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Nationalité : France
Né(e) le : 31/01/1944
Biographie :

Ancien élève de l'École normale supérieure, Alain Jumeau est agrégé d'anglais et docteur ès Lettres. Ce spécialiste de la civilisation victorienne a consacré sa thèse de doctorat d'État à George Eliot en 1987. Professeur émérite de littérature et de civilisation britanniques du XIXe siècle, il enseigne à l'université de Paris-Sorbonne. Il a écrit plusieurs ouvrages touchant à l'Angleterre victorienne aussi bien qu'à certains de ses auteurs majeurs. Il est également le traducteur d'Arthur Conan Doyle et de Thomas de Quincey.

Source : http://www.k-libre.fr
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
55 - Le nouveau concept du « gentleman »

John Henry Newman (1801-1890) est un pur produit de l’Université d’Oxford. Après de brillantes études, il fut élu Fellow du Collège d’Oriel, ordonné prêtre et nommé curé de Sainte-Marie, l’église de l’Université, où il attira de nombreux étudiants par la qualité de ses sermons. Avec John Keble et Richard Froude, il entreprit la publication de tracts, Tracts for the Times, à partir de 1833, pour montrer à quel point l’Église anglicane était héritière de la tradition de l’Église primitive. Ce fut le début du Mouvement d’Oxford (encore appelé Mouvement Tractarien). Après avoir soutenu la thèse de la Via Media, selon laquelle l’Église anglicane représente la voie moyenne entre les corruptions de l’Église de Rome et les excès du protestantisme, Newman se sentit de plus en plus attiré par la théologie catholique, au point qu’il se convertit au catholicisme en 1845, entraînant dans son sillage quelques jeunes universitaires. Une fois catholique, il devint prêtre de l’Oratoire, une congrégation qui avait une vocation éducative. Une des premières missions qui lui fut confiée fit de lui le recteur de l’Université catholique de Dublin en 1852. Au bout de quelques années, cette expérience se solda par un échec personnel, pour diverses raisons : financement insuffisant dans une Irlande encore marquée par la famine, soupçons des Irlandais à l’égard d’un Anglais, volonté des évêques irlandais de contrôler une institution que Newman voulait voir gérée par des laïcs cultivés, pour qui elle était faite… Mais ce fut l’occasion pour lui de publier The Idea of a University (1858), un recueil de discours et de conférences où il expose ses conceptions de l’enseignement supérieur. Dans l’un de ses discours, il s’interroge sur le modèle du gentleman, proposé dans les public schools et les universités traditionnelles. En ce siècle où triomphent les valeurs bourgeoises, le gentleman ne se définit plus par sa naissance et son appartenance à une grande famille. On devient gentleman en recevant une éducation libérale (c’est-à-dire non professionnelle), qui fait de vous un homme libre, raffiné, aux mœurs policées. Même si ce modèle a ses limites et ne garantit aucunement que celui qui l’incarne est un chrétien authentique, il a sa beauté et sa noblesse. Newman en parle avec respect car c’est l’idéal d’Oxford, l’Alma Mater à laquelle il est resté sentimentalement attaché toute sa vie.

7. L’éducation
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68 - Le débat sur le darwinisme à Oxford en 1860

La célébrité de Charles Darwin (1809-1882) est probablement due à un heureux accident. Bien que petit-fils d’Erasmus Darwin, un savant du xviiie siècle qui avait ses idées personnelles sur l’évolution, proches de celles du Français Lamarck, il ne semblait pas promis à un avenir brillant. Ayant échoué dans ses études de médecine à Edimbourg, et manifestant très peu d’intérêt pour ses études à Cambridge, qui le préparaient en principe à devenir pasteur anglican, il aurait probablement connu une vie obscure, faite d’échec et de ressentiment, s’il n’avait pas saisi l’occasion inattendue qui s’offrait à lui de prendre le large. En 1831, l’amirauté cherchait un naturaliste pour accompagner le capitaine Fitz-Roy sur le HMS Beagle, afin d’étudier la faune et la flore de la côte ouest de l’Amérique du Sud et des îles du Pacifique. Le Pr Henslow, un botaniste, recommanda le jeune Darwin, qui passa ainsi cinq ans à bord du Beagle. Ce voyage lui apporta la preuve de l’évolution progressive des espèces. Cette idée n’avait alors rien de révolutionnaire. Mais Darwin la renouvela fondamentalement en y ajoutant le concept de sélection naturelle, favorable aux espèces qui s’adaptaient le mieux à leur environnement. Il entreprit d’écrire un gros ouvrage pour publier ses observations et ses découvertes, mais, apprenant qu’un jeune naturaliste allait publier des conclusions analogues aux siennes, il se hâta de résumer ses idées dans un ouvrage plus court, On the Origin of Species by Means of Natural Selection, on the Preservation of Favoured Races in the Struggle for Life (1859). Ce livre eut un impact considérable et suscita beaucoup de controverses. Il fut attaqué par les scientifiques de la vieille école, qui n’acceptaient pas ses « hypothèses”, mais aussi par les autorités religieuses, parce qu’il semblait remettre en question les vérités de la Bible (la création de l’homme, la Providence qui veille au salut de l’homme…). Le fils de Darwin évoque ici le débat houleux auquel les thèse s de son père donnèrent lieu à Oxford le 30 juin 1860, lors d’une réunion de la British Association for the Advancement of Sciences.

8. La religion et la science
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97 - Le mystère de Turner

Avant de se faire critique de la société victorienne, John Ruskin (1819-1900 ; voir document 96) commença sa carrière comme critique d’art. Avant de se faire le défenseur des préraphaélites (voir introduction au document 95), il voulut être celui de William Turner (1775-1851). Le grand peintre anglais du xixe siècle exerçait sur lui une véritable fascination, et il lui devait sans doute la naissance de sa vocation esthétique. Quand le jeune Ruskin n’avait encore que 14 ans, on lui offrit une édition illustrée du poème de Samuel Rogers (1763-1855), Italy (1822-1828). Le poème lui-même ne l’impressionna pas spécialement, mais les illustrations de Turner le marquèrent profondément et durablement. Il les aimait tant que ses parents décidèrent de l’emmener voir les lieux et les monuments représentés. C’est ainsi que commencèrent ses nombreux voyages en Italie qui allaient former sa culture artistique. Et à partir de cette première rencontre avec l’œuvre de Turner, Ruskin conçut une admiration pour lui qui allait être décisive pour la formation de son goût. Lorsqu’il publia son premier ouvrage en 1843, le premier volume de Modern Painters, Turner était déjà un homme âgé, reconnu et couvert de gloire. Mais la nouveauté du style de ses derniers tableaux, leur recherche de la couleur pure, de la lumière brute et du mouvement — que cultiveront après lui les impressionnistes — déroutaient ses contemporains. Pour justifier l’art de Turner et expliquer les critères permettant de l’apprécier à sa juste valeur, Ruskin publia son étude, dont le titre complet donne la mesure de son ambition, alors qu’il n’est encore qu’un jeune « diplômé de l’Université d’Oxford”, comme le dit sa signature : Modern Painters : Their Superiority in the Art of Landscape Painting to All the Ancient Masters Proved by Examples of the True, the Beautiful, and the Intellectual from the Works of Modern Artists, Especially from Those off. M. W. Turner, Esq., R. A. Turner revient souvent, dans les volumes suivants de Modern Painters, comme la référence inévitable pour Ruskin.

12. L’art victorien
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57 -W. E. Forster présente sa grande réforme de l’éducation en 1870

Pendant des années, le retard pris par la Grande-Bretagne dans le domaine de l’éducation populaire resta choquant. Il s’expliquait en partie par l’obstruction des organismes religieux, anglicans autant que non-conformistes, très attachés à leur propre enseignement religieux, et par les besoins de main-d’œuvre non qualifiée et bon marché dans l’industrie. Mais avec le perfectionnement des machines, la main-d’œuvre enfantine n’était plus nécessaire. Il fallait plutôt des adultes scolarisés, capables de lire les notices, comme l’avaient compris l’Allemagne et la France. En outre, avec l’extension du droit de vote aux ouvriers des villes en 1867, il devenait urgent de scolariser les enfants pour avoir des électeurs éclairés et responsables. Dans ce contexte, William Edward Forster (1818-1886), un parlementaire whig, d’origine quaker, gendre de Thomas Arnold (voir document 53) et donc beau-frère de Matthew Arnold (voir document 33), fut chargé d’élaborer un projet de loi sur l’enseignement primaire, qu’il présenta à la Chambre en février 1870 et qui ne fut voté qu’au mois d’août, à la suite de débats animés, car le sujet était sensible. Son projet proposait un compromis entre deux conceptions : celle de la National Education League, qui réclamait un enseignement universel, obligatoire, gratuit et libre de toute influence sectaire, géré par des Boards élus localement, et organisé sur le plan national, et celle de la National Education Union, attachée à l’enseignement religieux et au financement volontaire, mais réclamant une aide matérielle accrue de l’État. Dans un souci d’équilibre, Forster retint l’idée d’une organisation nationale, mais aussi celle du financement volontaire, son ambition étant de « boucher les trous”, de garder les écoles existantes et d’en créer là où elles faisaient défaut. Le financement était diversifié, et la gratuité ne s’imposait pas, sauf pour les enfants nécessiteux. La scolarisation obligatoire ne fut obtenue qu’en 1880 et la gratuité en 1891.

7. L’éducation
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66 - Newman, prédicateur à l’église Sainte-Marie d’Oxford

Dans un article écrit après la mort de l’écrivain américain Ralph Waldo Emerson (1803-1882), fondateur du transcendantalisme, forme de mysticisme panthéiste, Matthew Arnold (1822-1888 ; voir document 33) se souvient avec nostalgie des influences qui ont fortement marqué sa jeunesse, quand il était étudiant à Oxford : Emerson, Goethe, Carlyle (voir documents 29 et 30) et Newman (1801-1890 ; voir document 55). De l’automne 1841 à l’automne 1844, quand Arnold préparait sa licence, Newman était une figure célèbre d’Oxford, car il y animait la renaissance de l’Église anglicane (Mouvement d’Oxford) par un rapprochement avec les dogmes et les pratiques de l’Église de Rome. Comme beaucoup d’étudiants de l’époque, le jeune Arnold était subjugué par la personnalité de Newman, son intelligence, sa culture, l’intensité de sa vie spirituelle, l’inspiration de ses sermons, la musicalité de sa voix lorsqu’il prêchait à l’église Sainte-Marie, dont il était curé. Il n’est peut-être pas impossible, même, qu’il ait vu en lui un substitut paternel, quand il perdit son père en 1842. Thomas Arnold (1795-1842 ; voir documents 52 et 53) et Newman se connaissaient. Ils étaient tous deux Fellows du Collège d’Oriel. Mais ils étaient fort différents sur le plan humain et surtout sur le plan religieux. Arnold avait adopté un christianisme libéral, qu’il transmit à son fils ; Newman lutta toute sa vie contre le libéralisme religieux, affirmant l’autorité des dogmes au point de rejoindre l’Église de Rome (1845). Matthew Arnold évoque ici la période précédant la conversion de Newman (1843-1845) : sa retraite à quelques milles d’Oxford, dans le village de Littlemore, où il vivait dans la prière et la méditation avec quelques disciples, après avoir démissionné de sa charge de Sainte-Marie. Matthew Arnold ne s’intéresse pas ici à l’itinéraire catholique de Newman, devenu cardinal en 1879, mais à l’inspiration qu’il a su donner à toute une génération en prenant la religion au sérieux.

8. La religion et la science
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67 - La religion et la recherche scientifique

The Idea of a University (voir document 55) date de l’époque où Newman (1801-1890 ; voir document 66), après sa conversion au catholicisme, fut nommé recteur de la nouvelle Université catholique de Dublin. L’ouvrage comporte deux parties. Dans la première, publiée en 1852, Newman explique d’un point de vue théorique les finalités d’une université, qui comporte plusieurs disciplines dialoguant entre elles, y compris la théologie, clef de voûte de l’édifice. Dans la seconde, plus pratique et plus concrète, qu’il ajouta en 1858 sous le titre « University Subjects », il évoque des événements précis dans le développement de son université, comme l’ouverture d’un nouveau secteur. Ainsi le discours VIII, inspiré par l’ouverture de la School of Science, est pour lui l’occasion de réfléchir sur les rapports entre la religion et la recherche scientifique. Le sujet est particulièrement sensible pour diverses raisons. Historiquement, l’Eglise catholique a souvent entretenu des rapports difficiles avec les chercheurs, quand leurs hypothèses ou leurs découvertes remettaient en question la Bible. Au xixe siècle, plusieurs secteurs de la recherche (géologie, ethnologie, paléontologie, archéologie, histoire, histoire des mythes, etc.) prenaient des orientations qui semblaient en contradiction totale avec les récits bibliques sur l’origine du monde et de l’homme. Newman apparaît ici comme un homme de culture, croyant à la liberté de la recherche, mais aussi comme un homme de foi. « Truth cannot be contrary to Truth », conclut-il plus loin : il ne peut y avoir de conflit entre la vérité de la Révélation et la vérité de la science, tout au plus une incompréhension temporaire. Il va même jusqu’à envisager que la science permette de dégager la Révélation de certaines illusions prises à tort pour des vérités. C’est là une attitude accueillante très en avance sur son temps.

8. La religion et la science
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95 - L’hostilité aux préraphaélites

Les préraphaélites étaient de jeunes peintres réunis au départ en une petite confrérie (Brotherhood). Ils entendaient protester contre l’académisme en peinture, introduit selon eux par Raphaël (1483-1520), et revenir à une simplicité première qui existait avant ce peintre. Leur grande idée n’était pas de cultiver la beauté, mais la fidélité à la nature — une forme de réalisme parmi celles qui s’affirmaient à l’époque (voir document 94). Le groupe fit ses débuts publics au Salon de l’Académie de 1849, avec des œuvres de Dante Gabriel Rossetti (1828-1882), de William Holman Hunt (1827-1910) et de John Everett Millais (1829-1896). Leurs tableaux furent assez bien accueillis et vendus. L’année suivante, en 1850, furent de nouveau exposées des œuvres de la triade Rossetti, Hunt, Millais ; mais les choses se gâtèrent avec une critique sanglante de Dickens dans son journal Household Words (voir introduction au document 38), à propos du tableau de Millais, Christ in the House of His Parents, condamné pour sa laideur pathologique. En 1851, Millais exposa Mariana, The Return of the Dove to the Ark, Hunt Valentine Rescuing Sylvia from Proteus, et Charles Collins Convent Thoughts. Le grand quotidien The Times, déjà critique en 1850, se montra excédé par les réalisations de ces jeunes gens pleins de prétentions, mais incapables de maîtriser les éléments de la peinture : formes, perspectives, couleurs. Cette condamnation, bientôt reprise par des journaux de moindre importance, leur eût été fatale si Ruskin (1819-1900, voir documents 96 et 97), n’avait entrepris de répondre au Times par une série de lettres. Il y défendait l’intégrité de ces jeunes peintres (qu’il ne connaissait d’ailleurs pas et qu’il n’appréciait pas sans réserves), en rendant hommage à leur recherche de la vérité, de l’authenticité et en soulignant leur talent et leur sérieux.

12. L’art victorien
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78 - Florence Nightingale et sa vocation d’infirmière

Florence Nightingale (1820-1910) est généralement considérée comme une pionnière dans le domaine sanitaire, pour avoir obtenu une formation médicale sérieuse pour les infirmières et avoir donné ses lettres de noblesse à la profession d’infirmière. Née dans un milieu aisé, elle était destinée à faire un beau mariage et à connaître la vie de loisirs confortables de la bonne société. Mais à l’âge de 17 ans, elle entendit la voix de Dieu qui l’appelait à rendre service. Pendant plusieurs années, elle s’interrogea sur la nature de ce service, avant de comprendre qu’il s’agissait de soigner les malades. Cette vocation fut fort mal acceptée par ses parents. À l’époque, en effet, les nurses étaient souvent de vieilles femmes illettrées, sans compétences médicales, et parfois portées sur la bouteille. Malgré cette image repoussante, Florence voulait soigner les autres et y consacrer sa vie — au point, d’ailleurs, de refuser avec obstination une demande en mariage réitérée. Sa vocation prit forme à l’occasion de la guerre de Crimée (1854-1856). Quand le Times révéla que les soldats britanniques étaient victimes de l’état déplorable des hôpitaux de campagne beaucoup plus que des combats, Florence partit avec 38 infirmières, soigneusement sélectionnées, pour s’occuper des troupes. Le récit de ses exploits prit rapidement une dimension légendaire. En remerciement de ses services, on lui remit le montant d’une souscription nationale (£ 45 000), qui lui permit en 1860 de créer la Nightingale Training School for Nurses dans le St. Thomas’s Hospital de Londres. Le biographe Lytton Strachey (1880-1932) évoque ici la jeunesse et la vocation de la jeune fille sur un ton ironique et critique à l’égard des Victoriens.

9. Les femmes à l’époque victorienne
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54 - L’Université d’Oxford au milieu du XIXe siècle

En 1850 fut créée une Royal Commission of Inquiry into the Universities, chargée d’enquêter essentiellement sur les deux grandes universités historiques, Oxford et Cambridge, les deux bastions de l’anglicanisme. Quelques années plus tard, ces universités s’ouvraient pour la première fois aux non-conformistes, qui étaient autorisés à se présenter à certains examens (en 1854 à Oxford et en 1856 à Cambridge), avant d’avoir accès à tous les diplômes et aux fonctions enseignantes en 1871. Parallèlement, de nouvelles disciplines vinrent s’ajouter à la théologie, aux humanités classiques et aux mathématiques : on fit place à l’histoire médiévale et moderne, à la physique et à la zoologie, par exemple. Enfin, on réforma le fonctionnement de l’université. Le changement était considérable. Cependant, il serait erroné de croire qu’auparavant les grandes universités vivaient dans un état de léthargie. Entre 1800 et 1850, elles avaient déjà beaucoup évolué, comme le montre le rapport de la Commission chargée d’Oxford. Grâce à l’introduction des mentions aux examens, beaucoup d’étudiants cherchaient à atteindre l’excellence et la distinction par le travail intellectuel. La dissipation aristocratique (chasse, boisson, jeux de hasard, maîtresses…) qui était de bon ton du temps de la Régence, perdait de son attrait. Sous la double influence du Mouvement d’Oxford (voir introduction au document 55) et des principes éducatifs de Thomas Arnold (voir document 53), qui s’étaient répandus dans les différentes public schools, les jeunes étudiants étaient plus sérieux et plus religieux.

7. L’éducation
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73 - La « nature féminine », produit d’un conditionnement culturel

John Stuart Mill (1806-1873) est l’une des plus belles intelligences de l’époque victorienne. Logicien, philosophe et économiste, il finit par s’engager dans l’action politique pour défendre deux causes qui lui étaient chères : l’extension du droit de vote, et la représentation politique des femmes. Fils de James Mill, historien, économiste, philosophe et ami intime de Jeremy Bentham, il fut élevé selon les principes de l’utilitarisme (voir document 51). Mais une crise personnelle, à l’âge de 20 ans, l’amena à prendre ses distances par rapport à cette philosophie qui n’accordait aucune place aux sentiments et à l’imagination, et il retrouva son équilibre grâce à la lecture des poètes romantiques. Sa carrière à l’East India Company lui laissa assez de loisirs pour les travaux intellectuels. Le grand événement de sa vie fut sa rencontre avec Mrs. Harriet Taylor, une femme plus âgée que lui. Entre eux existait une remarquable entente intellectuelle et une grande amitié. Elle perdit son mari en 1849 et Mill l’épousa en 1851. Mais leur bonheur conjugal fut de courte durée, car elle mourut en 1858. Dans son Auto-biography (1873), Mill lui rend un hommage émouvant et voit en elle sa meilleure inspiration. Cette inspiration est particulièrement manifeste dans The Subjection of Women, un ouvrage écrit en 1861 et publié en 1869. Presque un siècle avant Simone de Beauvoir, on y trouve déjà une idée maîtresse du féminisme : on ne naît pas femme, on le devient par l’éducation, le conditionnement économique et socioculturel.

9. Les femmes à l’époque victorienne
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Errare humanum est

Il a écrit : "Tous les peintres impressionnistes pèchent par insuffisance technique. Dans les arts comme dans la littérature, la forme seule soutient les idées nouvelles et les méthodes nouvelles. Pour être un homme de talent, il faut réaliser ce qui vit en soi, autrement on est qu'un pionnier. Les impressionnistes sont précisément selon moi des pionniers. Un instant ils avaient mis de grandes espérances en Monet ; mais celui-ci paraît épuisé par une production hâtive ; il se contente d'à-peu-près ; il n'étudie pas la nature avec la passion des vrais créateurs. Tous ces artistes-là sont trop facilement satisfaits. Ils dédaignent à tort la solidité des œuvres longuement méditées." (Indice : le bonjour d'Alfred !)

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