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Citation de VanessaV


A cette époque, lorsqu'une mère mourait avant les deux ans de l'enfant, et si aucune femme ne se décidait à l'allaiter, on supprimait l'enfant. Le père hésitait. Sa sœur, elle-même jeune maman, a les seins gonflés de lait. Mais cette femme n'a aucune envie d'adopter le nouveau-né. Et comme le père tarde à réagir, c'est elle, la tante, qui ramasse une pleine poignée de neige et s'apprête à l'enfouir dans la gorge du nouveau-né pour l'étouffer. Pressentant le danger, ce dernier tourne la tête dans tous les sens. D'une main, la tante l'immobilise et lui ouvre la bouche. De l'autre main, elle approche la neige. Ses doigts tremblent. La grand-mère, qui vient de perdre sa fille, se met à pleurer bruyamment. Les enfants joignent leurs pleurs au chahut, dehors les chiens aboient, le vent gémit, mais à la surprise de tous c'est la tante qui braille le plus fort. Tous ces hurlements n'en font qu'un seul, glacial, épouvantable, qui résonne gravement entre les parois de l'iglou. Les yeux révulsés, la tante s'écarte brusquement du nouveau-né et recule en maudissant Aterangui, qui lui mord à pleines dents la fesse gauche. Rien à faire, les hommes ont beau s'y prendre à plusieurs, Aterangui ne desserre pas sa mâchoire d'un millimètre. Une minute entière. Jusqu'à ce que la tante s'évanouisse.
Alors le nouveau-né, un garçon, recrache le peu de neige qui lui encombre la bouche,, la grand-mère arrête de pleurer, et les autres enfants font silence. Ils le regardent, lui, le nouveau. Tout le monde dévisage cet enfant miraculé, qui vient d'échapper à une mort programmée.
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