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Critiques de Alain Damasio (1543)
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La Horde du Contrevent

Ce jour là Mr Damasio, j'arpentais comme une âme en peine les rayons hétéroclites de ma librairie préférée.

Car j'étais en quête moi aussi... Comme chaque homme un jour ou l'autre peut l'être... Qu'il s'agisse de survie ou de simplement retrouver goût à un plaisir simple qui s'évertue à nous échapper...

L'origine du vent pour certains, le plaisir de lire pour d'autres.... Les enjeux pensez-vous, ne sont pas les mêmes, lorsqu'il s'agit du destin du monde ou de sa propre "petite trajectoire"... détrompez-vous! Le tout est dans l'espoir que l'on investit... Et un homme heureux, satisfait, comblé dans sa recherche individuelle d'une route à suivre, alors, sera plus apte à une destinée universelle...



Lorsque lire mais plus encore, lire du jamais lu, lorsque notre quête ne se dirige vers rien d'autre que l'étonnant, l'inexploré, la révélation d'un genre, une approche encore inconnue, alors, rapidement, on tourne en rond, on s'exténue à retourner inlassablement vers nos premières découvertes littéraires pour essayer, le temps d'un livre, de retrouver notre capacité à s'étonner et à s'émerveiller...



Depuis quelques temps déjà, aucune lecture ne trouvait grâce à mes yeux... Je commençais chaque jour un ouvrage nouveau et chaque jour l'abandonnais... Chaque 4ème de couverture était la promesse enivrante d'une découverte fabuleuse, d'un voyage hors du commun...

Mais chaque première page, à peine lue, démystifiait de façon impitoyable mes attentes de renouveau et de découverte...

Je commençais à me croire trop exigeante. Et m'accablais de reproches quand à mon incapacité à m'enthousiasmer pour quoi que ce soit...



Ainsi donc, ce matin là, je déambulais parmi les rayons bigarrés de cette grande librairie où je me sentais perdue et à l'affût presque désabusé de ce livre particulier qui enfin, me redonnerait le goût des mots et des histoires...



J'essayais vainement de me détourner de la fantasy que j'explorais depuis 5 ans déjà... Et là, en tête de gondole des nouveautés, un livre peu coloré, sans rien de plus pour attirer l'œil qu'un bandeau rouge annonçant un "grand prix de l'imaginaire", un poche, grisâtre et peu attrayant.

Mais, allez savoir pourquoi, c'est vers lui que je me dirigeai alors que les prix depuis longtemps déjà n'étaient plus pour moi gage de qualité.. Je le pris, le caressai, lus la 4ème de couverture et l'ouvris à la première page....

Et c'est là que se produisit le miracle car voici ce que je lus :

" A l'origine fut la vitesse, le pur mouvement furtif, le "vent-foudre".

Puis le cosmos décéléra, prit consistance et forme, jusqu'aux lenteurs habitables, jusqu'au vivant, jusqu'à vous.

Bienvenue à toi, lent homme lié, poussif tresseur de vitesses."



Ces quelques mots me cinglèrent l'esprit et me transportèrent jusqu'à me laisser pantelante du désir amorcé d'aller plus loin dans ce phrasé si plein de promesses...Je rentrai chez moi impatiente et néanmoins hésitante... Et si je m'étais trompée ?

Si cet ouvrage, comme les autres, n'était qu'un mirage de plus, une autre promesse non tenue?..



Mais je commençai et bientôt je compris que je ne m'étais pas trompée...

Chaque page, chaque ligne lues étaient comme un nectar, une bouffée d'oxygène, un délicieux sursaut sur mon chemin de lecture... Un moment de grâce, si rare, si exaltant, si généreux et si riche!!!

Caracole m'étourdissait et me laissait après chacune de ses interventions dans l'extase du beau mot, de la belle phrase et du propos joyeux du saltimbanque généreux et érudit.

Sov m'expliquait, sans m'ennuyer jamais, les particularités de cet univers à la fois menaçant et passionnant dans lequel je finis par me projeter en toute confiance...

Même Golgoth et sa cruauté toute bestiale, son animalité dédiée à l'aboutissement de sa quête, aveugle et brutale... Grossière aussi mais tellement touchante....

Et Pietro, le prince déraciné, son élégance aussi bien dans l'attitude que le propos...



Et Coriolis, Talweg ou Aoi Nan....



Je me jetai à corps perdu dans l'aventure et luttai contre les vents furieux....Je m'esquintai comme ceux de la Horde à chercher une route praticable et à aller au plus loin de mes capacités....

Je pleurai, le moment venu, le destin de Steppe....

Je me délectai de chaque touche de poésie, de philosophie, de voyage et de découverte, de réflexion toujours judicieuse.

Je m'ébahis devant la justesse du dosage...

Et plus que tout, je savourai le langage, l'habileté du mot, de l'expression. Tout était prétexte à extase pendant cette lecture.

Puis, vint le mot de la fin...



Et avec lui, le sentiment d'une perte immense...Alors, je commençai mon travail de deuil. Je parlai de la Horde à quiconque voulait bien m'écouter... Je postai sur chaque forum une critique malheureusement très en dessous de ce que je ressentais...

Je pris le pseudonyme de Steppe sur mon forum préféré...

Mais, quoi que je fasse, reste en moi comme un sentiment confus de perte et de vide....

J'ai eu besoin de plus d'un mois avant de pouvoir ouvrir un autre livre....

Alors, Mr Damasio, entre vous remercier et vous maudire, je ne sais que choisir....



Merci, merci mille fois pour cette œuvre généreuse, atypique et si aboutie...

Merci pour mes larmes glacées versées dans la Norska, de joie comme de tristesse.

Merci pour cette grâce offerte à mon âme blasée.

Merci pour cet amour du mot juste et pour mon intérêt enfin renouvelé...

Merci pour Golgoth, Pietro, Sov, Caracole, Erg, Talweg, Firost, L'Autoursier, Steppe, Arval, Le Fauconnier,

Horst et Karst,

Merci pour Oroshi, Alme, Aoi nan, Larco, Léarch, Callirhoé, Boscavo, Coriolis et Sveziest...

Merci pour moi Mr Damasio... Et ce mouvement insufflé à ma curiosité...



Mais je vous maudis pour ce sentiment d'inachevé qui me colle à la peau depuis la dernière(la première?) page tournée de la "Horde".

Je vous maudis de m'avoir donné le meilleur et ainsi d'avoir relevé le niveau de mes exigences....

Je vous maudis de m'avoir laissée orpheline d'une famille que j'avais faite mienne...

Je vous maudis d'avoir annoncé une suite à la "Horde"....



Depuis, à nouveau, j'erre dans les rayons de ma librairie préférée... Toujours en quête...

Et je vous cherche, Mr Damasio, je vous espère....

Je scrute l'horizon en quête du chrone dans lequel je pourrais m'oublier et me déliter jusqu'à me renouveler...

Mon "Vif" vous appelle et vous attend.



Vous m'avez laissée là, ébranlée, essoufflée, haletante, presque suffocante.... Orpheline et désemparée, je continue à chaque lecture à rechercher ce merveilleux instinct du mot et de l'histoire...

Et chaque lecture me ramène à vous et à ma frustration...

Mais aussi, vous m'avez donné le goût de la quête....

Et la certitude d'un espoir possible.

Et chaque livre ouvert, chaque première page est une promesse....

Grâce à vous....

Merci Mr Damasio.... et pour finir, pour ceux qui savent :

"N'acceptez pas que l'on fixe, ni qui vous êtes, ni où rester. Ma couche est à l'air libre. Je choisis mon vin, mes lèvres sont ma vigne.

Soyez complice du crime de vivre et fuyez ! Sans rien fuir, avec vos armes de jet et à la main large, prête à s'unir, sobre à punir.

Mêlez-vous à qui ne vous regarde, car lointaine est parfois la couleur qui fera votre blason." .....

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La Horde du Contrevent

Donnez-moi de la terre à contrer.





Ce n'est pas la première œuvre de l'auteur, mais probablement la plus connue et en tout cas celle qui a eu le plus de succès. Publiée en 2004 elle a obtenu le grand prix de l'imaginaire en 2006.





C'est l'histoire de la 34ième horde du contrevent, racontée essentiellement par Sov le scribe et composée de 23 membres, organisée en troupe quasi militaire et hiérarchisée. le Fer, le Pack et les Crocs. Leur but ? De l'extrême aval, remonter, à pied, vers l'extrême amont, connaître les trois dernières des neuf formes de vent et avec cette question qui revient sans cesse : Pourquoi ? Pourquoi la horde, pourquoi le vent souffle-t-il ?

Au début du livre, notre 34ième horde contre déjà depuis 28 ans et elle n'est qu'au début de ses véritables épreuves.





On peut laisser de côté la forme un peu déroutante (numérotation de page inversée, sigle attribué à chaque membre de la horde servant à identifier qui parle ou raconte, pas de lexique pour un nouveau vocabulaire riche et exotique, voire mystique) pour se concentrer sur l'intérêt de l'histoire.





On m'a dit de m'accrocher les 70 premières pages, mais moi j'ai adhéré dès le début à cette troupe, me laissant emporter, sans parfois comprendre tout ce que je lisais, mais m'accrochant à cette dynamique de groupe. Le but de leur vie a-t-elle un sens ? En tout cas elle a une valeur, venant du combat, du rapport physique qu'ils ont avec le vent.

Ce combat, ce combat ultime, cette volonté d'aller jusqu'au bout. Cette quête, cette formidable et époustouflante quête où l'on souffre avec la horde, où l'on meurt avec elle dans sa lutte contre les vents, la poursuite qui cherche à l'éliminer, ces chrones, (forme de vie, concept phénomène naturel ?) jouant avec le temps, les sens et l'espace. Cette lutte de tous les instants, dans le désert, dans l'eau, dans la Norska, mortelle et glaciale...





On ne ressort pas indemne de cette histoire. Exceptionnel.
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La Horde du Contrevent

Un texte excessivement maniéré , inutilement compliqué , à la limite de l'insipidité et dont le nombre de commentaires positifs ne me semble pas objectif .

Cette aura laudative qui entoure ce texte me semble plutôt relever de l'hallucination collective et d'un engouement convenu , que d'une véritable description objective de l'aspect « Himalayiennement » éprouvant que constitue la lecture de ce texte à la complexité sadomasochiste .

Prévenons donc les lecteurs naïfs et confiants que la forme de ce roman est complètement absconse et aussi complétement aussi pénible , que inutilement ampoulée . Elle est même violement ampoulée je dirais …

Une fois que l'on a posé le caractère fondamentalement chiant de ce texte , on pourra gloser et souligner que l'univers est puissant et prenant , c'est vrai .

Mais bon , ce n'est pas une raison pour passer de nombreuses heures à se prendre la tête avec un texte gonflant qui accouche d'une sourie finalement …

Une troupe avance sous le vent , trois pages plus loin elle parvient à planter un piolet , et 10 pages plus loin , elle en plante un deuxième , entre deux vous avez le Guinness des records de calembours et autres jeux de mots , avec un personnages qui s'accroche en s'efforçant de garder son bonnet en évitant de décoller avec lui , sous l'impact des vents , décidément très « venteux « .

Finalement l'action ,paradoxalement statique de ce texte sous le vent , qui décoiffe et qui gonfle , ne parvient pas à masquer qu'il n' est fondamentalement , qu'une longue suite de calembours édifiants plutôt réussis , que l'auteur aurait peut-être dû présenter sous la forme d'un dictionnaire ou bien d'une anthologie …

Long , chiant , pénible et c'est une véritable ascèse que d'aller jusqu'à la fin … voilà ….

Pour ce qui est du nombre de critiques favorables à droite à gauche , vous me direz , « mais regarde il est encensé » , moi je vous demanderais pourquoi les critiques négatives de ce trésor national ampoulé , ne passe jamais l'hiver et sont obstinément effacées sur certains sites marchands , …

Bon je ne vais pas en faire un plat , mais j'aurais quand même eu l'obstination , l'outrecuidance , de souligner le caractère «Dantesquement abscontèsque « de cette aventure gonflante et un peu trop gonflée , toutes voiles aux vents bruyants et biens pratiques finalement …

Bon , c'est promis , si vous allez jusqu'au bout et que du coup , vous auriez réussi à ne pas oublier le début , c'est promis , : vous aurez votre diplôme d'intellectuel chevronné …

Sur ce , bonne lecture de la horde , et bonne année à tous ….

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La Horde du Contrevent

Vous lecteurs !!! Vous comptez lire la Horde du Contrevent ? Et vous pensez pouvoir le faire tranquillement sans efforts ? Assis sur votre canapé en sirotant un petit jus alors que le pack contre pour survivre à la trace ? Mouhahahaha, je rigole !! Vous êtes naïf. Ce ne sera pas si simple. La Horde ça se mérite !



Vous voulez être des leurs ? Alors préparez-vous à souffrir. Il vous faudra d'abord passer le premier cap des 100 pages en acceptant de ne pas tout comprendre. En acceptant ces étrangers dont on ne sait rien. Puis, pour ne rien arranger, il y a ce texte compliqué, rempli à chaque page de mots inconnus et qui ne veulent pas toujours dire quelque chose. Il faudra également faire avec une numérotation des pages inversée. Après avoir tourné la première il est indiqué 615 ouch. Et enfin, pour rien arranger, à chaque page il y a un mot partiellement recouvert de symboles qui oblige le lecteurs à une attention particulière.



Si vous arrivez à contrer les 100 premières pages, les membres de la Horde commenceront à vous respecter. Ils vous ferons une petite place dans leur groupe et vous permettront au fil des 100 pages suivantes de faire connaissance, de prendre conscience d'être face à un groupe exceptionnel. Ils sont 23, les meilleurs ! Ils ont trois ans d'avance, depuis leur départ de l'extrême-aval, sur toutes les autres Hordes de l'histoire et comptent bien augmenter cette avance.



Vous avez encore du mal ? Revenez aux premières pages. Les symboles dessinés pour chaque membre de la Horde correspondent à la personne qui conte l'histoire tout au long du livre. Chaque fois que vous voyez un symbole au début d'un paragraphe cela indique qui parle. (La page Wikipedia sur la Horde du Contrevent est ton ami :-)).



C'est bon, vous y êtes, vous aller pouvoir tracer avec eux. Vous faites partie du pack maintenant et il est temps de se jeter à l'eau, de vivre des émotions intenses à travers cette quête épique. Puis il vous faudra sortir votre doudoune, plus loin, pour continuer l'aventure jusqu'à l'extrême-amont.



Un livre unique, exceptionnel, original mais très dur à lire. Personnellement la partie métaphysique, les vifs, les chrones, autochrones etc, m'a vraiment gêné. Un peu "Too much" et un peu lourd. Pour le reste j'aurais vraiment mis la note maximum.



Certified "cloques aux pieds garanties" by Wiitoo Takatoulire.

Note 4/6
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Les Furtifs

Quinze ans ont passé depuis la publication de « La Horde du Contrevent », véritable best-seller, et pourtant Alain Damasio dispose toujours d’une très forte popularité, au-delà même du cercle des lecteurs de science-fiction. Son prochain roman était donc attendu avec impatience et n’a pas manqué de susciter l’intérêt du public et de la presse (même généraliste, chose rarissime dès qu’il s’agit de « littérature de genre » !) qui s’accordent pour l’instant majoritairement à saluer la qualité de cette nouvelle œuvre.



Pour ma part, même si j’ai pris énormément de plaisir à retrouver la plume et l’intensité inégalable qui se dégage des écrits de l’auteur, je ressors de cette lecture avec un sentiment un peu plus mitigé que pour ses deux précédentes œuvres. Alain Damasio renoue ici avec l’anticipation et met en scène ce que pourrait devenir la société française dans un futur proche. On retrouve certains des éléments qui caractérisaient déjà Cerclon, la ville servant de décor à « La Zone du Dehors » (hiérarchisation des habitants, nouvelles technologies filtrantes, notation généralisée…), sauf que cette fois cette société dystopique s’insère véritablement dans un cadre que nous connaissons. L’essentiel de l’action se situe ainsi dans la ville d’Orange qui, comme Paris, Lyon ou encore Cannes, a été rachetée par une multinationale qui la gère désormais à sa guise, sans plus aucune intervention de l’état. N’allez toutefois pas imaginer la mise en place d’un pouvoir autoritaire qui contraindrait les habitants par la force. Non. Le système mis en place est bien plus insidieux que cela et repose sur le consentement des citoyens qui, pour la plupart, sont parfaitement satisfaits de ce nouveau fonctionnement. Société de contrôle 2.0, dans laquelle l’aliénation n’a même plus a être imposée, « elle est devenue un self-serf vice ». C’est dans ce contexte que l’on fait la connaissance de Lorca, quarantenaire dévasté par la disparition de sa fille mais qui refuse de croire à sa mort et place tous ses espoirs dans une théorie folle que bien peu partagent : elle serait partie de son plein gré avec les furtifs, des créatures dont on ignore la véritable nature mais qui vivraient à la lisière de notre regard, se cachant dans les coins et recoins inaccessibles de notre champ de vision. Aux côtés d’une équipe de chasseurs de furtifs, une branche secrète de l’armée qu’il est parvenu à intégrer, il va se lancer dans une quête désespérée pour comprendre ce qui a pu arriver à sa fille et renouer avec la mère de celle-ci qui tente de faire son deuil et refuse d’envisager une possibilité aussi peu plausible.



Le thème de la maternité et de la paternité est au cœur de l’ouvrage, et le sujet est abordé avec une sensibilité extraordinaire qui donne lieu à de très beaux passages, sans doute les plus poignants du roman. Celui-ci possède aussi une forte dimension politique qui prend la forme d’un réquisitoire à l’encontre du capitalisme moderne et de ses travers. L’aspect le plus évident mis en scène ici est certainement le désengagement de plus en plus massif de l’état au profit des grandes multinationales. Cela passe par le rachat de certaines villes par des groupes comme LVMH, Nestlé ou Orange, mais aussi par la suppression des impôts (adieu le peu de solidarité et de redistribution qui restait !) et la mise en place de forfaits (standard, premium ou privilège) qui donnent accès à plus ou moins de droits et de lieux (certaines avenues, parcs ou places sont réservés à ceux qui payent le plus cher, les autres devant se contenter des rues bondées et de structures à peine entretenues). L’auteur dénonce également la commercialisation généralisée de tous les aspects de notre vie : des « vendiants » arpentent le pavé pour vendre/mendier leurs produits et leur marque à chaque passant, tandis que certains citoyens se voient condamnés à des TIC, Travaux d’Intérêt Commercial (« tu paies ta dette à la société en maximisant les profits d’une multinationale ! »). Mais ce qui intéresse le plus Alain Damasio, c’est tout ce qui touche à la société de contrôle et à la montagne de données que l’on nous vole ou (bien souvent) que l’on donne volontairement et qui servent à paramétrer ce qu’on nous vend, ce que l’on voit, ceux avec qui on interagit... Dans le futur mis en scène ici, chaque citoyen porte ainsi une bague qui sert à justifier de la possession de tel ou tel forfait, mais qui récupère et transmet aussi un maximum de données concernant l’individu qui la porte afin de cibler et filtrer encore davantage son rapport au monde. C’est loin d’être la première fois que l’auteur se penche sur la notion de « technococon », cet ensemble de technologies et d’applications dans lesquelles on s’enferme par confort, et certains des aspects développés ici ne sont pas sans rappeler des épisodes de l’excellente série Black Mirror (notation entre individus, compilation de données pour redonner vie de façon virtuelle à un être cher…).



Toutes ces thématiques sont passionnantes, d’autant qu’Alain Damasio les aborde non seulement d’un point de vue philosophique et politique, mais aussi en les articulant sur le réel. Le problème, c’est que l’auteur a un peu trop souvent tendance à nous exposer certaines de ces théories de manière moins subtiles que d’ordinaire, sous la forme par exemple du monologue d’un personnage. Certains trouveront également très agaçant le parti pris clair et revendiqué de l’auteur qui, sur l’échiquier politique, se situerait à l’extrême gauche. Personnellement cela me va plutôt bien, mais je ne suis pas sûre que tous les lecteurs apprécieront cette « radicalité » ni les propositions d’actes de résistance et de réappropriation évoquées par l’auteur. Car loin de se limiter à un récit d’anticipation classique, Alain Damasio atténue l’aspect dystopique de son œuvre en y intégrant une bonne dose d’utopie. Des îles artificielles créées dans le delta du Rhône pour les marginaux et les Alters aux C-Cités (« pour que le commun se réapproprie l’urbain »), en passant par des ZAG (Zones Auto Gouvernées) ou encore le réaménagement des toits des immeubles, l’auteur met en scène toute une série d’alternatives possibles à cette société de contrôle, ses personnages rivalisant d’ingéniosité pour se réapproprier cette ville où tout a été privatisé. C’est inventif, bourré d’énergie, d’enthousiasme, de bonne volonté, le problème c’est que c’est aussi souvent très « perché », comme si les personnages se livraient à un concours de « qui aura l’idée la plus farfelue », et cela peut contribuer à faire perdre le fil au lecteur. Les furtifs, ces fameuses créatures à mi chemin entre l’animal, le végétal et le minéral, participent aussi beaucoup à renforcer cet aspect utopique dans la mesure où ils représentent le dernier espoir de l’humanité non seulement d’échapper à cette société hyper-tracée, mais aussi de renouer avec le vivant dans sa forme la plus pure. L’idée est séduisante et ouvre d’intéressantes perspectives, même si, là encore, l’auteur part parfois peut-être un peu trop loin, au risque de perdre son lecteur par des théories philosophiques qui peuvent apparaître comme trop complexes ou trop fantaisistes.



Le point de crispation le plus important réside toutefois dans le style employé par l’auteur. Alain Damasio nous avait pourtant déjà habitué dans ses précédents romans non seulement à une typographie particulière, mais aussi à un langage atypique, fait de néologismes et de nombreux jeux de mot et de langage. On retrouve tous ces éléments dans « Les furtifs », mais de manière encore plus poussée. Trop, parfois. Comme pour « La Zone du Dehors » et « La Horde du Contrevent », l’auteur opte ici pour un récit polyphonique : les personnages parlent à la première personne et nous livrent, à tour de rôle et pourtant côte à côte, leurs impressions et leur interprétation de ce qui est en train de passer. Chaque changement de narrateur est signalé par un signe typologique particulier, chose qui pouvait s’avérer délicate dans « La Horde » où une vingtaine de personnages étaient mis en scène mais qui s’avère ici bien plus facile à appréhender puisque les protagonistes ne sont qu’au nombre de six. Outre leur symbole, ces personnages possèdent également une manière bien particulière de s’exprimer qui reflète leur personnalité ou leur état d’esprit : Hernan a l’habitude de mêler des mots d’espagnol à son français, Ner s’exprime de manière hachée et sèche quand Sahar est toute en douceur, Toni Tout-fou emploie un mélange de franglais et d’argot gitan, Saskia appréhende le monde essentiellement par son ouïe… On sent bien que l’auteur a beaucoup retravaillé son texte afin de soigner cette manière de parler propre à chacun, et c’est d’ailleurs tellement réussi qu’on se passe bien vite des signes et qu’on devine instinctivement à quel personnage on a affaire. Le style de certains narrateurs est toutefois moins fluide que d’autres, au point que, dans le cas de Ner ou de Toni Tout-Fou par exemple, on peut davantage parler de déchiffrage que de lecture en raison de l’accumulation de termes techniques ou de mots issus de l’argot ou d’un jargon particulier. Le problème c’est que ce genre de passages a tendance à se multiplier dans la seconde partie qui accuse ainsi une baisse de régime par rapport au début du roman, pourtant très immersif. A noter que l’ouvrage s’accompagne (comme pour « La Horde ») d’un album (à télécharger sur internet) écrit avec le guitariste Yan Péchin.



Alain Damasio signe avec « Les furtifs » son grand retour sur la scène de la science-fiction. Sans surprise, le roman reprend la plupart des thématiques chères à l’auteur (société de contrôle, techno-cocon, dénonciation du capitalisme…) qui sont exposées avec toujours autant de force et de pertinence, mais sans doute moins de subtilité que dans ses précédents textes. Cela pourra malheureusement rebuter une partie du lectorat qui ne partagerait pas la vision parfois radicale portée par l’auteur. L’aspect le plus réussi du roman reste sans aucun doute ce magnifique portrait de couple et de parents que constituent Lorca et Sahar, deux personnages inoubliables et qui suscitent une formidable émotion. On ressent aussi pleinement toute la solidarité et l’affection qui unit les membres de cette « horde » miniature, quant bien même le style de certains n’est pas toujours facile à appréhender. Un roman complexe qui n’est certes pas exempt de défauts mais à la lecture duquel on ressort ému, et surtout plein d’une énergie positive.
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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La Horde du Contrevent

Sur une île déserte, ce serait sans hésitation le premier livre que je prendrais. Il s'agit de ma troisième lecture de « La Horde du Contrevent » et toujours des choses m'apparaissent, m'émerveillent, des détails auxquels je n'avais pas prêté attention surgissent, une compréhension plus approfondie de certains concepts émerge. Ce livre m'imprègne et m'enlace avec une chaleur qui est de celles qui forgent une mémoire et l'habitent. Je suis rassurée : je ne suis pas prête à changer de pseudo !



Sur mon île déserte, « La Horde du Contrevent » serait une lecture salvatrice.

Une épopée pleine de rebondissements, d'évènements inattendus, étonnants et inexplorés, pour me divertir, me passionner ; une flanquée de personnages superbement croqués au point de se sentir familière avec chacun d'entre eux, un collectif soudé qui me permettraient de me sentir moins seule ; une écriture poétique qui viendrait nourrir mon âme ; des messages philosophiques qui enrichirait mon esprit et me rendrait plus forte. Un univers onirique, des paysages d'une telle diversité, d'une réelle beauté, qui m'enchanteraient, paysages souvent rudes et sauvages, depuis les déserts de sable jaunes, les vallées encaissées, en passant par d'interminables marécages gris, des landes vertes aux nuages violets sur lesquels le soleil perçant ouvre des flaques jaunes, jusqu'aux abrupts glaciers volcaniques…sur mon île au paysage figé, je pourrais ainsi voyager !

Et surtout ce livre me permettrait de résister, de lutter, de me donner du courage. de relativiser la chaleur ressentie, le froid nocturne, l'humidité et bien entendu le vent toujours présent sur une île…un vent fort deviendrait à mes yeux une simple brise. Je tenterais sans doute de déchiffrer le vent, de l'écrire sur le sable, d'écouter sa musique…Peut-être même ferais-je le tour de l'île pour tenter de vivre l'épopée de la Horde, pour sentir, ressentir au plus profond de moi ces concepts de temps, d'espace, de vitesse, de sens avec lesquels Alain Damasio jongle, entrelacement de concepts appréhendés avec mystère et brio dans le roman à travers les chrones. Sortes de nuages, ceux-ci peuvent agir sur l'écoulement du temps, ou alors opérer des métamorphoses sur l'environnement qu'ils traversent, ou enfin se nourrir d'un type particulier de sentiments humains comme la peur, l'amour, la joue, etc…(Dont le fameux véramorphe au pouvoir unique : il donne aux êtres ou aux objets qu'il enveloppe la forme véridique de ce qu'ils sont). Il y aurait matière à réflexion et à rêve sans aucun doute, je ne m'ennuierai jamais, le relire ferait sans cesse éclore de nouvelles compréhensions…

Oui, un livre vraiment idéal, sur mon île déserte, dans la solitude totale où il me faudra créer le sens de ma vie. Pas seulement devoir survivre ou vouloir vivre mais oui créer un nouveau sens à la vie.



« Je découvris une nouvelle intensité – celle que la conscience effilée d'être accoudé chaque jour au parapet branlant de la mort donne. J'étais à nouveau émerveillable ».



Imaginez un monde plat dans lequel souffle, sans cesse, le vent qui peut prendre des formes différentes. Depuis la simple zéfirine, la « plus douce des gifles de prime aurore », en passant par le slamino, le schoun, la stèche, le crivetz, jusqu'au redouble Furvent. Vent chaud, vent doux, vent froid, vent humide, vent violent pour parler plus clairement…La plupart des gens vivent en s'abritant (les « abrités »). La Horde du contrevent, c'est l'histoire de la 34ème horde. Chacun des 23 personnages prend la parole (chacun a un sigle caractéristique quand il apparait, et une façon de parler qui lui est propre) mais cette aventure est racontée par le Scribe, Sov. La Horde est organisée un peu comme une troupe militaire : elle est structurée d'une certaine façon (Le Fer, le Pack et les Crocs), hiérarchisée et suit une stratégie alimentée de différentes tactiques. Chacun de ces personnages a une fonction précise et a reçu, pour être hordonné, une formation stricte et rigoureuse dès la plus tendre enfance. A chaque poste ce sont les meilleurs dans leur catégorie qui ont été choisis. le but de la Horde ? Remonter, à pied, vers l'Extrême-Amont pour trouver la source du vent, oui boire le vent à sa source, éventuellement la colmater, et aussi connaître les trois dernières des neuf formes de vent.

Partis de l'Extrême-Aval, à Aberlass, à l'âge de 11 ans seulement, les membres de la Horde remontent contre le vent (on dit que la Horde contre), et s'orientent vers ce mystérieux Extrême-Amont qu'aucune des hordes précédentes n'a réussi à atteindre tant la fin du périple est extrême. Depuis près de 30 ans ils sont en quête.



Cette lecture est un moment rare, étonnant et plein de rebondissements et souvent de grâce, ne serait-ce que par la diversité des personnages qui la compose comme notamment Caracole, le troubadour, toujours à la recherche du bon mot, de la jolie phrase, des blagues déclamées même en plein danger, de l'histoire à raconter : « ses histoires qui sont comme des appels d'air dans un buron, ses contes qui seuls nous trompettent qu'un autre monde est possible, où la fête existe, où l'amour soulève le quotidien » ; Oroshi, la belle et élégante aéromaitre, intelligente, rigoureuse, sérieuse ; Sov, le Scribe, à la fois pédagogue, sensible et poétique, Golgoth, chef de la horde, instinctif, rustre, grossier, courageux ; et tous les autres. Notons que les femmes, mis à part Oroshi, ont des fonctions dédiées aux femmes dans les sociétés classiquement patriarcales : soin, cuisine, recherche de nourriture, d'eau et de feu. La femme dans la Horde est celle qui prend soin et qui soulage. Notamment un Golgoth a priori profondément mysogine.



Un moment étonnant de par la diversité de son vocabulaire et de son univers aussi : Alain Damasio a le génie de nous proposer un glossaire inventé, fait de mots nouveaux ou de mots mélangés, prince des mots tordus, qu'on ne pense pas comprendre de prime abord, qui ne gêne pourtant pas la compréhension globale de l'histoire puis qui vient s'éclairer naturellement peu à peu. Comme si nous apprenions une nouvelle langue en étant plongé dans un nouveau pays. Vous croiserez ainsi des gorces, animaux dont on utilise la carapace pour en faire des tenues pour la Horde (des tenues donc en « peau de gorce »…l'humour de Damasio n'est jamais loin), des chrones, des boos, des muages, des aérologues, des airpailleurs, des aerudits…



Etonnement et inventivité par l'intensité et la variété des combats menés, bien entendu contre les différentes formes du vent, en un effort collectif remarquable d'inventivité, de prouesse et de courage ; mais également contre les étonnants chrones, dont on comprend vraiment peu à peu ce qu'ils sont ; combat contre certains adversaires qui veulent entraver la quête de la Horde (les intrigues politiques sont subtilement présentes ainsi que les problématiques sociétales et existentielles de ce monde). Sans oublier la délicieuse et croustillante joute verbale, combat de rhétorique, inoubliable pour ma part, entre le troubadour Caracole et Silème dans la ville d'Alticcio.

Quant au combat final pour atteindre l'Extrême-Amont, j'ai beau à présent connaitre la fin, quand s'approche la page 0 (car la pagination est à l'envers), je suis à chaque fois soufflée…



Par la diversité et la beauté des paysages et des villes traversés, par la féérie du monde imaginé par Alain Damasio cette lecture est également précieuse. On pense parfois à Mad Max, le Te Jekka, maître foudre de la Horde, fait irrésistiblement écho au maître Jeddi de Star Wars. La ville d'Alticcio fait penser une fraction de seconde au 5ème élément de Luc Besson avec le bas peuple au niveau du sol (les « racleurs ») et la bourgeoisie dans les airs, et ses divers moyens de locomotion qui s'entrecroisent dans les airs (Barcarolles longues et fines, toutes ailes rétractées ; ballons passifs à air chaud ; ballairs dirigeables ; vélivélos ; planeurs ; parapentes de poche ; éolicoptères).



L'osmose réussie de la science-fiction, de la philosophie et de la poésie est ce qui caractérise le plus ce livre.



«Nous n'avons jamais eu de parents : c'est le vent qui nous a faits. Nous sommes apparus doucement au milieu de la friche armée des hauts plateaux, à grandes truellées de terre voltigée pris dans nos ossements, par l'accumulation des copeaux de fleurs, dit-on aussi, sur cette surface qui allait devenir notre peau. de cette terre sont faits nos yeux et de coquelicots nos lèvres, nos chevelures se teintent de l'orge cueilli tête nue et des graminées attirées par nos fronts. Si vous touchez les seins d'Oroshi, vous sentez qu'ils sortent du choc des fruits sur son torse, et mûrissent toute une vie. Ainsi en est-il des animaux et des arbres, de tout ce qui est : seuls naissent vraiment les squelettes, seuls ont une chance ceux qui se dressent au-dessus de leur paquet d'os et de bois, en quête d'une chair, en quête d'une écorce et d'un cuir, de leur pulpe, en quête d'une matière qui puisse, en les traversant, les remplir ».



Sans être menée par le bout du vent, sur mon île déserte ouverte à vau vent, lavée à grande eau de bourrasques humides, je pourrai survivre avec de nombreux principes glanés dans ce livre : « La monotonie n'existe pas. Elle n'est qu'un symptôme de la fatigue. le divers, n'importe qui peut le rencontrer à chacun de ses pas, pour peu qu'il en ait la force et l'acuité » ou « Orpailler et retenir en soi. Se constituer un monde du dedans. Une mémoire ». Et espérer…Espérer grande vie et vent doux. La Horde du contrevent, mon manuel de survie. Une nourriture spirituelle, onirique et poétique fait livre.



Comme à chaque relecture de ce livre, je vais laisser les pensées d'Alain Damasio s'enfoncer dans ma chair, y creuser des ouvertures profondes, et féconder un terreau en moi essentiel, pour une floraison longue et exigeante. Ce livre, c'est comme « la sensation d'avoir en permanence en main, et comme à disposition d'âme, une arme de jet apte à refendre sans cesse mon crâne – ce cube d'os si prompt, sinon, à se clore ». Peut-être, alors, trouverais-je enfin un jour mon vif, ma puissance la plus strictement individuelle qui tient du néphèsh, ce vent vital qui circule en moi, qui me fait ce que je suis. La quête à contrevent de tout un chacun…



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Les Furtifs

Authentique phénomène éditorial, le français Alain Damasio a réussi l’exploit de conquérir un public débordant largement du cadre de l’imaginaire.

Pour preuve : 50.000 exemplaires écoulés pour La Zone du Dehors, sa politique science-fiction, et 250.000 pour La Horde du Contrevent, souvent considéré comme son chef d’oeuvre et roman déjà culte de la fantasy (ou de la science-fiction, c’est selon).

Forcément, après quinze ans d’absence (du moins dans la forme longue), l’auteur était forcément attendu au tournant avec son troisième ouvrage : Les Furtifs.

D’ores et déjà acclamé par certains journalistes de la presse généraliste (le privilège d’avoir été un best-seller par le passé), ce pavé de près de 700 pages renouvelle l’expérience de La Horde du Contrevent en proposant également une bande-originale signée Yan Péchin. Une promesse sensorielle en somme mais pas que, car, comme toujours avec Alain Damasio, il sera également question de philosophie et de politique. Tout un programme.



2041 sous contrôle

Nous sommes donc en 2041 en France.

Dans une pièce d’entraînement, le Cube Blanc, Lorca Varèse, quarante-trois ans, ancien sociologue reconverti dans la traque de Furtifs, passe son examen d’entrée pour intégrer l’une des Meutes du Récif (pour Recherches, Etudes, Chasse et Investigations Furtives) placé sous les ordres de l’amiral Arshavin.

Un comble pour Lorca qui a longtemps été un anarchiste rebelle à toute autorité et toute forme de contrainte. Malheureusement, sa vie a changé du tout au tout lorsque sa petite fille de 4 ans, Tishka, s’est volatilisée de sa propre chambre sans laisser de trace. Séparée de Sahar, une proferrante (comprendre professeur-errant) qui a, elle, choisi de faire le deuil de son enfant disparue, Lorca s’est engagé dans l’armée pour traquer les furtifs, une forme de vie mystérieuse à la limite de la légende urbaine.

Qu’est-ce qu’un furtif ?

Personne ne le sait encore vraiment car chaque fois que l’un de ces êtres invisibles a été perçus par l’un des membres du Récif, il s’est instantané vitrifié à plus de 1000°C pour ne laisser qu’une sculpture en céramique aux contours intrigants.

Bientôt, Lorca intègre la fameuse Meute des tête-chercheuses composée de l’ouvreur Hernan Agüero, de la traqueuse phonique Saskia Larsen et du traquer optique Nèr Arfet. Ensemble, il vont devoir apprendre à communiquer avec les furtifs afin de pouvoir remonter les miettes de pains laissées par Tishka, à moins que tout cela ne soit rien de plus que l’espoir fou d’un père incapable de faire son deuil…

Si le nouvel ouvrage de Damasio semble s’orienter vers une intrigue fantastique (avec les créatures surnaturelles qu’il renferme), le but apparaît rapidement tout autre. Construit dans un premier temps comme un roman policier où l’enjeu réside dans la résolution du sort de Tishka, Les Furtifs trahit très vite les intentions et les TOCs de son auteur. Dès la page 57, l’écrivain cite ouvertement l’un de ses philosophes préférés, Gilles Deleuze, puis se jette tête la première dans la description d’une France dystopique où, environ vingt ans après notre époque actuelle, les multinationales contrôlent tout.

Ainsi, Orange est devenue la propriété de la firme du même nom, Paris celle de LVMH, Lille celle d’Auchan ou encore Cannes celle de Warner. Prolongeant et amplifiant une réflexion politique déjà largement entamée dans La Zone du Dehors, Alain Damasio imagine une société bouffée par les technologies et où plus rien ne vous appartient, surtout pas votre vie privée devenue un objet monétaire comme un autre. Impossible de se balader librement dans des rues polluées par une publicité numérique ciblée et évolutive désormais omniprésente, d’autant plus qu’il faut absolument jouir d’un abonnement spécifique (premium, privilège, standard) pour accéder à telles ou telles zones urbaines. Un rêve de riches, un cauchemar prolétarien. Tout est pensé pour vous pousser à l’achat et la Gouvernance comme les multinationales vous espionnent sans vergogne. Si la chose fait froid dans le dos, elle s’avère tout simplement cruellement décevante en termes d’anticipation/science-fiction pure. Non seulement de nombreux romans récents ont mieux traité le même thème (on pense par exemple à Drone Land) mais Black Mirror et ses 4 saisons sont déjà passées par là, si bien que l’univers de Damasio fait un peu réchauffé, pour ne pas dire totalement dépassé. Prenons pour exemple, cette scène dans un café où Lorca et Sahar voient leur note client dégradée par la serveuse pour leurs bavardages et leur manque de politesse… Black Mirror dans les moindres détails. Par la suite, grâce à ce qu’il appelle la reul (contraction de réalité ultime) et l’emploi des Anneaux (objets connectés tout-en-un), l’auteur s’en tire un peu mieux…mais à peine…

Se pourrait-il qu’Alain Damasio ait quinze ans de retard ?



i Viva la revolucion !

Soyons clairs pourtant, outre son côté science-fictif sauce dystopie discount (même si souvent éminemment vraie sur le fond), Les Furtifs s’avère avant tout un roman politique, engagé et militant. Féroce même.

Si vous êtes allergiques à l’idéologie d’extrême-gauche, vous allez devoir prendre quelques caisses d’adrénaline sur vous car, en somme, tout le roman se construit autour d’un proto-manifeste politique virulent à l’encontre des riches, des puissants, des politiques, des propriétaires et de toux ceux qui, en somme, préfèrent l’entre-soi que l’ouverture aux autres. Tous les curseurs de La Zone du Dehors sont ici poussés à leur paroxysme et l’on passe par de longues démonstrations souvent fastidieuses d’Alain Damasio sur le bien-fondé de sa pensée politique. Une pensée uni-dimensionelle qui n’admet aucune nuance. Ce qui manque ici très clairement, c’est une subtilité dans le discours pour infiltrer le message politique lui-même au cœur du récit. Le résultat donne quelque chose de lourd, frontal et rébarbatif qui finit par tomber continuellement dans les mêmes travers. Pire encore, la chose tourne à la parodie lorsqu’Alain Damasio glorifie (s’auto-glorifie ?) en faisant intervenir un philosophe du nom de Varech pour expliquer de façon fumeuse la plupart de ses théories. Pour la vulgarisation des idées, on repassera plus tard.

Ce qui n’ôte pourtant pas au roman nombre de charges sociales particulièrement justes autour du monde du travail, de la continuelle exploitation des classes moyennes, de la manipulation politique et médiatique, de l’absence de solidarité véritable, de la violence désormais intolérable quelque soit les circonstances… Le vrai problème, c’est que tout cela est noyé dans une gangue prétentieuse et surexplicative qui lasse. D’autant plus que cette fois, le style d’écriture n’aide pas…



La Horde bis, le groin en moins

Ici, faisons un point sur la diégèse du récit.

Contrairement à La Horde du Contrevent qui se déroulait dans un univers fantasy totalement étranger au lecteur (et qui peut justifier son phrasé par une volonté de dépaysement abrupt), Les Furtifs suppose un monde très proche du nôtre (à peine une vingtaine d’années) dans un lieu qui n’a rien de dépaysant (d’Orange à Porquerolles en passant par Marseille, Les Furtifs n’est jamais véritablement un roman mondial). Or, Alain Damasio reproduit littéralement les mécanismes de narration de son livre précédent en utilisant une typographie particulière pour désigner ses quelques personnages principaux (à peine six) sans que cela ne semble justifié en quoique ce soit. Si l’on peut penser que le français éprouve certaines difficultés pour différencier ses personnages, il faut reconnaître que sa maîtrise de la langue reste totale…et qu’elle devient ici un obstacle même au récit. Car non content de reprendre une mise en page similaire, Alain Damasio copie-colle tout simplement des styles déjà-vu pour ses personnages principaux. Sov/Lorca ou Aguerro/Golgoth… voilà qui dénote d’une franche fainéantise dans la création de cette Meute qui ressemble souvent davantage à une Horde au rabais qu’à une véritable unité militaire. Remplacez le vent par les furtifs, et ajoutez un proto-Caracole nommé Tony Tout-Fou affublé d’un franglais+wesh d’un mauvais goût absolu (et forcé comme pas possible)…et vous obtenez des choses comme : « J’aurais été son père, je la taguais Grace. Et je la lockais trente ans dans une tour en titane pour qu’aucun keum puisse même y grimper en se ken les ongles. Tu la scannes et tu fais : C’est bon, lâche l’affaire, trop higher level pour toi… ».

Pire encore, Alain Damasio, bien déterminé à montrer au lecteur qu’il sait jouer avec les mots (mais on le savait déjà, il ne fait que surenchérir alors qu’il était déjà sur la corde raide), nous balance du slam, de la poésie-hybride fumeuse et du jeux-de-mots à tour de bras…dans un monde qui semble de plus totalement incompatible avec ce genre d’effets de manche et fanfaronnades vaines et absconses. Le résultat s’avère d’une lourdeur extrêmement embarrassante et met en lumière la longueur abusive d’un roman qui aurait mérité une solide amputation d’au moins 200 pages…



Le deuil et les furtifs à la rescousse

Dans ce qui ressemble de plus en plus à un naufrage, Alain Damasio arrive cependant à tirer de beaux passages…qui relèvent en fait de la littérature générale. Sacré ironie. C’est dans la tristesse et la mélancolie que Les Furtifs trouvent ses plus beaux moments ainsi que dans ses instants de lutte à Porquerolles ou pendant le siège d’un building symbolique. Fonctionnant davantage par courtes épiphanies (on pense à la vision de la bibliothèque furtive ou ce livre-géant gravé dans la roche par les furtifs), ces instants-là font ressortir l’expérience la plus sincère d’Alain Damasio, celle d’un père qui pleure la disparition de sa petite fille et ne peut se résoudre à la laisser partir, celle d’un activiste de la ZAD (ou ZAG, Zone Auto-Gouvernée, transposée sur une île pour les besoins du roman) qui a vu ses rêves partir en fumée et ses copains blessés et meurtris. Dans ces moments-là, Les Furtifs fait preuve d’une sincérité émouvante et poignante qui arrive parfois à s’extirper du piège langagier de l’ensemble pour offrir ce que tentait d’obtenir en premier lieu Alain Damasio : l’humanité dans sa beauté et sa grandeur, avec ses nombreuses faiblesses et ses plus grandes forces, menacée par sa nature elle-même mais capables des plus belles choses.

Reste alors les fameux furtifs, MacGuffin simpliste au départ qui deviennent finalement omniprésents et résument tout l’ennui de ce récit, d’abord passionnant et fascinant puis lourd et rébarbatif à force de rabâcher sans cesse les mêmes considérations philosophiques lourdingues. Du coup, le sensoriel des furtifs (le son et la musicalité qui les composent et les motivent, l’un des principaux axes du roman) n’arrive jamais à envelopper le lecteur comme le vent avait pu le faire précédemment pour La Horde. Damasio préfère la métaphore d’un furtif symbole d’ouverture et de métissage qui refuse la limite même du corps, de l’espace et des sens. Une création originale et bienvenue malheureusement perdue au milieu du reste.



Fusion boiteuse de ses deux premiers romans, Les Furtifs montrent les limites d’un Alain Damasio qui semble à la fois se répéter et s’enfermer dans une routine d’écriture et de pensée simplement harassante. Alourdi par ses effets de style ostentatoires et ses lourds tunnels (sur)explicatifs, le roman joue les montagnes russes, opère par instant de grâce avant de retomber dans l’enfer du conventionnel et du lourdingue enrobé de philo au rabais.

Si certains présentent déjà le roman pour le prochain Grand Prix de l’Imaginaire (voire même pour le Goncourt, soyons généreux et totalement hors de propos tant qu’à faire), on se dit que le lecteur avisé devrait quant à lui attendre la parution de la vraie révolution science-fictive et philosophique de l’année : Terra Ignota d’Ada Palmer (à venir fin 2019 au Bélial’).
Lien : https://justaword.fr/les-fur..
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La zone du dehors

Publié initialement en 2001 (donc avant la horde du contrevent) il a fait l'objet d'une nouvelle version en 2007 (après donc), celle lu ici.





2084. Un siècle après le célèbre livre d'Orwell auquel l'auteur fait référence toute les deux pages, nous sommes à Cerclon, une démocratie manipulée sur un satellite de Saturne, mais où tous semblent heureux, protégés de tous et surtout d'eux-mêmes. Tous ? Non, la Volte, emmené par Captp, des « révoltés » de pacotille, jusqu'à ce qu'ils se réveillent et commencent à entreprendre de véritables coups contre le système. Mais là où dans une tyrannie bien identifiée, le mot d'ordre est « Ferme-là », ici, dans cette sociale-démocratie au ventre mou, c'est « cause toujours ».

Leurs actions seront-elles à la hauteur ? Les risques de récupération, de trahison,d 'inefficacité sont là.





Loin de la noirceur de mes souvenirs de 1984, le ton global est ici finalement assez optimiste et léger. Si on accepte de se faire bassiner à toutes les pages par du Deleuze, du Foucault et du Nietzsche, dans le texte ou vu et revisité par l'auteur, on peut passer un bon moment.

Mais Dieu que ce livre est mou et lent. On voit ici et là de l'action et de la flamboyance. J'y ai surtout vu beaucoup, beaucoup trop de parlottes qui pour moi, n'apportaient pas grand-chose au récit. Amputé de 200 pages, il aurait, je pense, été plus vivant.





On passera (ou pas, surtout en ce moment) sur le traitement, limite apologie du terrorisme, mais on appréciera, en tout cas, la dénonciation du traitement médiatique et de la récupération que l'on peut en faire (toujours d'actualité, d'ailleurs) ainsi que la critique assez acerbe du système de nos démocraties modernes et sondagières (autre sujet abordé assez jouissif dans le cynisme et la manipulation).





Au final, un livre au ton léger, mais pas facile à lire, assez optimiste, plus dans le style meilleur des mondes que 1984, trop long et bavard à l'extrême mais qui laisse malgré tout une bonne impression générale (une fois fini).
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La zone du dehors

Une bonne grosse claque. Voilà ce que vous prendrez en pleine face en lisant « La Zone du Dehors ». Premier roman écrit par Alain Damasio en 1992, puis retravaillé par l'auteur il y a quelques années, l'ouvrage cherche a répondre à une question au premier abord d'une grande simplicité mais qui, au fond, relève d'une complexité abyssale : comment, aujourd'hui en Occident, se révolter ? Contre qui ? Contre quoi ? Pourquoi? En six cent pages, Damasio nous propose non pas LA réponse mais UNE réponse, inspirée des écrits de Nietzsche, Foucault ou encore Deleuze, et qui dénonce avec virulence ces belles sociétés de contrôle qui font notre fierté, celles « de codes souples et de normes poisseuses, qui désamorcent, rognent la rage, adoucissent, assouplissent, régulent et strangulent. » J'en vois déjà qui commencent à reculer en se disant : « Oulà, un auteur engagé qui nous assomme de ses idées politiques et déballe sa propagande sous couvert de science-fiction, très peu pour moi ! » Et bien détrompez-vous car « La Zone du Dehors » est tout autre chose. Contrairement à des auteurs comme Terry Goodkind, qui arrive avec ses gros sabots pour nous marteler à coups de burin dans ses romans les grands principes de sa fameuse politique objectiviste (apparemment très en vogue aux États-Unis...), Damasio a, lui, le bon goût de ne pas prendre ses lecteurs pour des imbéciles incapables d'aligner deux idées à la suite.



Le roman qu'il nous offre est ainsi infiniment complexe et demandera aux lecteurs un gros travail d'attention et de réflexion, mais qui se révélera finalement payant. L'auteur frappe dur, fort, et met le doigt là où ça fait le plus mal : sur ces systèmes et ces actions qui rythment et régulent notre quotidien sans que l'on y prête parfois même plus d'attention. Par habitude, par lassitude... « L'espèce humaine, en pays riche, est en passe de devenir invertébrée. » Voilà le triste constat ici dénoncé. La multiplication des caméras de sécurité dans les rues ; les inepties débitées chaque jour par les médias qui « conforment plus qu'ils n'informent » ; ces panneaux, affiches ou slogans infantilisant qui nous rappellent encore et encore LE « bon » comportement à adopter (« Ne pas mangez trop salé, trop gras, trop sucré. », « Pratiquez une activité physique régulière », « A consommer avec modération »)..., c'est de tout cela que veut nous faire prendre conscience Damasio qui, pour mieux marquer les esprits, force évidemment le trait par le biais de la science-fiction. L'action prend ainsi place dans une société du futur (pas si éloignée que ça, cela dit...) dite « idéale » : la ville de Cerclon, petit modèle de démocratie constituant l'une des premières colonies spatiales nées de la quasi disparition de la Terre, ravagée par la Quatrième Guerre Mondiale ayant rendu une bonne partie de la planète inhabitable.



Outre la qualité de la réflexion proposée, « La Zone du Dehors » séduit ainsi également par celle du décor imaginé par Damasio. Les rouages qui régissent le système politique de la ville de Cerclon sont notamment très bien pensés, qu'il s'agisse de la hiérarchisation des individus se traduisant en lettres qui indiquent la place exacte occupée dans la société, ou encore de la séparation radicale des espaces riches/pauvres au moyen des nouvelles technologies. Comme dans « La Horde du Contrevent », les personnages constituent également l'un des plus gros points forts du roman. Capt et ses discours idéalistes plein de fougue ; Kamio et son souci constant du respect de la morale ; Slift et son incroyable témérité..., ce n'est pas sans tristesse que l'on quitte tous ces êtres attachants dont je sais qu'ils me hanteront longtemps. Reste, pour clore cette pluie d'éloges, à mentionner le style incomparable de l'auteur qui offre à ses lecteurs des moments de pure beauté, parfois lyriques, parfois incisifs mais toujours d'une incroyable poésie. Si « La Horde du Contrevent » m'avait permis de complètement m'évader en embarquant pour un voyage extraordinaire, « La Zone du Dehors », elle, a le mérite de nous faire profondément réfléchir, non seulement sur notre société mais aussi sur nous, nos modes de vies, nos aspirations, nos petites révoltes au quotidien.



Quoi de mieux, pour finir, que les mots de l'auteur lui-même, ces mots qui, pour beaucoup, ne manqueront pas de résonner longtemps : « Déchirez la gangue qui scande « vous êtes ceci », « vous êtes cela », « vous êtes... ». Ne soyez rien : devenez sans cesse. L'intériorité est un piège. L'individu ? Une camisole. Soyez toujours pour vous-même votre dehors, le dehors de toute chose. »
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La Horde du Contrevent

Quelle horde, quelle quête et quel livre ! J'ai adoré, tout simplement.



Je ne suis pourtant pas une lectrice régulière de science-fiction, loin de là : passés les incontournables comme Dune ou Le Seigneur des Anneaux, deux sagas qui m'ont enchantée et profondément marquée (pour preuve, je récite par cœur la litanie Bene Gesserit contre la peur), je ne connais rien au genre, n'ai jamais compris les subtiles différences entre fantasy, fantastique et autres littératures de l'imaginaire, et ne m'y intéresse pas outre mesure. Là, j'ai su dès la 3ème page que La Horde du Contrevent allait m'embarquer dans une magnifique aventure.



Parce qu'il y a beaucoup de vent dans ce livre, mais plus encore de souffle ! Grande épopée, roman d'initiation, carnet de voyage, récit philosophique, histoire d'amour et d'amitié, il emprunte à tous les styles pour raconter le destin de la 34ème Horde du Contrevent. La Horde du Contrevent ? C'est un groupe de 23 individus aux talents divers et complémentaires formés dès l'enfance à contrer le vent en marchant, dans l'espoir d'atteindre un jour l'Extrême-Amont, le point d'origine des vents. C'est donc Golgoth, le Traceur, autrement dit le chef et la brute. Mais aussi Sov le Scribe humaniste, Erg le combattant-protecteur, Oroshi la brillante aéromaitresse, le virevoltant et inconstant troubadour Caracole, Alme la soigneuse parfois peureuse, Calliroé la faiseuse de feu aux moeurs légères, et 16 autres, qui s'expriment tour à tour, chacun à sa façon, pour raconter leur quête, leurs envies et leurs angoisses. Face au furvent, aux obstacles naturels, aux sortilèges des Chrones, mais aussi à l'épuisement, aux souffrances et aux deuils...



Le roman est rempli de trouvailles astucieuses amusantes : la numérotation des pages à rebours, les symboles pour indiquer qui s'exprime, le dessin des différentes formations de la Horde, les modes de vie des Fréoles, Obliques et autres Abrités... Cela dit, ce qui le rend vraiment passionnant à mes yeux, ce sont ces 23 personnalités plus ou moins brillantes, mais toutes uniques et bien décrites, qui marchent ensemble vers un idéal, entre solidarité, tensions, sagesse et pur amour. Surtout celles d'Oroshi, de Steppe et de l'Autoursier, car évidemment on se reconnaît et on s'attache plus à certains personnages qu'à d'autres. Alors, au bout la 34, ou pas ?
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La zone du dehors

> Salut michemuche tu fais quoi ce soir?

< Salut bison, ce soir je vais au vaisseau écouter boule de chat.

> C'est qui boule de chat ? une chanteuse, un groupe de rock ?

< Pfff !! nan, tu viens d'où le bison, de la planète terre ou de cerclon ?

< Dis moi bison ( coup d'œil à droite coup d'œil à gauche) tu serais pas une balance du président A , j'ai pas envie de me faire encuber tu comprend

> Pas de soucis michemuche je suis clean, pas de digicode sur l'ongle ou une quelconque puce identitaire, je ne suis pas clastré ni encarté.

< Bienvenue à la volte mon cher bison, ce soir il y a une réunion au vaisseau avec boule de chat, elle a connue le bosquet dans toute sa splendeur, les membres historiques de la volte : Capt, Kamio, Brihx, et Obffs, unis comme les doigts de la mains, les SUR- VOLTES

> Super michemuche, il y aura des gens connus à la réunion ?

< Oui bison du beau monde, il y a rabanne, stockard, cardabelle, casusbelli, koalas et même bouledegom et j'en oublie surement.

< Tiens bison je te donne le mot de passe sans quoi tu vas faire vitrine.

" Change l'ordre du monde plutôt que tes désirs "

< Surtout bison reste discret tu es un radieux, tu fais parti des voltes, maintenant ta vie est dans la zone du dehors, tu peux participer à la fondation d'Anarkhia 1, première polycité volutionnaire du cosmos habité !

" La maturité de l'homme, c'est d'avoir retrouvé le sérieux qu'on avait au jeu lorsqu'on était enfant ".

Si vous avez envie de découvrir " La zone du dehors" après mon billet c'est que j'aurai accompli ma tache, ce premier roman d'Alain Damasio est une pure merveille.
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La Horde du Contrevent

« Le cosmos est mon campement ».



La 34e Horde est prête à remonter la zone de Contre jusque là où personne n’est jamais allé : la source du vent qui balaie la terre de ses bourrasques.



Plus qu'une aventure, un univers entier qui s'ouvre à la lecture de ce chef d'œuvre de science fiction, d'une richesse littéraire rare.



Son inventivité linguistique et sa créativité musicale en fait un traité philosophique en forme de poème à l’humanité.

Lien, mouvement et nécessité d’être.



« Nous sommes faits de l'étoffe dont sont tissés les vents ».
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La Horde du Contrevent

Je ne me suis jamais avancée bien loin dans les terres désolées entre l'Extrême-Aval et l'Extrême-Amont et ce livre ne devrait donc pas se trouver dans ma Babelio-biblio en tant que "lu". Emprunté trois fois à la bibliothèque municipale...rendu trois fois avec un gros soupir, charriant mon agacement.



Quand j'ai ouvert le livre (grand format), j'ai non seulement découvert que la pagination est anarchique, mais que j'allais être obligée de lire ce pavé avec des marque-pages (ou, plus pratique dans ce cas, en collant des post-it) puisque l'auteur a attribué un petit symbole à chaque personnage de la Horde. Minuscules pictogrammes revenant seul ou à plusieurs pour indiquer quel(s) protagoniste(s) étai(en)t mis en avant dans tel ou tel paragraphe et/ou chapitre. Premier soupir pour "¥@&§₩! mais qui-est-qui, nom-d'une-pipe", surtout quand on veut reprendre une telle lecture le soir, après le travail...



Autre geignement après avoir lu une bonne soixantaine de pages (crois-je me souvenir) pour le style de l'auteur : aussi gonflé que le vent qui enfle, enfle... et vous commande de courber l'échine (à un langage ampoulé, trop recherché, n'ayant guère encore du naturel).



Et je n'aime pas ça : courber l'échine !



Avec un grand "clap" (Extrême et définitif), j'ai re-re-refermé ce "chef-d'oeuvre" science-fictif...





(Je remercie Finitysend, sans qui ce billet n'aura pas trouvé son souffle)

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La Horde du Contrevent

« Golgoth se ramassa et se redressa de toute sa hauteur sur ses pieds, et il frappa des deux bras en même temps la paroi de métal blanc. À la vue du col, il souleva sa visière durcie de gel, inspira du plus fort qu’il put dans le tunnel de neige de son nez et cracha au vent. Puis il prit conscience de ma présence à sa droite et ça monta en lui, incompressible, énorme, aussi sourd d’abord qu’une avalanche puis, aussi clair dans les deux dernières syllabes, qu’un éclat de pierre :

— Noooorrr… Nnnnnooorrrr… Nnnnnooooorrrrr… NORS-KA ! Noooorrr… Nnnnooorrrr… Nnnnnooooorrrrr… NORS-KA ! »



Comment ne pas commencer la 610e critique du roman sans le cri du traceur Golgoth face au mur de la Nors-ka ?



Comment résumer un livre lu en 30 jours quand leur quête a duré 30 ans ?



Comment raconter l’histoire de 23 personnages aussi attachants les uns comme les autres ?



Comment définir un roman choral atypique qui commence à la page 521 pour finir à la page zéro ?



Comment réussir à convaincre de futurs lecteurs de devoir s’accrocher aux 20, 40, 50, 100 et même 150 premiers pages de l’ouvrage ?



Comment ne pas comprendre l’importance de l’origine du vent si on ne vit pas soi-même sur le monde de la Horde du Contrevent ? Si on ne vit pas comme moi-même dans les Hauts de France, à quelques pas des Deux caps (Gris nez et Blanc nez) où le vent souffle 365 jours par an.



Comment accepter que le feu soit un dérivé de la stèche, que l’eau soit un vent décéléré et épaissi venant du choon et que l’air soit un vent stationnaire… Qu’un chagrin d’amour soit comme une journée de spleen sous slamino.



Et comment ne pas se perdre sur la terre du contre ? Pour cela, il faut prendre l’axe de bellini une ligne imaginaire tracée à mi-chemin des pôles. C’est la route la plus directe qui va d’Aberlaas à Port choon, de Chawondasee en traversant la flaque de Lapasane jusqu’au Port Hurle dont le vent permet la lévitation d’Alticcio, et de camp boban au défilé de la Norksa…C’est la bande de contre qui doit vous permettre d’aller jusqu’au bout de l’extrême-amont qui a découragé tant de Hordiers par le passé.



Comment parcourir cette terre à la physique inconnue, où les moyens de transport comme les hélicornes ou les drakkairs et autres vélivélos n’existent pas dans notre monde, où certains animaux font des apparitions sans qu’on sache s’ils appartiennent au règne végétal ou minéral. Où les Chrones aériens côtoient les iloméduses, les gorces pâturent, le lorsque sommeille et le quoique dissone. Et où on ne saura jamais ce que sont les « muages ».



Comment savoir où l’on va si on ne sait pas d’où l’on vient… Sur cette bande de contre de 5 000 kilomètres de long avec à droite et à gauche des étendues de glace infranchissables, un vent furieux souffle de l’amont vers l’aval. Avec une ville de départ qu’est Aberlaas, située à l’extrême-aval et un lieu d’arrivée où prend naissance ce vent, il y a une horde de 23 hommes et femmes qui commence leur quête à l’âge de 10 ans et que l’on rejoint 30 ans plus tard. Une horde au numéro 34 qui porte tous les espoirs d’une humanité qui envoie depuis 8 siècles des individus ultras entrainés pour un seul but : remonter l'écoulement de ce vent à travers plaines, mers et montagnes et consigner leur périple pour aider les hordes suivantes s'ils échouaient comme leurs prédécesseurs.



Comment appréhender un livre au style innovant, aux mots inexistants, où le scenario lui-même est dépourvu d’entrée en matière… Où on se retrouve brutalement dans un roman bourré de métaphores, de néologismes, où il faut réapprendre à chaque page à lire et à comprendre le sens des phrases. Où des symboles remplacent le nom des personnages, des personnages qui ont des fonctions précises et qui parlent souvent par énigmes. Où même les mots d’insultes ou d’argots sont inventés. Et pourtant, on se muscle le cerveau et avec la magie opérant d’un Alain Damasio, on finit au fur et à mesure à comprendre son écriture et à l’apprécier.



Comment aussi réussir à convaincre de futurs lecteurs qu’Alain Damasio est de la même trempe qu’un JRR Tolkien ou qu’un Frank Herbert. Que la recherche des neuf formes du vent par sa Horde est du même acabit que la quête de Frodon Sacquet pour détruire l’anneau unique ou que la possession d’Arrakis et de son Épice par Paul Atrèides. La Horde fait partie de ces romans qui résistent à l'usure du temps, et qui feront encore parler d'eux comme s'ils étaient sortis hier, continuant à nourrir des débats, des interrogations, des polémiques…



Golgoth, Pietro, Sov, Caracole, Erg, Talweg, Firost, Tourse, Steppe, Arval, Darbon, Horst et Kars, Oroshi, Alme, Aoi, Larco, Léarch, Callirhoé, Silamphre, Coriolis, Sveziest, Barbak, attendez-moi…Je veux continuer l’aventure avec vous et contrer en diamant… dans le Pack !!!



Merci à Chrystèle, Paul, Eric pour leur enthousiasme communicatif et aussi à Bernard pour ses réticences, vos opinions m’ont été nécessaires pour rentrer dans le « Vif » de ce sujet…



« Quand j’en ai assez de l’ombre, je prends un livre sur le mur pour voir un peu de ciel. »

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La Horde du Contrevent

Tout d'abord, je voudrais exprimer tout mon respect à mes chers amis d'ici qui ont aimé, adoré, adulé ce livre. Et mon regret de n'avoir pas été au rendez-vous promis pour cette lecture... Pour certains, ce roman figure dans leur Panthéon littéraire et ils seraient d'ailleurs prêts à l'amener sur leur île déserte.

Au risque de me prendre un vent auprès des inconditionnels de ce récit, l'épopée de cet équipage de contre-amiraux prépubères dont il est question dans cette histoire m'a royalement agacée, pour ne pas dire indisposée. Troubadours des courants d'air, cohorte de cerveaux lents, scribes et jongleurs de mauvais calembours...

Il est vrai que la lecture de ce... comment dire... je cherche mes mots... un livre ? appelons cette chose ainsi si vraiment vous insistez, oui ce livre m'a indisposé comme un vent indélicat, une chose qui vient du fond des âges intestinaux... La Horde du Contrevent s'est avérée pour moi La Horde du Contrepet, un merveilleux laxatif littéraire de 548 pages, c'est long, surtout vers la fin comme dirait Woody Allen évoquant l'éternité... C'est long, surtout quand on est pressé. Mais j'ai tenu à aller jusqu'au bout du voyage.

Je n'avais rien jusqu'ici contre le vent. Contre les vents, intérieurs, extérieurs.

J'aime en général les personnages qui ne manquent pas de caractères, j'ai trouvé plutôt originale cette idée de traduire chacun d'entre eux justement par un symbole, même si cela nous oblige à aller consulter en va-et-vient systématique l'intérieur de la page de garde, même si on s'y perd parmi ces vingt-trois personnages, ces vingt-trois narrateurs.

Pour moi, l'originalité créative s'arrête là.

Je sens déjà une horde d'amis s'élever contre moi, m'entraîner par la main vers l'extrême-amont du livre, remonter à contrevent des pages, puisque c'est ainsi que ce livre est construit, me punir ainsi de mon outrage, me faire revivre le cauchemar une fois encore, à peine essoré, rincé de cette première expérience. Cela dit, mon reproche n'est pas sur cet effet de style. Il y a bien pire. N'accablons pas ce livre de tous ses maux.

J'aime la poésie des mers, des ciels, des archipels, des épopées maritimes, aériennes, terrestres... Je croyais venir au rendez-vous d'un tel voyage.

Par instants, ce livre évoque des martyrs, mais jamais celui du lecteur. Pourquoi ? Par instants, ce livre évoque des dépressions. On y est presque, à force...

Il faut savoir que pour un breton, de surcroît en proximité de l'océan, le manque de respect à l'égard du vent constitue un crime de lèse-majesté, une offense, la promesse d'une malédiction. Comment peut-on le respecter aussi mal, malgré de nobles intentions de lui accorder une syntaxe, une grammaire, une musique même ? Pourquoi une telle maltraitance des éléments ?

Faut-il avoir aussi mauvais goût pour insulter à ce point le vent ?

Je pense qu'Alain Damasio a eu les yeux plus gros que le vent.

Quand on ambitionne de construire une épopée aussi ambitieuse, il ne faut pas manquer de souffle, c'est comme demander à un asthmatique de se lancer dans un marathon...

Je soupçonne Alain Damasio d'avoir fait une bonne farce à ses aficionados qui sont si nombreux. Devenu milliardaire sur cette magnifique opération marketing qui lui permet désormais de surfer dans le sens du vent, il faut lui en être admiratif, il doit rire sous cape comme celui qui eut la géniale idée un jour de tremper la queue d'un âne dans un pot de peinture noire et de dresser son arrière-train, - je parle de celui de l'âne bien sûr, devant une toile qui devint une oeuvre qui connut une fortune au sens propre comme au sens figuré, et qu'il intitula « Aliboron ». La Horde du Contrevent, c'est un peu la même chose... Alain Damasio a trempé la queue d'un âne, ou peut-être celle d'une comète qui passait par-là assez savoir, dans des rafales de courants d'air et de vides absolus.

Génie pour les uns, mystificateur pour les autres, sans doute la vérité se situe entre deux eaux. Y aurait-il une grammaire, une syntaxe de la fumisterie ?

J'ai pourtant essayé de respirer aussi lentement que possible durant chaque page.

Des pages enlisées dans des sables mouvants, tandis que ce livre prenait de l'eau, que dis-je des seaux !

À la page 336, à l'attention d'un des personnages qui demande : « Maître, savez-vous quand la chose risque d'arriver sur nous ? « J'ai eu bien envie de lui répondre : « Malheureusement mon pauvre petit, c'est déjà arrivé depuis 212 pages pour le lecteur ! » Oui, je l'ai dit, l'originalité du livre est que les pages vont à rebours. Quand on n'aime pas un livre mais qu'on veut quand même y aller jusqu'au bout, cela dit c'est un avantage...

Chronique d'une dépression, la quête d'une flaque devient ici l'aventure extrême.

C'est un livre déjà saturé d'éoliennes, on appréciera le côté prémonitoire de l'auteur vis-à-vis de nos paysages à venir...

Par moments, les personnages du roman se mettent à en faire sa promotion avec une lucidité qui force le respect : " Et ancrez ça : y a jamais eu de hordes mieux préparées que nous qui ait osé tremper son museau dans cette grande cuvette de chiotte ! "

Durant ces plus de cinq cents pages, j'ai rêvé à la fois d'apesanteur et d'oxygène. J'ai bien eu l'impression de mettre dix-mille ans à lire ce livre.

"La folie n'est plus folle, dès qu'elle est collective." Tentative d'une éloge du faire ensemble, l'auteur s'embourbe lorsqu'au bastingage de son navire incontrôlable, il tente de s'improviser philosophe.

C'est du grand vide comme les personnages qui regardent au fond du trou d'un lac qui se vide par son siphon comme une chasse d'eau,- désolé c'est la seule image qui me vint alors. Cela me semblait aussi profond que le sens-même de ce livre. J'ai eu envie de faire disparaître ces pages dans ce siphon géant qui entraîne l'équipage dans la tourmente...

Plus tard, le chapitre sur les palindromes est pitoyable à souhait et révèle à lui seul toute la caricature si facile de ce livre, on se croirait dans un radio-crochet de rhétoriques ampoulées, un exercice de style où l'auteur a cherché à caser sa collection de savoirs dans les plis de cette histoire qui tombe comme un cheveu dans le vent.

Au chapitre qui s'intitule La Tour d'Ær, il me semblait pourtant qu'il y avait brusquement un sujet, une matière à creuser, un sens tout d'un coup qui frémissait autour Du Livre, des bibliothèques, de la mémoire... Cela, hélas, n'aura duré que le temps d'un chapitre.

Et lorsqu'on est à contrevent, tant qu'à faire, pourquoi ne pas y aller à fond, qu'est-ce qui empêche dès lors l'auteur de citer de manière décomplexée en postface de son ouvrage un fameux Bertrand Cantat ; après tout nous étions à peine en 2014, date de publication du livre ?

À la fin de l'odyssée, à bout de souffle, on est bien content de descendre à quai pour embarquer aussitôt vers des mers ou des ciels bien mieux inspirés.

Le meilleur contre, ne serait-ce pas de confronter nos points de vue face à la horde qui s'apprête à me jeter aux vents ?

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La Horde du Contrevent

Ils sont vingt-trois. Vingt-trois hommes et femmes en quête de l'Extrême-Amont et de l'origine du vent qui balaie leur monde d'un bout à l'autre. Alain Damasio nous entraine sur les traces de la 34ème Horde et de ses membres dans un roman d'une puissance et d'une beauté époustouflante. L'auteur nous propose un univers fascinant et d'une originalité folle dans lequel on plonge dès les premières pages pour n'en plus ressortir. Chaque idée est exploitée avec un talent et une intelligence absolument remarquable, qu'il s'agisse de l'intrigue, des personnages, du décor, du style et même de la pagination ou encore de la typographie (chaque paragraphe débute par un symbole associé à l'un des protagonistes qui prennent chacun leur tour la parole).



On voyage grâce à Monsieur Damasio qui nous fait découvrir des paysages fascinants, tour à tour sauvages, impressionnants, étranges ou accueillants : la magnifique cité aérienne d'Alticcio, l'imposant et désespérant massif de Norska, l'Extrême-Amont... Certaines scènes figurent parmi les plus belles et les plus intenses qu'il m'a jamais été donné de lire. Aussi vous ne manquerez pas de vous souvenir du voyage et des festivités à bord de l'Escadre Frêle, vaisseau d'une nature tout à fait particulière ; de la traversée par la Horde de la Flaque de Lapsane, étendue d'eau croupie et de marais plein de dangers et de mystères (« Fontaine je ne boirais pas de ton eau... ») ; du magistral duel littéraire de Caracole et Sélème maniant les palindromes, anaphores et autres figures de style de la langue française comme personne ; des retrouvailles entre les membres de la Horde et la génération qui les a précédé...



Mais la plus grande qualité du livre reste ses personnages, tous d'une telle humanité et d'une telle profondeur qu'ils ne peuvent que nous bouleverser : on rie avec eux, on pleure, on craint, on se dépasse, on apprend, on s'attache, on espère... Difficile d'oublier Golgoth, ses fêlures, sa volonté de fer et son langage fleuri ; Caracole et son tempérament joyeux, ses jeux de mots, ses taquineries, sa complexité ; Sov et ses doutes, ses petites attentions et sa gentillesse ; la petite Aoi et son amour pour Steppe ; le prince Pietro Della Rocca, la soigneuse Alme, le combattant Erg Machaon, l'aéromaitre Oroshi et tant d'autres encore... Rarement un livre m'aura tant marqué et tant bouleversé, alors merci Monsieur Damasio pour ce chef d'oeuvre que je ne risque pas d'oublier.
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Vallée du silicium

Cybercé, cyberné, entre transhumanisme déshumanisé et in-humanisation désincarné…Une réflexion passionnante et hybride sur l'IA au cours d'un pèlerinage techno en Silicon Valley en sept escales californiennes. Brillant !!



Quel étonnement en recevant ce beau livre… il ne s'agit pas d'un livre de la Volte, maison d'édition habituelle et fidèle d'Alain Damasio, mais d'un livre des éditions du Seuil, de la collection Albertine très précisément, apercevons-nous en tout petit au bas de la couverture grise striée d'un orange fluo qui capte immédiatement le regard. En collaboration avec la Volte, l'auteur a en effet été mis entre les mains des éditions du seuil car, une fois n'est pas coutume, l'auteur de SF a écrit un essai. Quant à la collection Albertine, ses livres ont tous en commun d'être « des textes d'exploration littéraire, intime ou sociale, du monde contemporain, publiés en partenariat avec la Villa Albertine qui orchestre plus de 50 résidences sur l'ensemble du territoire des Etats-Unis. Elle oeuvre à la diffusion de la culture et de la langue française outre-Atlantique ». Voilà la première chose que nous apprenons en ouvrant ce beau livre.

Et, en effet, tout est parti de la villa Albertine avec cette idée intéressante de confronter un auteur de SF français à la Silicon Valley, l'endroit même où se pensent et se conçoivent dans la « vraie » vie les scénarios que la SF a parfois anticipés. le voilà parti avec femme et enfant. Là-bas, Alain Damasio y a rencontré des cadres et des chercheurs qui travaillent pour Amazon, Facebook, Twitter (qu'il refuse d'appeler X) et Meta, des « techies », pour se désaxer de sa « ligne technocritique de Français narquois », accompagné de deux historiens et sociologues, Lisa Ruth et Fred Turner, parfois échangeant, objectant, souvent observant, quelque fois testant machines et appareils, toujours marchant dans les pas de Baudrillard, son ainé de quarante ans, qu'il cite généreusement avec une certaine admiration tant il le considère, à juste titre, totalement visionnaire.



Alain Damasio s'est penché sur ce qui le taraudait déjà dans les Furtifs ou la Zone du dehors : notre assujettissement aux technologies, au numérique tout particulièrement. Cela donne un essai. Et un essai écrit par Damasio n'est pas un essai aride, ardu, tordu, abscons ou soporifique mais un essai fluide, brillant, passionnant, subtile, hybride (à l'image de l'auteur d'ailleurs) entrelaçant observations, théories, récits et passages romancés, un essai techno-poétique pétillant avec lequel tout lecteur ou toute lectrice va forcément s'enthousiasmer, frémir et sourire. Si, avec les Furtifs, on trouvait de nombreuses analyses faisant penser à l'essai inséré dans le roman, dans ce dernier livre, l'essai devient passionnant grâce à des éléments normalement présents dans le roman, depuis la poésie, en passant par l'humour et jusqu'au suspense.



« Je reste un romancier. M'intéresse suprêmement le sentier plutôt que la carte ; l'enfrichement de la forêt plutôt que son quadrillage ; le récit et ses arcs plutôt que la flèche de la thèse ».



Et pour mieux expliquer, la voie de l'imaginaire est en effet parfois empruntée ; pour mieux appréhender les concepts, un vocabulaire est parfois inventée ; pour mieux faire ressentir sa propre émotion, la poésie est là, en tapinois, et, élément important à souligner, une façon d'aborder l'écriture inclusive est proposée de façon originale : « la féminisation assumée des pluriels neutres” un chapitre sur deux. Voilà, même dans un essai, on retrouve notre Damasio, celui bien entendu de la Horde du Contrevent, percutant, sensible, humble, poétique et inventif.

Mon livre fini tout corné, chaque page comporte des éléments amoureusement soulignés, d'un trait léger, parfois de plusieurs traits appuyés, précieux passages que je lis et relis comme j'admirerais les différentes facettes d'un diamant. Cette façon de nous offrir ses pensées en les mêlant à la poésie, en y insérant des passages fictionnels est percutante. Elle permet d'en faire un essai humain, sensible, loin de tout intellectualisme, qui touche profondément et fait réfléchir. Vraiment et simplement.





Malgré la poésie, malgré l'humour aussi, ce texte, composé de sept chroniques, est terrible. Terrible car il parle de ce que nous sommes en train de devenir du fait de l'influence des technologies et de ses conséquences sur nos corps, sur nos émotions, sur notre psychisme, sur notre façon d'être, sur notre rapport au monde, notre manière d'être vivant qui n'a rien de neutre. de ce qui nous isole, nous délie alors que nous sommes hyperconnectés. Sur notre façon de faire société non plus à l'échelle d'une commune, d'une région, d'un pays mais à l'échelle du monde. Sur nos nouvelles croyances et nos nouvelles religions comme l'explique avec intelligence la première des chroniques qui se déroule à la Mecque du Mac.



« A l'orée de ce siècle, le numérique a inauguré un panthéisme de l'information, une religion de la matière-lumière. Elle s'incarne par un ensemble de pratiques qui nous soudent dans des cérémonies minuscules et pourtant communes à des milliards de personnes sur la planète. Safari, FaceTime, Keynote, iTunes, Siri sont des icônes, oui, si l'on veut jouer sur les mots. Ils sont en vérité beaucoup plus que ça, des portes psychosociales que nous franchissons trente fois par jour pour organiser nos expériences et manager nos vies, pour présenter nos parcours et acquérir nos savoirs, pour parler en direct à IAvhé et écouter les chants du monde dans la plus profonde bibliothèque musicale jamais offerte à l'humanité ».



Réflexion truculente sur les voitures autonomes et les risques engendrés, sur la matérialité du monde devenue désormais mélancolie, sur le métavers, la deuxième chronique m'a régalée de son humour et de son cynisme. L'auteur, en voulant nous donner à voir les effets induits de ce type de déplacement, en désirant nous les faire ressentir de manière sensorielle (comme souvent avec Damasio), reprend, sur deux pages, sa plume de romancier pour nous proposer un bref récit d'anticipation qui fait froid dans le dos.



« de l'univers de la voiture, nous n'aurons même plus l'ivresse de la vitesse, la coulée cinétique, cette sensation de vent chaud qui entre par la vitre baissée et vient balayer nos soucis et nos cheveux avant de ressortir en tourbillon – ce sillage. On pilotera des Hummer dans le métavers tandis que les rires de nos potes, à l'arrière, bruisseront dans le casque Oculus, merveilleusement spatialisé. Sans doute même qu'ils t'offriront le souvenir du vent chaud avec des ventilateurs enkystés dans les murs de ta chambre. Et tu trouveras ça génial. Tellement réaliste ».



Troisième escale avec l'effacement des corps, l'illusion du mouvement en ces nouveaux lieux de sociabilité sans la gêne du corps via le metavers. le réseau nous promettait l'effacement des frontières mais ce sont de nouvelles frontières, des sas, des bulles, qui nous fragmentent en réalité désormais et dans lesquels identifiants et mots de passe sont les nouveaux mots d'ordre. La touche damasienne dans cette chronique : la forme épouse le fond, la frontière s'immisçant dans le texte même…du Damasio, quoi, à l'image des personnages de la Horde qui avaient tous un sigle caractéristique et que l'auteur pouvait, en une image, disposer selon certains regroupements avant le Contre…

Cet ensemble, de bulles et d'espaces de vie, forment ce que l'auteur nomme le technococon, « machine sociale à dilater mes égocentres et à me permettre de terraformer numériquement un chez-moi. Ces chez-moi ont la forme d'une bulle, d'une bille, d'une île de taille variable, à la membrane épaisse et translucide, à travers laquelle les pas-comme-moi s'agitent dans une brume volumétrique ».



« Noli me tangere : nous irons au concert ensemble dans telle bulle métaversée qui ne puera pas la sueur / nous nous retrouverons au bowling virtuel pour lancer des boules sans poids dans un décor vintage / on se séduira à coups d'avatars animaux pour se toucher par gants interposés / et on criera au harcèlement quand la distance intime sera abstraitement franchie / comme le racontait un cadre d'Oculus qui hallucinait de voir que ces enjeux qui n'ont de sens que dans un réel de chair puisse hanter déjà nos virtualités. Que signifie en effet une intrusion physique dans un espace de pixels ? ».



Grande émotion avec la quatrième chronique. Elle porte sur Tenderloin, ce quartier le plus pauvre de San Francisco, très proche du centre névralgique de la Silicon valley, quartier des sans domicile fixe. Alors Alain Damasio de s'interroger : comment une telle pauvreté est-elle possible à proximité immédiate de milliardaires qui, s'ils ne donnaient même que 1% de leurs revenus, pourraient l'éradiquer ? C'est l'absence de liens qui explique cette indifférence selon l'auteur, l'absence de liens physiques, la dématérialisation…



« Sans doute touche-t-on là le coeur de ma technocritique : la Tech, ontologiquement, conjure l'altérité ».



La cinquième chronique est sans doute la plus ambitieuse. de façon facétieuse elle reprend le titre de Cixin Liu, le problème à trois corps pour l'intituler : le problème à quatre corps, dans laquelle l'auteur revisite la notion du corps, depuis le corps organique, en passant par le corps monitoré (que de réflexions passionnantes sur notre façon d'observer et de surveiller toutes nos constantes au moyen de pléthores d'objets connectés afin d'être plus performants…cela donne vraiment à réfléchir), le décorps qui fait que nous nous déconnectons à nos sensations, jusqu'à l'élément vital en nous, notre vif, qui est là quoi que nous fassions. Nous avons l'impression de voir Damasio réfléchir devant nous, faire parfois marche arrière, se perdre dans son raisonnement et inverser sa pensée. Corps, décorps, raccord. C'est un chapitre complexe mais passionnant qui m'a fait grandement réfléchir à ma connexion avec mon corps, moi qui cours quasi quotidiennement avec une montre connectée dont les résultats font ma pluie et mon beau temps…Laissons cette fois Baudrillard s'exprimer :



« Partout le mirage du corps est extraordinaire. C'est le seul objet sur lequel se concentrer, non comme source de plaisir, mais comme objet de sollicitude éperdue, dans la hantise de la défaillance et de la contre-performance, signe et anticipation de la mort, à laquelle personne ne sait plus donner d'autres sens que celui de sa prévention perpétuelle… ».



La sixième chronique évoque la rencontre avec un codeur, Grégory Renard, qui a contribué à créer ChatGPT. En faisant allusion à Yvan Illich, cette réflexion montre comment il est possible de transformer l'Intelligence Artificielle en Intelligence Amie. Et là encore, c'est passionnant !



Enfin la dernière chronique est d'une grande richesse, c'est celle qui donne quelques clés et qui termine ainsi cet essai par des notes d'espoir, des chemins, une méditation. Alain Damasio appelle de ses voeux un art de vivre avec les technologies, une faculté d'accueil et de filtre, de prise de conscience, de déconnexion assumée, pour dépasser l'addiction et la perte de contrôle de nos vies, de nos corps, de notre altérité. Une relation aux IA qui ne soit « ni brute ni soumise ».



Quant à la nouvelle qui clôt le livre, fiction intitulée « Lavée en silicium », motus et bouche cousue, c'est la cerise damasienne sur le gâteau par excellence, gâteau constitué par cet essai, exercice réussi haut la main par l'auteur français !!





Vous l'aurez compris, j'ai profondément aimé cet essai qui me semble être une lecture nécessaire car éclairée et pourvoyeuse d'une autre façon d'être au monde face à ces technologies à côté desquelles nous ne pouvons passer, auxquelles nous ne pouvons échapper. Une lecture salvatrice qui vaut tous les essais intellectuels austères en la matière. Une lecture hybride. Une lecture moderne. Une lecture profondément humaniste !



« Nous n'avons pas besoin de devenir plus qu'humain : nous avons juste besoin de devenir plus humain. Vous en appelez au transhumain ? J'en appelle au très-humain. Ce qu'un Nietzsche bien compris appelait, lui, le surhumain ».



Merci infiniment aux éditions du Seuil et à Babélio pour ce cadeau merveilleux !





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Scarlett et Novak

"J'ai toute ma vie dans mon téléphone", c'est le constat qu'on fait quand parfois nous effleure l'idée que nous pourrions perdre notre smartphone, ou l'idée qu'il soit volé ou détruit, et qu'on pense alors à tous les contacts, mails, photos,... qui y sont en mémoire.



De là à dire que "mon téléphone est ma vie", que "je ne suis rien sans mon téléphone", il y a un pas qu'Alain Damasio franchit dans cette nouvelle classée littérature jeunesse.



Novak, un jeune homme perpétuellement connecté à son "brightphone", est pourchassé par deux assaillants, qui s'emparent de son portable et de Scarlett, son assistante vocale, son intelligence artificielle, sans laquelle Novak n'est plus rien. Incapable de s'orienter pour rentrer chez lui, de se payer un café dans un bar, d'expliquer ses déboires à sa concierge croate avec laquelle il n'a jamais parlé que par l'intermédiaire d'un logiciel de traduction, voilà l'homme démuni et isolé sans sa machine. Il finira par en retirer quelques leçons.



Alain Damasio pousse ici à l'extrême l'addiction aux smartphones, de plus en plus intelligents, et qui rendent leur possesseurs de plus en plus dépendants (la question est ouverte de savoir si les humains deviennent à mesure de moins en moins intelligents, ou s'ils développent en compensation d'autres formes d'intelligence ou de compétences). La réalité rejoindra-t-elle un jour cette fiction désespérante ? Peut-être, possible, pas improbable, sans doute ne serait-ce pas surprenant vu les "progrès" technologiques incessants des applications et logiciels divers, toujours plus performants et invasifs.



Cette nouvelle courte et efficace, qui se lit très vite (parce que destinée à la génération zapping?) est un avertissement face aux risques qu'on court à faire confiance à la technologie davantage qu'à l'humain (et à soi-même), à lui aliéner nos capacités et notre esprit critique, et au final à y perdre notre liberté.



Ma vie n'est pas (que) dans mon téléphone.



"(...) Tout ce que tu touches n'a pas de poils, n'a pas de peau. (...) Une vie passée à caresser une vitre (...) Au fond, tu vis dans dix centimètres par cinq (...)".



En partenariat avec les Editions Rageot via Netgalley.

#ScarlettetNovak #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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La Horde du Contrevent

Savez-vous comment j'ai découvert ce livre ? Sur Babelio bien sûr, et cela grâce à une certaine Chrystèle qui a choisi ce titre comme pseudo et qui l'emmènerait sur son ile déserte. Intriguée, je suis allée voir d'un peu plus près et à l'époque j'avais remis à plus tard, et remis encore et encore, un peu déroutée par le résumé et la taille du roman. Alors, merci à celles qui ont proposé cette lecture commune. Ça y est, j'ai bravé le vent, je me suis jointe à la horde, et je suis arrivée au bout … du livre tout au moins.



Le sujet du livre, je pense que beaucoup connaissent, au moins, j'espère qu'ils ont eu cette curiosité, les 800 abonnés qui suivent HordeduContrevent. Cela peut se résumer en quelques mots. Sur une terre où soufflent les vents, sur une bande prise entre deux mondes de glace, une horde tente de remonter d'aval en amont. le but de cette épopée : arriver en Extrême Amont, là où est l'origine des vents et comprendre pourquoi ils soufflent, en découvrir les formes ultimes, inconnues à ce jour. Cette horde est la trente-quatrième, celle du neuvième Golgoth, les autres ont échoué, ou tout au moins pour certaines ne sont jamais revenues pour dire ce qu'elles avaient trouvé.



Quelques mots pour un résumé, mais derrière lesquels se cache tout un monde créé par l'auteur, un monde que l'on découvre d'un seul coup dans ces premiers chapitres qui nous plongent en pleine action. On ne connait pas les personnages, on ne sait pas ce qui se passe, les paragraphes sont précédés de signes cabalistiques. Dans quel monde est-on arrivé ?



Et peu à peu ce monde se dessine, peu à peu les membres de la horde se dévoilent, et j'étais moins perdue. Et j'ai commencé à apprécier mon voyage à leurs côtés, j'ai aimé découvrir ce monde même si beaucoup de choses me sont demeurées nébuleuses. J'ai aimé surtout mieux connaitre les personnages, m'identifier à certains d'entre eux, mieux entrevoir les liens qui les unissent et j'ai eu du mal à les quitter, j'ai souffert à chaque disparition. J'ai tremblé pour eux. Ils forment un tout et réussissent à avancer parce que chacun a un rôle à jouer et le tient. Difficile de réussir s'il n'y a personne pour tirer les traineaux, ou trouver l'eau, ou encore faire le feu pour manger ce que les différents chasseurs auront trouvé ; soit en braconnant dans le ciel, soit en lançant leurs oiseaux, agrémenté par les herbes et les légumes de la cueilleuse.

Et j'ai aimé les voir évoluer, approfondir leurs relations, se comprendre de mieux en mieux, malgré leurs personnalités très différentes. Les antagonismes sont présents, mais s'effacent quand l'intérêt commun devient prioritaire.



Un livre déroutant, par son vocabulaire qui lui est propre, par son univers, mais si humain par cette quête, par ces hommes et ces femmes qui souffrent ensemble, par la façon dont sont décrits leurs rapports. Les sentiments, les rébellions, les incertitudes, les fiertés, les communions qui les animent sont celles de tout groupe soudé derrière un objectif commun.



Et si je ne devais retenir qu'une chose de ce livre, ce sont ces deux phrases que découvre Sov, le scribe, mon personnage préféré, dans la tour d'Aer

« Vis chaque instant comme si c'était le dernier. »

« Vis chaque instant comme si c'était le premier. »

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La Horde du Contrevent

) N'est pas contreur qui veut, demandez à " the Wind" notre aéromaître.

Nous faisons parti de la 1ère horde de babelio, nous formons le pack avec " Fnitter" notre traceur, " Marple", " Dixie", " Loudarsan", " SMadj" quand à "Gwen 21" "DomiV" et "Finity send"elles se sont perdues au détour d'un furvent.

''' '';;; [o] ``\_--

Moi je suis scribe, notre but c'est l'extrême amont, notre quête, l'origine du vent comme avant nous la 34ème horde avec le neuvième Golgoth à sa tête.

C'est pas facile tous les jours, entre les chrones, le siphon, la tour fontaine, ou le corroyeur qui nous suit à la trace, sans oublier ce maudit furvent qui nous fait courber l'échine.

Il y a trente ans que nous controns. Nous arriverons bientôt au camp bòban, un peu de repos et nous continuerons notre chemin. " the Wind" m'a parlé de la huitième et neuvième forme du vent, du vif qui est en nous, mais j'avoue j'ai pas trop compris.

Je suis scribe comme Sov Strocchnis .

Nous avons tous notre maitre, Golgoth, Pietro, Caracole, Erg, Oroshi, Coriolis...

Nous sommes fatigués, nous avons perdu des membres, leurs vifs nous accompagnent.

^^oo]°°°°

Nous attendons la deuxième horde de babelio. Ici s'achève l'aventure, lisez les glyphes de michemuche scribe de la 1ère horde de babelio.
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