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3.83/5 (sur 48 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Caen , le 04/1975
Biographie :

Alban Lefranc est est un écrivain, auteur dramatique et traducteur français.

Fondateur en 2002 de la revue La mer gelée (création, critique, traduction), visible ici, il a publié des inédits de Elfriede Jelinek et de Christian Prigent (cinq numéros parus). Traducteur de l’allemand (notamment de Peter Weiss), il collabore aussi à de nombreuses revues (Inculte, CCP, Le Quartanier, Carbone, Rue Saint Ambroise...)

Il est l’auteur de trois récits : La vraie vie (Hache, 2002) puis Attaques sur le chemin, le soir, dans la neige (Le Quartanier, 2005, autour du cinéaste allemand Fassbinder) et Des foules, des bouches, des armes (Melville/Léo Scheer, 2006, autour de la Fraction Armée Rouge).

En 2009, "Vous n'étiez pas là" (Verticales), qualifié d'« antibiographie », est consacrée à la chanteuse Nico.

En 2013 paraît "Le ring invisible" aux éditions Verticales, qui réinvente la jeunesse du boxeur Mohamed Ali.

En 2015, il publie "L'amour la gueule ouverte", hypothèses sur Maurice Pialat, aux éditions Hélium/Actes Sud.
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Source : http://www.editions-verticales.com/auteurs_fiche.php?id=150&rubrique=4
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A l'occasion du salon "Les Correspondances" à Manosque, rencontre avec Alban Lefranc autour de son ouvrage "L'homme qui brûle" aux éditions Rivages. Rentrée littéraire automne 2019. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2347439/alban-lefranc-l-homme-qui-brule Notes de musique : © mollat Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/

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Citations et extraits (53) Voir plus Ajouter une citation
Lancer une blague en plein air avec un corps qui fout le camp, c’est du très grand art impossible. Ils se penchent gravement sur mes gestes fous. Ils affichent une patience sublime. Je ne peux pas les gifler comme dans l’ancien temps, ni même faire semblant, mais j’ai encore des yeux. Je réussis à faire passer un peu de l’ancien corps, des restes d’ancienne rage, par l’iris, d’infimes reflets. Ça leur saute à la gorge, ou presque, ils ont un frémissement de recul. Ce n’est pas grand-chose.
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On entre dans un mort comme dans un moulin. On s’est introduit d’abord par effraction, la nuit, en forçant une porte de derrière, une vieille porte oubliée qui n’intéressait plus personne. Et on s’est plu dans les lieux, on y a même très vite gagné l’impression qu’on était seul à les connaître. On s’est surpris à croire qu’on les connaissait mieux que le mort lui-même, qui ambitionnait justement de construire une maison avec ses films. Le mort, Fassbinder, l’homme aux quarante-trois films en treize ans, et dont Godard disait qu’il incarnait à lui seul le cinéma allemand d’après-guerre.
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Le ring, c’étaient aussi des sessions de trois minutes de danses, d’esquives et de frappes où l’on traversait le ring en tous sens, mais toujours selon une stratégie précise, entrecoupées de pauses d’une minute assis sur un tabouret entre les mains du masseur, c’étaient trente-six mètres carrés d’un revêtement de toile tendue où il tournait autour de son adversaire, dansait, s’arrêtait, reprenait, s’arrêtait encore, reprenait sa danse et, toujours sensible à tout instant dans son dos et dans sa nuque : la totalité de cet espace, chaque parcelle présente à la conscience de Cassius.
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Et il n’y a pas de femme près de toi, toujours pas une seule femme, qui sont des êtres riants et lointains qu’on ne peut pas frapper et avec lesquels il faut parler et il faut leur parler pour les séduire, et c’est ainsi que procèdent la plupart des hommes qui en tirent de grands profits de prestige auprès des autres hommes, car les femmes sont un instrument de distinction comme le vêtement ou la voiture, mais qui parlent...
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Certes, Will Vesper est un père un peu encombrant pour un adolescent gauche à la fin des années 50, quand il découvre qu’il ne fera aucun pas dans l’autre monde s’il ne se greffe d’abord la langue de cet autre monde. Il est empêtré dans les arguties du père qui tombent sur les faits comme de la neige mouillée et finissent par adoucir les arêtes les plus tranchantes, baigner d’un clair-obscur délicat la pire abjection. Que reste-t-il du discours officiel tenu très officiellement par Will Wesper un certain 10 mai 1933, lors de l’autodafé de Dresde, trois mois après l’arrivée des nazis au pouvoir ? Que reste-t-il des mots et des gestes après presque trente ans de retouches infimes, contestations de détails, mises en perspective, révélations inouïes ignorées de tous ? (…) Le père, tout compte fait, n’est rien de moins que la conscience malheureuse du pays en perdition et, à ce titre, attend toujours la décoration que lui doit le nouveau régime.
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La fille du charcutier de gros bourg avait voulu m’inscrire à des cours d’éducation physique, mais elle avait constaté avec ravissement que son rejeton n’avait pas de corps. C’est plutôt une bonne chose, cette absence de corps, avait joui vastement dans l’espace la voix de la fille du charcutier. Dans le Figaro Magazine du week-end, elle avait lu un reportage sur quatre garçons qui avaient eu leur bac avec mention très bien à Louis-le-Grand. Louis-le-Grand, à Paris, est un lycée d’élite, un établissement d’excellence suprême où les meilleurs professeurs de France enseignent à des classes extraordinairement motivées, dans des classes où brille un très beau parquet ciré. Ah ! ça ne bavasse pas dans les classes de Louis-le-Grand, ça ne flirte pas, ça ne se met pas de main dans les culottes. Les élèves de Louis-le-Grand montent et descendent de très beaux escaliers à double volée de marbre, comme dans Les disparus de Saint-Agil. On n’entend pas une mouche voler dans les couloirs. Pas une mouche ! Les quatre mentions très bien avaient tous des lunettes à grosse monture, la peau grêlée de boutons sanglants grattés à l’ongle, un épais duvet brun au-dessus de la lèvre supérieure. Un des garçons me fixait. Ses yeux noirs et myopes me disaient que j’étais sur la bonne voie.
« Continue, continue mon gars.
– Je suis dispensé de sport depuis trois ans, je lui répondais, j’ai une scoliose et ma vue baisse.
– C’est bien, c’est bien mon gars, continue », luisaient les yeux sur la photo de l’article.
La fille du charcutier avait découpé l’article du Figaro Magazine, je l’avais rangé dans le premier tiroir central de mon bureau pour pouvoir le relire régulièrement et regarder la grande photo ouvrant l’article, la photo tout à fait royale. Internat de Louis-le-Grand, Paris, brique fendant l’air : voici l’objectif. Lunettes à double foyer, peau grêlée par des maladies bizarres, épaules qui tombent : voilà le chemin. Après leur bac mention très bien, les quatre garçons avaient été contactés par des écoles américaines qui feraient d’eux des triomphants, relatait l’article. Vers trente ans, ils s’achèteraient un corps et jouiraient sur des filles entièrement nues. Ils ne mourraient jamais.
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Ils avaient massacré le gamin. Deux heures, deux heures et demie, peut-être trois heures, sans jamais s’arrêter, de toutes leurs forces.
Et c’était dur, c’était long, il fallait être plusieurs, ils s’y étaient mis à trois ou quatre, six ou dix, on n’a jamais su, on n’a jamais pu reconstituer la nuit exactement, il fallait être nombreux à distribuer de très nombreux coups.
Et il fallait s’acharner, ne jamais perdre patience, et il valait mieux être nombreux pour cela.
Et au bout de trois heures ils avaient défait son visage, ils avaient tari les cris de sa gorge, le gamin n’essayait plus de bafouiller des raisons, le gamin n’avait plus de bouche ni d’yeux pour se poser sur une femme blanche et ses raisons n’étaient plus que du sang et d’autres choses sans nom qui coulaient sur son absence de visage.
Et au bout de trois heures ils étaient ivres, car ils avaient bu de larges rasades de gnôle pour reprendre des forces, pour ne pas se décourager, pour aller au bout de leur devoir, au bout de leur colère, au bout de la Justice.
Et après la deuxième ou la troisième bouteille de gin ils avaient l’autorité, ils avaient senti l’autorité du Sud leur passer dans les veines, le vent de l’autorité soulevait le drapeau de l’Union, et ce n’étaient plus eux qui frappaient, ce n’étaient plus Roy Bryant, le mari de l’insultée, ni Milam, le frère du mari de la femme insultée, ce n’étaient plus leurs camarades, Bill ou George ou Mitchel ou Simon (et Roy se tournait vers Willy et ne le reconnaissait pas, et Willy se tournait vers Roy et ne le reconnaissait pas), c’était le vieux peuple des planteurs décimés par le Nord, c’étaient la vieille aristocratie spoliée par la guerre de Sécession, les familles anéanties d’Autant en emporte le vent, trahies par Clark Gable et Scarlett O’Hara.
Et ils se cassaient les phalanges à force de briser les pommettes, les arcades, la mâchoire, à force d’émietter les os minuscules qui soudent une face humaine, à force de s’enfoncer dans la disparition du visage du gamin.
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Quand il ne valut plus rien sur le ring, il devint l’homme de main de la mafia locale. Il mourut d’overdose ou assassiné par ses maîtres, dans l’indifférence générale, parce que tout le monde savait qu’il devait finir ainsi.
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Avançons donc dans la genèse de vos prétentions.
Vous ne voulez pas de biographie, c’est une chose entendue. Vous aviez prévu les tombereaux de merde dans les journaux autorisés, les journaux qui savent, ironiques et subtils, mâles condescendants dès qu’ils ne rampent plus : "Elle ne se lavait plus les dernières années", "C’est toujours ému qu’on se rendait à son concert annuel parisien, le soir, au coin de son harmonium essoufflé" ; "Elle ne mangeait plus que des yaourts" ; "On se contentait de verser une petite larme quand elle se levait gauchement pour interpréter gauchement All Tomorrow’s Parties".
Vous étiez sûre au moins qu’on ne vous enterrerait pas sous les hommages comme Fassbinder ; pas de danger, avec vos quelques albums, de voir vos anciens ennemis tirer viager de vous.
Vous ne croyez pas aux origines, au sang qui ne saurait mentir, aux traces, aux reconstitutions. Mais il faut. Personne n’y coupe. On raffole de psychologie collective, de petits faits vrais, on cloue beaucoup ; le fascisme a perdu la guerre mais gagné la paix. Alors vos traces envahissent le monde : pas un pouce de terre dont vous ne veniez pas, un peu, aussi, à votre humble façon. Alors vous avez de nombreux sexes et de nombreux corps.
Une folle troupe hirsute d’enfances court sur votre peau. Je vous en propose plusieurs, je sais que vous les aimez toutes.
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Au lieu de reculer à droite ou à gauche, comme on l’a toujours appris et pratiqué depuis trois siècles, comme font toujours voulu la science exacte, les manuels et les maîtres, tu recules de front, face au coup, en inclinant le buste, au risque de perdre l’équilibre. Ces aberrations accumulées donnent d’abord confiance à tes adversaires qui se précipitent dans la brèche en piaffant, mais ne rencontrent que le vide, l’ancien corps de Cassius, le corps du moment d’avant, qui n’est déjà plus.
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