Une chose n'est vraiment en sécurité que si tous ignorent son existence.
Une chose n'est vraiment en sécurité que si tous ignorent son existence.
Tous les Elniens naissaient avec les pouvoirs d’un des 4 esprits – l’eau, la terre, le feu et le vent- encore présents dans ce monde. Un objet – le Carystel- les reliait à cet élément tout au long de leur vie. Les pouvoirs évoluent au cours de la vie et ceux d’un jeune enfant ne sont pas comparables à ceux d’un guerrier. Tout Elnien suit un apprentissage permanent afin d’atteindre la parfaite symbiose avec son élément. Le passage dans ces temples au cours d’une vie, une fois, deux fois ou plus encore joue un rôle majeur dans cet apprentissage.
Au début, il n'y avait que la lumière, elle possédait tous les pouvoirs. Elle insuffla la vie en ce monde et la vie trouva son chemin. Au bout d'un temps, la lumière remarqua que le fonctionnement du monde dépendait de bien d'autres choses que d'elle seule. Alors elle partagea sa puissance équitablement entre la terre, l'air, l'eau et le feu. C'est ainsi que sont nés les quatre esprits. Ils furent liés à jamais et incapables d'accaparer ou voler la magie des autres. Incapables aussi de se liguer à plusieurs contre l'un d'entre eux. Ils devaient continuer à faire tourner le monde, comme la lumière l'avait fait jusque-là et subvenir aux besoins de tous. Le monde se peuplant, les esprits furent débordés et, petit à petit, des créatures furent liées à eux afin de les aider dans leurs tâches.
- Lorsque deux elves sont en parfaite harmonie et veulent créer un nouvel être, ils partagent les graines récoltées lors de leurs cérémonies de l'Illentia. Et au jour de l'hiver suivant, si la terre a accepté leur union, un bébé voit le jour ou plutôt la nuit, lui répondit Elouan.
Ces explications semblèrent troubler un peu plus Elwyn, qui regarda tour à tour Elouan et Maïna :
- Mais alors, vous ne... Il chercha ses mots. Vous n'avez pas de...
Elouan étouffa un éclat de rire spontané dans l'atmosphère cérémonieuse qui régnait, voyant où il voulait en venir et mit fin à son calvaire, d'un ton amusé :
- Si si, bien sûr. Mais pas pour faire les bébés.
Il pénétra dans la pièce où le lit et la petite table de bois étaient couverts de poussière et de toiles d’araignées. Il continua d’avancer vers la salle de bain. Il se trouva devant le miroir, reflétant un instant son image, et l’instant d’après, celle de lui, torse nu portant encore son pendentif autour du cou. Il se revoyait le matin même de cette journée si particulière où il avait découvert ce monde. C’en était trop. Cela devenait insoutenable. Les éclairs dans sa tête devenaient de plus en plus rapides, il se revoyait, et ensuite son grand-père... il tressaillit et s’effondra sur le sol avant que Maïna ne puisse le rattraper...
Lentement ils parcoururent l’Envéa. Le soleil était haut dans le ciel au-dessus d’eux. Le paysage se révéla doucement au fil des pas qu’ils parcouraient. Ce sont les plans les plus éloignés du paysage qui se dessinèrent en premier. Une immense demeure semblait dominer la plaine qu’ils découvraient sous leurs yeux. Et par delà cette demeure, étrangement, Elwyn semblait ne rien percevoir. Ils étaient maintenant arrivés à quelques mètres du bord et un paysage de plus en plus étrange se présentait.
– Elenion... dit Kilia désignant le village par son nom.
C’était le premier village qu’Elwyn découvrait dans ce monde et pourtant il ne semblait pas si différent de ceux qu’il connaissait. Les petites maisonnettes ou plutôt les petites cabanes étaient disposées en rangées séparées par des chemins boueux et sales. Il y avait un petit jardin devant chacune d’elles. Et, plus loin sur la gauche, Elwyn observa ce qu’il supposa être des champs. D’en haut il ne percevait les gens que sous la forme de petits points noirs dans le décor. Il regarda Kilia :
– Vous ne trouvez pas cela étrange ?
– Quoi cela ?
– Que ce soit si facile
Chaque association puisait en lui une quantité indéfinissable d’énergie. Il devait améliorer cela, sans quoi il serait contraint de ne pouvoir utiliser ses pouvoirs. Il se souvenait de chaque conseil que Melidan lui avait prodigué pendant leurs heures d’entraînement lorsqu’ils étaient à la cité : « Tu dois ressentir les choses, tu dois ne faire qu’un avec ton arme, elle te complète. Il ne doit pas y avoir de rupture entre elle et toi. Lorsque l’énergie circule entre elle et toi, il y a moins de perte lors des attaques. N’oublie jamais cela, l’arme est le prolongement du guerrier... »
Un guerrier : Elwyn se souvenait avoir pensé qu’il ne l’était pas et qu’il ne le serait jamais. Pourtant aujourd’hui, assis dans le froid, sa lame entre les mains, il réalisait qu’il n’en était pas très loin.
Tu possèdes maintenant tous les pouvoirs qu’un être peut avoir. Fais attention, cependant, l’association qui te relie à moi est la plus dangereuse. Je n’en suis pas fier mais, de tout temps, le feu a été utilisé pour détruire. Faire appel à ce pouvoir consume beaucoup d’énergie, beaucoup plus que les autres éléments, il pourrait t’épuiser, voire même te tuer. Sois toujours attentif, tu vas devoir l’apprivoiser par toi-même. Seule ta volonté pourra parvenir à gérer cette force sans te laisser envahir par elle. Tu dois la contrôler, pas l’inverse. […] sois toujours conscient de tes limites et ne les transgresse jamais. Un pas de trop serait fatal, dit l’esprit de la terre.
Ce n'est pas la différence qui crée les conflits, c'est la nature humaine elle-même.