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3.45/5 (sur 364 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Poitiers , le 02/09/1975
Biographie :

Alexandre Lacroix grandit à Paris. Il commence à écrire très tôt, dès l'enfance - une passion assidue et jamais démentie. Après un double cursus en Économie et en Philosophie à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne, il est admis à Sciences-Po dont il est diplômé en 1998.

La même année, il publie son premier roman, " Premières volontés ", chez Grasset, un récit autobiographique qui relate le deuil de son père et sa propre éducation sentimentale. Avec des amis, il lance une éphémère revue littéraire baptisée Bottom, qui publie des textes inédits de Christophe Honoré, Arnaud Cathrine, Karim Sarroub, Brigitte Smadja, Emmanuel Darley, Vincent de Swarte, Geneviève Brisac…

Depuis 1999, il est chargé d'un enseignement de Lecture-Écriture à l'Institut d'Études Politiques de Paris. Après avoir donné au bout de quelques mois sa démission à un poste de " planneur stratégique " dans une agence de publicité, il quitte Paris pour habiter dans un village de Bourgogne.

Jusqu'en 2005, il se consacre presque exclusivement à l'écriture. Il anime occasionnellement des ateliers d'écriture et écrit pour un journal disparu et inclassable intitulé L'Imbécile, créé par Frédéric Pajak.

A l'été 2005, Alexandre Lacroix revient à Paris avec le projet de lancer le premier magazine français de philosophie, à l'invitation du jeune " patron de presse " Fabrice Gerschel. Le premier numéro de Philosophie magazine paraît en avril 2006. Le titre remporte le Prix du Meilleur Magazine 2007 et se fait notamment connaître par la publication d'un dialogue entre Michel Onfray et Nicolas Sarkozy.

Aujourd'hui, Alexandre Lacroix est rédacteur en chef de Philosophie Magazine et continue à enseigner la littérature à Sciences Po.

Le 26 août 2009 est paru le roman d'Alexandre Lacroix, intitulé "Quand j'étais nietzschéen" (Flammarion), ainsi que l'édition de poche de "De la supériorité des femmes" (J'ai lu). Ces deux romans constituent les deux premiers volets d'une trilogie autobiographique, dans laquelle l'auteur évoque ses passions.

Il vit à Paris avec sa femme Chiara, et il est le père de deux garçons.
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Source : www.alexandrelacroix.com
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Bibliographie de Alexandre Lacroix   (38)Voir plus


Entretien avec Alexandre Lacroix à propos de L`homme qui aimait trop travailler :



Le héros de L’homme qui aimait trop travailler est employé dans une grande entreprise. Vivant uniquement pour son travail il ne trouve son bonheur que dans les activités lui permettant de laisser ses émotions de coté. Si la société de consommation semble nous véhiculer des valeurs hédonistes, pourquoi avoir choisi, au contraire, de mettre en scène une homme presque dénué de toute humanité ?


A travers le héros de ce roman certes un peu âpre, Sommer, j’ai voulu analyser les ressorts de l’addiction au travail. Comme toutes les addictions, celle-ci commence par le plaisir. Ainsi, il n’y a aucune contradiction avec l’hédonisme cher à notre époque, du moins au départ. Sommer prend plaisir à travailler. Il aime l’entreprise, le multitasking, les mails, la nervosité générale qui règne en open space. Il se sent exister à travers ce qu’il fait. Les problèmes commencent pour lui quand ce plaisir se mue en dépendance. On prend plaisir à boire quelques verres de vin, mais l’alcoolisme est une autre histoire, plus sombre. Sommer a peu à peu basculé dans cette autre dimension : sa dépendance au travail est si intense qu’elle le consume. Vous dites qu’il est dénué d’humanité, ce n’est pas tout à fait cela. Il est aliéné. Littéralement : il est devenu étranger à lui-même, à ses émotions, à force de travailler.



Le résumé de l’ouvrage fait référence à la notion de “servitude volontaire”. Dans le Discours sur la servitude volontaire d`Étienne de La Boétie c’est le tyran qui incarne l’autorité. Aujourd’hui, qui a remplacé le tyran selon vous ?


Etienne de la Boétie, ami de Michel de Montaigne, a en effet écrit ce court essai révolutionnaire, le Discours sur la servitude volontaire. Il montre que les sujets ne sont pas réduits à la servitude par un « méchant » tyran. Mais que c’est eux-mêmes qui ont choisi la servitude, par les pouvoirs imaginaires qu’ils attribuent au tyran. La Boétie interroge notre respect et notre pusillanimité excessifs devant le pouvoir. C’est toujours d’actualité : aujourd’hui, beaucoup de gens sont à eux-mêmes leur propre tyran, et c’est le cas de Sommer.



L’efficacité est-elle devenue une règle aujourd’hui ?


Le ressort du capitalisme est la croissance. La croissance, c’est l’augmentation de la production nationale de valeur ajoutée par unité de temps constante, donc en un an. La durée d’une année n’est pas modifiable. Autrement dit, croître, c’est faire mieux d’une année sur l’autre : cela revient une intensification du temps de travail. C’est pourquoi notre époque est marquée par l’accélération, plus encore que par l’efficacité (que je vois plutôt comme une valeur positive). L’accélération peut mettre les corps des employés et des cadres à très rude épreuve, et c’est ce que raconte la deuxième partie de mon roman, et son final (que je ne dévoilerai pourtant pas).



La vision du monde du travail qui se dégage de votre roman est très noire. Est-ce ce regard désapprobateur sur le commerce contemporain qui vous a poussé à choisir la carrière philosophique ? Est-elle, à vos yeux, totalement à l’abri de ce genre de dérives machinistes ?


Ce roman est une fable. Tout se passe en une journée, journée au cours de laquelle mon héros va passer d’une domination sans limite à une « débandade » totale. On le croit très fort, il se révèle vulnérable. Mais je travaille en entreprise depuis dix ans, en open space – en tant que directeur de la rédaction de Philosophie Magazine. Je n’ai donc rien contre l’entreprise ni contre le commerce. J’essaie de présenter un cas extrême, pour faire réfléchir sur le risque d’aliénation par le goût immodéré du travail, c’est tout.



Comment gérez vous le passage de l’écriture philosophique à l’écriture romanesque ? La démarche est-elle fondamentalement différente ?


Je n’ai écrit qu’un seul essai de philosophie, Comment vivre lorsqu`on ne croit en rien ? Tous mes autres livres sont des romans ou des essais sur la littérature. Cependant, L’homme qui aimait trop travailler est un peu entre les deux, en tant qu’il y a cette dimension de fable. Le personnage est un archétype, un anti-modèle pour inciter à réfléchir.



Vous avez déjà écrit un essai concernant le fait de ne croire en rien. C’est là votre philosophie ? Pourquoi ce thème revient-il dans vos écrits ?


Nous avons sous les yeux les méfaits du fanatisme religieux. Certains se réfugient dans le dogmatisme, religieux ou autre (politique, scientiste…), pour fuir le sentiment que le monde et la vie n’ont aucun sens. Je pense au contraire qu’il est possible d’être sceptique, c’est-à-dire de vivre dans une certaine ouverture féconde en s’appuyant sur le fait que le monde et la vie n’ont aucun sens. Prendre appui sur son doute est une attitude plus féconde que d’adopter un dogme, selon moi. Je me désole que cette position sceptique, qui met l’incertitude au-dessus de la croyance, devienne de plus en plus minoritaire, et que les gens rêvent d’épouser une erreur.



Si demain, une grande entreprise vous propose un poste important au sein de son département marketing, seriez-vous susceptible de l’accepter ?


Cette question est plutôt derrière moi. Après mes études, j’ai travaillé brièvement dans la pub. Ce premier boulot était bien payé. J’ai démissionné avant la fin de la période d’essai pour partir vivre à la campagne, lire et écrire, et vivre avec peu d’argent.



Alexandre Lacroix et ses lectures :



Quel livre vous a donné envie d`écrire ?


Très jeune, Un bon petit diable de la Comtesse de Ségur et le recueil des Contes Persans, chez Gründ.



Quel est l`auteur qui vous aurait pu vous donner envie d’arrêter d`écrire (par ses qualités

exceptionnelles...) ?


Les grands auteurs me font aimer l’écriture davantage.



Quelle est votre première grande découverte littéraire ?


Les poèmes d`Arthur Rimbaud .



Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?


Je relis rarement, voire jamais, sauf pour travailler un cours, mais alors par fragments.



Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?


Je n’ai pas honte ! Lire n’est pas une prestation mondaine en vue de satisfaire je ne sais quel auditoire. Si un ouvrage m’intrigue, je le lis.


Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?


Mon corps et moi de René Crevel.



Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?


Belle du Seigneur d’Albert Cohen.



Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?


Non.



Et en ce moment que lisez-vous ?


C’est très circonstanciel, mais puisque vous me le demandez : Matériaux pour l`histoire de la théorie des couleurs, de Johann Wolfgang von Goethe.




Entretien réalisé par Marie-Delphine

Découvrez L`homme qui aimait trop travailler de Alexandre Lacroix aux éditions Flammarion :



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https://fr.ulule.com/philosophie-magazine/ Lorsque Philosophie magazine s'est lancé en 2006, avec une petite équipe de journalistes emmenée par un rédacteur en chef et un éditeur novices, Alexandre Lacroix et Fabrice Gerschel, les chances de succès étaient minces. Peu de moyens financiers, quasiment aucune publicité… mais un projet à la fois utopique et évident : associer philosophie et journalisme afin d'éclairer les grands enjeux de l'actualité, dans toutes ses dimensions, et rendre accessible 2 500 ans de patrimoine philosophique pour un public non initié, auquel nous ne demandons aucune connaissance préalable, juste de la curiosité. Aujourd'hui, alors que nous travaillons sur une nouvelle formule, nous faisons naturellement appel à vous. Que vous soyez abonné, lecteur, ancien lecteur, ou que vous ne nous connaissiez pas encore ! https://fr.ulule.com/philosophie-magazine/

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Citations et extraits (271) Voir plus Ajouter une citation
C’est au contact des très jeunes enfants, seulement, que l’on mesure ce que nous avons perdu avec la maturité et à quel point nous sommes devenus blasés ; mais eux ont le pouvoir de faire tomber la cataracte que l’expérience a déposée sur nos yeux et de nous faire remarquer à nouveau les avions de ligne dans le ciel – pour ne rien dire des hélicoptères, ces bourdons métalliques qui ressemblent aux émissions d’une civilisation extraterrestre ! (pages 51-52)
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Les fatigues de l’alcool n’affectent que les canalisations, les fatigues intellectuelles font vibrer les tuiles du toit, les fatigues sportives sont comme un grand soleil d’été chauffant les murs à bloc, séchant humidité et moisissures. Mais les fatigues liées à l’éducation des très jeunes enfants minent les bases mêmes. (pages 248-149)
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C’est une charge trop lourde pour nos seules épaules. On ne peut devenir parent que par insouciance. (page 136)
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Avignon, que je connaissais de fond en comble, me faisait l’effet d’une cité où des milliers d’anges déchus se consumaient. Au moins, à la campagne, si les gens n’étaient pas plus riches, ils étaient plus sains. (page 112)
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Je n’en sais rien, et d’ailleurs, étant un homme, il est bien probable que je ne connaîtrai jamais rien d’équivalent aux souffrances de l’accouchement. Ce qui, par rapport aux femmes, force à l’humilité. (page 151)
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Cette manière d’engager la conversation, par ce qu’elle avait de décalé, hors contexte, témoignait bien de la mentalité masculine : même quand une femme est en train d’accoucher à côté d’eux, les hommes sont à la fois présents et absents, ils flottent, pensent à autre chose. (page 14)
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Le 26 avril 1335, le poète Pétrarque s’est élancé de Malaucène, bien avant d’autres, pour gravir à pied le mont Ventoux, ce qu’il raconte dans une lettre. Il s’agit, à ma connaissance, du premier témoignage qui nous soit parvenu d’une randonnée en montagne entreprise pour le plaisir, pour les joies de la contemplation. (page 123)
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Alexandre Lacroix
Les philosophes ont su imaginer des voies pour s'opposer à l'autorité de façon habile, c'est à dire sans entrer en collision frontale avec elle mais en lui échappant, voire en se plaçant au-dessus d'elle.
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Alors oui, pour revenir à votre question, appartenir au modèle dominant, se trouver dans la norme hétérosexuelle, est rassurant au moins au départ, car on n’a pas à se justifier, on n’est pas non plus montré du doigt, mais ça ne garantit nullement qu’on trouvera le bonheur. (page 378)
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Alexandre Lacroix
Les démocraties sont plus lentes que les despotes à entrer en guerre, à cause du pluralisme, de la délibération qui leur est nécessaire avant de recourir à la violence, donc elles accusent un temps de retard.
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