La camaraderie qui unit une équipe pendant toute la durée d'un tournage, au-delà des couches sociales, donne souvent l'illusion d'une amitié et d'une proximité, qui s'arrêtent net sitôt le film achevé. Dès le clap de fin donné, on se retrouve avec l'impression d'assister à son propre enterrement.
C'est le muezzin qui nous réveille le lendemain matin. Ou plus exactement : au beau milieu de la nuit, à quatre heures. On dit que son premier appel à la prière retentit au lever du soleil. Mais en l'occurrence, il fait encore nuit noire. « Allahu akbar! - Dieu est le plus grand. Il n'y a qu'un Dieu et Mohammed est son prophète », entend-on résonner dans toute la baie de Tipasa. En arabe, cela va de soi. Cette litanie a un côté poétique. Elle le serait encore plus si l'appel n'était pas porté par des haut-parleurs.
« En fait, les haut-parleurs sont interdits, nous explique Djamina, mais ils servent quand même. » Et tandis qu'elle se verse une deuxième tasse de café, les yeux dans les yeux avec le Che, elle murmure : « C'est bizarre. Mais ce qui me manquait le plus à Cologne, c'était le muezzin. »
Les prochaines élections auront lieu en 2019. On a peine à concevoir que Bouteflika, gravement malade, soit élu une cinquième fois. Qu'arrivera-t-il ensuite ? Personne ne se risque à émettre un pronostic. Une chose paraît claire : sans le soutien de l'Occident, l'Algérie aura du mal à y arriver. Soutien, pas intervention ! Il faut, de toute urgence, mettre en œuvre une plus forte coopération économique et culturelle, ainsi qu'une assistance à la minorité démocratique et aux femmes opprimées. Contribuer à la stabilisation démocratique de l'Algérie est aussi dans le plus pur intérêt de l'Europe. Car si l'Algérie tombe, tout le Maghreb bascule. Et ce jour-là, le problème débordera directement sur l'Europe.
Sur le trajet, nous parlons des écrivaines et écrivains contemporains. J'ai remarqué qu'on ne trouve pratiquement plus aucune voix féminine parmi eux, contrairement à ce qui se passait dans les années 1980 et au début des années 1990. Les femmes se sont-elles résignées ?
"Je sais que je peux me perdre dans ce métier, c est comme un poison qu on avale et auquel on s habitué mais qu on maudit"