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Critiques de Alan Moore (713)
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Jérusalem

Important, unique, démesuré… sortons les adjectifs qualificatifs et quantitatifs, ils nous serviront sans doute tous.



Après une première tentative de roman-chorale sur sa ville de Northampton, « La voix du feu », Alan Moore — connu surtout pour ses scénarios de bandes dessinées, dont « Watchmen », seule BD figurant dans la liste des 100 livres les plus importants du Time magazine — réitère l'expérience en la nommant cette fois-ci d'après la ville sacrée… posant davantage la chose que s'il l'avait plus justement titré « Northampton ».



Pas d'Esplanade des Mosquées, de Temple, ou de fortifications d'âges diverses ( faisant presque oublier le Mur de Berlin… ), mais bien des « Boroughs » dont il est question, coeur ouvrier de cette ville d'Angleterre centrale chargée d'une histoire qu'elle n'a pas bien su raconter ou préserver.

C'est chose faite à présent avec cet énorme livre.



Passons rapidement les écueils que cette catégorie de roman induit comme commentaires : au trou les « longueurs » et autres « baisses de rythme » ; au chiotte les simagrées « que c'est trop long ou trop gros » — la moindre « saga » à succès portant le nom d'une famille ou d'un lieu, affublée de jolies couvertures « déco », explose allègrement les 2000 pages réparties en plusieurs tomes, lues « sans se prendre la tête »… — de grâce… nous voilà en face d'un travail considérable, réunissant pop-culture et grande littérature, tâchons d'être à la hauteur de l'événement.



Donc Roman-Monde, celui d'une ville vaguement maudite, au centre de la marge, savamment détruite à mesure de son histoire, comme si rien n'y était véritablement important…

Il lui reste bien un peu de patrimoine, et beaucoup d'histoire à raconter ; beaucoup de gens dont se souvenir, souvent réfractaires, contestataires… toujours singuliers.



Des allers-retours dans le temps ; la patience de voir l'intrigue s'assembler, la galerie de personnages s'animer, à travers les âges…

Et puis Moore pète un plomb et balance son livre dans une autre dimension, celle des morts et de la relativité du temps, prétexte pour y voyager sans entrave. Le procédé est très limite, et cette deuxième partie du livre placée sous le signe de la fantaisie nous rapproche du gouffre, alors que le premier tiers s'était déployé sans heurt, malgré une langue qui frise parfois le maniérisme dans son obsession descriptive. On n'envoie pas dans le mur une si belle entreprise de cette manière… et pourtant !



Malgré l'agacement que ce procédé temporel produit, avec son lot d'incohérences que tout scénario de voyage dans le temps n'a su résoudre — mais qui ont au moins permis de graver dans le marbre collectif la DeLorean et son moteur V6 PRV (Peugeot - Renault - Volvo , à l'époque où l'Europe signifiait encore quelque chose…) de « Retour vers le futur » — on l'accepte pour le bien de l'ouvrage, surtout que le génie de Moore opère avec l'introduction d'un personnage équivalent au cri d' « eurêka ! » : le démon Asmodée…

Quand pure fiction issue d'une imagination débridée nous offre cinquante pages de complète vérité transcendantale, ou comment résoudre un grand dilemme moral dont nombre de romanciers et philosophes ont approché avec plus ou moins de succès : le Diable dit toujours la Vérité, et c'est bien à ça qu'on le reconnait.



L'Histoire anglaise est déroulée en tout sens et toute échelle, sur fond des grandes interrogations philosophiques de ce peuple, telle la prédestination et sa négation du libre-arbitre, émergeant des nombreuses obédiences chrétiennes nées de cet anti-conformisme résolu ; son éternelle facilité à tout détruire en vue de supposément mieux reconstruire, tirant rarement les leçons d'un passée pourtant si célébré ; son génie artistique éclosant où on l'attend le moins, souvent du peu de moyens, comme une évidence ; la Folie découlant d'une vision des marges, des bords et des angles, comme la courbe qu'imprime une ligne droite lorsqu'on la regarde assez longtemps.



Le gigantesque édifice prend tout son sens lors de cette sublime troisième partie, où chaque chapitre, toujours d'une longueur mesurée, vient faire rayonner l'ensemble dans de supérieures dimensions ; jusqu'à l'extrême, telle cette section hommage à Lucia Joyce ( la fille de… — danseuse ; diagnostiquée jeune de schizophrénie par Carl Jung ; muse de son père et amoureuse de Samuel Beckett ; a passé les deux tiers de sa vie internée dans un hôpital à Northampton — auquel cette parenthèse résumée ne peut rendre grâce ) entièrement écrite à l'aide de paronymes dont le sens fluctue au gré des imperceptibles mouvements de l'éther, probablement l'une des épreuves les plus homériques de la carrière de Claro.



La traduction justement est entièrement à la hauteur du massif ; avoir été primée ne semblant pas suffisant, il faudrait sur le champ aller châtier publiquement ceux qui doutent encore du talent d'adaptation du sieur Claro — déjà largement confirmé par celle du « Courtier en Tabac » de John Barth, parmi d'autres (Selby, Pynchon, Vollmann, Rushdie, Gaddis, etc.) — pensant en coin à notre gargouille-critique J. Asensio, dont il est souvent question, en mal comme en bien, lorsque l'on parle de littérature, qui, probablement par une certaine jalousie ( d'avance, navré de cette facilité ), ne cesse de vomir son mépris sur sa supposée médiocrité de traducteur ( concernant celle de romancier, je ne saurais encore me prononcer… ), alors que l'évidence plaide pour son excellence ( comme quoi, lire Faulkner dans le texte n'est pas toujours garantie d'élévation spirituelle… ).

Bref, rouons de coups cette fois-ci le vilain, il doit forcément aimer cela, à sa manière.



L'épilogue s'avère à la hauteur, ornée de l'écriture si descriptive ( vous me direz, normale pour un scénariste de BD… ) de l'auteur, bien que ses représentations de tableaux paraissent impossibles, trop parfaites et irréels ; elles servent surtout à repasser en revue l'ensemble des chapitres, ou encore une fois comment un procédé un peu balourd se justifie par son emploi finalement pertinent.

On aura eu largement le temps de s'habituer à cette façon d'écrire quelque peu maniérée ; c'est au final l'échelle du projet qui semble la valider.



La répétition, jusqu'à l'obsession, des noms de rues des Boroughs reste l'un des éléments énervants du roman, surtout qu'Alan Moore aurait pu nous imprimer un jolie plan, voire cette carte mentale et idéale matérialisée en maquette dans l'exposition de l'épilogue ; ne pas l'avoir fait semble impardonnable et corrobore l'impression d'impossibilité de représentation de l'oeuvre de son personnage le plus attachant Alma Warren ( le chapitre qui lui est consacré est d'ailleurs infiniment savoureux… ).

Un logiciel de carte numérique gloobale ( oui, oui, avec deux « o » ) est du coup plutôt utile pour se faire une idée de cette ville maudite, son « Mayorhold » équivalent à nos « Grand-Place » ou « Grote Markt » n'étant plus qu'un hideux parking à étage sans âme, que le conseil municipal envisage de démanteler uniquement pour des histoires de rentabilité — ou quand la politique en est rendue à un tel point d'indigence qu'elle n'a même plus besoin de mentir ou de se chercher des excuses — thatchérisme puis blairisme l'ayant sans doute achevée, comme le reste du pays d'ailleurs, ouvrant la voie au repliement sur soi…



La réussite reste malgré tout quasi-totale pour ce livre qui élève à une autre dimension l'oeuvre psychogéographique d'Iain Sinclair ( dont trilogie entamée avec « London Orbital » ), d'ailleurs amplement cité et remercié à la fin du roman, ouvrant la voie à une lecture situationniste ( ou « debordienne » ) de cette « réappropriation de l'espace urbain par l'imaginaire ».



Alan Moore sauve de l'oubli les murs — ainsi que ceux qu'ils abritèrent au cours leur histoire — de sa ville grâce à ce roman, en faisant par là même un monument.

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V pour Vendetta

« Sous le masque ricanant, une idée que les balles ne peuvent pas tuer. »

Pour réveiller un peuple endormi et vaincre le monde pur et froid des mathématiques et des ordinateurs qui le voit, le contrôle, le dépouille de son âme, il fallait bien ce personnage de cape et d’épée.

Un personnage qui revient tout droit de l’enfer et n’a plus rien à perdre ; un personnage qui relie le passé au présent pour construire un avenir sans chaines ; un personnage qui incarne la révolte des « moutons » au point de disparaître, de se désincarner derrière ce mot porteur de tant d’espérances et de craintes…

Un V flamboyant dans un monde de zombies. Un pur parmi les cyniques, les grossiers, les faisandés. Un héros solitaire surgit de nulle part capable de renverser le cours des choses. Un rêve qui surgit dans la brume. Une espérance qui apparaît au moment où l’on baisse définitivement les bras. Un puissant antidote à la routine qui tue à petit feu. Des roses pour se souvenir de celles et ceux qu’un ordre dur et impitoyable a fait disparaître…

Il y a du Shakespeare dans cette âme tourmentée qui combat ses propres fantômes, dans cette violence brute, cette sensibilité à fleur de peau…

Une BD intemporelle qui a marqué fortement les esprits au point de voir apparaître de temps à autre le masque ricanant en signe de ralliement contre un joug…

Une BD très actuelle aussi. Qui, parmi les témoins impuissants que nous sommes de cette époque trouble qui vomit sa haine, son intolérance, ses anathèmes et ses vérités révélées, n’a pas rêvé de porter le masque ricanant pour lui botter le derrière ?

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V pour Vendetta

La lourde intégrale de V pour Vendetta me fut offerte avec la mention, tirée d’une pensée d’Oscar Wilde, « J’ai les goûts les plus simples du monde, je me contente du meilleur. » Cela est également valable pour cette lecture, car ce comics d’Alan Moore et de David Lloyd vaut tous les superlatifs du monde.



La postface d’Alan Moore nous éclaire très concrètement sur l’élaboration de cette œuvre majeure, sur sa collaboration serrée avec David Lloyd : cela vaudrait presque plus le coup de la lire avant d’attaquer le cœur de l’histoire. En effet, avec V pour Vendetta, Alan Moore tient un autre chef-d’œuvre, en plus des Watchmen, de Killing Joke et de bien d’autres encore. Parodiant ses nombreuses allitérations, nous pourrions facilement dire qu’ « avec sa verve vigoureuse et virulente, vociférant de vaillants vœux envers les vipères voyeuses, l’auteur est voué à vous inoculer sa virtuosité »*.

Dans cette Angleterre dystopique (bien avant les pseudo-scénarios sucés et pompés jusqu’à la moelle des adaptations adaptées d’aujourd’hui), où la dictature point irrémédiablement, une figure s’élève dans un combat pour le droit des peuples. Sa rencontre avec une jeune femme qu’il sauve d’un viol programmé va nous amener à suivre son implacable révolution, aussi bien politique que personnelle.



Notons, car ce n’est pas anodin, qu’avec Evey Hammond, Rosemary Almond et Hélène Heyer, voire aussi le personnage de Valérie Page, les femmes sont loin d’être faibles dans le scénario d’Alan Moore (or, rappelons que nous sommes au milieu des années 1980). Entre ces entités secondaires et le mastodonte archétypal qui sert de personnage principal, le scénariste ne place pas ses billes au hasard et nous concocte un récit poignant qu’il conviendra de relire régulièrement afin de s’en imprégner année après année pour traquer dans nos sociétés ce type de débordement.



Au niveau du style, si les premières pages pourront désarçonner, l’ambiance nous prend vite à la gorge. Alan Moore et David Lloyd ont décidé d’en finir ici avec les onomatopées et les dialogues en bulle, pourtant ils nous créent un récit bien plus vivant et parlant pour le lecteur. De plus, David Lloyd aime jouer avec les lumières, les ombrages et les éclairages. Chaque plan est une construction complexe et cela devient vraiment jouissif dans les moments-clés du récit. Ainsi, nous trouvons de temps en temps deux scènes élaborées et racontées en parallèle, alternant champs et contre-champ, pour tenter de nous faire perdre le fil de ces deux dialogues imbriqués. De la même façon, peu oublieront le changement culotté de sens des cases uniquement pour servir un interlude sonore sur fond de portées musicales.



Peut-on tirer une conclusion sur un tel chef-d’œuvre ? Non. Il faut le lire, point. Et vite ! car sa force est lourdement actuelle.



* C’est de moi, je ne savais pas où le placer, au moins c’est fait.



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Watchmen (Intégrale)

1. Sortie initialement en 1986, Watchmen est une bande dessinée au potentiel de relecture infini. Il y’ a toujours un détail pour reparaître. Ainsi, dès la page 1, on aperçoit un camion de Pyramid Deliveries qui va sûrement livrer l’un des derniers composants pour le dénouement final.



2. Watchmen, c’est une bande dessinée policière qui commence par un crime et qui déroule l’enquête de manière ludique et intelligente adapté à ce média visuel. Le Comedian, un ex-superhéros, a été assassiné. Ses anciens compagnons se mettent à la recherche du coupable.



3. Watchmen, c’est une rigueur graphique exceptionnelle. Dave Gibbons réussit à mettre toutes les informations exigées par le scénario dans chaque dessin, sans aucune impression de surcharge visuelle. Il a retenu une trame rigoureuse de 9 cases par page, avec quelques variations qui consistent à fusionner 2 ou 3 cases entre-elles. Les dessins sont entièrement au service de l’histoire.



4. Watchmen, c’est une structure narrative complexe qui donne l’impression au lecteur d’être intelligent. Moore et Gibbons enchevêtrent l’enquête principale avec des pages de textes illustrées en fin de chacun des 11 premiers chapitres, et avec une bande dessinée dans la bande dessinée.



Cette histoire semble dans un premier temps s’appliquer au coupable et condamner ses actions (comme un signe annonciateur du jugement de valeur final du Docteur Manhattan), et comme un clin d’œil ironique au choix du prochain sujet de la feuille de choux d’extrême droite.



5. Watchmen, c’est un point de vue philosophique sur le sens de l’histoire et la perception de la réalité. À un deuxième niveau, l’histoire du Black Freighter indique que la compréhension et l’interprétation de la réalité dépend de la personne qui la contemple ; chaque individu est limité dans sa capacité à appréhender le monde qui l’entoure.



De la même manière, chacune de nos actions est asservie à notre capacité à comprendre ce qui nous entoure. Et ce développement de l’histoire renvoie à ces moments où les personnages changent de vision sur le monde qui les entoure en contemplant les actions du Comedian. Edward Blake est celui qui dispose de la vision la plus claire du monde qui l’entoure, mais c’est aussi celui qui est le plus incapable d’agir parce que cette absence d’illusions le prive de motivation.



6. Watchmen, c’est une uchronie dans laquelle l’existence d’un seul homme doté de pouvoirs extraordinaires a bouleversé le rapport des pouvoirs des nations. La défense stratégique des États-Unis repose sur ses épaules. Richard Nixon est toujours au pouvoir. Mais la tension monte entre l’Ouest et l’Est et une guerre semble inéluctable et imminente.



7. Watchmen, c’est une analyse psychologique pénétrante et sophistiquée de chacun des principaux personnages. Après le décès du Comedian, chacun se remémore à tour de rôle une de ses rencontres avec lui. Mais il s’avère que ces scènes ne servent pas tant à honorer la mémoire du défunt qu’à mesurer son impact sur chacun des narrateurs et sur l’orientation qu’il va donner à sa vie.



8. Watchmen, c’est un univers visuel d’une rigueur et d’une cohérence parfaites. Dave Gibbons et Alan Moore ont travaillé pour rendre chaque élément visuel significatif : les graffiti sur les murs, la récurrence symbolique du smiley taché, les voitures électriques, les logos des entreprises, les affiches publicitaires, jusqu’au design des chaussures portées.



9. Watchmen, c’est des séquences narratives d’une force et d’une intelligence inouïes. Le chapitre consacré à Rorshach est bâti autour de la symétrie du masque. La première page répond à la dernière, la seconde à l’avant dernière, etc.



Dans le chapitre 9, Moore et Gibbons réussissent un tour de force exceptionnel : ils arrivent à faire partager au lecteur le point de vue d’un personnage qui a une perception globale du temps et non linéaire. Et le résultat est convaincant. Cette séquence sur Mars vaut à elle seule 5 étoiles (et même plus).



10. Watchmen, c’est une bande dessinée qui s’est élevée au-dessus de son origine (comics de superhéros) pour atteindre le niveau de chef d’œuvre auquel on ne pourrait reprocher que la place réduite des femmes. Le lecteur fait connaissance avec des personnages singuliers dans le cadre d’une trame policière classique qui sert à interroger les désirs et les motivations de chacun, ainsi que le sens de l’Histoire, tout en possédant une hauteur teneur en divertissement.



11. Watchmen, c’est une déconstruction exemplaire des conventions du récit de genre « superhéros ». À l’instar des philosophes du 20ème siècle, Alan Moore fait apparaître les postulats acceptés sans question et les contradictions internes (concernant les récits de superhéros), tout en proposant une alternative.



Il pointe du doigt les conventions et stéréotypes du genre : problèmes réglés à coups de poing, puissance physique masculine prédominante, loi du plus fort, suprématie d’une vision du monde paternaliste et hétérosexuelle.



Un par un, les superhéros sont confrontés à leurs limites, à l’inadéquation de leur mode d’action. Le cynisme du Comédien ne lui apporte ni bonheur ni paix de l’âme et le conduit à vivre en marge de la société. L’intransigeance de Rorshach l’accule dans une impasse existentielle, au sens propre.



Le docteur Manhattan se débarrasse de toute responsabilité en devenant un esprit analytique retiré de l’humanité. Ozymandias a peut-être gagné une bataille, mais pas la guerre. Seul le Hibou semble avoir un avenir, or c’est le seul qui a renoncé à ses modes opératoires de superhéros.



L’idéal héroïque classique est incarné par des individus au système de valeurs sujet à caution, imposant leur volonté par la force, solitaires au point de se couper des individus qu’ils défendent. Le pire représentant de cette engeance est Edward Blake, homme d’action sans remords, ayant abattu une femme enceinte de sang-froid, et violeur.



Moore condamne sans appel ni ambiguïté cet individu viril, macho et violent. Son cynisme l’a empêché de construire quoi que ce soit, l’a séparé de tous ses compagnons et ne l’a sauvé de rien.



À l’opposé d’Edward Blake, il y a l’étrange tandem de Sally et Laurie Juspeczyk, la mère et la fille. La première est alcoolique et toujours sous le charme de son violeur, la deuxième boit, fume, tabasse et vomit, sans oublier ses relations sexuelles de femme libérée.



Pourtant, ce personnage débarrassé des atours romantiques et romanesques de la gente féminine incarne l’alternative intelligente et pertinente au patriarcat. Alan Moore a choisi de construire un personnage complexe, avec des défauts très humains, comme modèle à suivre et il s’agit d’une femme.



De la même manière, Moore refuse le simplisme dans la description de la minorité sexuelle lesbienne. Joey et Aline sont également débarrassées des clichés romantiques, dépourvues d’idéalisation, dépeinte sans sensationnalisme ni voyeurisme. L’auteur ne remplace pas un idéal parfait (l’homme viril et puissant), par un autre.



Il montre la réalité dans sa complexité et son pluralisme. Il s’inscrit dans le courant philosophique du postmodernisme (ou philosophie postmoderne, concept différent de celui de postmodernisme artistique). Il fait sienne la remise en question d’une vision universaliste de la réalité, pour mettre en scène une conception pluraliste de la réalité.



Moore montre des personnages agissant suivant leurs convictions, issues de leur compréhension incomplète de la réalité (ce qui est le lot de chaque être humain).



Au lieu d’imposer une vision unique supplantant les autres, son récit sous-entend que la condition humaine doit s’accommoder de cette pluralité, de cette absence de vision unique et absolue.



Les dessins très descriptifs et un peu uniformisés de Dave Gibbons renforcent cette idée, en mettant chaque individu sur le même plan, avec un traitement graphique similaire, sans favoriser un personnage ou un autre, sans qu’un point de vue ne bénéficie d’une esthétique plus favorable.



12. Watchmen, c’est un héritage impossible à porter pour l’industrie des comics de superhéros. Les maisons d’éditions Marvel et DC ont souhaité tirer les bénéfices de Watchmen et de Dark knight returns, en réitérant les éléments qui ont fait leur succès. Il s’en est suivi une vague de récits plus noirs, avec des superhéros plus névrosés, plus désespérés, et souvent plus sadiques dans leur violence.



Dans le pire des cas, les auteurs maisons (et les lecteurs) ont vu en Rorschach le vrai héros de Watchmen, l’individu qui n’a pas eu de chance à la naissance, et qui applique une justice expéditive et sadique. Dans Watchmen, Walter Korvachs n’a rien d’un modèle à suivre. Il exécute froidement, blesse et handicape à vie ses opposants. Il vit une vie malheureuse et misérable. Son intransigeance le conduit à une forme de suicide, par un tiers.



Au mieux, les suiveurs ont vu dans le Comédien une forme de nihilisme adulte et conscient. À nouveau, Edward Blake est une ordure de la pire espèce, violeur sans repentir (il n’hésite pas à revenir auprès de Sally Juspeczyk), meurtrier d’une femme enceinte sans défense.



Depuis sa parution en 1986/1987, l’œuvre de Moore et Gibbons a inspiré nombre de créateurs qui n’y ont vu que cynisme et violence, passant à côté de la ligne directrice qu’est la philosophie postmoderne.



Watchmen n’est pas l’histoire de cinq ou six superhéros confronté à un niveau de réalité dans lequel les affrontements physiques ne résolvent rien. C’est la déconstruction d’un genre, et la proposition d’une nouvelle façon de regarder le monde.
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Jérusalem

A.MOORE MA TUER



Deux semaines pour venir à bout de 1265 pages, un putain de pavé dans la mare si tu veux mon avis, une bombe explosive, le Destructeur de la rentrée littéraire 2017 qui élimine directement tous les autres livres sur son passage, un Livre-Univers légendaire qui va vous faire douter d'avoir jamais lu un livre aussi complet, abouti et puissant. Et si Alan Moore n'était pas déjà une figure emblématique du monde de l'Art et des Lettres, sa réputation viendrait s'assoir ici, royale comme un Bâtisseur, dérangeante comme un Démon à trois têtes et un corps de dragon. Mesdames et messieurs, soyez avertis, il va falloir leur donner des prix et des médailles, à l'auteur, au traducteur et à la maison d'édition, merci bonsoir.



Avant de vous jeter à corps et âme perdus dans ce roman-labyrinthe-ville, il peut être prudent de savoir où vous mettez les pieds, et je vous invite à visionner la série de huit vidéos produites par Arte, s'intitulant Dans la tête d'Alan Moore. C'est court, instructif et ça vous donnera une idée du personnage au cas où vous étiez passés à côté sans trop faire attention (nb : c'est le personnage au masque de Guy Fawkes dans sa BD V pour Vendetta qui a inspiré le mouvement Anonymous) D'ailleurs, vous remarquerez peut-être la ressemblance troublante entre un de ses personnages principaux, Alma Warren, et lui-même, tous deux honorant leur statut d'artiste, de fou, de sorcier.e et de contestataire au caractère un peu rustre mais tout à fait magnétique.



Au risque de vous avoir déjà perdus dès le début, l'histoire ne se déroule pas à Jérusalem, mais bien dans le quartier des Boroughs, à Northampton, Angleterre. Néanmoins vous verrez plus tard qu'il existe bien un lien, ténu et subtil, mais parfaitement logique. Bref, c'est avant tout l'histoire du nombril de l'Angleterre, son centre parfait, où trône la croix et vers où convergent toutes les boulettes de poussière et de crasse collante. L'histoire d'un quartier à travers le temps long de l'Histoire avec une grande H qui finit englouti dans le trou noir d'une cheminée-vortex.



A travers les différentes époques se suivent des générations entières de pauvres, d'opprimés, d'esclaves, de malades, de fous, d'artistes, de rois, de révolutionnaires et de petites gens, d'hommes religieux et de femmes hystériques. Je devrais peut-être vous avertir maintenant que c'est aussi déroutant et véritablement violent mais aussi d'une précision impeccable et d'un regard lucide. Mais surtout, ce qui nous intéresse ici, c'est cette famille étrange, les Vernall, constituée principalement d'illuminés, de zinzins et de siphonnés, qui voient partout des Anges dans les Angles, qui parlent de géométrie et de géographie, de trous et de cheminées, d'Enquête et de l'En-Haut.



Parce que oui, il y a bien un En-Haut, un monde parallèle, une sorte de paradis-enfer digne de Dante ou de Blake, une superposition dans la réalité, dans l'univers visible, où règnent les Angles et les fruits-fées, les démons enfermés dans les dalles et puis aussi les fantômes, même ceux qui se font exploser pour s'en aller trouver des vierges (mais là encore on est pas trop sûrs, déso pas déso comme on dit.)



Donc voilà, et déjà les morts vivent en fait aussi un peu parmi vous (ce qui n'est pas sans rappeler Ainsi vivent les morts de Will Self, que je vous conseille aussi) surtout s'ils ont fait pas mal de conneries en fait, mais aussi parfois juste pour vous faire peur et embêter les gens qui sont en train de rêver, mais surtout il y a aussi un Troisième Borough et on se demande bien en quoi consiste cet étage suprême, cette dernière étape de vie-mort. Et pour satisfaire un peu votre curiosité de lecteur et éprouver un peu votre foi, il y a bien ces deux personnages qui essayent de tracer la carte et le territoire du temps dans cet espace étrange et d'aller voir où l'horizon se jette enfin dans le néant.



A partir de là, si vous croyiez avoir tout vu et tout entendu, si vous pensiez encore que l'esprit bizarre d'Alan Moore ne pouvait plus vous surprendre davantage et si vous croyiez que la famille d'Alma était déjà l'apogée de la folie, attendez un peu de voir ce que vous réserve l'auteur dans le chapitre consacré à la fille de James Joyce (voire Ulysse, Finnegans Wake), Lucia, enfermée dans un asile psychiatrique. Là encore, on voit que les nerfs de Claro - qui est aussi, je le rappelle, un super écrivain en plus d'être un traducteur en or - ont été mis à rude épreuve pendant la traduction, et c'est peu dire qu'il a fait preuve d'autant d'excellence que l'auteur pour rendre un langage malmené mais également sublimé, cette langdézange déjà apparue un peu plus tôt dans l'En-Haut, qui se plie et déplie à l'infini afin de pouvoir saisir l'essence de toute chose même réduite à son point le plus petit.



Et pour finir par décidément enfermer le lecteur dans la folie labyrinthique, le bloquer en plein milieu de l'échelle de Jacob, lui faire perdre la boule à zéro, le plonger dans un coma-rêve où même la réalité n'existe plus telle qu'on la connaît, de même qu'il fait disparaître pour de bon tout le concept de libre arbitre, Alan Moore tire un dernier coup magistral avec sa canne de billard pile derrière la nuque, le coup du lapin, qui n'ira plus jamais se réfugier dans son Burrow.



Voilà, sans en dire plus, au cas où vous auriez déjà décroché, j'aimerais souligner encore une fois le fait que nous assistons ici à un chef-d'oeuvre, un roman qui conjugue à la fois le côté saga familiale dans un monde sombre et décevant dans un style qui rejoint presque celui d'un Hugo ou d'un Zola ou encore d'un Dickens, avec la folie mystique d'un Blake, le côté Exégétique de Philip K. Dick, le cynique et l'intelligence et le côté Infinie Comédie d'un David Foster Wallace, tout en dépassant tout cela et en retournant la littérature dans tous les sens, en allant même jusqu'à parodier le Club des Cinq.



Alan Moore a su parfaitement plier le temps, l'espace, la religion, le concept de vie et de mort, de paradis et d'enfer, en usant de références tellement nombreuses qu'il serait délicat de n'en citer qu'une, en même temps qu'il dépeint intelligemment et d'une façon complètement structurée et presque visuelle (pour peur que vous ayez le sens de l'orientation) tout un quartier dans ses différentes époques, et qu'il fait preuve d'un regard critique mais dénué de jugement. Les personnages se croisent et s'entrecroisent et sont dépeints au millimètre près de leur intimité, de leurs rêves, leurs tourments, leurs troubles, leurs maladies mentales, leurs questionnements, leurs appréhensions, leur façon de vivre, et c'est peu dire qu'on finit par avoir l'impression de faire partie du même tableau (et d'ailleurs, le chapitre de fin sur l'exposition est assez haute en couleur). On apprend également à la toute fin que ce roman s'appuie notamment sur des personnages ayant vraiment existé et plus précisément sur son frère et ses expériences de mort imminentes, ceci expliquant cela. On a vraiment l'impression d'avoir déjoué les lois de la physique, d'avoir fait un voyage impressionnant aux confins de quelque chose qui nous dépasse autant que le monde lui-même, dans un livre où tout est question d'angle, de point de vue, de perspective.



Bref, si vous ne deviez lire qu'un livre dans votre vie, celui-ci vous procurerait un bon tour d'horizon de ce qui se fait de mieux dans la littérature, et si vous ne deviez écrire qu'un livre, je vous conseille de ne surtout pas lire ce livre, au risque de n'avoir décidément plus rien à dire qui vaille la peine. Mais bon, ça serait passer à côté d'un monument aussi gros que le temple de Jérusalem. En plus de ça, c'est un livre où rien n'est laissé au hasard, où chaque détail finit par avoir son importance et où tout se rejoint inexorablement, à tel point qu'on aurait presque envie de revenir au début une fois parvenu à la fin pour pouvoir relire chaque phrase en conscience de ce qui va se passer ensuite. Il y aurait peut-être encore de quoi écrire tout un roman autour de ce roman, mais j'ai comme l'impression que tout y est déjà dit et qu'en faire plus serait redondant. Alors, juste, voilà, merci. C'était intense. Je m'en vais maintenant trouver quelque autre publication d'Alan Moore histoire de faire durer le plaisir, il paraît qu'avant ça il y avait aussi La voix du feu (enfin quand j'aurais terminé de lire le tome 2 de l'Exégèse de P.K.D, donc on n'en est pas encore là, en plus je ne sais pas si je vous ai dit mais Stone Junction de Jim Dodge est de nouveau édité chez Super 8 éditions - puisqu'on parle de chef d'oeuvre - alors si vous ne l'avez pas lu, vous savez ce qu'il vous reste à faire, après avoir dévoré Jérusalem).



(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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V pour Vendetta

Dans les années 80,lorsque la guerre mondiale éclate, des bombardements nucléaires détruisent l'Europe, L'Afrique et les Etats-Unis. La Grande-Bretagne est épargnée, mais gravement touchée par les dérèglements climatiques. Profitant de cette faiblesse, le Norsefire, parti fasciste national, prend le pouvoir et fait subir au pays une épuration ethnique et politique de la population.

Le Norsefire ayant le contrôle total du pays, ayant réduit le peuple au silence, quand la situation semble parfaitement maîtrisée, apparaît V, un anarchiste bien décidé à rétablir la vérité et la justice...



Un pur chef-d'oeuvre, une perfection!

J'ai vu le film avant de lire la version papier, personnellement j'ai adoré les deux. J'ai trouvé les dessins de toute beauté, bien que le contexte du comic soit plus dur que le film, cette lecture m'a permis de connaître des détails de l'histoire qui manquent à l'adaptation cinématographique.

V c'est mon héros, mon âme soeur de papier. C'est la liberté dans l'oppression, la voix d'un peuple réduit au silence, le pouvoir des idées face à l'étroitesse d'esprit, la justice dans l'injustice...

Un personnage qui défend de telles valeurs ne pouvait que me plaire.

Je suis ravie de cette lecture, d'ailleurs je n'avais fait qu'emprunter la version intégrale à la bibliothèque donc je vais combler ce détail en faisant l'acquisition de cette oeuvre splendide. A lire,même si l'on n'aime pas trop les comics en temps normal, vous ne serez pas déçus !
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La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, int..

« La Ligue des Gentlemen Extraordinaires… ah oui, j’ai vu le film. Bof, bof, même avec Sean Connery ».



Ouais ben, oubliez ce film, jetez le au feu numérique, ce que vous voulez… mais comparé au comics original c’est d’une fadassitude éhontée, comme si on comparait un plat de légumes bouilli à l’anglaise et un curry épicé façon indienne.

(Bon, j’ai quand même pas détesté le film, hein. J’en rajoute… comme des épices justement).



De quoi ça cause ? On est à la fin du 19ème siècle dans une Angleterre steampunk. Les services secrets, comme ils ont pris l’habitude de le faire une fois par siècle, montent une équipe de personnages extraordinaires qui vont devoir collaborer (pas gagné) pour sauver l’Empire et la Reine. Et les extraordinaires ? Ben on n’a qu’à aller les chercher dans les bouquins de l’époque qui oscillent autour de la frontière du fantastique ou y plongent brutalement en éclaboussant tout autour. Et puis on les soigne, ces personnages ; y’en a pas un d’à peu près ressemblant à un héros :

- Un Alan Quatermain défoncé par l’opium

- Une Wilhelmina Murray – autrefois acoquinée à un autre extraordinaire aux dents longues – très « shocking » et pleines de principes et de sang-froid.

- Une capitaine Nemo misanthrope, véritable indien d’Inde avec turban Sikh et tout…

- Un homme invisible puant de perversion

- et un Dr Jekyll verdâtre d’anxiété couplé d’un Hyde monstrueux et ceinture noire dixième dan de violence à la Tarentino.



Je ne vous dis pas la masse d’autres personnages de roman que l’on croise. Ici on les vend au kilo. L’histoire, qui fait intervenir un métal qui neutralise la gravité, Fu Manchu et les triades chinoises, Auguste Dupin trop rapidement abandonné par Edgard Alan Poe et bien entendu l’univers de Sherlock Holmes, est palpitante mais c’est l’évolution des relations entre les personnages du groupe qui tiennent le pompon.

Le dessin pourra perturber ou décevoir certains. Moi je trouve qu’il participe à l’ambiance délétère qui se dégage de cet univers steampunk. Sans oublier les décors monumentaux hallucinants.



Bref, un plaisir sans cesse renouvelé que cette BD. Je ne m’en lasse pas.

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La ligue des gentlemen extraordinaires - In..

Tout d'abord, merci à BazaR de m'avoir donné envie de lire cette bande dessinée avec sa critique du tome 1 de l'intégrale. À la bibliothèque près de chez moi, il n'y avait que l'édition intégrale en un seul volume. Je n'allais pas faire la difficile.



Meilleure oeuvre de bande dessinée en 2003, La ligue des gentlemen extraordinaires a reçu le prix Micheluzzi (de l'auteur italien Attilio Micheluzzi).



J'ai franchement passé un très bon moment de lecture, c'était indéniablement mieux que l'adaptation ciné que j'avais aimé moyen. Ici c'était osé et fendard.



Dans la première histoire, la fameuse équipe a pour mission de récupérer la cavorite qui est entre les mains de vilains chinois pour la remettre à l'énigmatique M.M. Inutile, je suppose, de vous révéler qui se cache derrière ces initiales ?



Ensuite vient s'intercaler une petite histoire d'Allan Quatermain, « Allan et le voile écarté ». C'était très chouette, j'y ai même croisé Manse Everard. Mais il est possible que je l'aie confondu avec quelqu'un d'autre. À mon avis les 6 chapitres ont dû être publiés séparément car au début de chacun d'eux il y a un cours résumé style « dans l'épisode précédant ». Cela casse un peu le rythme.



Dans la deuxième histoire, l'équipe se retrouve aux prises avec une invasion de martiens digne d'un livre d' H.G. Wells.



C'est vraiment très sympa de retrouver tous des personnages de romans de SFFF dans une ambiance steampunk. C'est un crossover de luxe !



L'édition est vraiment très originale, on y retrouve les couvertures des éditions originales, des coloriages (attention à ne pas déborder), un plan pour réaliser une maquette du Nautilus, une carte de voeux à détacher, et surtout le jeu des gentlemen extraordinaires. Il ne faut qu'un dé et des pions pour y jouer. Avant de le rapporter à la bibliothèque, je vais faire une partie ou deux avec le fiston ^_^



J'allais oublier, il y aussi pour prolonger le plaisir L'Almanach du globe-trotteur avec d'autres aventures des membres de la ligue.



Voilà, très positif tout cela, non ?











Challenge Bande dessinée 2019

Challenge défis de l'imaginaire 2019

Challenge multi-défis 2019
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V pour Vendetta

Encore une découverte faite grace à Babélio et à ses lecteurs. Je n'aurai jamais ouvert ce genre d'ouvrage sans avoir lu les billets et critiques (et apprécié) de certains d'entre vous. Encore merci.

Allons-y pour les superlatifs, c'est du lourd. Attention chef-d'oeuvre, tant du point de vue stylistique que scénaristique. Un pur plaisir !
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Illuminations

J'ai presque terminé ce recueil de nouvelles de Alan Moore. C'est une bonne brique et je me laisse les deux dernières nouvelles pour plus tard.



Parce que c'est du Alan Moore. La plume est baroque et le propos est sombre. C'est excellent, mais ça ne se laisse pas lire facilement.



Les nouvelles y flirtent tous avec l'imaginaire. On y suit une avocate qui rencontre Jésus pendant l'apocalypse. On y raconte l'histoire de la première fraction de seconde avant le Big Bang. Une comédienne trans dans un univers de magie.



Elles sont toutes très différentes les unes des autres, aucune n'est mauvaise, et certain sont des petits chef d'oeuvre.



À lire si vous aimez Moore.
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Watchmen (Intégrale)

Watchmen ça sonnerait presque comme un titre des Village people…

et pourtant walou, quechi, rien à watcher… pour les plus comics d’entre vous dont je fais parti, par ironie et humour, bien que je préférasse le « Q » au « C », ce titre doit avoir une saveur amer, le ton est cynique, l’ambiance est noire, ça manque de sourire et de savon, on étoufferait presque dans cette uchronie toute crasseuse ou les super héros se comportent comme des enculés enfin surtout celui qui dès le départ testera les lois de la gravité avec pour fatalité (puisque Newton avait bien raison) un baiser volé avec écrasage de tronche sanguinolente sur le bitume qui faut pas trop emmerder quand t’habite au 10 ème étage…. Le « comédien » est mort….



S’en suit une enquête menée par un certain psychopathe du nom de « Rorschach » à la morale sélective invitant avec tortures les enfoirés à crever dans d’atroces souffrances… mais il se fera arrêter et enfermer pour « spychopathie aigue… »



Nos supers-héros n’ont pas réellement de supers pouvoirs sauf un, le docteur Manhattan, suite à un fâcheux accident nucléaire, monsieur a décidé de taquiner la divinité, facilitant un peu le destin des Etats-Unis… mais voilà la routine divine est grisante et le gars veut rester bleu, du coup c’est la merde, même avec sa meuf « Le Spectre Soyeux II » ça sent les radiations… et Mars rougit, lui fait de l’œil, il craque et s’exile loin des humains « Freudonnant » un mal être trop profond pour être cosmique par les trouducs qui peuplent la terre...



Loin des yeux loin du cœur, sa nana se frotte la luxure au « Hibou », leurs libidos se mélangent… et ensemble ils décident de faire évader leur pote pour terminer l’enquête et déjouer les plans du vrai méchant…



Sur fond de guerre froide, cette BD est un chef d’œuvre du genre, et l’actrice qui incarne Spectre soyeux dans le film adapté de celle-ci m’a donné toute justification lubrique (tout à fait honorable et romantique) de me tripoter l’envie d’acheter le bouquin pour mater les dessins… Faut voir la bombasse quand même, je veux dire que tout homme hétérosexeuellement constitué, pas trop porté sur les "Village People", devrait savoir érectionner de désir devant le spectacle soyeux d’un spectre de niveau bandant maximum, une main sur l’engin de la déprave pour éviter tout débordement malencontreux pinçant de manière héroïque et brutale l’orgasme un peu trop pressant :



« steplait steplait steplait, non non nonnnnnnnnnnnnnnnnnnn »



Je me dégoute…



Alors c’est vrai que je préfère les films aux BD, surtout quand ils sont bien réalisés, l’immersion dans un comics est pour ma part bien plus compliquée que dans un roman, pourtant je suis un visuel, amateur de crobars, de nichons, et de petits dessins à la con pour m’expliquer des choses simples qui m’échappent à l’oral...



" Femme donc la bouche toi, ça fait désordre…"



Donc je devrais être réceptif, et bah ouais, mais non, sans plus :



"L’imagination a ses fantasmes que l’inconscient ignore… "



A plus les copains…

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Batman : The Killing Joke

Même s’il n’en est pas fier, Alan Moore a œuvré sur Batman et son plus grand ennemi, le Joker. C’est ainsi grâce à l’enthousiasme du dessinateur Brian Bolland que The Killing Joke a été écrite, qu’Urban Comics réédite dans une édition Deluxe pour mettre en valeur cette œuvre qui a fait date au sein des comics des années 1980, aux côtés de The Dark Knight returns, de Watchmen et de Batman : Année Un.



Pour accompagner, l’aventure de The Killing Joke, notons tout d’abord que plusieurs écrits explicatifs nous sont proposés ; ainsi, la touchante préface de Tim Sale nous dévoile pas mal d’aspects de ce court roman graphique, mais ce n’est pas bien grave, car comme il conclut : The Killing Joke est une œuvre d’art. De la même façon, plusieurs dessins supplémentaires sont là pour illustrer ces écrits, dont quelques pépites très colorées et très inventives : Brian Bolland se fait rare, mais du même coup très précieux. Et d’ailleurs, à ces précieuses 46 pages de The Killing Joke, est ajouté le court épisode « An Innocent Guy » (« Un parfait innocent », introduit malicieusement pour l’occasion par l’auteur lui-même), occasion pour le dessinateur Brian Bolland de faire plusieurs allusions aux plus grands aspects de la mythologie de Batman. Pour l’épaisseur de ce comics, le prix d’Urban Comics peut faire légèrement grincer des dents pour si peu de pages, mais les bonus finaux rattrapent l’ensemble avec les « dossiers secrets de Brian Bolland » qui donnent une nouvelle vision sur sa production.



En seulement 46 pages très denses, Alan Moore réussit à retracer l’ensemble de la complexité liant Batman et son pire ennemi, le Joker. Le premier est volontairement inhumain, froid et même à bout dès le départ de cette aventure. Le second est toujours enjoué, calculateur de bout en bout, mais extraordinairement lucide face à sa vocation, face à Batman et face à la situation de son monde. Leur relation est le centre de cette vaste blague et cet affrontement pur et simple s’affiche dans toute sa cruauté et sa magnificence, où le Joker démontre qu’une seule et unique mauvaise journée peut transformer un homme en monstre.

Le scénariste nous surprend dès les premières pages, puis de sursaut en sursaut, pour en rajouter toujours un peu plus dans une surenchère de péripéties qui n’est pourtant pas inutile du tout, car elle prend place dans un flot d’informations particulièrement dense. C’est l’occasion pour nous de retrouver quantité de références, dont notamment la première rencontre entre ces deux figures de proue du comics, dès 1938 lors de la première apparition du Justicier Masqué. Notons simplement que la folie ambiante, ainsi que les quelques scènes de nudité et de violence, font de cette histoire du Joker un récit à ne pas mettre entre toutes les mains, puisque nous avons affaire à un style très adulte qui pourra choquer les plus sensibles. Enfin, arrivé au sommet de l’horreur et de la folie, Alan Moore s’échappe en scénariste magnifique grâce à une fin aussi mystérieuse que l’ensemble de cet épisode mémorable, tout simplement grâce à une Killing Joke.



Brian Bolland, comme nous l’avons déjà dit, avait lancé à lui tout seul l’idée de cette confrontation Batman – Joker ; il s’agit pour lui de transcrire graphiquement le scénario torturé qui lui a concocté Alan Moore, entre humour noir et noirceur humoristique. Dès la couverture, le ton magnifique est donné avec ce Joker dégoulinant de folie maladive. La notion d’œuvre d’art est à déceler dans l’énorme quantité de détails de qualité : des petites onomatopées bien placées pour voir les cartes de l’intrigue s’abattre sur la table du récit à la forte présence des ombres pour dissimuler les visages quand les personnages se révèlent mystérieux, chaque détail ou référence compte. Cette aventure gagne en intensité non seulement par son environnement, son ambiance – décors froids pour couleurs chaudes - mais également, et surtout dans les plus simples intonations de voix et mimiques faciales – clins d’œil facétieux, petit soupir en fin de planche, peur lisible sur les visages.

Plusieurs flashbacks sur la vie du Joker viennent entrecouper cette aventure et se révèlent toujours instructifs. Ils sont surtout mis en valeur par des teintes grisées très artistiques, tout juste relevées d’une couleur perçante sur un détail marquant de ce souvenir (un plat, une inscription, un costume, etc.). Les transitions entre ces flashbacks et le retour au présent sont tout simplement parfaits dans les choix graphiques et de rappel aussi simples que bien trouvés ; ces transitions sont d’ailleurs plus graphiques que scénaristiques. D’ailleurs, les éditions Urban Comics en profitent ici pour nous proposer la version colorisée par le dessinateur lui-même, c’est l’occasion pour nous de voir le travail numérique de celui-ci afin de renforcer les éléments iconiques du monde de Batman, allant des cheveux verts du Joker à la fameuse chemise jaune de Barbara Gordon. Les petits détails feront toujours les grands chefs-d’œuvre.



Alan Moore nous concocte donc une « Blague qui tue » de haute volée, où Brian Bolland s’amuse follement à dessiner un Joker finalement très humain. Plaisir rapide, mais plaisir simple et à renouveler plusieurs fois, pour savourer cette « Killing Joke » de légende.



[Davantage de contenus sur : http://bibliocosme.wordpress.com/2014/03/08/batman-killing-joke ]



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From Hell

En 1888, une série de meurtres atroces souleva l'opinion publique britannique jusqu'à mettre en péril l'équilibre politique du pays, la légende de "Jack l'éventreur" venait de naitre.

Cette affaire fit grand bruit dans le monde entier et inspira nombre d'oeuvres de fiction.



Mais des auteurs se penchèrent sérieusement sur le cas et tentèrent de donner une réponse au mystère de l'identité du tueur.

Ainsi, à simple titre d'exemples, l'américaine Patricia Cornwell et la française Sophie Herfort,publièrent des livres où le coupable était identifié.

Mais si les hypothèses -différentes- sont argumentées et vraisemblables, il semble bien que l'identité réelle du tueur reste un mystère.



Le graphic novel de Moore et Campbell propose une autre version de l'affaire où la politique tient une place non négligeable (je n'insiste pas pour ne pas trop en divulguer !)



A sa parution en 2000 j'avais été rebuté par le pavé, non par son épaisseur, mais par le graphisme d'Eddie Campbell, plus de 20 ans plus tard, je ne suis guère plus séduit, mais j'ai voulu tout de même tenter la lecture.



From Hell est une oeuvre monumentale, le travail d'Alan Moore est impressionnant, la société britannique de la fin du dix-neuvième siècle est étudiée et représentée avec détails, on comprend qu'une affaire comme celle de Jack l'éventreur a pu mettre en évidence la misère d'une partie des londonniens et montrer les failles et carences de la police et de la justice et même du gouvernement de Sa Majesté.



Je sors de cette lecture un peu mitigé, certes l'auteur de "Jerusalem" a produit une oeuvre dense et aboutie, mais je persiste à dire que le graphisme de ce roman graphique ne me plait pas beaucoup.

Mon impression et ma note auraient été meilleures si From Hell avait été un roman écrit.



PS : From Hell a fait l'objet d'une adaptation au cinéma, avec Johnny Depp et les regrettés Ian Holm et Robbie Coltrane, maintenant que j'ai lu le livre, je peux confirmer qu'il édulcore le propos de Moore qui n'a décidemment guère de chance avec les films tirés de ses oeuvres !
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V pour Vendetta

Dans une Angleterre imaginaire, sous la dictature, V insuffle la révolte. J'ai d'abord vu le film adapté de ce livre avant de lire la bande dessinée elle-même. C'est pourquoi j'ai été un peu désarçonnée par les dessins, au début. Mais on s'habitue vite, et le trait retranscrit bien l'ambiance sombre de l'histoire. Un livre qui marque.
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Watchmen (Intégrale)

C’est marrant la mémoire, quand même !



J’étais persuadé que le film Watchmen collait presque à la virgule près à la BD d’Alan Moore et Dave Gibbons. En relisant cette dernière, je suis surpris de voir que j’avais oublié les différences, ne conservant que le film en mémoire.



Bon, je ne vais pas faire long vu que mon ressenti colle à celui d’une majorité de lecteurs Babelio : ce comics est une tuerie. Peut-être le meilleur de tous. Rares sont les fois où je me suis retrouvé si choqué, dans le bon sens du terme, par un récit tous formats confondus.

Tout y est parfait : l’uchronie et la dramatisation de la guerre froide (on est un peu avant la perestroïka), le pathétique de ces super héros désespérément humains bien au-delà de ce que Marvel avait pu proposer, les nombreuses scènes de citoyens lambda inquiets des événements et lançant des propos de comptoir (le vendeur de journaux).

Et bien sûr l’énigme du meurtre du Comédien et les extraordinaires héros de l’histoire. Rorschach le détective tellement désabusé qu’il en est devenu ultraviolent – faisant passer le Punisher de Marvel pour un Bisounours, Le Dr Manhattan qui est l’un des rares êtres « cosmiques » que l’on m’ait présentés qui soit vraiment éloigné des émotions humaines, la vie pathétique du Hibou qui renaît grâce au Spectre Soyeux, elle-même refaisant le plein d’émotions humaines après ses années au contact froid de Manhattan. Et le machiavélique Ozymandias qui offre la « moins pire solution » au risque de la destruction de l’humanité par elle-même.



Ce comics est un choc permanent. On ne peut passer à côté.

J’va me repasser le film, tiens.

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Les derniers jours de Superman

Cette histoire restera toujours la dernière histoire de Superman. Peu importe le canon, les reboots, les retcons. Depuis 1986, la fin officielle de Superman, c'est celle-là.



Sous la plume toujours remarquable de Alan Moore, on découvre la mort de Superman et comment elle s'est déroulée. Tout cela raconte par Lois Lane à un journaliste curieux.



L'histoire sert aussi d'adieu, d'hommage juste avant Crisis On Infinite Earths, à l'univers de DC. Tout les amis et vilains de Superman y feront une apparition, même les moins connus.



L'histoire est belle et émouvante. Une preuve que l'intelligence de Moore ne brille pas que dans la noirceur.
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Providence, tome 1

Il en va des œuvres de références (je pense à Dune aujourd’hui), elles sont vouées à être adaptées, réinterprétées, déclinées...

Providence, colonisée en juin 1636 par des puritains exilés , l'une des treize colonies originelles des États-Unis, refuge pour les puritains persécutés : est-ce en rapport avec ce choix d'en faire le théâtre central de l'influence des êtres surnaturels de l’œuvre de H.P Lovecraft?

Cette BD nous plonge dans l'univers onirique de cet "entre-deux" monde. le héros, journaliste voulant devenir écrivain, se promène, nous promène, dans cet état du Rhode Island, côtoie des gens aux traits ... bizarres. l'auteur réussit dans ce premier tome à effleurer délicatement l'univers inquiétant du maître. Graphiquement, c'est sage et beau. Scénaristiquement, c'est une très belle réussite. Amoureux de l’œuvre de Lovecraft, n'hésitez pas, c'est plus qu'un hommage, plus qu'un adaptation, c'est une fidèle mise en perspective.
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Fashion Beast, Tome 1 : La mode et la bête

Je connais plutôt bien l'œuvre d'Alan Moore, mais je n'avais jamais entendu parler de Fashion Beast avant de le croiser dans un rayon de bibliothèque. Je m'imaginais donc que c'était une œuvre mineure, oubliée pour de bonnes raisons.



Que nenni!



L'histoire est une version angoissante de La Belle et la Bête qui se déroule dans le milieu de la haute couture, dans un futur où la société s'est effondrée, mais où les élites ne semblent pas s'en être rendu compte.



Pas mal tous les personnages sont queers, et c'est assez important dans l'histoire. Le vocabulaire LGBTQ n'est pas utilisé. J'ignore si c'est pour des raisons narratives, ou si c'est parce que le scénario date des années 1985. (Moore avait écrit le script pour un court métrage qui n'a jamais été tourné. Il a été décidé d'en faire une BD en 2012.)



C'est du grand Alan Moore.



Une BD sombre, complexe, difficile, avec des retournements... mais qui ne se départit jamais de cette sensibilité qui différencie Moore des autres auteurs du Dark Age of Comics.
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Top 10, tome 1 : Bienvenue à Neopolis

Du Moore, du Moore, du Moore ! Non, pas le rédacteur de dictionnaires historiques, le scénariste de comics pardi ! Après Watchmen, je découvre un peu plus et avec grand plaisir l’univers de ce britannique atypique par l’histoire du commissariat Top Ten.



Ici, quitte à voir des super-héros en action, Néopolis en est carrément remplie jusqu’aux oreilles ! Il n’y a absolument que des super-héros, et les surnoms héroïques fleurissent à tous les coins de rue. Rien qu’avec ce principe simple, Alan Moore cherche déjà à se placer à la marge des histoires de super-héros classiques. Et des marginaux, on en trouve des masses dans Bienvenue à Néopolis ! Entre dépravés, prostituées et autres chiens humanisés, le commissariat de Top Ten a du pain sur la planche et l’héroïne que nous suivons, fraîchement sortie de l’école de police, vient renforcer cette institution de la ville. Là encore, rien que dans cet organisme, il y en a pour tout le monde : une lesbienne extravertie, un géant bleu vétéran et peu bavard, un chien porteur d’un exosquelette et autres cowboys aux pouvoirs loufoques.

Nous avons bien sûr l’occasion de suivre plusieurs enquêtes policières imbriquées, d’une manière plus classique que le reste. Attention d’ailleurs, tout est bon à prendre, regarder, fureter : tout compte et sera réutilisé par la suite, c’est évident avec cet auteur ! De plus, dans cette même optique, c’est l’univers qui entoure les personnages de Top Ten qui rend cette œuvre très particulière. En effet, la ville de Néopolis grouille de vie, d’anecdotes fantaisistes, de publicités bien subversives (je vous conseille celle où on devine un pseudo-Hulk qui nous aborde en disant « Vous n’aimeriez pas que j’enlève le bas ! » : épique à souhait !!). Le dessin de Gene Ha, vraiment pas simple à apprécier dans les premières pages, favorisent pourtant la recherche de ces détails croustillants. Donc, nous avons là quelque chose de bien homogène.



Bref, un premier tome de Top 10 vraiment intéressant, captivant, rempli de l’imagination fertile d’Alan Moore, opus qui peut tout autant se lire pour les enquêtes qui y sont menées, que pour découvrir également (en deuxième lecture, disons, pour bien l’apprécier comme il faut) les innombrables détails qui fourmillent devant nos yeux et qui font de cette série quelque chose de bien fun à découvrir. Vraiment à voir !



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Providence, tome 2

Deuxième tome de la série "Providence", l’objet BD est très réussi, les couvertures originales introduisant le début de chaque épisode (puisqu’il s’agit d’une compilation de quatre épisodes publiés précédemment) et des bonus graphiques de couvertures alternatives dessinées par Burrows en annexe.

Alan Moore poursuit son exploration de l'univers d’H.P. Lovecraft en compagnie de Robert Black, le personnage central de cette série de bandes dessinées.

De manière sensiblement différente du premier opus : ici, on se débarrasse du côté hommage à un épisode précis : tout est « en vrac », il nous plonge dans cet univers sans s’embarrasser de la trame originelle.

Un aspect onirique très puissant baigne ce tome : Le personnage principal, auteur, rencontre le créateur du mythe de Chtulhu, voire même sa famille : son père, Winfield Scott, puis grand-père Whipple Van Buren Phillips... La "Stella Sapiente", société ésotérique liée au « monde d'en dessous », est fondée par... un certain Van Buren qui apparaît sur un tableau que l’on croise plusieurs fois, au centre de l’intrigue.

Tout est imbriqué, diffusant une sensation bizarre ... lovecraftienne ? Tout est suggéré, on navigue entre réel et rêve. Hélas, on est un peu ramené à la réalité par la prose du héros R. Black qui ponctue chaque épisode et dont le seul intérêt semble être encore une fois de « coller » à l’inspirateur du mythe, Lovecraft lui-même. Ces feuillets de journal intime, sont certes une trouvaille originale, mais qui ne fait que ralentir une lecture déjà un peu traînante sans cela... En fait, Moore semble ne travailler que pour le mythe, pas pour le lecteur.

Dès que j’aurai repris un peu de vitesse, je me plongerai dans le troisième opus... si la providence me le permet.

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