Alexander Wied

[A propos du Triomphe de la Mort]

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«Le Triomphe de la Mort »est peut-être la plus riche de toutes les peintures de Bruegel… La Mort surgit sur un cheval; elle est un squelette armé d'une faux qui sème partout la destruction.… Cette image horrifiante se déploie… À l'intérieur d'un paysage infernal, inspiré de ceux de Bosch… Bruegel, exhaustif et fantaisiste comme à son habitude, développe ici un catalogue de tous les moyens et de tous les expédients dont la Mort peut se servir contre l'homme. Tous tentent de la fuir, mais aucun ne peut la contrer. Tous doivent, en effet, mourir, sans aucune exception, et les bataillons de la Mort moissonnent la masse des vivants… Le caractère perfide de la Camarde se manifeste. C'est d'ailleurs là le sujet du tableau. On a, en effet, l'impression que la Mort exerce son métier avec goût, et qu'elle l'accomplit avec une malveillance joyeuse. Personne n'est assez insignifiant à ses yeux : Elle précipite les uns d’un rocher ou dans l'eau, elle fait exécuter les autres ou bien les pousse à se suicider. Quel que soit le cas, elle est là pour accomplir son œuvre, aussi bien en tant que justicière qu’en tant que croque-mort. La bataille, le naufrage et l’incendie symbolisent la fatalité du destin. Car la mort détruit tout, jusqu’à la nature…