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4.33/5 (sur 29 notes)

Nationalité : Russie
Né(e) à : Slobodskoï , le 11/08/1880
Mort(e) à : Staryï Krym , le 08/07/1932
Biographie :

Alexandre Grine (en russe : Александр Грин), de son vrai nom Alexandre Stepanovitch Grinievski, fut successivement apprenti, matelot, docker, vagabond, chercheur d'or, bûcheron, soldat, déserteur, agitateur, exilé, évadé, emprisonné, mais aussi, et surtout écrivain exigeant.

Il abandonna ses études en 1896 après avoir passé 4 années à l'école municipale de Viatka et se rendit à Odessa qui était alors un port cosmopolite et moderne de l'Empire russe.

Il erra quelque temps à la recherche d'un travail et parvint à se faire engager sur un bateau faisant la navette entre Odessa et Batoumi sur la mer Noire. Ensuite il devint pêcheur, bûcheron, orpailleur dans l'Oural et enfin soldat.

En 1903, il fut arrêté par la police à cause de ses activités de propagande auprès des marins de Sébastopol. Il fut arrêté de nouveau en 1906 et fut cette fois condamné à quatre ans de prison à efffectuer à Tourinsk, dans le gouvernement de Tobolsk. Mais il réussit à s'enfuir pour Viatka et sous une fausse identité à s'installer à Moscou.

Il y écrivit son premier ouvrage engagé "Le service du soldat Panteleïev" sous les initiales ASG, mais l'ouvrage jugé séditieux fut confisqué. Il publia sous le pseudonyme d'Alexandre Grine "Chapeau invisible" en 1908 qui retraçait des histoires de révolutionnaires. Peu à peu Alexandre Grine conquit un public intéressé par son engagement révolutionnaire et fit paraître dans l'Empire régulièrement romans et nouvelles entre 1909 et 1916.

Il combattit dans l'Armée rouge en 1919 pendant la guerre civile, mais fut frappé par le typhus. Il retourna à Petrograd et grâce à l'entremise de Gorki réussit à obtenir une chambre à la Maison des Arts et un emploi.

Grine connaît alors des années de production intense. Son roman "Les voiles écarlates" publié en 1923 obtient un succès important, ainsi que "Un monde brillant" publié l'année suivante. Il décide alors de s'établir en Crimée. Il passe l'été 1929 à Staryï Krym (littéralement la Vieille Crimée) écrivant Chère nulle part et s'y établit définitivement.

Son œuvre comprend sept romans et plus de quatre cent cinquante nouvelles et récits.
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Les Voiles écarlates (Алые паруса), film soviétique réalisé par Alexandre Ptouchko en 1961.


Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
La haine est le degré suprême de l'inhumanité transformée en passion, et heureux qui n'a pas éprouvé son voisinage attentif. Jessie aurait bien ri si on lui avait dit que Morgane la haïssait pour de bon et, dans sa haine, n'était pas loin de sangloter à ses pieds en implorant son pardon comme on aspire à du repos après un travail au-dessus de nos forces. Les autres femmes belles ou jolies n'éveillaient chez Morgane qu'une émotion amère et méchante, prête à se transformer en critique. Mais Jessie se situait à part comme le mot principal de la jeunesse et de la douceur. Pour Morgane, elle était, en une seule personne, tout un monde qui avait grandi à côté d'elle.
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J’avais tout juste apaisé ma faim quand j’avisai un vapeur en train d’amarrer vis-à-vis de la taverne ; j’attendis que les passagers commencent à descendre la passerelle, et me plongeai dans l’observation de la bousculade causée par leur désir d’arriver au plus tôt chez eux ou à l’hôtel. J’examinais le mélange des scènes, relevant les traits de fatigue, d’irritation, d’emportements manifestes ou cachés, ces traits qui constituent l’âme d’une foule quand le caractère de son mouvement change brusquement. Au milieu des équipages, des parents, porteurs, nègres, chinois, passagers, commissionnaires et mendiants, des montagnes de bagages et du raclement des roues, j’aperçus un geste d’une lenteur plus grande, parfaitement fidèle à lui-même, jusqu’au moindre détail – à tel point incomparable, irréprochable et pittoresque se révélait le passage sur la passerelle d’une jeune fille inconnue, d’apparence modeste, mais qui semblait douée de l’art secret de se soumettre lieu, hommes et choses.
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L'année même où Alexandre Grine s'attaquait enfin à la rédaction de son " récit autobiographique " - Sur Terre et sur Mer-, paraissait ce qui devait être soin ultime roman.
Et si quelqu'un doutait encore que la littérature d'aventures fût avant tout littérature de conflit, La Route pour nulle part suffirait à en fournir l'éclatante démonstration : car rarement un auteur n'aura usé si habilement de son talent pour régler ses comptes avec le monde autant qu'avec son propre passé. Ainsi les lecteurs de Sur Terre et sur Mer retrouveront-ils ici presque tous les épisodes clefs de la vie du romancier, transfigurés en scènes d'une violence d'autant plus cruelle et singulière qu'elles se trouvent enchâssées dans une intrigue paraissant au premier abord obéir aux règles les plus convenues du genre qui mêle dans une même aventure mouvementée un jeune orphelin rêveur, lui joueur professionnel, un original fortuné et ses deux filles espiègles, un épicier en mal de sensations fortes, un père miraculeusement retrouvé, un gouverneur corrompu à la progéniture dévoyée, des intrigants de toute sorte, de faux marchands, de louches contrebandiers, des soldats acharnés, et une prostituée au grand coeur habile à tourner la tête au plus honnête gardien de prison, tous protagonistes de fêtes joyeuses, de marches épuisantes, de combats acharnés ou d'impossibles projets d'évasion.
Seulement, à y regarder de plus près, l'on s'apercevra bien vite que la route qu'emprunte le jeune Tirrey Davenant pour fuir les ignobles desseins de son père ne le conduira guère plus loin qu'à une méchante auberge de bord de route, et que tous les rêves qu'il aura caressés ne serviront jamais qu'à précipiter sa perte. Dans son dernier ouvrage, L'Energie de l'Erreur, Viktor Chklovski écrivait : " Les fins heureuses [...] rassurent le lecteur et permettent, en quelque sorte, à l'auteur de la vie, puisque tout est bien, mêmes lui [...
]. Elles sont l'affirmation que le monde n'a besoin ni d'être repensé ni d'être transformé. " Si La Route pour nulle part commence comme un récit de Dickens, à la fois gai, léger, ironique et sournoisement assombri par d'obscures menaces, au pays du Grineland les justes ne trouvent pas le bonheur et les méchants sont rarement punis : comme si même le monde du rêve avait besoin, constamment de furieuses révolutions.
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Dix années de vie errante n'avaient laissé que fort peu d'argent entre ses mains. Il se mit à travailler. Des jouets de sa fabrication apparurent bientôt dans les magasins de la ville : modèles réduits artistement réalisés de barques, de vedettes, de voiliers à un ou deux ponts, de croiseurs, de paquebots, en un mot de tout ce qu'il connaissait de près. en vertu même de son caractère, ce travail remplaçait pour lui le grondement de la vie portuaire et le labeur^pittoresque des voyages en mer. Par ce moyen, Longren gagnait suffisamment pour vivre dans les bornes d'une parcimonie mesurée.
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Il est parfaitement naturel qu’au moment d’en venir aux prises avec l’inconnu, l’imagination coure en deviner le résultat, en sorte que, le doigt déjà tendu sur sa cible, je suspendis sa pression, soudain traversé par la crainte qu’une sonnerie assourdissante se mît à retentir et que l’alarme se répandît dans toute la maison. Claquements de portes, martèlements de pas précipités, et autres cris de « Où ? qui ? eh ! par ici ! » se peignirent à mon imagination de manière si nette au milieu du silence absolu qui m’entourait, que je m’assis sur le divan et allumai une cigarette. « Mmouais ! soupirai-je. Nous voilà loin, papa Gros. Et dire qu’en ce moment même vous m’auriez déjà tiré de mon misérable lit, réchauffé d’une taloche et ordonné d’aller frapper à la vitre noire du cabaret « Passez donc par chez nous » pour réclamer une bouteille »… J’étais ravi de ne rien comprendre aux affaires de cette maison, et en particulier d’ignorer absolument ce qui allait se produire, et de quelle manière, dans une heure, dans un jour, dans une minute, comme s’il s’agissait d’un jeu. Le balancier de mes pensées décrivait d’invraisemblables oscillations, cueillant au passage toutes sortes de tableaux, jusqu’à une apparition de nains : je ne me fusse point refusé à voir une procession de petits gnomes, à barbes blanches, robes et bonnets, marchant à pas furtifs le long du mur, une flamme rusée au fond des yeux.
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L’Écuyère-des-vagues approchait d’une baie qui s’étalait comme une large morsure dans le rivage repoussé au loin. De là-bas, par intermittence, se dégageait une vague rumeur. Gayse, Butler et Sincright se tenaient près du bordé. L’équipage tirait les drisses et les bras de vergues, circulant d’un mât à l’autre.
La rive se déroulait en une sombre perspective de cheminées d’usines environnées de volutes de fumée noire. La ligne de côte, où façades maussades, aqueducs, ponts, grues, citernes et dépôts se serraient entre les rails de chemin de fer, évoquait une silhouette bizarre – tout ici était si noir de charbon et de suie. Le bruit des coups frappés contre le fer retentissait des quatre coins de l’horizon ; la trépidation des marteaux-pilons, les cigales des petits maillets, le hurlement perçant des scies, le tintement syncopé des chariots – pour qui n’en épelait pas les sons, tout ceci formait une seule clameur. Au milieu du rugissement des métaux qu’on martelait et coupait, des centaines de cheminées disparates déjetaient une vapeur fétide. Le long des môles couverts de dépôts et de constructions à l’aspect d’instruments de torture – tant de crochets et des chaînes ballaient parmi ces semblants de tours Eiffel – on voyait des péniches et des vapeurs, suant de la poussière du coke qu’on avait déchargé.
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Comme le « matin » de Mons, un port promet toujours. Son monde est plein d’une signification masquée qui descend des grues géantes en pyramides de ballots, qui est semée parmi les mâts, pressée auprès des quais par les flancs de fer des navires, là où, dans les fentes profondes entre leurs bords étroitement serrés, l’eau verte de la mer gît dans l’ombre, silencieuse comme un livre ouvert. Sans savoir s’ils doivent prendre leur essor ou tomber, des nuages de fumée roulent hors des énormes cheminées ; des chaînes tendent et contiennent la force des machines, dont un mouvement suffit pour que l’eau paisible sous la poupe soit déchirée par un monticule.
Quand j’entre dans un port, il me semble distinguer sur l’horizon, derrière le môle, les rivages des pays vers lesquels sont orientés les beauprés des navires qui attendent leur heure : les rumeurs, les cris, une chanson, le glapissement démoniaque d’une sirène – tout est empreint de passion et de promesse. Et au-dessus du port, au pays des pays, dans les déserts et les bois du cœur, dans les cieux des pensées, luit l’Irréalisé, cerf mystérieux et merveilleux d’une chasse éternelle.
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Le fait d’avoir ainsi brûlé mes vaisseaux se répercuta aussitôt dans mon cœur et dans mon esprit : je sentis mon cœur chavirer et je compris que je venais d’agir inconsidérément. Tenter de faire s’ouvrir à nouveau le mur de la bibliothèque n’était d’aucun fondement : je n’avais plus devant les yeux qu’un cul-de-sac maçonné de pierres carrées qui ignorait ce que voulait dire « Sésame » et ne présentait aucun point de sa surface qui éveillât l’envie d’appuyer dessus. Je m’étais moi-même pris au piège. Mais à ce désagrément venait se mêler un sublime sentiment de demi-terreur (nous donnerons à la deuxième moitié le nom de jubilation) : celui de me trouver seul en un lieu interdit et secret. Si je redoutais une chose, c’était uniquement la peine immense qu’il me coûterait de me tirer du mystère pour retourner à l’évidence ; au cas que je fus découvert ici par les maîtres de cette maison, je comptais adoucir mon sort en leur rapportant la conversation que j’avais surprise et le désir naturel que j’avais conçu de me cacher. Après avoir ouï pareil entretien, même une personne peu dégourdie devait incliner au soupçon.
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« Le vent soufflait… », ayant écrit ces mots, je renversai l’encrier d’un geste maladroit, et la couleur de la petite flaque brillante me fit ressouvenir de la noirceur de cette nuit-là, quand j’étais couché dans le poste d’équipage de « L’Espagnole ». Cette coquille de noix jaugeait à peine six tonneaux et avait servi à transporter depuis Mazabu une cargaison de poisson séché. Certains aiment l’odeur du poisson séché.
Le bâtiment tout entier était imprégné de cette horreur. Allongé seul dans le poste d’équipage, le hublot obturé par un chiffon, j’étais en train d’examiner, à la lueur d’une chandelle soustraite à la vigilance du capitaine Gros, la reliure d’un livre dont les pages avaient été arrachées par quelque lecteur pratique et dont je n’avais retrouvé que la couverture.
Sur la face intérieure était écrit à l’encre rouge :
« On peut douter qu’une personne sensée se décide à lire pareil livre, où tout n’est qu’invention ».
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"Sur toute chose s'était appesantie l'empreinte de la putréfaction et du silence. Une audace inouïe était passée comme un souffle de porte en porte, cyclone formidable, invincible qui s'était détourné aussi facilement que s'écrase une coquille sous le talon."
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