On admet parfaitement que soit détruits villes et campagnes, empoisonnés l’air et l’eau, que l’amiante, l’oxyde de carbone, la chimie agroalimentaire et la multiplication des micro-fuites nucléaires génèrent des cancers et détruisent des vies par centaines de milliers – sans même parer des ventes d’armes en direction des pays pauvres –, parce que c’est la contrepartie regrettable de la prospérité des nations, la garantie d’un PNB en hausse, etc. On peut détruire tout ce qu’on veut à partir du moment où cela crée des emplois et active la croissance. Mais détruire pour le plaisir est le scandale suprême pour une société qui a banni toute forme de dépense sauvage. Les incendies sont la part maudite de notre société.
La Gauche, en France comme partout en Europe, n’est que l’héritière d’un siècle de lâchetés, de mensonges et de trahisons. La gauche a cassé l’espoir en mai 1968, en faisant retourner dix millions de grévistes sauvages au chagrin, anéantissant l’espoir de tout changement radical. La gauche n’est pas la solution au problème, elle fait partie du problème. Parce que, faute d’avoir jamais été révolutionnaire, elle n’a même plus les moyens d’être réformiste. Elle se contente d’agiter des épouvantails pour mobiliser ses troupes. Faire barrage au FN devint ainsi, dès les brillantes années du mitterrandisme, l’ultime argument. Une fois les candidats de gauche élus, les critiquer aurait fait le jeu de la droite, voire de l’extrême droite… Ce petit chantage se reproduisant indéfiniment, toute velléité de contestation se trouvait court-circuité au nom du « péril fasciste ».
Les terres communales sont l'enjeu de conflits récurrents dans le centre et le sud du Mexique. L'expropriation des communs, qui a constitué dans les nations occidentales le préalable au développement capitaliste, n'a pu s’achever au Mexique. Héritage du système colonial, qui a régi l'occupation des terres d'une autre façon que le système féodal européen, les communs lui ont survécu. Dans l'État-nation issu de l'indépendance se sont retrouvés à coexister deux modes de relations à la terre radicalement opposés. Le premier ne reconnaît qu'un droit d'usage sur une partie d'une possession commune, le second ne connaît que la propriété privée.
D’une autre manière, la tyrannie des marques parmi les adolescents signifia que l’initiation au monde, auparavant assurée par le père ou le grand frère, était désormais assurée par la marchandise. Les valeurs de la société marchande s’imposèrent comme unique code culturel, et pour ceux qui se trouvaient en bas de la hiérarchie sociale, l’arrogance, le manque de respect et la frime devinrent la norme.
Le ruban du périphérique semble ainsi fonctionner comme des fortification d’un nouveau genre, séparant de façon radicale la ville-musée de la banlieue dortoir.
Si longtemps calomniée dans l'hexagone, Marseille devint subitement à la mode au milieu des années 1990 : au moment où la ville, désormais privée de ses ressources et désertée par nombre de ses habitants, semblait s'offrir, sans défense. Dix ans après, on ne peut que regretter cette mauvaise réputation, qui attirait le voyageur et faisait fuir le touriste. Car si Marseille, dure et sans apprêt, avait au moins le mérite d'être une ville qui ne mentait pas, cette mode nous fait au contraire respirer le mensonge à plein nez.
La transcendance métaphysique de la religion a simplement laissé place à la transcendance politique de l’État républicain.
Tout doit être fait pour nous distraire, le pas décisif ayant été franchi avec la production d'appareils conçus pour que chaque individu soit constamment distrait, de son environnement, de ses proches, de sa propre vie ... La distraction cultive alors l'absence au monde.
On a jamais autant construit dans le monde à toutes fins de le rendre inhabitable.
Pieter Breughel, par exemple, peint des paysans dans un geste audacieux à une époque où ses confrères se contentent de montrer des personnages bibliques ou les grands de ce monde. Là où ceux ci n'ont produit que des images, Breughel rend sensible des formes de vie. Il est outre remarquable que dans la plupart des tableaux, il n'y ait pas de personnage principal, même Jésus n'y est qu'une figure parmi tant d'autres. Breughel était habité par un monde, qui n'était pas celui des dominants.