Il ne vous faudra pas plus de deux heures pour lire ce très bref récit qui, pour moi, tient davantage de la nouvelle que du roman.
Ma surprise a été grande de découvrir le style d'Alessandro Baricco dont j'ignorais jusqu'alors tout de l'oeuvre. J'avais beaucoup entendu parler de "Soie", en bien. Et, effectivement, je ne pense pas que l'on puisse vraiment en parler "en mal" étant donné que le style est parfaitement maîtrisé et qu'on sent chez l'auteur une très grande "expertise" de la narration. Bon, pour un écrivain qui a créé une école de la narration, c'est le minimum syndical.
Cependant, je suis surprise que "Soie" ait été l'objet d'un tel encensement. J'ai souvent eu l'impression de lire un exercice de rédaction qui aurait obtenu la meilleure note de sa classe mais je n'ai pas ressenti d'émotion particulière à suivre les voyages répétés (comme les descriptifs de ces derniers d'ailleurs qui ne varient que d'un mot) d'Hervé Joncour, le héros.
L'intensité, la passion et la ferveur tant louées par la critique ont été pour moi les grands absents de l'oeuvre. Aucune description de personnage, quasiment aucune description de paysages ou d'environnement, la trame du récit réduite à sa plus chiche expression, laissant le lecteur soit complètement libre de se créer lui-même des personnages à sa convenance, soit de rester désemparé devant un tel effort à fournir.
Aussi mince et fragile que le fil précieux tissé par les vers à soie dont il est question, l'intrigue amoureuse qui se noue entre Hervé Joncour, sa femme Hélène, et la belle geisha qui inspire au premier une passion que l'on se doit de deviner "vive" m'a laissée, quant à moi, parfaitement indifférente. Je n'ai pas été saisie par la poésie de cette idylle, à peine ai-je souri d'aise à lire la métaphore des oiseaux encagés que j'ai trouvé traitée sans subtilité particulière.
Attention, ne vous méprenez pas, le texte est beau, particulièrement quand approche le dénouement mais j'ai regretté la transparence des personnages, à peine ébauchés comme sur une sanguine, sans contours précis. Je n'ai pas réussi à m'attacher à un personnage principal exclusivement appelé par ses PRENOM+NOM et dont j'ignore s'il est brun ou blond, grand ou petit, gros ou maigre. Idem pour tous les autres personnages, y compris les féminins ce qui est encore plus regrettable à mon sens.
Il s'agit donc d'un récit bref, lisse, académique et non exempt d'une certaine froideur, pareille à celle de l'étoffe de soie qui glisse dans votre paume et y laisse sa douceur et sa beauté de manière fugitive et éphémère. On voudrait pouvoir retenir le texte, le fouiller, s'y lover mais, hélas, c'est déjà la fin.
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Alessandra Baricco, écrivain reconnu, est aussi musicien, journaliste, essayiste, publicitaire et critique musical.
Doté d'une solide formation en philosophie et en musicologie, armé d'une flopée d'expériences tout aussi « musclées » les unes que les autres, cet Italien doué et cultivé, certainement imprégné de toute la richesse architecturale et artistique de son pays, s'est probablement nourri dans les mains du bon dieu, tout en partageant l'intimité, que dis-je, l'amitié d'Apollon, de Phébus, de Bach et de Mozart……
Cent vingt pages ni plus ni moins. Je désirais lire ce petit opus emprunté à la médiathèque en buvant une tasse de thé. Une récréation sympathique et le désir de ne me poser la moindre question.
J'ai lu les premières pages. J'ai refermé le livre, bu mon thé en catastrophe, repris « soie » avec mon bloc, mon stylo et mes lunettes à quadruple foyer….
Une densité inattendue, un voile mystérieux, des silences éloquents, des phrasés délicieux, des sourires énigmatiques, une musique, une ambiance…..
Et puis des morceaux que j'ai relus plusieurs fois juste pour le plaisir « Des étoffes merveilleuses, des tissus de soie, tout autour de la chaise à porteurs, mille couleurs, orange, blanc, ocre, argent, pas la moindre ouverture dans ce nid magnifique, juste le bruissement de ces couleurs ondoyant dans l'air, impénétrables, plus légères que rien ». Ou encore:
"Peut-être que ta vie, des fois, elle tourne d'une drôle de manière, et qu'il n'y a plus rien à ajouter."
Une histoire oui bien sûr. Des voyages lointains. Plusieurs voyages même. Des personnages, leur caractère unique, comme celui-ci:"C'était du reste un de ces hommes qui aiment assister à leur propre vie, considérant comme déplacée toute ambition de la vivre."
la richesse et l'échec, l'amour, la trahison et la fidélité sur la même face d'une médaille, la beauté, l'enchantement, la nature, un palais « entouré de cèdres énormes qui en défendaient la solitude » des centaines d'oiseaux « explosés de la terre, étourdis………..pyrotechnie jaillissante d'ailes, nuée de couleurs et de bruits lancée dans la lumière, terrorisés, musique en fuite, là dans le ciel à voler ».
La mélodie devient symphonie. Les mots s'entrelacent comme si des racines poussaient jusqu'au plus profond du coeur. Puis tout semble s'arrêter. le non-dit. Une pointe d'ésotérisme où l'on se perd avec délice. Une terrifiante mélancolie surgit d'un regard sur le coin d'une page, une hésitation semble provoquer des sensations à l' abri d'un secret, d'un mur, c'est pareil . Un rythme. Une attente.l'inquiétude.
Je continue ma lecture. Je suis sans voix. Je reprends mon souffle tandis que l'auteur semble respirer calmement. Interpréter ce texte en le commentant ce serait m'obliger à couper les cimes des flamboyants de toute la pathétique Asie. D'en bafouer tous les symboles
Je vais quand même essayer de faire une critique, enfin :
Voilà…. Imaginez la grâce d'une danseuse, la beauté d'un amour naissant….Imaginez l'infini…. Tenez dans vos mains le fragile ver à soie……… Voilà
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En ce jour de Saint-Valentin, voici une lecture bien agréable et toute en sensualité qui se déroule à la fin du XIXème siècle. L'auteur nous propose de suivre Hervé Joncour, éleveur de vers à soie, qui est contraint de traverser le monde pour tenter de sauver sa ville spécialisée dans le commerce de la soie d'une faillite annoncée causée par l'épidémie de pébrine qui détruit les oeufs des vers.
Il va traverser plusieurs pays et devoir faire confiance à des personnages peu fréquentables afin d'arriver jusqu'au Japon, pays où l'on produit la plus belle soie du monde.
Il va donc faire la rencontre du maître de la soie, un certain Hara Kei, un homme très puissant et donc redoutablement dangereux. Pourtant Hervé Joncour ne va pas trop y prêter attention puisqu'il va s'intéresser d'un peu trop prêt à l'amante de l'homme d'affaire.
Notre héros, de retour en France auprès de sa femme, sera obnubilé par cette Geisha à qui il n'aura pas adressé un seul mot et dont il n'aura rien vu en dehors de ses beaux cheveux et de ses yeux "qui n'avaient pas une forme orientale"
Il fera 4 voyages en tout, mais le dernier sera celui de tous les dangers et source d'une conclusion inattendue...
Ce livre est un roman par sa profondeur mais peut être comparé à une nouvelle pour le nombre de pages ou à un conte par la beauté de l'écriture.
Un voyage qui devrait vous enchanter pour ses notes d'espoir légèrement tintées d'érotisme...
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Il devait avoir dans les dix jours, guère plus, lorsque ce marin du nom de Danny Boodmann, un nègre géant de Philadelphie, l'a trouvé alors que le Virginia, un bateau de luxe, faisait escale à Boston. Dans une boîte en carton, emmailloté, les yeux grands ouverts, silencieux. Il était dans la salle de bal. Sur la piano. Certainement laissé là par des migrants. Il décida de l'appeler Danny Boodmann T.D. Lemon Novecento. Novecento parce qu'il le trouva la première année de ce siècle. Malheureusement, le marin mourut alors que le gamin avait tout juste 8 ans. Alors introuvable sur le bateau, l'équipage, sans nouvelle de Novecento, reprit la mer, la mort dans l'âme. Or, la seconde nuit de la traversée, une musique s'échappa de la salle de bal. Les marins, les gars de la salle des machines, le commandant, tous, les yeux écarquillés, l'observaient, assis sur la tabouret du piano, les jambes pendantes. Une si belle musique que personne n'osa l'interrompre...
Sous la forme d'un monologue, Tim Tooney, l'ami de Novecento et le trompettiste du bateau, nous raconte l'histoire magnifique de ce gamin devenu le plus grand pianiste au monde. Un gamin élevé sur l'Océan et qui n'a jamais osé poser le pied à terre. Un gamin puis un adulte doué pour la musique. Si doué qu'il est devenu le meilleur. Alessandro Baricco nous tient en apnée durant ces quelques 70 pages. Autant de pages d'une intensité rare, d'une musicalité et d'une poésie étonnantes et d'une virtuosité étourdissante. Un petit roman empreint d'émotion, déchirant, intelligent et subtil. Un destin époustouflant. Un virtuose inoubliable. Une composition musicale brillamment orchestrée.
À noter que ce roman a été interprété au théâtre par André Dussolier.
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Un livre rare qui nous renvoie par des chemins détournés et mystérieux à des moments précieux de notre existence.
Le silence nostalgique de la nuit ou d'un coin de forêt ; un paysage, un sourire, une silhouette, quelques mots qui nous transportent et nous élèvent ; l'amour que l'on vit et celui rêvé avec nos chimères ; ces longues et apaisantes caresses qui nous font retrouver nos sourires d'enfants…
Ces folles espérances qui nous mènent aux confins de notre monde. Puis, fourbus ou riches d'expériences, le retour à notre point de départ. Et pour finir, la « quiétude inentamable des hommes qui se sentent à leur place », ou la tristesse aux coins des yeux de ceux qui ne l'ont pas trouvée…
L'histoire de ce livre est belle et a la douceur de la soie. Les personnages y sont extraordinaires et évanescents. Les empreintes de leurs passages sur terre sont aussi fragiles et éphémères que celles des oiseaux sur le sable…
Un livre qui chuchote. Un livre qui cicatrice et berce. Un livre à garder à portée de main pour pouvoir le feuilleter, lire quelques mots pris au hasard afin de se souvenir de tous nos messages d'amour, et d'entrevoir dans un doux mélange nos rêves passés et futurs…
Je remercie vraiment Luce (titoune5) de m'avoir proposé « Soie » à lire en commun. Il nous a surpris, il nous a désarçonnés, il nous a parfois déçus et parfois enthousiasmés. A-t-elle ressenti les mêmes sensations que moi ? Je vous laisse découvrir son billet…
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Malgré un brillant avenir dans l'armée imaginé par son père, Hervé Joncour se destine à tout autre chose. Une profession que certains jugeaient insolites: il achetait et revendait des vers à soie. Des vers encore sous la forme d'oeufs minuscules qu'il allait chercher au Japon. Installé à Lavilledieu, dans le sud de la France, auprès de sa femme, Hélène, il faisait le voyage tous les ans. Un voyage qui durait des mois et l'éloignait des siens. Il parcourait pas moins de 1600 miles sur mer et 800 kms sur terre. Ce commerce florissant le mettait dans un confort qu'on tendait à nommer luxe. En 1861, afin de sauver les élevages de vers à soie contaminés, il se rend au japon et fait la connaissance d'Hara Kei, un maître au japon, et d'une jeune fille aux yeux qui n'avaient pas la forme orientale. Une rencontre bouleversante qui changera à jamais sa vie...
Écrivain et musicologue, Alessandro Baricco tisse un roman épuré, aérien et tout en légèreté. L'on suit les voyages d'Hervé Joncour, du sud de la France au Japon. La rencontre avec cette jeune fille qui semble l'envoûter l'amènera à se rendre plusieurs fois dans ce pays où le choc des cultures et la barrière de la langue offrent une histoire d'amour exotique et mystérieuse, tout en retenue. Ce court roman fait la part belle aux silences, aux non-dits, à la sensualité et à la contemplation. L'écriture est à l'image de ces voyages: épuré et simple.
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D'où vient le nouveau-né laissé à bord du Virginian, en escale à Boston ? Sur le bateau, nul ne le sait. Le marin qui l'a trouvé lui donne un nom : Novecento, mille neuf cents, comme le siècle qui commence.
Longtemps l'enfant puis l'adulte, devenu un pianiste exceptionnel (on dit le plus grand), refuse d'aller à terre. Il dit n'avoir pas besoin de cela pour découvrir le monde. Après tout, il a peut-être raison, il n'est pas nécessaire de parcourir le monde pour le connaitre, il suffit parfois de fréquenter ceux qui l'habitent.
A trente-deux ans néanmoins, poussé par un ami, Novecento tente de changer de perspective. Mais au seuil du monde (en fait, au pied de la passerelle), il renonce. Ce n'est pas la guerre, ni les incertitudes de la fin d'une époque se profilant à l'horizon qui le font reculer. Non, ce qui l'a fait battre en retraite, dit-il, c'est ce qu'il n'a pas vu à la coupée : un monde où il avait sa place.
Voici donc l'histoire de Novecento, une histoire diablement belle, poétique et… désespérée, celle d'un pianiste virtuose resté dans son cocon, bercé par sa propre musique sur l'océan infini – un homme qui a refusé de naître pour ne pas mourir.
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«On posa sur ces yeux un linge mouillé ….
Hervé Joncour sentit l’eau couler sur son corps … de l’eau comme de l’huile. Et un étrange silence, tout autour. Il sentit la légèreté d’un voile de soie venir se poser sur lui. Et les mains d’une femme – d’une femme – qui l’essuyaient en caressant sa peau, partout ces mains, et cette étoffe tissée de rien. Pas un instant il ne bougea, pas même quand il sentit les mains remonter de ses épaules à son cou, et les doigts – la soie, les doigts – monter jusqu’à ses lèvres, les effleurer, une fois, lentement, puis disparaître. »
Délicieux, silencieux, enveloppant, raffiné, et d’une extrême lenteur : voici donc toute l’atmosphère de « Soie » ainsi résumée.
Il suffit juste de fermer les yeux et de s’abandonner …
Il suffit … juste,
Sinon le charme n’opère pas.
Roman ? Nouvelle ? Ou même poème ? Ce tout petit livre est inclassable avec son « Rien » d’histoire et son « Tout » suggéré.
Moi je le vois comme une estampe, une estampe environnée de brumes : fascinante, il faudra la regarder longuement, s’imprégner de la grâce des traits, de la finesse des contours, de la délicatesse des couleurs, pour que derrière le voile surgisse la limpidité d’un petit moment d’éternité.
Parce qu’avec « Soie » on ne s’attache pas à l’histoire, celle d’Hervé Joncour, négociant ardéchois sériculteur qui, pour les besoins de son métier et de son village, est amené à faire plusieurs voyages à cet autre bout de la Terre qu’est à l’époque le Japon : elle est minimaliste et n’a au fond, pas beaucoup d’importance puisque l’auteur ne nous donne guère de détails sur le pourtant long périple de ces voyages, pas plus qu’il nous renseigne sur les mœurs, les coutumes ou même les paysages de ce Japon fermé du 19 éme siècle.
Ce n’est donc pas le voyage qui importe, ni les pays qu’il relie, c’est une fulgurance, un croisement de regards, l’opium d’une troublante rencontre à l’autre bout du monde, l’éblouissement d’une vie tranquille « déroutée » par la puissance de deux prunelles, l’infidélité virtuelle enveloppée dans un voile de silence, la souffrance « muette » d’une épouse, l’inexplicable attraction de l’impossible.
Alessandro Baricco a-t-il voulu soulever le fragment de rêve qui existe en chacun de nous : Rompre avec l’attendu, se défaire du réel, connaître la vibration sublime d’un Amour qui peut se passer de mots, toucher un essentiel, s’atteindre enfin ?
La part belle est faite au mystère, à un charnel tout en pudeur, aux blancs qui suggèrent, à une narration volontairement répétitive, à une lenteur « orientale » parfois exaspérante mais nécessaire.
Baricco et sa petite musique lancinante, nous laisse finalement libres de notre imaginaire et de notre sensualité. L’éblouissement est là !
Une envoutante lecture,
Simple, épurée, tout en retenue,
Un fil tenu, imperceptible… fil de Soi.
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La Jeune Épouse est un roman, plutôt un conte, dont le sujet à mon avis, est d'ordre secondaire. Un livre où tout se joue sur la forme narrative plutôt que la trame. Déjà pas de noms pour les protagonistes, nommés Le Père, La Mère, La Fille, Le Fils, L'Oncle et La Jeune Épouse, un auteur qui s'immisce de temps à autre à l'improviste en narrateur, -en gros pour justifier ce qu'il écrit- , et un autre "je" joker,qui entre en jeu par surprise,La Jeune Épouse, l'écrivain (?)....un jeu narratif que je n'ai pas saisi tout à fait.
Début du siècle passé, La Jeune Épouse de dix-huit ans, " Il ragazzino ", fiancée au Fils dés ses quinze ans, débarque en Italie du Nord pour se marier, chez ses futur beaux-parents, des gens aisés; elle rentre d'Argentine où elle a suit son père, alors que Le Fils, absent, se trouve en Angleterre, soi disant pour raisons professionnelles. Un Fils qu'ils attendront comme le Godot.
Dés le début il est clair qu'elle arrive dans une drôle de famille,
Les membres prennent leur petit déjeuner en famille en pijama jusqu'à trois heures de l'après-midi, un rituel plutôt qu'un simple repas matinal,
Ils redoutent trés fort la nuit, car dans la famille on meurt la nuit,
Ils détestent être malheureux, car le malheur vole le temps au bonheur et au plaisir,
Ils ne lisent pas.La lecture et les livres sont interdits dans la maison, car la vie en elle-même est largement suffisante, inutile de se saouler avec l'imaginaire,
......bref des drôles de cocos qui s'avèrent encore plus singuliers avec l'arrivée de La Jeune Épouse et le zèle qu'ils y mettront à "l'éduquer", pour en faire un des leurs.
Je n'avais aucune envie de le lire ... et finalement mon pressenti s'est révélé totalement exact. Le fond du livre est la libido des cocos agrémentée des thèmes chers à Baricco , tout est éphémère, rien ne nous survit, toutes les vies, toutes les expériences se valent, tout est répétitif ( "Il n’y a pas mille destins mais une seule histoire et l’unique geste exact est la répétition"). Une libido analysée et déclinée sous toutes ses versions possibles ( masturbation, fellation, pédophilie, inceste, .....) , peu originale, je dirais même kitsch et démodée; La belle prose de Baricco que d'habitude j'aime, ici passe mal et en remet une couche à tout cet artifice, accentuant cette sexualité qui dégouline de partout, jusqu'à la perversité ( La Mére qui éduque La Jeune Épouse...). L'atmosphère baroque est oppressante. Les cocos sont tous antipathiques, y compris La Jeune Épouse. Quand au message, s'il y en a un, je n'ai rien reçu. Je n'ai pas réussi à entrer dans leur " monde inaccessible, sans nom, parallèle au nôtre et immuable ", et suis restée insensible à toute cette sensualité.
Pourtant j'aime les livres de Baricco ( Soie, Novecento, Ocean Mer, Les Châteaux de La colère....), mais là je ne sais que dire.....Au debut du livre à la page 51 de la v.o., l'auteur qui nous fait coucou de temps en temps en tant que narrateur, nous brouillant la cervelle, dit que ce qu'il couche sur papier avec son imagination, en tant qu' écrivain , sont des mondes auparavant inexistants, liés sans doute à son monde intime, qui révèlent probablement l'inavouable que dont lui-même ignorait jusqu'alors l'existence....., si c'est le cas ici, -car aprés il brouille encore les pistes, en disant que l'histoire de cette famille n'a rien à avoir avec lui , qu'il écrit des histoires sans histoire, impossible à raconter, des énigmes sans structure à faire sauter la cervelle ..... -, ce monde là de Baricco et le fond de ce qu'il défoule ici, ne m'intéresse pas.
Son conte philosophique à la dimension "animale" m'a été indigeste et mortellement ennuyante. Je n'ai aimé que la toute dernière page, la fin d'un conte, toute simple comme il se doit.....
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Depuis peu mon horizon littéraire c'est agrandit.
J'avais découvert Italo Calvino et son très beau roman " si par une nuit d'hiver un voyageur ", grâce à Noor j'ai fait la connaissance d'Alessandro Baricco et de son roman " Novecento: pianiste ".
Ce court récit pourrait s'apparenter à un conte, il commencerait par " il était une fois, dans un paquebot appelé le Virginian fut trouvé un nourrisson dans une boîte en carton.
Des fées ou des sirènes se penchèrent sur son berceau improvisé et lui donnèrent le don de faire de la musique et firent de lui un pianiste.
Né avec le siècle nouveau il fut appelé " Novecento ".
"Sa maison c'était l'océan . Quant à la terre eh bien, il n'y avait jamais posé le pied "
Ses doigts glissaient sur le clavier, touches noires, touches blanches, bâbord, tribord, le métronome donnait le tempo pour donner "la musique de l'océan, dont l'echo se répand dans tous les ports ".
Notes bleues, langueurs océanes....
Comme les contes finissent par " ils vécurent heureux " vous connaissez la suite....
La littérature italienne m'a ouvert ses bras, tant mieux sa poésie me fait du bien.
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Beaucoup d'encre a coulé sur la pandémie depuis ses débuts, dont beaucoup de conneries. Pour réfléchir sur la situation actuelle, Alessandro Baricco, écrivain italien, a récemment publié un micro-essai d'une structure très particulière, en 33 fragments où la pandémie est considéré comme " une créature mythique".
Le virus est la cause concrète de la situation, La Pandémie, en est "la créature mythique". Techniquement c'est la "première créature mythique assemblée à l'ère numérique — entièrement régie par les intelligences du XXe siècle : une dissymétrie perfide. " Beaucoup plus complexe qu'un simple phénomène de santé, elle est le résultat de décisions très réelles prises collectivement qui en un premier temps l'a rendue réalisable, puis l'a convoquée et finalement l'a générée.
J'ai trouvé l'essai fort juste, intéressant et positif. Il nous invite à reconsidérer notre mode de pensée face à la situation, affirmant qu'elle a aussi restitué en nous la capacité de "penser l'impensable ".
Baricco réalise avec cet essai, un projet narratif multimédia visant à interpréter cette période particulière dans laquelle nous sommes empêtrés. Il est accessible gratis en italien sur le net. Je viens de le lire sur papier, espérant qu'il soit vite traduit en français, à moins qu'il le soit déjà.
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Les habitants de la bourgade de Lavilledieu vivent des filatures dépendant de la sériciculture. Lorsqu'une maladie attaque les vers à soie, c'est une catastrophe pour l'économie locale. Baldabiou, représentant le Conseil envoie Hervé Joncour au Japon où il doit acheter des œufs de vers à soie. Dans les années 1860, c'est une expédition risquée d'autant que l'entrée au Japon et la vente des œufs de vers à soie est interdite aux étrangers. Hervé fera le voyage plusieurs années de suite, la narration du voyage revient telle un leitmotiv. Devenu riche, Hervé prend l'habitude, au retour de chaque expédition, d'inviter sa femme Hélène en voyage d'agrément. Alessandro Baricco dépeint magistralement les séjours d'Hervé dans un Japon moyenâgeux et insolite pour un Européen.
La lecture de Soie m'a procuré un réel plaisir, l'écriture d'Alessandro Baricco est belle et élégante.
À lire !
Challenge Petits Plaisirs 2015-2016 - 114 pages
Challenge Atout Prix 2016-2017 - Prix Relay des voyageurs - 1997
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Ah ! mes amis, quel livre ! L'écriture d'Alessandro Baricco a l'exotisme et la poésie de François Cheng, la concision de Pascal Quignard. Voici un prodige de la littérature !
1861 : à l'heure où d'autres se ruent vers l'Ouest à la recherche d'or, le Français Hervé Joncour se rend régulièrement vers l'Est, pour gagner le lointain Japon à la recherche d'oeufs plus précieux que l'or. Ces coûteuses expéditions vont sauver la production de soie de Lavilledieu, dont les vers sont décimés par une maladie inconnue. Tandis qu'Hervé Joncour se laisse gagner par un amour mystérieux...
Avec 140 pages bien aérées, "Soie" pourrait être pris pour une nouvelle. Or s'en dégage la puissance évocatrice d'un grand roman. Ceci vient d'une narration brillante et économe, d'autant plus forte qu'elle stimule l'imagination. Comme un concentré de mots qui se déploie dans notre cerveau à la lecture.
Le style travaillé n'est pas froid, bien au contraire. Complice, Alessandro Baricco jalonne son récit de repères et de formules, familiarisant ainsi le lecteur avec ses personnages et leurs aventures. Par exemple, pour montrer qu'Hervé Joncour se laisse porter par son destin, il va introduire l'image de l'homme qui regarde pleuvoir sa vie, et la rappeler aux moments clés de l'histoire. « Elle pleuvait, sa vie, devant ses yeux, spectacle tranquille. »
Ou bien le long voyage de 8000 kilomètres depuis Lavilledieu jusqu'au Japon, décrit en à peine une page et répété à chaque expédition, avec de subtiles variantes dans le texte comme un jeu des "sept différences".
Ou encore la femme fascinante aperçue au Japon et reconnue ainsi : « Ses yeux n'avaient pas une forme orientale, et son visage était celui d'une jeune fille. »
Biographie imaginaire, roman d'amour nostalgique, carnet de voyage, "Soie" est un ouvrage aussi subtil et riche que son étoffe. Un voyage littéraire à entreprendre absolument.
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Tout comme son titre le livre est un condensé une douceur. Un régal de lecture suave et glissant qui relate les relations mystérieuses entre un commerçant de vers à soie et une femme dont on ne sait pas grand chose si ce n'est qu'elle a des yeux qui n'ont pas la forme orientale. Serges Joncour, le personnage principal, passe la moitié de l'année sur les routes pour faire le lien entre la France et le Japon. Car au milieu du XIX ème siècle le voyage est périlleux pour rejoindre les terres du soleil levant. Il doit traverser pendant des mois des régions infinies et desertiques et revenir à temps pour permettre l'éclosion des précieux oeufs de vers à soie.
Cet amour fascinant, qu'il ne retrouve que quelques jours de l'année dans ce pays de l'autre bout du monde l'obsède.
Et c'est celui-la même qui le pousse à ignorer le danger et à décliner les meilleurs conseils de ses proches d'arrêter ses allers retours incessants.
Dans ce court roman, l'auteur nous questionne sur la forme du véritable amour. Est-il celui qui nous accompagne dans la tendresse rassurante du quotidien, l'amour au long cours, ou celui qui nous révèle dans la brutale et incompréhensible passion, celle qui nous subjugue nous fait parcourir des milliers de kilomètres, celle qui nous emporte et qui nous euphorise autant qu'elle plonge dans la détresse et le doute en un même instant. Et enfin au-delà de tout cela, devons-nous nous questionner sur la nécessite de faire un choix entre ces amours?
On notera que cette passion est, un peu comme pour une grande partie de ce qui compose l'ouvrage (personnages, paysages, voyage...), plus suggérée que décrite. Il faudra donc au lecteur faire l'effort de l'imagination et de l'expérience pour tirer pleinement profit de cette lecture.
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Qui a dit qu'un jour je partirais au Japon, que je me retrouverais en plein milieu du dix-neuvième siècle dans un pays totalement isolé du monde pour acheter des œufs de vers à soie.
La magie de la lecture rend tout possible. Je suis parti en compagnie de Hervé Joncour pour quatre voyages dans l'empire du soleil levant. pour le retour le temps est contre nous, il faut arriver le premier dimanche d'avril, avant l'éclosion des œufs.
Pour madame Joncour, la belle Hélène, la douce Hélène ces départs sont un déchirement. Sa voix douce, douce comme la soie lui demandant " Promet moi que tu reviendras ".
Le magicien Alessandro Baricco m'a encore touché au cœur avec ce petit livre "Soie". Une histoire de voyage, de rencontre en terre inconnue, d'une mystérieuse femme " Ses yeux n'avaient pas une forme orientale, et son visage était celui d'une jeune fille".
Quand le désir s'invite à travers un kimono de soie, entrouvert.
" Je suis là, à te frôler, c'est la soie de ma robe, n'ouvre pas les yeux et tu auras ma peau..."
Un livre qui parle de désir, mais ce désir, cette envie, cette passion qui vous engourdi est souvent plus près que l'on ne pense, pas besoin d'aller bien loin, de courir le monde à la recherche des secrets de l'amour. Comme Hervé Joncour l'apprendra il suffit juste d'ouvrir les yeux.
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Lemon Novencento est né sur le Virginia, un bateau qui fait la traversée de l’Océan Atlantique vers l’Amérique. Il a trente ans mais n’a jamais mis les pieds à terre.
Il fait partie de l’orchestre présent à bord et se lie avec le trompettiste.
Ce dernier le côtoie pendant six ans. Il s’étonne : «Nom de Dieu Novenceto, pourquoi est-ce que tu ne descends jamais, même une fois, rien qu’une, pourquoi est-ce que tu ne vas pas le voir, le monde, de tes yeux, de tes propres yeux ? »
Il raconte Monsieur le trompettiste……Il raconte cette histoire incroyable, cette amitié faite de silences éloquents, d’incompréhensions assumées, d’admiration, d’empathie et de dialogues, de notes surtout……oui parce que quand Novenceto « commençait à effleurer les touches…..petit à petit ça devenait une vraie musique, des sons sortaient du piano, un piano droit, noir, et c’étaient des sons de l’autre monde. Il y avait tout là-dedans : toutes les musiques de la terre réunies ensemble. A en rester baba… »
Et quand Novenceto s’exprime c’est avec des mots qui sortent du fin fond de son âme. Qu’il soit compris ou pas n’a aucune importance. Ce qu’il veut c’est aller au bout de ses convictions, il veut obéir à sa propre sensibilité, être ce qu’il est, s’en contenter, s’en rassasier, s’en réjouir, jouer encore et toujours et ne pas descendre.
Il veut rester à bord jouer des charges « meurtrières d’accords qui avaient l’air d’être jouées par cinquante mains » et faire exploser le piano de ses rêves les plus denses, les plus enjoués, les plus explicites. Il veut vivre pleinement et ne pas « descendre »….
Ce petit livre m’a enchantée. Ce genre de parabole livrée par Alessandro Baricco me parle. Je m’y sens bien. Le style théâtral, musical a tout pour me séduire. Les passages sur la scène de la vie sont puissants, énergiques, cadencés, raffinés. La passion domine. Elle se nourrit d'elle-même au fil des pages.
Ce conte philosophique merveilleusement orchestré m’a fait réfléchir. Je le répète il m’a séduite, fortement séduite. J’en suis restée baba…..
Et vous ?
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Auteur de trois romans, d'un essai et de deux nouvelles, Jasper Gwyn est un écrivain à la mode en Angleterre, et un peu connu ailleurs. Mais, aujourd'hui, il se rend compte, avec une lucidité frappante, que ce qu'il fait ne lui plaît plus. Il adresse au Guardian une liste de 52 choses qu'il se promet de ne plus faire, dont la dernière et la non moins importante : ne plus écrire de livres. Autour de lui, notamment Tom Bruce Shepperd, son agent, peine à croire à cette liste. Et pourtant... Le temps passant, le simple geste d'écrire lui manque. Pourquoi ne pas devenir traducteur ou guide de voyages ? Non, la seule réponse claire qui lui vient à l'esprit est copiste autrement dit écrire des portraits. Une activité aussi originale que révélatrice...
Quel personnage singulier et troublant que ce Mr Gwyn ! Écrivain en pleine fleur de l'âge qui a décidé de tout arrêter, le voilà devenu portraitiste. Non pas avec une palette de couleurs mais une palette de mots. Des portraits uniques qui se font dans des conditions particulières, qui demandent beaucoup de patience et dont les seuls lecteurs seront Jasper Gwyn et le modèle. Alessandro Baricco manie avec poésie et habileté sa plume et nous plonge dans un roman pour le moins intrigant mais subtil. Il dépeint intelligemment les notions d'écriture et la magie des mots, l'Art en général, l'être et le paraître, ainsi que l'amour et l'amitié. Ce roman, pénétrant, fantaisiste et plus profond qu'il n'y paraît, possède un charme indéniable et est une véritable lettre d'amour à la Littérature.
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En publiant mon ressenti sur « Soie », je crains de recevoir une volée de bois vert. Car je suis complètement passé à côté. Désespérément hermétique à l’histoire, à l’écriture, un ennui profond me gagnant au fil des pages, bâillements difficiles à contenir, le bouquin de A. Baricco m’a laissé froid, pire indifférent. Devant l’enthousiasme général, je me suis dit, mais qu’est-ce qui t’arrive mon vieux ? fait un effort, voyons. Qu’est qui t’a échappé que les autres ont lu ?
Devant mes questions sans réponses, le constat est cinglant, j’ai vraiment pas aimé. Je crois bien que je suis irrécupérable. Désolé.
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Je mets trois étoiles pour les messages forts diffusés dans ce livre, le conformisme et ses contradictions, l'aventure humaine en huis clos, l'indifférence humaine pour l'humain, l'amitié qui sauve mais pas toujours.
Et puis il y a la musique et, si on n'entend guère celle de l'océan, pourtant omniprésent, on découvre les richesses de la créativité musicale, celles qui font que l'on peut entendre des improvisations extraordinaires dans des lieux insolites, pas seulement en bateau, mais un peu partout dans les ruelles du monde, comme par exemple le fado en bas de l'Alfama.
L'amitié d'un musicien, le narrateur, envers cet homme, Novecento, demeuré plus de trente ans sur le bateau où il est né, est aussi un signe fort de cette histoire. C'est une amitié totale qui avance ses arguments, sans les imposer, acceptant les hésitations, les certitudes, les décisions de l'autre.
On y voit aussi la condescendance humaine, les convaincus de leurs supériorités, la versatilité du public.
Donc, beaucoup d'images en peut de mots, sur une histoire simple, un peu absurde, qu'il faut accepter telle quelle au risque de passer à côté.
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