Je crois qu’il est très difficile de changer les conditions générales de la politique aujourd’hui. Parce qu’elles sont liées à la fabrication en masse de sujet immunisés qui ont de moins en moins envie de s’exposer. Or, faire de la politique, c’est s’exposer.
La dégradation des conditions du débat est vraiment patente, avec un spectre des positions acceptables qui se rétrécit. Il y a des effets d’agglomération, d’agglutinement : un certain nombre de différences sont tolérées à condition qu’elles soient subsidiaires. À l’image des pseudo engueulades entre politiques ou entre journalistes : ils peuvent parfois se jeter des anathèmes ou se déchirer en surface tant qu’ils demeurent homogènes sur le fond. Ils s’entendent ainsi sur le fait que la politique se fait aux conditions de l’État, que quiconque prononce le mot « peuple » est un populiste. Un simulacre de débat.
La ligne à suivre est celle de l’autonomie. Il faut que les sujets éprouvent une capacité à devenir eux-mêmes producteurs de cultures, de discours, d’informations, de pratiques, d’actions... C’est dans ces conditions que les choses changent.
En 1983,il était encore concevable d’écrire un livre à propos du monde juif d’Europe orientale au XX ème siècle, appréhendé dans sa conditions historique, et qui s’organise autour du signifiant majeur révolution et non point Shoah…
Les préjugés qui nous portent à voir la culture comme un domaine élevé et une instance salvatrice sont si puissants qu’on conçoit difficilement que la culture est désormais bel et bien enraciné au cœur des dispositifs biopolitiques.
… ce fil juif et rouge, traversant les sept cercles de l’enfer de notre histoire, nous conduit tout droit aux allées et boutiques obscures de notre époque, à l’absurde, l’illogique, au déraisonnable, à l’irrationnel de ce temps ; à ce bégaiement de l’histoire qu’aucune raison, aucun bilan, aucun discours a posteriori, aucune dissection du passé ne parviennent à épuiser, apprivoiser, réduire à l’état de passé-objet.
Leur monde est devenu énigmatiques aux yeux de l’immense majorité de nos contemporains.
L’étonnante actualité de ces récits diffractés