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Critiques de Alexis Salatko (60)
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Notre-Dame des Queens

Certains ouvrages se dressent, solitaires, dans le paysage littéraire.

D'autres, en meute, le traversent, multitudes de pages dues à un ou plusieurs auteurs, rassemblés par thèmes ou par époques, mélangés par envie ou confusion.

Quelques-uns, plus rares, vont par couple, qui semblent ne devoir pas être dissociés, devoir toujours être réunis pour être vraiment achevés.

"Notre-Dame des Queens" est de ceux-là, qui ne peut se conjuguer qu'avec "Rêves d'escale, escales de rêve" d'Alexis Salatko.

"Notre-Dame des Queens" est le nom prêté à dame Transatlantique, la gare maritime du port de Cherbourg.

Le livre est-il travail d'écrivain ou rêve d'enfant ?

Peut-être ... certainement, est-il les deux !

Dès 1869, les premiers paquebots ont fait escale à Cherbourg.

La première gare maritime y fût construite en 1912, et le port aménagé en eaux profondes, protégé par une nouvelle digue entre 1923 et 1927.

Le 30 juillet 1933, le président de la république Albert Lebrun inaugura la splendide et nouvelle gare maritime ...

"Notre-Dame des Queens" est un album, mélange de textes, de photographies noires et blanches, d'Histoire et de poésie.

Le photographe est Guillaume Brown.

Le narrateur est Alexis Salatko.

L'album est magnifique.

Il est aussi gris qu'un de ces ciels aux nuages bas que seul le Cotentin connaît vraiment.

Seul, il en possède la recette, la délicate alchimie, l'exacte nuance de gris.

La plume d'Alexis Salatko est sorcellerie !

Elle redonne la vie, fait voyager dans le temps, déconcerte et subjugue.

"Le brouhaha s'amplifie, vous étiez seul et vous voilà devenu des milliers, un parmi des centaines et des centaines d'autres, attendant, entassés comme du bétail sous l'étincelante toiture en cuivre, d'embarquer pour le Nouveau-Monde" ...
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Rêves d'escales, escales de rêve ; suivi de Sur..

Parce que les bretons s'en vantaient, certains ont cru que le bout du monde se trouvait, là-bas, tout au bout du pays d'Armorique.

Certains le croient encore.

Mais le bout du monde ... vieil os rongé par les marées en haut de la carte, paradis perdu des grands transatlantiques d'autrefois ... le bout du monde est ailleurs.

Cherbourg est aujourd'hui un port fantôme où il n'arrive plus jamais rien.

Cherbourg est le personnage central de ce livre, de ce livre coincé entre hier et aujourd'hui, de ce livre noyé de brume et de poésie.

Tout au long de ma lecture, l'impression ne m'a pas quitté qu'un vieil ami me tapait sur l'épaule.

Ce livre, à la fois évocation fidèle et rêve flottant, est un ouvrage inattendu, original et attachant.

Alexis Salatko, est un enfant de Cherbourg.

Il y a fait du patin à roulettes sous la grande verrière de la vieille gare maritime, il y a rêvé à l'effervescence qui régnait autrefois en ces lieux enchantés.

C'est que, vieux baluchons d'un côté, malles de milliardaires de l'autre, un monde est passé à Cherbourg.

Rassemblée ici le temps d'une escale éphémère, une foule est venue des quatre points cardinaux, des deux tropiques et des deux pôles, de l'équateur et d'ailleurs.

Le bout du monde est ici, dans ces rêves d'escales, dans ces escales de rêve ...

Malgré quelques petites longueurs, le livre est réussi.

Il est un joli morceau de poésie en prose, de nostalgie heureuse.

Son auteur, parfois tendrement ironique, y fait passer son amour pour ce "timbre poste de terre à pommiers" qu'est le bout de notre presqu'île.

La plume d'Alexis Salatko est élégante.

L'évocation de Blaise Cendrars, par exemple, est un pur moment de délicate littérature.

Le hasard, une fois de plus s'est fait chance, il m'a fait découvrir ce petit ouvrage, son auteur et les éditions "Isoète" du 19 rue Orange à Cherbourg ...
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Jules et Joe

Le père et le fils parti trop tôt



Dans «Jules et Joe» Alexis Salatko retrace les vies du cinéaste Jules Dassin, de son épouse Melina Mercouri et de leur fils, le chanteur Joe Dassin. L’occasion de revenir sur trois carrières exceptionnelles, mais aussi de retraverser le XXe siècle et de plonger dans une intimité où les bonheurs se mêlent aux regrets.



Le chapitre initial de cet émouvant roman se déroule en août 1981 et raconte le pèlerinage de Jules Dassin sur la tombe de son fils Joe. Dans ce Forever Cemetery de Los Angeles, la stèle funéraire indique sobrement «5 NOVEMBRE 1938-20 AOÛT 1980». Quelques objets ont été déposé par des admirateurs et viennent rappeler à cet homme meurtri qu'il n'est pas seul avec sa peine.

Après cette ouverture, Alexis Salatko revient à la chronologie et retrace les débuts new-yorkais de l'émigré Jules Dassin. Nous sommes en 1938. Le jeune homme est «acteur-ouvreur-chaisier dans un théâtre yiddish populaire en alternance avec ses camarades Nicholas Ray, Joseph Losey, Elia Kazan, Edward Dmytryk, tous fils de déracinés comme lui.»

Son épouse, Béa Launer, émigrée tout comme lui, est violoniste. Pour l'heure, elle répète avec un ventre bien rond. Dans quelques jours, elle mettra au monde Joseph Ira qui passera à la postérité sous le diminutif de Joe.

Mais en cette période de montée des tensions, il faut d’abord penser à survivre, car la crise s'installe durablement.

La solution viendra de Californie et des studios d'Hollywood où Jules finit par trouver du travail. Il sera l'assistant du grand Alfred Hitchcock avant de se voir proposer un premier contrat par la MGM. Après des films de commande, il est engagé chez Universal et réalise deux films qui seront modifiés par la production. Il rejoint alors la Fox et réalise son premier grand film, Les Forbans de la nuit, «œuvre surgie du chaos, qui deviendra pourtant un classique du film noir.» Malgré les heures sombres et la Guerre, son avenir semble tout tracé. Mais c'est oublier le sénateur McCarthy et sa chasse aux communistes. Jules est contraint de s'exiler. Il va d’abord retrouver Hitchcock en Angleterre. «Après Londres, ce fut Rome et, après Rome, Genève puis Paris.» Période mouvementée qui va contraindre Jo et ses sœurs à changer onze fois d'école. Jules était traqué et menacé, mais pouvait poursuivre sa carrière de cinéaste en Europe. C'est en 1955 avec Du rififi chez les hommes, Prix de la mise en scène à Cannes, qu'il obtiendra la reconnaissance de ses pairs et fera la rencontre de la flamboyante Melina Mercouri. «Entre la déesse grecque aux yeux d’or et le réalisateur slave aux yeux bleus, c'était désormais à la vie à la mort. (...) Chiffres en main, elle lui avait expliqué qu'ils étaient prédestinés: ils s'étaient rencontrés un 18 mai, il était né un 18 décembre et elle, un 18 octobre, bref c'était inscrit dans les astres, les dieux s'étaient manifestés, ils n'y pouvaient rien, le destin avait frappé.»

Il quitte Béa, amadoue son fils en lui trouvant un rôle dans son nouveau film aux côtés de Melina et marche vers la gloire.

Avec Jamais le dimanche et sa chanson qui fera le tour du monde et obtiendra un Oscar, Les enfants du Pirée, Melina décroche le Prix d'interprétation féminine à Cannes. «Devant l'entrée des cinémas qui affichent DASSIN-MERCOURI, LE DUO DU SIÈCLE en lettres géantes, il y a de quoi perdre la raison, c'est humain. Nous nous laissâmes délicieusement submerger par ce tsunami d'honneurs et d'émotions.»

Le paradoxe veut que ce soit aussi durant cette époque grecque que Joe, qui s'est longtemps cherché, va trouver sa voie, sa femme, quelques amis fidèles. Finie les apparitions dans les films de son père, il est désormais un chanteur adulé qui voit les succès s’empiler. Mais pour le fils de Jules, cette gloire ne vient couronner qu’un art mineur.

Si le roman est parfaitement documenté et court sur tout le XXe siècle, ou presque,

Alexis Salatko choisit de le centrer sur les rapports père-fils. Il donne ainsi à ces trois biographies – celles de Jules, Joe et Melina – l’aspect d’une quête intime. Et touche au cœur. Pour cela, il n’a pas besoin de s’embarrasser de fioritures ou de grandes envolées lyriques. Les faits, racontés dans un style classique et limpide, suffisant à dire la douleur d’un père, ce sentiment de culpabilité qui l’habite désormais. Nous sommes alors bien loin de l’hagiographie ou de livre pour les inconditionnels du chanteur des Champs-Élysées, de l’Amérique ou de L’été indien, mais bien plus proches de la tragédie… grecque.

NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.




Lien : https://collectiondelivres.w..
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China et la grande fabrique

Une visite récente du musée du four des Casseaux, à Limoges, m’a rappelé ce livre, lu il y a longtemps. L’envie de le reprendre avec encore dans les yeux, les images de ce four monumental, dernier exemplaire subsistant des neuf qui se dressaient au même endroit.



C’est l’histoire de Marc Dubreuil par la voix de sa fille, China. C’est aussi celle d’un tout nouveau fabricant de porcelaine de Limoges, américain : Simon Hollister, convaincu que New York et l’Amérique sont un magnifique débouché pour cette production d’un luxe délicat. Il est difficile de ne pas voir la famille Haviland en filigrane derrière le nom de Hollister...



Marc Dubreuil, misérable petit limousin né de père inconnu, qui subsistait difficilement dans une mégisserie de bord de Glane, et y subissait la tyrannie d’un patron vicieux, s’est enfui après une rencontre inattendue avec Corot et sa peinture de grand air : révélation de sa propre envie de dessiner et peindre. Il a gagné Limoges, pensant y trouver le moyen de donner libre cours à sa passion naissante.



Il réussit à s’introduire dans l’entourage de Simon Hollister qui a lancé la construction de sa fabrique, monumentale, et recherche des peintres modernes pour renouveler les motifs trop classiques de la porcelaine de Limoges. Marc fait son apprentissage sous la houlette d’un merveilleux et vieil artiste qui ne jure que par les réalisations japonaises, d’une infinie délicatesse de dessins et de couleurs sans pareil.



Roman d’aventures (oui, oui, à Limoges !), d’amours, de plongée dans le passé ouvrier de la ville au milieu du dix-neuvième siècle, d’évocation des premiers mouvements de révolte et de grève, et de descriptions des porcelaines et de leur fabrication. A défaut de prendre le train, ceux qui aiment Limoges, ou ont envie de découvrir son histoire, se régaleront avec les deux premiers tiers de ce livre !



La dernière partie, un peu rapide sur les évènements, d’une psychologie sommaire quant aux personnages, et tristounette dans son état des lieux autour des années 1920, me laisse un peu chagrine. Mais il n’en reste pas moins que le grand four des Casseaux, découvert il y a quelques jours au bord de la Vienne, a retrouvé vie, activité, chaleur et bruit, grâce à ce texte sous mes yeux.

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Horowitz et mon père

Dimitri Radzanov et Horowitz : deux grands talents sortis tout droit du Conservatoire de musique en Ukraine. Dès leur plus jeune âge, une rivalité nait entre les deux jeunes hommes. Ils se perdent de vue mais des dizaines d’années plus tard, la popularité d’Horowitz grandit va le mettre sur le devant de la scène. La mère de Dimitri va tout faire pour le pousser à dépasser Horowitz.

L’histoire est racontée par le fils de Dimitri : ces deux virtuoses musicaux ont traversé la révolution russe ainsi que la seconde guerre mondiale. Arrivé en France en 1918, Dimitri a totalement laissé de côté la pratique du piano, au grand désespoir de sa mère. Cette mère qui est aussi très dure avec sa belle-fille, n’hésite pas à user de tous les moyens, même les plus sournois. Horowitz et mon père est une lecture tranquille, il a manqué un peu d’entrain pour l’apprécier tout à fait. Le début est très lent, au contraire de mes dernières lectures. J’ai aussi été perturbée par les différentes façons de nommer une personne, Horowitz, Dimitri ou la grand-mère ont chacune 3 ou 4 noms ou surnoms distincts. Dommage qu’il a fallu attendre la fin pour avoir un regain d’intérêt pour cette histoire.

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Céline's band

Proust, Céline et Gide, voici trois écrivains avec lesquels j'ai les pires difficultés à comprendre l'engouement littéraire qu'ils ont suscité. Aussi, cet ouvrage si bien construit, si haletant et perpétré avec un style "célinien" m'a-t-il permis d'approcher un peu la réalité du personnage et de son époque. Une vie qui valait sans doute d'être vécue, même si on est quand même très content qu'elle ne soit pas tombée sur nous.
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Horowitz et mon père

Grosse deception en ce qui me concerne. Ce livre avait pourtant un peu tout pour me plaire (Horowitz, Rachmaninov, l'histoire avec un grand H, l'Europe orientale...). Mais je n'ai guère accroché à cette chronique familiale racontant l'histoire de Dimitri, collègue de conservatoire d'Horowitz. Mais l'un cartonne, l'autre pas et se retrouve en France. C'est son fils qui nous raconte l'histoire de ce père qui, peut-être est passé à côté de quelque chose...Tout est rapide, très rapide, trop rapide.

Le livre qui se présente comme un roman m'est apparu comme un récit familial écrit sommairement et non sous la forme plus élaborée d'un roman. L'organisation en paragraphes courts pourrait même évoquer un livre dicté puis réécrit rapidement. Et puis si c'est une autobiographie pourquoi faire aussi court alors que ces existences semblent avoir été riches. Autobiographie ou roman, peu importe finalement, il m'a manqué quelque chose.

J'avoue donc ma perplexité. Et pourtant il y avait matière à un beau récit car certains épisodes sont passionnantes, à limage de ce concert d'Horowitz à Carnegie Hall...

A lire pour s'amuser si l'on veut l''introduction amicale mais finalement ambiguë de Roman Polanski qui conseille ce livre.
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Jules et Joe

Quelque chose me plaisait dans cette histoire, quelque chose susceptible de me toucher. Cinéphile invétéré j'aime beaucoup certains films de Jules Dassin, surtout sa trilogie noire des fifties La cité sans voiles, Les forbans de la nuit, Les bas-fonds de Frisco, fabuleuse. Son fils Joe, chanteur à succès, m'a toujours semblé beaucoup moins lisse que l'image que le public avait de lui. Citoyen américain il avait peut-être l'étoffe d'un folksinger comme je les aime. Mais ce qui m'attirait c'était surtout le rapport père-fils, sachant que les deux s'étaient finalement assez peu rencontrés toutes ces années. Se connaissaient-ils vraiment? Question valable pour le commun des mortels, dont manifestement n'étaient pas nos deux personnages mais j'y reviens.



J'ai apprécié l'an dernier La dernière enquête de Dino Buzzati où Alexis Salatko rendait un modeste mais subtil hommage à l'auteur du Désert. Son talent n'est pas vraiment en cause. Voilà la vérité. Ni Jules ni Joe ne m'ont ému ou touché au long de cette longue confidence du père, Jules Dassin, enfant d'immigrés juifs ukrainiens (il semblerait que le nom Dassin vienne d'Odessa, ces choses étaient monnaie courante à Ellis Island). Il y évoque par bribes son entrée dans le monde du cinéma, assistant d'Hitchcock, ses premiers films, son mariage et ses trois enfants dont un garçon, Joe, l'aîné, qu'il verra grandir en partie puis de loin en loin. Joe ne prend jamais la prole dans ce récit mais Jules en parle, presque comme d'un cousin éloigné sur lequel il est très critique. Etudes de Joe, premier démons, comme tout le monde, et dépendance ultra-rapide, comme beaucoup. Et dire que ctte génération se croyait rebelle. Chimères.



Et puis le maccarthysme tient une grande place bien sûr, Dassin en ayant été une des principales victimes. Sur ce sujet de la chasse aux sorcières j'ai déjà eu l'occasion de dire ma circonspection. Mais c'est la diva Melina Mercouri qui m'a laissé l'impression la plus désagréable. Une icône, une diva. Justement là encore je me méfie des divas et des icônes. Un peu intouchable, il est vrai qu'elle fut une grande résistante au régime des colonels, menacée dans sa vie même, puis devenue une institution à l'égal du Parthénon. Ca ne suffit pas à m'émouvoir, encore moins à m'envoûter. Peu enclins à la modestie père, fils et belle-mère n'ont pas tardé à susciter mon ennui, peut-être pas vierge de toute mauvaise foi. Je me suis octroyé depuis bien longtemps le droit à une touche raisonnable de ce sentiment bien pratique.



Nous en resterons là, aux grands films de Jules, ce qui n'est pas si mal.Aux gentilles ballades de Joe, souvent des standards du folk adaptés en français, au moins au début. Quand même déçu par Jules et Joe.
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La dernière enquête de Dino Buzzati

1970 .Dino Buzatti vient d'apprendre qu'il souffre d'une maladie qui , inéluctablement , va l'emporter et ,simultanément, est envoyé par son journal pour enquêter en Calabre sur une étrange épidémie de paralysie. Au fil du récit , l'auteur nous amène à douter , comme le héros, de la réalité de cette histoire . Alexis Salatko s'est amusé , dans un conte « à la manière de » à revisiter la biographie et l'oeuvre de Buzzati . Cet aspect du livre est le plus intéressant (on y voit passer le Duce, Camus, Gainsbourg et Jane ...) bien qu'un peu appliqué , car le côté fantastique est bien loin de la finesse et de l'ambiguïté du modèle.
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Horowitz et mon père

Ce court récit nous relate l'histoire de Radzanov et d'Horowitz en tant qu'élèves du conservatoire de Kiev.

Les descriptions des duels enflammés de rapidité au piano sont très détaillées, ce qui rend très vivants ces passages du livre.

L'ensemble du roman est ponctué par de petites piques d'humour qui rendent la lecture fluide et agréable.

J'ai trouvé très intéressant le parallèle entre l'aventure d'Horowitz, parti aux Etats-Unis, et la vie de Radzanov, resté en URSS.

Les nombreuses anecdotes qui tombent au fil du texte enrichissent un livre, qui plaira autant aux lecteurs férus de musique classique qu'à ceux qui n'y connaissent rien.

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Jules et Joe

Alexis Salatko raconte la vie de Jules Dassin à travers le récit de la journée anniversaire de la de mort de son fils, Jo Dassin, le 20 août 1981. Alors, chaque année le 20 août, le narrateur décrit, comme un journal, sa vie de cinéaste, celle de sa première femme Béatrice Launer, violoniste réputée, puis la naissance de leur famille avec Joe, l’aîné, etc.



En chapitres courts, Alexis Salatko brosse les dégâts du maccarthysme dans le Hollywood des années cinquante et la faille dans la vie de Jules. Puis arrive la rencontre avec la fulgurante Melina Merouri, son divorce et son remariage. Parallèlement, Joe grandit et découvre ses combats mais aussi ses addictions, jusqu’à sa mort.



Évidemment, le fonds documentaire est fourni et richement mis en scène. Mais, au-delà des vies d’artistes, Alexis Salatko raconte la relation particulière d’un père originaire d’Odessa essayant de se faire reconnaître par sa patrie d’adoption et qui incarne difficilement son rôle de père. Les rendez-vous manqués sont autant de pierres qui pèseront dans la vie du fils.



Alors, lorsqu’à son tour, Joe découvre qu’il rencontre du succès, il ne saura jamais si celui-ci n’est pas dû à la notoriété de son père. Un père si absent qu’il en est omniprésent dans une chanson de son fils: ” L’Amérique, L’Amérique si c’est un rêve, je veux rêver “, lui, l’américain à part entière.



“Joulius”, comme le dit Melina, est un homme trop préoccupé par sa propre reconnaissance, fils de barbier de Harlem, qui ne parle jamais de ses blessures et de ses difficultés à vivre son exil d’Odessa.



Puis apparaît la personnalité de Melina. Jeune, elle était une bimbo bouillonnante. Malgré l’acharnement de Jules, il sera difficile que son métier de comédien vienne combler toutes ses envies. Le portrait qu’en fait Alexis Salatko est attachant faisant ressortir les enjeux entre conscience politique et carrière artistique.



Alexis Salakto réussit parfaitement à montrer les failles de Joe. Il le présente comme un artiste à la conscience sociale affirmée, mais qui voulait soigner son manque de confiance par un perfectionnisme intransigeant. Joe voulait lui aussi réussir pour être reconnu par son père mais voulant vivre une vie, à pêcher et taper dans une balle blanche et dormir dans des lieux inconnus.



Le roman, Jules et Joe, est très réussi se lisant aisément et avec intelligence narrative, transporte de l’industrie cinématographique d’Hollywwod au milieu artistique français en passant par la dictature grecque. Mais, surtout, Alexis Salaktos en profite pour disséquer les conséquences, souvent invisibles, de l’exil. Un roman très agréable !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Horowitz et mon père

Un roman, le mot est important, qui prend donc des libertés avec l'Histoire de la musique au point de confondre Richard Strauss et Johan Strauss (page 179). Mais ce n'est pas grave car on est récompensé par l'humour et la sensibilité de Salatko qui nous emmène avec talent dans les coulisses de cet immense pianiste. On peut avec bonheur accompagner la lecture avec l'écoute du son magnifique 3ème concerto de Rachmaninoff, accessible à tous sur you tube :

https://www.youtube.com/watch?v=CHbf1CSUFvI

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Horowitz et mon père

Deux destinés d’enfants, deux talents prometteurs, confrontés aux soubresauts de notre monde, deux existences parallèles de pianistes, l’un dans l’ombre, l’autre dans la lumière…



Sur fond d’immigration russe et de tragédies d’exil, on suit le récit de deux vies jouées sur un coup de dé de la fatalité, offrant la gloire et les honneurs à certains et une vie d’amour familial à d’autres.

A l’aube de la vieillesse, à qui reviendra la sérénité ?



Les personnages sont slaves, ont « l’âme artiste et le cœur passionné ».

La grand-mère autoritaire, manipulatrice et monstrueusement égoïste, le petit fils solitaire et rêveur, en admiration devant un père magicien du clavier, une mère attentive, patiente et effacée.

Que de conflits mais aussi de tendresse dans cette famille là !



Alexis Salatko nous parle de fraternité et d’entraide, d’amour filial, de modestie, de devoir de mémoire.



Le titre est bien trompeur, on s’attend à une étude sérieuse et culturelle, on découvre une récit pétillant, une vraie friandise acidulée dont on se délecte à chaque page, le sourire aux lèvres et le cœur plein de tendresse et de nostalgie. Le sujet a beau être grave, le ton reste toujours joyeux

Une lecture légère, un ton piquant, plein d’humour.

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Horowitz et mon père

Comme le dit la chanson:

"C'est un beau roman,

C'est une belle histoire."

En effet, Horowitz et mon père est un livre qui se lit avec plaisir et qui ne présente aucune difficulté ou aucune rugosité. Mais c'est curieusement ce que je lui reproche le plus: on a affaire à un livre trop lisse, le genre de livre que l'on dévore rapidement (surtout si on possède de bonnes connaissances en musique classique) mais que l'on oublie tout aussi vite. L'évocation de l'entre -deux guerres et du milieu des émigrants russes est savoureuse mais l'impression de déjà-vu et de déjà-lu vient très vite à l'esprit; je pense entre autres à l'œuvre de Romain Gary en général et à l'évocation de sa mère dans La Promesse De L'Aube en particulier.
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Le parieur

Si mes deux précédentes lectures de rentrée littéraire m'avaient laissé quelque peu circonspecte, Le parieur a (enfin) réussi à retenir mon attention. Pourtant, j'avoue au départ m'être demandée où l'auteur allait nous emmener, nous promenant entre le présent et le passé d'Axel, pour finalement le mettre en scène dans un récit de sa vie à sa sauveuse. Je trouvais notamment Axel plutôt désagréable, imbu de lui-même, égocentrique, un poil antipathique donc.



Et puis peu à peu, Alexis Salatkos réussit à créer une atmosphère autour de ce roman inclassable, à la fois road-movie, roman initiatique, et même polar. Au fil des pages, le lecteur découvre en même temps que Marie-Angélique, cette sauveuse sortie de nulle part, l'histoire d'Axel, l'abandon de ses parents, la rencontre avec un réalisateur qui deviendra son modèle, jusqu'à la mort de son père dans de troubles circonstances.



Je ne vous en dévoilerai pas plus, car Le parieur mérite qu'on le découvre, qu'on se plonge dans son intrigue même si la fin paraît un peu simpliste et cousue de fils blancs, contrairement au début... En refermant Le parieur, j'avais un peu la même sensation qu'après avoir lu Intuitions... Un roman efficace, même s'il ne demeurera pas LE roman de l'année (ou alors je n'ai aucun nez... Mais avec mes allergies estivales, c'est aussi possible !).
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Jules et Joe

Jusqu'à présent j'avais beaucoup aimé les livres d'Alexis Salatko : "Tube, La fille qui hurle sur l'affiche, China et la grande fabrique ,Un fauteuil au bord du vide.".. Mais j'ai été déçu par celui ci. Certes l'écriture est agréable et les alea des relations père/fils et la douleur du deuil quand le fils part avant le père sont étudiés finement. Le livre est aussi habité par les personnages célèbres et quelques événements marquants de la fin du 20ème siècle

Mais raconter la carrière cinématographique de Jules Dassin, ses amours avec Melina Mercouri , et la vie trop brève de Joe Dassin son fils , cela ne me parait faire un roman .
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Folles de Django

J’ai aimé découvrir la vie de ce grand (le plus grand ?) jazzman. Sa vie swingue, elle brille, elle scintille, entre excentricités et petites folies au quotidien. Mais malheureusement, j’ai également trouvé que les choix narratifs swinguaient…. un peu mou.



En ouvrant le roman, j’ai immédiatement été charmée par la plume que j’ai trouvée colorée, vivante, et souriante… comme l’image que j’ai de ces Manouches (et de mon grand-père aux origines tziganes).



Mais après, les choses se sont un peu gâtées pour moi. En effet, j’ai trouvé l’écriture très inégale : parfois, des chapitres (trop rares) où l’on entendait résonner les accents de la voix de Django, mais surtout des chapitres (trop nombreux) où j’avais l’impression de lire une fiche encyclopédique résumant une année ou un épisode, une écriture trop « journalistique » et « technique » à mon goût, une écriture un peu froide et distante, qui manquait d’un petit supplément d’âme, du petit grain de folie de Django.



Par contre, du côté de la découverte du personnage en lui-même, là je n’ai point été déçue et j’ai aimé voyager entre les bistrots de Montmartre, Londres, New York, Bruxelles et même Blankenberge. En outre, on croise une multitude de clins d’œil aux grands noms qui ont fait cette époque : une brève référence à "La ruche" de Soutine et Modigliani, Louis Armstrong, Marcel Cerdan, Jean Cocteau, Joséphine Baker, Charles Trenet, ou encore Marlene Dietrich et Édith Piaf.



Et si tout ce monde semble rempli de paillettes, j’ai trouvé la vie de Django plutôt triste… Il ne m’a jamais semblé maître de son destin, ni jamais vraiment…. heureux. J’ai parfois aussi été un peu fatiguée par son côté d’éternel ado insouciant, lunatique, flambeur, galvaudant son talent, noceur, et de temps en temps arrogant. Un séducteur également, qui préfère « courir la jupe que le cachet ».





Malgré ces bémols, j’ai apprécié découvrir ce personnage flamboyant et je suis tout de même tombée sous le charme de cette histoire et surtout des femmes qu’on y rencontre, toutes « folles de Django ». Notamment Maggie, que j’ai trouvée forte, piquante et tellement passionnée.
Lien : http://www.plumedecajou.com/..
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Horowitz et mon père

Il y a quelque chose de savoureux dans le roman d’Alexis Salatko, lequel met en scène une famille d’origine ukrainienne chassée du pays peu avant la révolution d’octobre 1918. À cette époque, Dimitri Radzanov, le père du narrateur et Vladimir Horowitz, alors élèves du Conservatoire de musique de Kiev, s’affrontaient en duel au piano.



Horowitz est devenu célèbre, l’autre Vladimir, non. Et pourtant, ils avaient sûrement autant de talent l’un que l’autre. Mais ils n’ont pas choisi la même destination lorsque vint le moment de fuir, justement à l’heure où les États-Unis attendaient « leur » grand pianiste, celui qui allait faire la renommée des jeunes orchestres de ce pays en plein essor. Ce fut Horowitz.



Radzanov, quant à lui, après avoir séduit la femme qu’il convoitait grâce à la musique, mit son piano de côté afin de gagner sa vie, la gloire n’étant pas au rendez-vous. Mais la musique ne le quitta jamais tout à fait. Et sa mère, qui avait perdu son mari et son second fils, mit tous ses espoirs en lui, espérant qu’un jour il détrônerait le grand Horowitz. Ce qui donne lieu à des scènes où émotions et démesure sont telles qu’on se plait à les imaginer au cinéma — Alexis Salatko n’a-t-il pas été scénariste avant d’être romancier?



Oui, il y a quelque chose de savoureux dans Horowitz et mon père. Mais au-delà des anecdotes, des clins d’œil à l’Histoire et à la communauté russe de Paris, il y a un roman d’une tendresse infinie, celle qu’éprouve un garçon, puis celui-ci devenu un homme, pour son père, ce héros méconnu qui n’a pas connu le sort qui aurait pu être le sien. Un père qu’il décide d’emmener à New York où se produit le pianiste de renommée internationale.



Un voyage qui donnera lieu à un dénouement des plus inattendus et totalement imprévisible, et à quelques scènes encore une fois cinématographiques.



Un roman enlevant, nostalgique, mais jamais triste, où la musique a une part de choix, et où nous sont dévoilés quelques secrets plus ou moins bien gardés entourant celui qui fut l’un des plus grands pianistes du XXe siècle.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Horowitz et mon père

C'est le duel entre 2 pianistes de génie: Dimitri Radzanov et Horowitz s'affrontent au piano au conservatoire de Kiev. Chassés par la Révolution russe ils vont connaître des vies très différentes l'un aux USA, l'autre en France, après avoir servi dans la garde blanche. Radzanov va finir par fabriquer des disques pour son ancien rival Horowitz qui déchaîne les foules outre-Atlantique....Un récit passionnant, des personnages unis par la musique mais qui vont connaître des destins très contrastés, un destin de gloire pour Horowitz, une destinée plus modeste pour Radzanov...(éditeur: Fayard..sorti en livre de poche..)
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Céline's band

Pas réellement une biographie mais un survol de la vie de Louis-Ferdinand Destouches dit Céline. Rien de nouveau mais si pour vous Céline se résume à son voyage au bout la nuit ce livre est parfait pour découvrir (un peu ) qui était Céline . Un auteur fabuleux mais aussi un emmer**** de première !

On y croise bien sûr l'inévitable Bébert , Lucette , Marcel Aymé et autre Le Vigan , on suit Céline de la banlieue parisienne au Danemark en passant par Sigmaringen .

On trouve également pas mal de citations de Céline bien intégrées dans le fil du récit ce qui rend le livre plaisant à lire .
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