AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Alain Berenboom (71)


Ce n'était qu'un prélude : là où l'on brúle les livres, on finit pa brûler les hommes.
Heinrich Heine
Commenter  J’apprécie          110
De qui ai-je hérité mes émotions, mes envies, mes peurs et mes aspirations ? Et que m'ont légué mon père et ma mère ? D'eux, je ne sais rien. Ils ne m'ont rien dit ou si peu et je n'ai jamais eu la curiosité de les interroger, avant de fouiller leurs archives comme si j'essayais de m'arracher les ongles à soulever leurs pierres tombales.
Commenter  J’apprécie          100
Un vieux café avec des banquettes en bois, des grands miroirs au mur, couverts de publicités pour différents alcools sans intérêt et pour la gueuze Mort Subite. Allez, une bonne adresse ! La gueuze contenait exactement la quantité de grenadine nécessaire, ni plus, ni moins. Des gourmets.
Commenter  J’apprécie          60
Maurice, ami de son père. On leur apprenait le français et le néerlandais, mais surtout pas les langues qui avaient mené à l’Holocauste, le yiddish ou le polonais, symboles d’un passé gommé.
Commenter  J’apprécie          60
Que m'a-t-il enseigné d'autre sur le judaïsme ? Pas grand-chose. Il préférait parler du peuple juif. Ce peuple, maltraité, torturé, ridiculisé par son Dieu, qu'il ne cesse pourtant d'admirer. Quand on n'est pas content d'un vendeur, d'un médecin ou d'un ouvrier, on en change. Mais pas le peuple élu qui s'obstine jusqu'à la folie à servir un dieu inefficace, grognon et méchant. Chémâ Yisraël ... De temps en temps, un Juif se met à douter. Tant de persécutions, de massacres, de misère ; plus nous prions, plus nous obéissons à Ses commandements, plus nous sommes punis. N'y a-t-il pas là un paradoxe ? Le rabbin a vite fait de donner une réponse à ses vacillations : « Comment se fait-il qu'Israël prie et ne soit pas exaucé ? C'est parce qu'il ne sait pas comment demander ». Autrement dit : voici la réponse, mais quelle est la question ?

p. 167
Commenter  J’apprécie          60
Arrivée en Israël au début des années cinquante et bien décidée à reconstruire sa vie en effaçant le passé, Frania était tombée un soir sur Mishka, son amour d’enfance, à qui ses parents l’avaient arrachée jadis pour l’obliger à épouser Aba, mon terrible grand-père. Mishka, l’éternel regret de sa vie, qu’elle croyait parti en fumée comme à peu près toute la famille, se retrouva ― par magie ? ― devant elle, un verre à la main, chez de vague amis qui l’avaient invitée à diner. Comme s’il l’attendait depuis toujours. Le mariage de Frania et de Mishka fut célébré quelques semaines plus tard dans l’euphorie et l’émotion. Mais comme l’histoire de Loth l’a montré, il vaut mieux ne jamais se retourner. Frania aurait mieux fait de relire se passage de la bible qu’Aba lui avait si souvent cité, cruelle ironie. Frania ne fut pas heureuse avec Mishka.
Commenter  J’apprécie          50
Rien ne lui faisait davantage plaisir que d’accueillir une cliente désespérée. Il l’écoutait sans l’interrompre égrener la liste de ses malheurs. Son mari était devenu amer, sourd, agressif et accessoirement alcoolique. Il perdait ses cheveux, avait mal au ventre et d’affreuses rougeurs sur le visage. […]. Dès qu’elle avait fini de gémir, il se redressait et méditait quelques instants « Revenez demain, je pense avoir la solution à vos souffrances. » Le lendemain, il remettait à la dame, avec la discrétion d’un dealer, une bouteille remplie d’une substance bizarre, un peu gélatineuse, rouge, à boire trois fois par jour avant les repas ― « Attention AVANT ! Sinon, ne vous plaignez pas qu’elle reste sans effet. »
Je ne sais si mon père avait lu Knock mais, comme les patientes de Jules Romains, la cliente revenait quelques jours plus tard, les yeux humides et reconnaissante : « Il est guéri ! Même vot’ remède lui a débouché les oreilles ! »
Commenter  J’apprécie          50
La friture de la place Jourdan n'a jamais obtenu de Monsieur Michelin les trois étoiles qu'elle aurait méritées. Qu'attend donc Bibendum pour plonger ses gros doigts boudinés dans le sachet de papier goudronné, rempli à ras-bord des meilleures frites de Bruxelles - donc du monde - dorées, croustillantes, recouvertes de gros sel marin et d'un pickles aussi que le vent d'octobre sur la jetée d'Ostende ?
Commenter  J’apprécie          40
J’ai du mal avec les sous-entendus, les communications subliminales. J’ai été élevé par des parents, profs militants laïques, qui détestaient la culture jésuite. Ils m’ont appris à être direct, à parler sans détour – c’était la mode à l’époque, la culture que voulaient nous fourguer des profs issus de mai 68. Décoder des messages à plusieurs niveaux de signification m’aurait été drôlement plus utile, notamment dans mes relations avec les femmes. Si j’y avais été préparé, j’aurais fait moins de dégâts dans mes relations intimes et pu affronter la société chinoise.
Commenter  J’apprécie          40
Que sait-on de ceux qui nous entourent ? La personnalité des êtres humains est si complexe. Ils présentent souvent plusieurs visages et en dissimulent d'autres.
Commenter  J’apprécie          40
Alain Berenboom
C'est vrai, l'école dégoûte des bouquins. Et en même temps, elle les fait aimer.
Commenter  J’apprécie          40
Ah ! Les femmes de la Bible ! Il y en a tant et elles sont si belles ! Mon enfance fut comblée, bien plus que mon adolescence. : ce n'est pas chez Jules Verne ni chez Tintin que j'aurais pu apprendre à les aimer. Rachel aux yeux tendres, Bethsabée qui ne fait pas un geste pour protester quand son amant, le roi David, envoie au front son mari, le brave Ulric, façon de s'en débarrasser sans se salir les mains. ("Placez Ulric à l'avant, au plus fort de la mêlée, et abandonnez-le pour qu'il soit frappé à mort.") Stupide Ulric qui a choisi la carrière militaire ! Dalila qui, à force de séduction, pénètre les secrets de Samson, son mari, et le livre à ses ennemis. Yaël, si belle que le chef ennemi ne résiste pas quand elle l'invite sous sa tente et qu'elle lui enfonce un clou dans la tête. Ce qu'elles m'ont grisé, les femmes de la Bible ! Enveloppées, dans la mémoire, de parfum aux consonances si mystérieuses qu'elles se mêlent à l'odeur même du Livre. L'exemplaire de mon père sentait la vanille et la farine. Le livre refermé, il le rangeait, je ne sais pourquoi, près de la boîte à gâteaux, si bien que la lecture de la Bible le dimanche matin avait déjà le goût du dessert. Et de la Méditerranée.
Commenter  J’apprécie          40
Les trams urbains portaient des numéros et les trams vicinaux une grande lettre noire peinte sur une plaque de bois au-dessus de la voiture de tête. […]. Ce matin-là, je passai deux heures à observer le manège des trams, quand soudain un esprit malin me souffla : « vas-y bon sang ! qu’est-ce que tu attends ? » Poussez par cette petite voix, je bondis sur la plateforme arrière d’un tram qui venait de démarrer, aussi excité qu’un cancre en goguette. A cette époque bénie, les trams circulaient portes ouvertes, ce qui permettait de les attraper au vol. En route vers l’aventure ! Tonkin, Tanger ou Matadi ? Peut-être Varsovie, De toute façon, un lieu magique au beau milieu de la jungle. […]. Le tram finit par atteindre son terminus. « Allemaal uitstappen’ » (Tout le monde descend), cria le conducteur. […]. Par malheur, mon père passa devant le terminus des trams juste quand je revenais de mon expédition. Ce qui ma valut une sacrée engueulade devant tous les passagers. D’où viens-tu ?
― De nulle part … murmurais-je d’une voix pitoyable.
― Tu refuses de me répondre ?
― De Tonkin, de Matadi, de Varsovie, qu’est-ce que j’en sais ? Regarde !
Mon tram était reparti. Mais on devinait encore sur la plaque en bois un V ou un W.
― Tu vois bien, je viens de V ou W ! insistai-je.
Commenter  J’apprécie          30
Varsovie, quand il l’évoquait, n’était ni la capitale de la Pologne, ni la ville où il avait vécu, étudié, aimé, ni celle d’où Sara avait envoyé son dernier message. C’était une cité de conte de fées, irréelle et magique, aussi fragile qu’un château de cartes que le souffle d’un seul homme pouvait faire disparaître. Pour mon père, la Pologne n’existait plus.
Commenter  J’apprécie          30
les mouchards sont toujours pressés. Comme si la mémoire leur revenait soudain quand l'eau des pâtes va déborder ou quand leur avion décolle pour Rio.
Commenter  J’apprécie          30
En Chine, personne ne regarde par-dessus son épaule. Nous vivons dans le présent, car le passé n'est qu'un cortège de souffrances et de désastres et le futur terriblement incertain.
Commenter  J’apprécie          30
- Demain est toujours plus rassurant, avait affirmé mon père un jour que je broyais du noir.
- Ah oui? Et la mort au bout de demain ?
- La mort ? Un esprit scientifique ne croit qu'à ce qui a été vérifié par l'expérience. Or personne n'est jamais revenu du soi-disant royaume des morts. Donc... (...)
Si la mort existait, qui pourrait encore croire en Dieu? Honorer un Dieu qui aurait assassiné des milliards de créatures juste parce qu'Adam et Eve ont boulotté quelques fruits de son jardin?
- Il a tout de même fini par abandonner Hitler, fis-je remarquer.
- Tu vois ? triompha-t-il. Comment croire en un dieu qui change sans cesse de héros ?
Commenter  J’apprécie          30
Il paraît que je suis un écrivain de la Communauté française de Belgique. Un seul libraire est-il jamais parvenu à caser cette étiquette sur le rangement sans empiéter sur le rayon voisin ? D'après l'ordre alphabétique, mes livres doivent se confondre avec ceux des Coréens ou des Cubains. A moins que, pour éviter les confusions, le libraire n'ait choisi une abréviation qui rende mon espèce définitivement incompréhensible : "écrivains Co.fran.bel" ou "francs belg". Peut-être "commu.be", avec le risque d'être pris pour un communiste bulgare.
Commenter  J’apprécie          20
En rentrant chez moi, je songeai à la complexité de notre petit pays.Vu de loin, un paradis sur Terre, patrie du chocolat, du fromage et de la démocratie : la Suisse, mais avec sept cents bières différentes en prime. En réalité, un chaudron en ébullition où un apprenti sorcier tentait de mélanger des ingrédients qui n'étaient pas destinés à se mêler et réagissaient violemment pour éviter la fusion. Pourtant, dans le passé, des Belges avaient déjà réussi bien des miracles et associé d'autres éléments dont personne n'aurait pensé qu'ils puissent s’allier et bonifier ensemble. La gueuze et la grenadine, par exemple. N'était-ce pas un signe ?
Commenter  J’apprécie          20
- Votre futur est dans votre passé. Ne croyez pas que fermer votre placard à souvenirs à double tour vous permet de repartir d'une feuille blanche.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Alain Berenboom (197)Voir plus

Quiz Voir plus

Qui suis-je ? (3)

Si j'étais un métier, je serais...

pompier
marin
bibliothécaire
médecin

6 questions
10 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}