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Citation de alzaia


Soutra de la sainte-ombre
Ce corps n’est pas une mer d’ombres où la conscience ferait naufrage ce n’est pas l’explosion des origines aspirant à devenir le soleil du centre, ce n’est pas un mirage luxueux né de la soif d’exister, ce n’est pas un cadavre chutant à travers les siècles, ce n’est pas un filet de plomb cherchant la vierge absente, ce n’est pas la forme absurde sculptée par les échos innombrables, ce n’est pas l’arbre sur lequel mille oiseaux aveugles disent « je suis le roi ». Ce corps est la métamorphose d’un asticot de pierre, généreux comme le sang qui jaillit du sein maternel, joyeux comme le rayon qui brille et se disperse, au-delà de sa propre perception, bête illimitée, aigle invisible, ange assassin, lion calciné, comme la terre, il n’accepte pas de propriétaire, comme le vent, il est en perpétuel exode, comme le feu, il révèle l’illusion de l’âme, comme l’eau, il permet de trouver une unité éphémère. Si tu enseignes des philosophies perverses au milieu d’une rivière, si coiffé d’un chapeau blanc tu t’interdis des libertés, si tu plonges la pureté dans le lupanar d’un cimetière, si couvert d’une auréole fausse tu crées la discorde, si tu trahis le premier ange que tu vois ce matin, si tu développes une pitié mortelle envers les êtres vivants, si tu castres les Bouddhas qui cherchent à envahir la Californie, si tu expulses des temples les marchands et les saints, si tu persistes à nier sans cesse le terme, alors tu peux commencer à dévorer le monde avec tes dents. Parce-que cette fluviale impermanence est la présence fidèle du corps : ses joyeuses souffrances donnent aux formes substance, sa vacuité, puits sans fond, absobe le rêve dans sa totalité, son impersonnalité la fait nourricière des « moi » singuliers, sa vieillesse ,véhicule de Connaissance, ses maladies, vestales d’une vie refusant toute perfection. Impermanence, seule muse digne d’être entendue. La souffrance est chat sensuel que nous réservent les anges. Le vide est cœur sucré battant dans chaque forme. L’inexistence d’un « je » permet l’exaltation de l’egoïsme. L’interruption de la Conscience conduit à la félicité du monde. A tout moment l’esprit entonne le chant d’un cygne à l’agonie. Les phénomènes sans existence sont le cruel arôme des vacuités. Entre un soleil et une luciole, choisis toujours l’insecte lumineux. Une flaque d’eau à la mesure de ton pied vaut mieux qu’un lac. Tu devras marcher sur les sentiers à l’apparence joueuse cherchant les actes misérables, frères de l’aurore et de la pénombre. Tu cesseras d’être le diamant qui impose ses facettes monotones au prodigieux bouillonements des ombres. Sans crainte de la fange ni de la mère, tu créeras des liens à l’intérieur du rêve qui te sembleront éternels. Pour arriver à ce qui n’est pas prisonnier de l’être, trancher les simulacres de paix. Implorant les juges afin qu’ils te condamnent, afin que ton esprit soit dégagé de ses mérites, que les douleurs comme des oiseaux orphelins nichent enfin dans ton âme. Tu ne pourras parler à tes dieux qu’en les trompant. Refusant toujours de t’éveiller, exaltant l’incessant reflux du Rêve. Le rêve est dissolution de l’unité dans un chaos d’où les apparences particulières s’affirment. Le Rêve est un échec béni qui brille sans transcendance au fond de ce qui n’est pas réel. Le Rêve est rencontres incessantes où se mélangent les sens et leurs objets. Le Rêve est l’imperfection tant convoitée où tout a pouvoir de s’ajouter et s’éliminer. Indécision sacrée qu’est le rêve, ses action sont subies hors de sa volonté. Il est l’impatience opposée au désir de qui se croit extraordinaire. Le Rêve, inondation fertile d’un cœur têtu et contrôlé. Refusant toujours de t’éveiller, exaltant l’incessant flux du Plaisir. Ne jamais placer ta confiance dans les caprices d’un Maître : plaisir Perception sensorielle placée plus haut que la foi : plaisir Jouer les sourds quand on menace de te transmettre les connaissances profondes : plaisir T’adonner à la sieste au lieu de parcourir les chemins illusoires de l’éveil : plaisir Applaudir ceux qui violent les préceptes, inviter à la fête mille démons opprimés : plaisir Investir les sentiers de la chair dépouillée de la tyrannie de l’esprit : plaisir Abandonner la solitude et chercher les conflits : plaisir Bénir les obstacles et les succès néfastes parce qu’ils sont ton reflet : plaisir Admettre qu’aucun événement ne ressemble à un autre, admettre que l’unité est tourbillon d’illusion : plaisir. Refusant toujours de t’éveiller, exaltant l’incessant flux de Vérité. Atteindre au détachement absolu sans en extraire le corps présent, cela est Vrai. Enraciner nos actes dans la terrestre vacuité, cela est Vrai. Dépouiller les images d’êtres aimés, de toute caractéristique personnelle, cela est Vrai. Refuser de créer dans la mémoire ce qui détruit l’essence de la parole, cela est Vrai. Cesser d’interpeller la conscience de ceux qui désirent se dissoudre dans la nuit, cela est Vrai. Chercher dans chaque œuvre l’imperfection essentielle, cela est Vrai. Comme le bourreau voit les condamnés qu’il exécute, l’eau mystérieuse dans laquelle jamais la lune ne se reflète, comme le miroir ovale exhibé à la place d’un visage dernier échos nés de l’absence, comme l’écume de la mer nichée dans les yeux de l’aveugle, habits de lumière avec lesquels l’ombre se déguise, comme la respiration secrète des corps dans la morgue, blessure sanglante que laissent les oiseaux dans les airs, à leurs meubles des vieillards s’attachent pour ne jamais connaître la tombe, voir les êtres ainsi : la compassion est poison de Conscience. Comme il n’est pas de meilleur ami qu’un démon affamé Comme il n’est rien de plus sublime qu’une forme sans contenu. L’essence de chaque chose est impureté d’Esprit. Communiquer sans mentir est impossible. Pour dompter ta générosité, t’enfermer dans la citadelle de ton avarice. Pour dompter ton obéissance, parcourir les innombrables labyrinthes de l’indiscipline Pour dompter ta patience, te noyer dans des océans de colère, Pour dompter le vice de la méditation, te dévouer aux distractions banales. Toute reconnaissance t’incitera à semer le désordre. Devant ceux désireux de t’entendre seulement, te taire. Désigner la mort comme ton guide, laisser des empreintes profondes comme des abîmes, avancer. Sacrifier les pas qui peuvent te définir, imprimer ces traces en secret. Combiner ton cri aux cris des femmes qui enfantent, quand les piliers de l’univers reposent dans ton cœur. Vivre chaque instant avec la même passion que celle d’un fils assassinant son père, la parole devient réalité quand elle est prononcée au fond d’un marécage. Si tu veux te rencontrer, ne permets pas que seuls les poètes te contemplent. Cesser de rugir comme un lion prétendant réveiller des dieux endormis, cesser de croire que noyé dans un océan de paix, tu as supprimé les obstacles du désir, et qu’à travers ta présence illusoire le Tout-puissant ferait des miracles, cesser de croire que ton âme est une corne d’abondance d’où tu pourrais puiser les vertus pour en faire don à tous, cesser de croire que ta patience est sans limite, face aux artifices de ce qui s’énonce comme réel cesser de croire que tu es parvenu à ignorer les parures mondaines, diplômes et coupes d’or, et l’encombrante renommée, et vaincre alors la tentation de vouloir être un saint. Si tu cesses de croire que ton cœur est invulnérable comme un coffre cachant son diamant si tu cesses de croire que la mort est une maladie dont la renaissance serait le remède si tu cesses de croire que tu ne vas ni ne viens, rien qu’un pierre sur le chemin, si tu cesses de croire qu’avec te jambes croisées, immobile comme un cadavre, te voici créature de lumière si tu cesses de croire que puisque tu ne t’es pas enflammé, personne ne peut s’éteindre, si tu cesses de croire que parce que tu as défait les amarres, tu n’es plus attaché aux autres, alors tu vaincras l’illusion de la Foi. Parler du Vrai par actes faux Parler de Sainteté par ton sang vomi sur les livres sacrés Parler de la vie en écoutant la musique des vers dans ta chair Parler de Poésie en déposant genoux à terre, lécher les pierres. Lorsqu’ils t’identifient par un nom donne-leur à voir la bête. Coups de dents donné à qui t’invite à l’analyse. Refus d’accompagner les philosophes barbares dans la forêt des proliférations-concepts. Laisser les mots fuir ton vide comme des fourmis effrayées. Que tes phrases soient simplement les ponts sous lesquels coule un fleuve d’ombres. Abandonne les antiques chemins qui conduisirent tes ancêtres à la mort, imite le veau qui vient de naître Abandonne cet exorcisme qui nourrit tes démons, la répulsion du désir ne fait que l’accroître Abandonne la persevérance et danse avec les vers luisants : flambe sans compter réussir à flamber Laisse derrière toi la liberté et regagne ton corps : que ton propre rayonnement t’indique les sentiers qui s’ouvrent au ciel Abandonne ces représentations de toi : élimine les masques avec lesquels tu as recouvert les objets du monde. L’envie d’aider les autres : abandon. Donne-leur la chance de vivre leur propre vie et pas la tienne La tristesse de l’impermanence : abandon : la mort est illusion très personnelle. La vie est un triomphe collectif. Aime ceux qui dansent et secouent la poussière de leur corps. Prends l’épée de la main du mort et plonge là dans la couronne des immortels Empêche que le fauve grimpe sur ta poitrine et te morde l’oreille pour te dire son message Battis ta propre carapace de lumière et protège tes os des destructeurs du rêve. La lumière cache l’obscurité et pas l’inverse La nature essentielle du monde est obscure Le destin des navires est au fond des océancs Ainsi la Conscience doit-elle s’immerger dans le rêve L’ombre règne sur et sous le feu Refuser de demander la lune et avancer, bien décidé, avec les orbites vides de la pensée. Qui te dit que le paradis secret est celui où toutes choses ont forme unique ? Ton idéal est-il de vouloir devenir l’arro
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