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Citations de Alain Vircondelet (216)


Il regarde son genou. Il voit l’étrangeté violacée, marbrée de roses éteints ou vifs soudain comme aux petites aubes ardennaises. C’était dans ses marches de pèlerin que tout le mal s’était tissé. À force de mauvais traitements, de cette envie qui le harcelait toujours d’avancer , d’aller plus loin. Pas seulement à cause des armes à livrer, pas seulement pour faire fortune, mais pour ce désir secret de repousser l’horizon, de connaître la vraie nature du Voyage.
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Très tôt, il se le rappelle, ça avait commencé, cette envie de partir, de tout oublier, d’accéder aux prairies immenses où l’on erre, aux océans profonds comme des abysses, aux vertigineux silences des déserts.
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Désormais, c’est la morphine qui fait sa loi, occupe le terrain. Elle s’est bien installée dans son corps qui la réclame sans cesse. Ce qu’il veut, c’est cette ouate qui étouffe tout, opacifie l’esprit, les douleurs, arrondit les élancements de la tumeur.
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Ce que je voulais, moi, c’est aller jusqu’aux sources de l’or, aux mines de pierres précieuses, au-delà de toutes les montagnes, où jamais il n’a été question de salut et de péché, mais où l’existence est seulement libre de tous préjugés, sans connaissance, près des naissances. Seul sur ce grabat où pas même un drap de lin n’est supportable, je crois encore à l’innocence sauvage. À cette vie déliée, ivre de lumière.
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Ils sont graves et sombres. Le sale travail de l’amputation va commencer. C’est l’histoire du corps qui se morcelle, de l’intégrité de la chair altérée, de la perfection détruite.
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Le silence du fils, la fâcherie avec son autre garçon, la mort de sa petite et la maladie d’Isabelle, l’accablaient, mais elle puisait des énergies au plus profond de cette terre ardennaise, sauvage et résistante aux froids, aux gelées, aux neiges. La leçon de l’existence, elle l’avait acquise à regarder pousser les blés, une année perdue, une autre gagnée, les blés tantôt coulants, comme de l’or tantôt broutés par les orages. Mais c’est Dieu qui veut, disait-elle, et cette simple acceptation lui redonnait courage.
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Il se tourne avec mille difficultés sur sa couche. Il ne supporte plus la couverture parce qu’elle pèse sur le genou malade, mais le froid de la nuit dans le grand large exige de se couvrir.
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Plus besoin d’écrire des rinçures, Rimbaud, tu n’as jamais fait qu’avancer obscurément dans le poème, tu n’as jamais quitté la poésie, toi seul le sais, puisque la poésie est le chant sans les mots d’où advient le silence, par quoi tu peux tout comprendre, tout explorer, tout relier.
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Dora rêvait de cette vie entièrement vouée à l'art, dans ce "cocon" où seuls Picasso et elle existeraient , à l'abri des autres, loin de ceux qui propageaient des rumeurs, les épiaient, espéraient déjà la fin de leur liaison. Elle disait un "cocon" mais au fond d'elle-même, elle n'y croyait pas trop. Elle savait qu'il s'agissait plutôt d'une arène, quelque chose qui serait mortel à la fin de la partie.
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Giacometti pensait que la peinture pouvait être un moyen infini de connaître l'homme et la nature. C'est pourquoi il s'était remis au sujet, au visage après sa période surréaliste. André Breton ne lui pardonna jamais ce qu'il estimait être une trahison. Giacometti persista.
(...) Giacometti avait quelque chose de religieux, de profondément sacré dans sa démarche. Cela me touchait extrêmement. "Tout le monde sait ce qu'est une tête", lui avait dit Breton, balayant d'un revers de sa main les dessins de Giacometti. Et Alberto avait répondu avec une humilité émouvante : "Moi, non, je ne sais pas !" Et pourtant ses dessins atteignent à des vérités profondes, il a su tirer de ses modèles la grâce des instants, des climats. Il conjuguait à la fois la rigueur sublime des Anciens et l'émotion vive d'un moment. À la fois le passage et l'éternité. Comment un homme comme André Breton pouvait-il être étranger à une telle intensité ?
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Il faudrait dire aux peintres d'aujourd'hui que tout se joue dans l'atelier. Dans la lenteur de son temps.
J'aime ces heures passées à regarder la toile, à méditer devant elle. À la contempler. Heures incomparables dans leur silence. Le gros poêle en hiver ronfle. Bruits familiers de l'atelier. Les pigments mélangés par Setsuko, le frottement du pinceau sur la toile, tout revient au silence. Prépare à l'entrée des formes sur la toile dans leur secret, aux modifications souvent à peine esquissées et qui font basculer le sujet du tableau vers autre chose d'illimité, d'inconnu.
p 32 Édition de poche
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Il n'y a pas de supériorité de Chardin par rapport à Lascaux, pas de hiérarchie. Tous ces relais créateurs appartiennent au même chant, celui du monde, du fonds millénaire du monde dont je ne sais rien mais qui m'adresse quelques messages, quelques éclars de lumière ou d'étoile. Et l'artiste n'a de cesse que de vouloir retrouver le feu qui les éclaire, le foyer qui fait les étincelles.
(...) Écouter Mozart comme on prie aussi parce que son chant a su capter les vibrations secrètes du monde. p 155-156
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Avec " Un Barrage contre le Pacifique " c'est toute la machine créatrice qui est en marche, Duras sait qu'elle a mis en place un dispositif narratif qui va dorénavant la harceler. Comment échapper au flux des marées qui assaillaient autrefois les terres du barrage ? Comment de même échapper aux remontées
insidieuses de la mémoire travaillée par l'oubli ?
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L’art émerveille, prétendait-il. Il permet la rencontre entre celui qui voit le tableau et ce que celui-ci donne à voir. La rencontre et l’apparition : « Les seuls événements qui puissent m’occuper » confessait Klimt.
« L’art bénit et sauve » affirmait-il encore.
Et Le Baiser ne veut rien dire d’autre.
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Tu l’as bien voulue, Rimb’, cette détresse, tu l’as bien méritée. Aussi bien, c’est le même vertige que lorsque tu te perdais dans les docks de Londres, que tu t’enfouissais avec Verlaine dans la crasse et la suie, à reluquer les marins, à la lueur jaunâtre des cabarets. Ensevelis-toi dans le stupre et l’ivresse, c’était ce que je proclamais, rejoignons l’enfer et les cercles de Satan puisqu’il faut les traverser. Elle dure depuis longtemps, cette longue nuit d’hiver et de gel, avant que la lumière ne vienne la réchauffer. La jambe lance sans relâche, c’est une horloge précise et ses coups de gong remontent jusqu’au cœur. Tout est glacé malgré la fièvre!
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" Aujourd'hui, quelque chose se replie sur moi comme une soie, énervante et douce, et me sépare des autres» . *
Cette séparation dont elle est déjà consciente en 1953, c'est bien celle d'une forme d'exil qui sans l'exclure des autres, l'en séparera néanmoins. Toujours , Sagan laissa entre elle et le monde , entre elle et les autres , une forme de distance, jamais méprisante, mais qui reflète une tristesse qu'elle tâcha de contenir et d'apprivoiser.
P.35
* Bonjour Tristesse
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Cette fille, je la veux, elle est tout ce que j'aime. Elle me défiera mais je la soumettrai. C'est ça le jeu que j'aime (...)
Le jeu s'annonçait cruel et passionnant.
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Picasso, depuis des mois déjà, ne savait pas exactement sur quel pied danser avec elle. Il n’était pas prêt à se jeter vraiment à ses genoux, et pourtant, pour la première fois de sa vie, c’était une femme comme il les aimait au plus secret de lui, qu’il avait conquise. Pas une vierge, pas une prostituée, pas une fille des bas quartiers de Barcelone, celles qu’il fréquentait jadis, pas une femme fragile, comme une enfant qu’il fallait protéger, mais une femme qui tenait de tout à la fois, forte et faible, virile et féminine, une femme qui osait tout, lui tenait tête, intelligente et brutale, passionnée et sombre comme lui, qui connaissait la douleur et la souffrance, qui brûlait d’un feu qui ne s’éteignait jamais, et rêvait d’idéal de de beauté. C’étaient ces femmes-là qu’aimait Picasso, des Amazones, des conquérantes, avec lesquelles il pourrait explorer des terres inconnues, dangereuses, des femmes qui aimaient le risque. (…) « Dora, oui, se disait-il, est de celles-là. Terrifiante et si faible en même temps ».
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Il y avait en fait à Cnossos deux états opposés : la pesanteur et la légèreté. L'intuition d'un drame secret aux conséquences inconnues, qui alourdissait l'atmosphère, et la grâce des éléments croisés entre eux dans une harmonie divine : la mer, le ciel, la terre se conjuguaient admirablement et faisaient de cet endroit de l'île un lieu singulier, unique au monde.
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Dora menait donc seule son chemin. Elle essayait de se débrouiller et de se dégager des nœud coulants que Picasso avait mis discrètement en place pour la capturer. La garder parce qu'il la trouvait intelligente, trop même, trop belle, et surtout parce qu'elle était la "victime" idéale, résistante et docile tout à la fois.
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