Je reste encore ému, maintenant, en relisant mon journal des jours où je commençais à m'épuiser, car je vois progressivement mon écriture changer. La solitude y apparaît de plus en plus douloureuse, de plus en plus obsédante, et ce journal était devenu mon interlocuteur unique : alors que, dans les premiers temps, j'écrivais une page, une page et demie, maintenant je noircissais chaque jour de deux à trois pages et demie. J'écrivais peu à la fois, mais souvent. Je craignais pourtant de ne pas avoir assez de papier.
2288 – [Le Livre de poche n° 368, p. 191/2]