagnait et tout se mit à tanguer devant ses yeux. Il termina son saké d'un seul coup et, titubant, alla s'affaler sur sa natte. Il plongea aussitôt dans un profond sommeil.
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- Le travail doit être dur.
- Oui. Puisqu’on nous a achetés, on nous utilise à plein rendement. La seule chose qui soit intéressante, c’est qu’on ne nous laisse pas mourir de faim, de peur de nous perdre...
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On dit que le projet de budget du plan des travaux intègre les indemnités des victimes en fonction de la puissance maximale en kilowatts du barrage. En somme, la mort est une réalité prise en compte dès le début. Ceux qui travaillent dans un tel contexte semblent s’efforcer de devenir insensibles à la mort d’autrui. Dans la pratique, si l’on devait s’apitoyer à chaque décès, il n’y aurait pas de travail possible.
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Sa seule arme était la connaissance obtenue par les études. Mais, comme quelque chose d'hétérogène, elle ne se confondait pas au travail des ouvriers couverts de sueur et de cambouis.
Dans ses yeux minces qui luisaient derrière ses lunettes cohabitaient sans cesse la crainte et l'arrogance. Comme s'il tentait de dissimuler le sentiment d'impuissance vis-à vis des travailleurs, commun aux ingénieurs diplômés de l'université.
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Figurez-vous que pendant l’opération, elle m’a dit quelque chose comme : “Faites attention à ne pas vous tromper, docteur !” Ça m’a troublé. Opérer quelqu’un qui parle, ce n’est pas facile. Je préfère de loin le faire sous anesthésie générale.
(L’échantillon)
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La mort d'un homme, sur le moment, attristait la famille et le reste du village, mais on croyait au retour des âmes et on se résignait vite. La vie était un don des dieux et des bouddhas, et quand venait la mort, l'âme humaine partait aux confins de la mer, pour ensuite revenir dans le ventre d'une femme afin de revivre dans le corps d'un bébé. La mort n'était pour l'âme qu'une période de profond repos précédant son retour, et les villageois croyaient que se lamenter trop longtemps troublait la paix de l'âme du mort. Dans le cimetière, on dressait les pierres tombales et les stûpas face à la mer pour favoriser le retour des âmes au village.
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Cependant, même si elle savait qu'il était en liberté conditionnelle, le crime qu'il avait perpétré dans le passé resterait entre eux, et finirait certainement par devenir pesant. La femme supporterait-elle qu'il la caresse de ses mains tachées du sang d'Emiko.
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Sa décision d’en finir ainsi en entraînant les siens, alors que chacun craignait de perdre la vie dans les bombardements qui s’intensifiaient, m’avait paru singulière. Sa vision de la mort comme une solution à ses problèmes me choquait. Que sa passion pour sa maîtresse ait été si forte que la vie avec sa femme lui ait paru insupportable me semblait stupéfiant. Ce choix, compréhensible en temps de paix, ne l’était pas quand l’existence même des familles était menacée.
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Un abîme s'ouvrit au fond de moi.Tandis que dans cet espace vacant,quelque chose d'énigmatique et lourd s'engouffrait brusquement avec la violence d'un torrent en crue.
Le hameau qui avait bien voulu soigner ma blessure était en train de disparaître de cette vallée.
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Mon regard embrassait dans son intégralité les vagues de montagnes acérées qui se chevauchaient.
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(A propos d'Hiroshima...)

Ajouté aux bombes incendiaires sur les villes de petite et moyenne importance, cet acte de l'armée américaine qui venait de larguer une bombe d'un nouveau type dans le but de blesser et tuer la population dépassait l'entendement. Par la suite, en apprenant l'étendue des dégâts que cette nouvelle bombe avait provoqués sur la ville, Takuya sentit que l'armée américaine ne considérait déjà plus les Japonais comme un groupe humain. On disait que tous les édifices avaient disparu et qu'une bonne moitié de la population avait été instantanément réduite en cendres. Cela s'apparentait à la manière dont on se débarrasse des colonies de mulots en les brûlant.
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La vie était un don des dieux et des bouddhas, et quand venait la mort, l'âme humaine partait aux confins de la mer, pour ensuite revenir dans le ventre d'une femme afin de revivre dans le corps d'un bébé.
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Toute l'étendue du ciel délimité par les crêtes était semée d'innombrables petites taches noires qui ressemblaient à des graines de sésame. Dont les groupes s'entrechoquaient à toute vitesse, saturant le ciel de cris stridents.
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Le jeune garçon secoua la tête. S'il souhaitait finir en héros, ce n'était pas pour échapper à cette réalité. Lorsqu'il pensait à la mort, il voyait des cumulonimbus au-dessus de la mer dans le soleil du couchant, un ciel grandiose. Un été quelques années auparavant, il avait vu un avion de chasse disparaître derrière des nuages garance. La mort au combat qu'il appelait de tous ses veux ressemblait dans son imagination à cette vision, une beauté tragique et solitaire dans laquelle il s'enfoncerait, avec à l'arrière-plan un crépuscule aux couleurs éclatantes. L'idée que c'était cela, se sacrifier pour son pays, lui procurait une satisfaction infinie.
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Les couleurs de la nuit adhéraient aux fenêtres, comme du minerai noir, recelant néanmoins les premiers signes discrets du matin.
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