Alain Durel parle de la joie sans cause et de la voie du silence intérieur en compagnie de Geneviève Delrue sur RFI.
Ne prends jamais de décision tant que l'eau remue encore, attends que les tourbillons soient passés et tu verras l'image de ta vie se dessiner clairement à la surface, sans ride.
- D'où es-tu ? De France ? Ah ! Tu es un Grec immigré qui revient au pays...
- Non, non, je suis français, d'origine française, mais je parle grec.
Le contrôleur souleva sa casquette et se gratta la tête, pensif. Un Français de souche parlant grec, c'était pour lui une chose mystérieuse. Après une brève réflexion, il me regarda dans les yeux et déclara d'un ton solennel :
- Tu parles grec, donc tu es grec !
De même que la cruche cassée dévoile l'essence de sa fonction par cela même qu'il lui est désormais impossible de la remplir, de même le moine ,brisé par l'ascèse, manifeste la nature profonde de l'homme qui est de se recevoir entièrement de Dieu.
Les épreuves que tu traverses sont bonnes. Ne crois pas que ces afflictions sont négatives, au contraire, comprends qu'elles te purifient. Tu dois descendre encore, descendre dans les profondeurs obscures de toi-même et creuser, rejeter la terre comme un mineur ou un bâtisseur, t'enfoncer dans cette obscurité jusqu'à ce que tu touches le véritable fondement, le Rocher. Alors seulement tu pourras construire, sur le fondement inébranlable, un édifice tout aussi inébranlable. Ce sera le temps de refaire surface et de t'élever jusqu'aux cieux. Un homme taille un beau morceau de bois et son ami lui demande : "Pourquoi abîmer un si beau bois ? - C'est que je fabrique un outil utile pour mon maître : je taille, je coupe, j'émonde, je rejette toute impureté, toute sinuosité, je ne détruis pas, je fabrique ce qui me fait vivre." Ainsi en va-t-il de nous, nous sommes comme ce bois que l'épreuve façonne en vue de le rendre parfait. Ne prends jamais de décision tant que l'eau remue encore, attends que les tourbillons soient passés et tu verras l'image de ta vie se dessiner clairement à la surface, sans ride. Le diable se moque de toi, te dit d'aller ailleurs. Lorsque tu seras là-bas, il te dira de revenir ici. Fais plutôt revenir ton intellect, ne le laisse pas sortir dans le monde. Tu dois être moins intellectuel et plus pratique. Vois les choses simplement.
Je le saluai en lui baisant la main, selon l'usage de l'Orient, lorsque je sentis comme un éclair sortir de lui, provoquant littéralement un "coup de foudre". La lumière qui s'était manifestée était blanche et douce. Isaac en fût témoin comme moi et me sourit avec un air complice. Nous nous regardâmes un instant sans rien dire. "Le silence est le langage du monde à venir", dit saint Isaac le Syrien.
Je lançais la conversation sur cette prière du coeur dont m'avait parlé le jeune étudiant à Stavronikita et qui n'était encore pour moi qu'un mantra.-
Il faut faire descendre l'intellect dans le coeur, expliqua le père Nicolas.
La liberté ne se trouve-t-elle pas au bout du chemin plutôt qu'à son commencement ? Mais une autre parole me revint à l'esprit, qui me mit un peu de baume au coeur : "Bienheureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière", ainsi parlait Michel Audiard.
Nous avions le vent en poupe et le bonheur aux trousses. La mer, ses îles visibles et invisibles, réelles et légendaires, et la Grèce tout entière s'étaient liguées pour nous procurer plus de joie qu'il n'est possible.
La poupée de sel qui plonge dans l'océan peut-elle dire : « je suis l'océan » ? Une fois dissoute dans l'eau, qui peut encore dire « je » ? Le plus grand danger consiste alors à faire de l'océan un Soi unique et sans second. Il y a pourtant ici une contradiction dans les termes, car l'idée de soi n'a de sens que par opposition à celle de non-soi, et l'idée d'unicité que par rapport à celle de multiplicité.
La parole de Dieu, vivante, s'adressait à des vivants. Le mystère ce n'était donc pas l'existence de Dieu mais l'existence de l'homme, non pas que l'homme croie en Dieu, mais que Dieu croie en l'homme.
Si tu peux être absolument chrétien dans le monde, reste dans le monde, si tu ne peux pas être absolument chrétien dans le monde, retire-toi dans un monastère.