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Critiques de Alon Hilu (10)
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La mort du moine

Je me suis dit qu'avant de parler du livre en lui-même qui s'intéresse à la célèbre "Affaire de Damas", il serait peut être bon de rappeler l'affaire. Je vais pas ramener ma fraise, hein, parce que l'Affaire de Damas, moi, j'en trave que pouic, je me suis juste mis à jour avant la lecture du roman histoire de connaître un peu le contexte. Parce qu'un des effets collatéraux de la littérature c'est aussi, par capillarité, de se prendre d intérêt pour des tas de trucs à la base éloignés de vous, ou je me trompe?



Bref, l'affaire de Damas, oui.

En 1840, à Damas, un moine catholique français et son domestique disparaissent. Suites à des dénonciations émanant d un barbier juif, le grand rabbin mais aussi plusieurs notables juifs eux-aussi seront arrêtés et accusés du meurtre rituel du moine. Celui-ci aurait été assassiné afin de récupérer son sang pour la confection du pain azyme de la Pâques juive. Pour la communauté chrétienne et orthodoxe bien implantée et la population musulmane, la culpabilité des emprisonnés ne fait aucun doute. L'enquête partiale supervisée par les français (et à l origine d une véritable campagne anti-juive, dont l'apogée permettra l'affaire Dreyfus des années plus tard) mènera toutes les communautés à la limite du point de rupture, mais l'intervention des gouvernements occidentaux (hormis la France) aboutira à la libération des emprisonnés.

Il est très instructif de constater que ce mythe du meurtre rituel fait long feu encore aujourd'hui dans les pays arabes, alors même qu'il est une légende occidentale datant du Moyen-Age, importée et réinjectée dans l imaginaire moyen-oriental lors des périodes de colonisations et protectorats.



Comment notre auteur decide-t-il d'insuffler de la fiction dans cette histoire sombre où juifs, musulmans et chrétiens sont chauffés à blanc dans le chaudron de Damas? Cette version romancée place au centre un personnage périphérique de l'affaire, Aslan Fahri, fils de l'un des futurs accusés, que l'auteur imagine homosexuel. Pourquoi, me diras-tu? J'ai des scrupules à eventer l'intrigue, alors, après tout t'es un babéliote, lis-moi ce bouquin, tu verras, tout tient, et l'homosexualité du personnage est plus qu'un prétexte.



Complexe, cet Aslan. Victime de discriminations croisées tel qu on le définirait nos jours (juif, homosexuel), tiraillé entre respect des traditions et désirs trop intenses, bassesses et hautes aspirations, souvent veule et lâche, parfois animé d'un feu de révolte et de rêves d'un bonheur de midinette. Une estime de lui-même proche de zéro ce jeune homme, bien aidé en ça par un climat externe mais aussi familial peu ouvert à ce qu'il refrène en lui à grand peine.



Haine de soi, haines au sein d'une meme communauté mais aussi haines entre differentes communautés, fausses accusations, persécutions, trahison des siens... que de thèmes joyeux pour un mois de juillet! Et pourtant, tout cela est passionnant.

Au-delà de la trajectoire personnelle édifiante et désastreuse, au-delà du substrat réaliste de l'histoire collective véridique, surnage en cerise sur le gâteau un style à la désuétude revigorante même si cela sonne tel un paradoxe. L'écriture est menée par un beau souci, celui de rendre l'hebreu (langue originelle du livre) proche de l'arabe et de charrier avec lui une époque et un lieu, dans sa crudité mais aussi sa fluidité, dans une  ornementation poétique et un lyrisme hédoniste. L'auteur a tenu lui-même à ce que les traducteurs de chaque pays insufflent cette notion. Le résultat est impeccable, avec un petit goût orientaliste XIXème.



Ce livre marque d'une pierre noire la fin d'une époque, une utopie peuplée de communautés disparates, ayant fait société tant bien que mal pendant 2000 ans.
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La maison Rajani

Un très beau livre, formellement, un livre important et grave sur le conflit israëlo-palestinien.

Son auteur, Alon Hilu, est un Israëlien de 37 ans, dont c’est le deuxième roman. C’est un texte à deux voix aussi différentes que possible, celle d’Isaac Luminsky, jeune agronome diplômé de l’Ecole de Montpellier, qui écrit un compte rendu d’ingénieur ou d’intendant, précis, descriptif, factuel, dans lequel s’intercale la longue plainte de Salah, chétif héritier de la dynastie des Rajani, un poème épique plein de visions de terreur, d’espoirs, d’amour-haine.

Nous sommes en 1895 : Isaac et sa jeune épouse polonaise Esterike ont entendu l’appel à l’Aliah, au retour vers la Terre d’Israël, lancé par Theodor Herzl après la dégradation du Capitaine Dreyfus. Ils arrivent à Jaffa, et découvrent, tout surpris, des Arabes. Pour son activité professionnelle, il va visiter ce qui a été l’un des plus beaux domaines fruitiers de Jaffa, plus ou moins abandonné par son propriétaire absentéiste, qui y a aussi délaissé sa femme et son fils.

Isaac va devenir le maître des uns et des autres, par des moyens qui mêlent le crime à la diplomatie. Salah, qui a la vision prophétique de la Naqbah, c'est-à-dire de l’expulsion des Arabes, tente de s’opposer, en vain, à cette intrusion : c’est évidemment une allégorie de l’histoire de la colonisation israëlienne, où rien ne manque : dynamisme bousculant et peu regardant des jeunes colons juifs, fatalisme du peuple arabe – à l’époque du moins - , et indifférence de ses dirigeants traditionnels.



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La maison Rajani

Dans une courte postface, Alon Hilu - qui est aussi avocat - exige de son lecteur qu’il lise ce roman comme une œuvre littéraire de pure fiction, et en aucun cas comme un document historique qu’il n’est pas. Cette ultime précaution (qui m’étonne un peu) vaut surtout parce que ce roman original évoque de façon lyrique des événements qui conduisirent inéluctablement à la destruction de la Jaffa arabe, puis à l’édification de Tel-Aviv, jusqu’à la terrible situation politique actuelle des colonies en terre Palestinienne.



Jaffa, 1895 - le mouvement Les Amants de Sion est très actif et accélère le rachat de terres arabes au profit de colons juifs exilés, venus nombreux de Russie.



La maison Rajani - le domaine agricole est prestigieux, mais mal exploité par son propriétaire issu d'une illustre famille arabe ; la propriété est négligée et menacée de déshérence.



Isaac (Jacques) Luminsky - le jeune ingénieur agronome tout juste arrivé d’Europe Centrale avec sa jeune épouse, est plein d’illusions qu’il déguise inconsciemment en espoirs ; il est hâbleur, peu psychologue, et misogyne ; se croyant malheureux en ménage, il jette son dévolu sur la femme du propriétaire de la maison Rajani, pensant faire ainsi d’une pierre deux coups en remettant sur pied le domaine pour le compte des colons juifs de Jaffa ; il sera peu à peu pris au piège de ses convoitises et de la folie grandissante des derniers habitants du domaine.



Salah Rajani - l’héritier du domaine est un adolescent déséquilibré, un mal-aimé solitaire en quête d’affection, et qui se réfugie dans l’écriture pour évacuer ses tourments ; l’évasion dans la fiction ne lui suffira bientôt plus, les hallucinations prendront la place des légendes et des personnages qu’il inventait, il retournera sa violence contre lui même jusqu’à l’automutilation ; ses superstitions deviendront visions et prophéties...



“Je lui dis, en manière de plaisanterie :

Que nous a révélé d’autre Salah le prophète ?

Elle me répondit sur un ton angoissé :

Il a vu un homme bizarre se tenant sur la tête. Et une femme avec des lunettes à la monture épaisse, des bras puissants et une voix de basse comme celle d’un homme. Et encore un homme avec un bandeau noir sur un œil. Tous ces gens sont des ennemis inexpiables de notre peuple, des fauteurs de guerre qui pataugent dans notre sang.”



Les événements vont s’enchaîner tragiquement à partir de la mort du père de Salah et de la prise de pouvoir d’Isaac sur le domaine. A-t-il profité en manipulateur de la confiance et de l’affection que le jeune Salah lui portait au début de leur histoire commune ? Ou bien est-ce seulement l’esprit troublé de Salah qui lui fait imaginer le meurtre du père, la trahison de l’ami, et la folie de la mère ?



Je me suis ennuyée à la lecture de ce roman jusqu’à sa moitié environ. L’alternance de séquences (courtes) de pages des journaux intimes des deux personnages principaux est trop régulière. La situation dramatique s’installe progressivement, mais ce n’est que lorsqu’elle atteint un paroxysme, qu’elle devient poignante et folle, que je me suis laissée embarquer par l’histoire.



J’ai trouvé très réussies (bien que systématiques) les ruptures de concordance entre les deux récits parallèles de Luminsky et de Salah. Chacun rapporte de son côté et à sa manière des faits identiques et souvent partagés, et pourtant leurs versions sont extrêmement divergentes. Le lecteur reste libre d’interpréter ces différences en les mettant sur le compte du fanatisme héroïque de Salah, de la duplicité naïve d’Isaac, ou d’un mélange des deux à la fois.



Difficile de parler de la qualité de l’écriture puisqu’il s’agit du parti pris plutôt réussi mais artificiel, de restituer le style épistolaire ou diariste au XIXème siècle. Les phrases de Salah sont interminables, imbriquées pour signifier son lyrisme pathologique. Celles d’Isaac, plus courtes, signent son pragmatisme de gestionnaire.



Je n’ai pas aimé ni compris l’idée qu’a eue l’auteur de venir plaquer à plusieurs reprises sur cette histoire orientale, les thèmes shakespeariens de la folie engendrée par la culpabilité. C’est superflu et peu en harmonie avec les sortilèges des djinns, bien suffisants et plus couleur locale, qui servent à évoquer poétiquement les troubles psychiques du jeune arabe, et les meurtres réels ou imaginaires à la maison Rajani.

Il y a Hamlet-Salah, les fossoyeurs et le crâne. Une Ophélie aux boucles brunes. Mais aussi Lady Macbeth-Maman qui ne cesse de se laver les mains, et les sorcières. Sans doute d’autres aussi que je n’ai pas reconnus.



Je ne suis pas une lectrice politisée. Il me semble qu’en faisant scrupuleusement attention à maintenir un équilibre constant entre les descriptions de comportements racistes et antisémites prêtés tour à tour à ses héros et personnages secondaires, l’auteur à mis une bride consciente à son inspiration orientaliste. Je me demande si ce n’est pas la cause de l’ennui que j’ai parfois ressenti en lisant cette (finalement) belle histoire.



“Notre espoir n’est pas encore tari...”

A la fin du roman, Luminsky le sioniste reçoit ce ver en héritage de Salah le palestinien, et le transmet à son tour à un poète juif de ses amis, sorte de hippie avant l’heure, pour qu’il figure dans son œuvre, et qu’il soit ainsi répété partout à travers le monde.
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La maison Rajani

En revenant aux sources du conflit, la Palestine de 1895, alors ottomane, Alon Hilu a écrit dans La maison Rajani une métaphore subtile de la situation inextricable dans laquelle Israël est aujourd'hui engluée. Il était une fois un juif en Palestine, un sioniste de la première heure, dont la mission était de racheter des terres aux propriétaires arabes et qui jeta son dévolu sur un domaine aux mains d'une jeune veuve qu'il séduisit. Le roman alterne deux journaux intimes, celui du colon, sûr de son fait, mais troublé par les traditions d'un peuple qu'il ne comprend pas ; celui du fils de la propriétaire, un temps ébloui par cet arrivant aux cheveux blonds, puis haineux à son égard quand il comprend que son but est de s'approprier le corps de sa mère et la maison Rajani. C'est une sorte de duel à mort qui s'engage alors, d'autant plus fascinant que les sentiments les plus confus se mélangent dans ces deux âmes qui dérivent vers la folie. L'intérêt du récit est autant dans sa dimension géopolitique évidente que dans sa verve romanesque avec des personnages admirablement dessinés jusque dans leur vision du désir (l'épouse juive frigide, les deux comparses homosexuels ...). Une lecture à plusieurs niveaux, avec ses passages ensorcelés et magiques (les djinns sont très présents), qui prend parfois des allures de conte oriental. Poétiquement et politiquement correct.
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La mort du moine

Ce roman revient sur "l'affaire de Damas" qui en 1840 conduisit à l'arrestation de plusieurs membres de la communauté juive de la ville, accusés d'avoir assassiné un moine lors d'un rituel macabre. S'appuyant sur des documents d'époque, l'auteur imagine que le jeune homme à l'origine de l'accusation était l'amant de la victime, et que c'est ce secret qu'il l'aurait amené à s'empêtrer dans le mensonge. Si ce point est bien-sûr dû à la seule imagination de l'auteur, le raisonnement tient la route. Alon Hilu reconstitue avec beaucoup de talent l'enchainement des faits et les motivations des différents protagonistes pour comprendre comment ont pu se conjuguer intérêts économiques, désir de vengeance personnelle et antisémitisme. Une réussite !
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La maison Rajani

Isaac Luminsky vient d’accoster à Tel Aviv avec Esther, sa jeune épouse. Nous sommes en 1895. Ingénieur agronome et sioniste de la première heure, Isaac recherche des terres à acheter pour exercer ses talents professionnels et installer des colonies. Son épouse, revêche et frigide, ouvre un cabinet dentaire.



La maison Rajani se situe à Jaffa, le domaine appartient à un homme d’affaire palestinien. Cet homme violent est souvent par monts par vaux. Il délaisse ses terres, sa femme Afifa et son fils Salah. Ce dernier est un enfant solitaire, rêveur, à l’imaginaire débordant ; mais il est aussi tourmenté, anxieux et dépressif. Ses angoisses de mort inquiètent son entourage.



Le hasard des rencontres fait croiser les destins de ces personnages. L’amour, l’amitié, la mort et la folie s’en mêlent. Isaac conquiert tour à tour l’amitié de Salah, l’amour d’Afifa puis le domaine aux terres si fertiles. Mais Salah a des visions, des djinns maléfiques, des prédictions de malheurs futurs qui s’abattront sur son peuple : l’exil des arabes et les confrontations guerrières avec les juifs. Ces visions inquiètent Isaac. Suffiront-elles à contrecarrer ses plans ?



Une double lecture guide ce récit. Deux écrits, celui d’Isaac qui tient au jour le jour le récit de ses aventures, de ses réflexions sur ses projets et sur les gens qui l’entourent, et les carnets de Salah qui confesse ses pressentiments, ses angoisses et son amertume dans des récits, des poèmes épiques. D’un côté la voix d’un homme mûr, sûr de lui, entreprenant, mais qui se heurte à la mentalité d’un enfant étrange, à la fois attendrissant et inquiétant, dont la violence déstabilise ; d’un autre côté la voix d’un enfant en proie à un imaginaire débordant, qui progressivement ne retrouve plus les limites entre illusion et réalité : il devient la proie de comportements obsessionnels, de crises pithiatiques…



Cette tranche de vie, cette rencontre entre deux êtres, deux familles, deux destinées, deux peuples, préfigurent la tragédie qui secoue israéliens et palestiniens. La relation entre Salah et Isaac peut-être inévitablement perçue comme une métaphore des relations entre juifs et arabes.



Mais La maison Rajani reste avant tout un roman, une fiction, dont l’objectif est le divertissement et cela est admirablement et intelligemment bien réussi : valse des passions humaines dans un cadre historique et géographique amplement maîtrisé.



Lire le billet complet sur mon blog...
Lien : http://legenepietlargousier...
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La maison Rajani

A l'automne 1895, Isaac quitte sa Pologne rajani.jpgnatale et s'embarque avec sa jeune épouse Esther pour la Palestine. C'est l'Alya : l'exil vers la Terre promise. Mais l'arrivée en Palestine va se révéler très décevante. D'abord Esther est une femme froide et prétentieuse, distante et frigide. Ensuite, la Palestine est une terre aride, inhospitalière bien peu propre à la culture. Isaac cherche en vain une propriété à acquérir pour y exercer ses talents d'ingénieur agronome. Jusqu'au jour où il découvre le domaine Rajani, luxuriante propriété couverte d'orangers. En l'absence du maître, toujours en voyage pour ses affaires, c'est Madame Rajani qui gère le domaine et élève un fils que d'aucuns trouvent un peu demeuré. Salah est un enfant solitaire et rêveur, à la fois chétif et créatif. Isaac comprend vite que pour mettre un pied dans le domaine, il faut passer par la mère, et que pour amadouer la mère, il faut séduire le fils. Il s'y emploie et il y réussit à merveille : Salah adore son nouvel ami, baptisé Ange Bienfaisant qui le comprend, l'amuse et le sort de lui-même. Devenu un familier de la maison, Isaac ne tarde pas à devenir l'amant de la mère. Mais le retour du père remet tout en question…





Le récit se tisse à deux voix : d'un côté le journal intime d'Isaac, de l'autre les carnets de Salah, qui mêlent fantasmes, rêveries et réalité. Quand le père meurt, d'une maladie aussi soudaine que brutale, les deux récits commencent à diverger. Isaac se présente comme le protecteur de la veuve et de l'orphelin, offrant son aide pour la gestion du domaine et son embellissement. Mais pour Salah, il devient l'Ennemi, complice de la mort du père, voleur à la fois de la mère et de la terre. Salah est habité par des visions qui annoncent l'invasion de la Palestine par les Juifs et la fuite des Arabes.





Ce roman évoque un thème à la fois passionnant et sensible, puisqu'il remonte à l'origine des liens complexes que nouent depuis plus d'un siècle les Arabes et les Juifs sur la terre de Palestine, et ce, bien avant la création de l'état de l'Israël. A ce titre, le récit à deux voix est une idée de génie puisqu'il met en évidence les deux versions irréconciliables d'une même histoire. Malheureusement, je n'ai pas du tout adhéré au style, aux deux styles en fait, puisque chaque narrateur a sa propre voix : style un peu suranné de la part d'Isaac, et très onirique de la part de Salah. J'ai très vite trouvé Isaac très déplaisant, avec sa façon de ne jamais nommer la mère de Salah (qui est pourtant sa maîtresse) autrement que "la femme arabe", de considérer l'ensemble des travailleurs arabes du domaine comme des paresseux pétris de superstitions (il s'empresse d'ailleurs de les remplacer par des ouvriers juifs) et surtout de traiter le jeune Salah avec la plus grande hypocrisie. Et j'ai tout autant été agacée par le côté shakespearien du roman où Salah, tel Hamlet, est visité par le spectre de son père qui lui désigne ses assassins et réclame la vengeance ! Mais ce que j'ai trouvé particulièrement insupportable, c'est la traduction. Dans les carnets de Salah, Isaac (dont je rappelle qu'il est juif polonais) est rebaptisé Jacques, parle français et paie en francs ! Pour moi, c'est un contresens absolu, qui ôte toute crédibilité au roman.
Lien : http://journal-d-une-lectric..
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La maison Rajani

Cette histoire commence en 1895, un bateau vogue en direction de Jaffa, à son bord Isaac Luminsky confie à son journal intime les espoirs de sa future vie de colon juif, mais aussi son désespoir de jeune marié, sa femme refusant tout contact avec lui. Ce jeune couple de juifs arrivant de Varsovie va vivre un vrai choc culturel en découvrant la Palestine Ottomane.
Lien : http://de-page-en-page.over-..
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La maison Rajani

En 1895, à Jaffa en Palestine ottomane, débarquent Isaac Luminsky, juif de Varsovie et son épouse qui espèrent s'établir sur la Terre Promise. Comme tout nouveau colon, il cherche à acquérir une terre, mais tout ce qu'il trouve est aride ou inculte jusqu'au jour où il découvre le domaine Rajani qui appartient à un riche effendi si occupé par ses affaires à l'étranger qu'il néglige son domaine. Isaac y voit immédiatement une opportunité d'autant plus facilement que la belle maîtresse des lieux lui demande de s'occuper de son fils Salah, chétif et dépressif. Le juif se rend de plus en plus indispensable, s'occupe de l'enfant et arrive même à séduire la mère. Mais quand Salah découvre les manigances de son nouvel ami, son monde s'écroule et il échafaude mille projets de vengeance.

Un roman passionnant sur fond de colonisation de la Palestine. A cet endroit précis, sur cette terre riche et verdoyante, s'élèvera plus tard Tel-Aviv, une fois les premiers occupants spoliés, assassinés ou enfuis. Le livre est construit à partir des deux journaux intimes d'Isaac et de Salah qui semblent se répondre en présentant différemment tous les épisodes de ce drame. Alon Hilu a poussé la vraisemblance jusqu'à utiliser deux styles narratifs différents : l'un sec, clinique et minimaliste pour celui du juif et un autre fiévreux, un peu halluciné (l'enfant est un poète, un écrivain et un véritable prophète) et plutôt filandreux pour celui de l'arabe. Un très beau texte qui se vit attribuer un très justifié prix Sapir 2009 en Israël.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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La maison Rajani

L'histoire : Isaac Luminsky, jeune ingénieur agronome vogue avec sa jeune épouse vers la Terre promise où il compte acquérir des terres et les mettre en valeur. Il confie à un journal intime les péripéties de son voyage, ses nombreux déboires conjugaux avec une femme qui se refuse à lui sans cesse et lui mène une vie à l'opposé de ce qu'il avait espéré.

Son arrivée sur place n'est guère plus réjouissante puisqu'il n'arrive pas à trouver les terres qu'il convoite, et sa relation avec sa femme ne s'arrange pas. Il déplore qui plus est de nombreuses coutumes locales et n'apprécie pas franchement son nouveau pays. Jusqu'au jour où il découvre le domaine Rajani.



Salah est un jeune garçon solitaire, enfermé dans son domaine par l'amour trop protecteur d'une mère et de sa servante, et effrayé par un père violent mais absent la plupart du temps. Lui aussi confie à son journal ses espoirs, ses rêves mais surtout son désespoir, son envie de mourir, ses plus terribles cauchemards.



Le jour où il croise Isaac il croit voir son ange-gardien; sa mère a tôt fait de créer une rencontre et c'est enfin l'occasion pour le jeune homme de s'épanouir. Jusqu'au moment où il découvre que cet ange entretient une liaison avec sa mère adorée et qu'il convoite les terres de son père qu'il administre déjà tel un propriétaire. C'est le début d'une guerre larvée entre le Salah et Isaak qui va conduire à un tragique dénouement.



Verdict : il faut de suite préciser que l'auteur donne un avertissement au lecteur: son récit est une oeuvre de fiction qui ne doit pas être vue d'un point de vue politique bien que les évènements qui y sont narrés pourraient y faire penser.

Ce récit polyphonique m'a posé problème. Parce que si l'alternance des deux points de vue est intéressante pour narrer une histoire, on pourrait se demander si Salah et Isaac raconte la même quand on lit leurs points de vue qui sont plus que diamétralement opposés puisqu'on a l'impression de vivre deux scènes différentes. Alors ce concept peut permettre au lecteur de se faire sa propre idée, de tempérer les accès lyriques de Salah avec le récit d'Isaac, au fond de ne pas choisir mais de piocher dans les deux.Cela montre aussi à quel point un même moment de vie peut être ressenti différemment par deux personnes et ne jamais donner la même description.

Seulement moi j'aime bien savoir ce qui est. Donc c'est purement personnel comme remarque mais j'aurais finalement apprécié qu'une troisième voie me permette de connaître la vérité et pas seulement la perception des deux personnages.

Le côté lyrique de Salah est très présent; tellement que lorsque les cauchemards envahissent totalement sa vie, on en vient à se demander si Salah n'est pas un esprit prophétique éloigné du monde réel bien avant l'arrivée d'Isaac; c'est d'ailleurs sur ses visions que peut se baser une conception politique puisqu'il prédit les futurs évènements que nous connaissons. Ce qui est d'ailleurs troublant lorsqu'on essaie de rester dans le côté fiction de l'oeuvre.

Isaac, quant à lui, est un homme mysogine mais l'époque joue sans doute en cela; il cherche des terres et ne comprend pas qu'il ne puisse se les approprier; il dénonce la non mise en valeur par les occupants du domaine Rajani, cherche dès la mort du père de Salah à prendre le contrôle total du domaine, chasse ses paysans avec dans l'idée d'installer d'autres colons juifs sans se soucier de la présence de la mère de Salah, sa maîtresse. Il est difficile de s'attacher à lui et de ne pas lui préférer le jeune Salah qui malgré son esprit troublé tente de défendre comme il le peut le domaine légué par ses ancêtres.



Si je n'ai pas écrit tout de suite, c'est parce que j'ai eu bien du mal à terminer ce livre; ou plutôt à l'entamer. Et cela aurait été pire si je n'avais pas eu 4 heures de train et mis un seul livre dans mon sac (à main s'entend, j'en avais d'autres dans la valise). J'ai eu du mal à regarder le temps passé dans la vie d'Isaac ou celle de Salah. La mort du père déclenche la prise de possession du domaine par Isaac et Salah sombre à nouveau dans ses démons jusqu'au dénouement tragique. Qui au fond ne m'a pas tellement attristé et je me suis même sentie un peu sans coeur. Parce qu'au fond, je crois que j'ai eu du mal à ne pas prendre pour des faits historiques, la véritable invasion que mène Isaac sur cette terre qui ne lui appartient pas malgré tous ses efforts. Peut etre que je m'attendais à une description des faits plus réelles. J'aurais sans doute plus aimé une vision plus "terrienne" moins poétique, quitte à ce que cela soit plus politique. Mais cela n'était pas le but de l'auteur bien au contraire. Pourtant je reste marquée au final par les visions prophétiques de Salah et par les faits actuels en Palestine.

Ce livre n'est pas donc pas un coup de coeur pour moi, l'histoire est belle mais ne m'a pas touchée.



Je précise que l'auteur a cependant été salué par la critique pour ce second roman.



Je remercie Masse critique et Babelio pour ce livre et m'excuse pour le retard dans la publication de mon billet mais je crois que j'avais besoin de temps pour "digérer". Il fait partie de ma liste de livres à échanger consultable sur Babelio.



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