Faites goûter Monsieur, avait dit Sebain qui n'avait pas terminé sa bouchée de gigot aux quatre épices douces et il m'avait fallu faire ce que je détestais le plus, goûter un vin, avoir à faire un signe de tête, faire un commentaire, comme me le demandait ma soeur Catherine au cours de nos dîners mensuels, sous prétexte que son mari n'était pas vraiment connaisseur, mais en fait pour la seule et unique raison de me jouer ce mauvais tour, car au fond me disais-je en goûtant le Faugères, incapable de trouver un mot à dire sur ce vin, car vraiment après le lillet, le menetou-salon et l'herrmitage de chez Vidal, je ne parvenais plus à m'y retrouver, oui au fond, me disais-je, tout en faisant un signe de tête en direction de M. Sznajder après avoir laissé le vin flatter mon palais comme il convenait, ma soeur Catherine n'avait pas cessé jusqu'à ce jour de me faire enrager pour une chose ou pour une autre, heureuse j'en étais sûr d'administrer ma vie en quelque sorte (P. 93).