AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Ananda Devi (306)


Dès l’âge de dix ans, ils s’activent autour des bûchers. L’odeur imprègne leur peau, qui devient grise à force de vivre parmi les cendres. Ils manipulent tous les cadavres, jeunes, vieux, malades, amputés, en morceaux, décapités, ou si parfaits qu’on a du mal à croire qu’ils sont morts. Avec le temps, ils ne les voient plus. Enveloppés de leur suaire blanc, les défunts sont tous pareils, tous voués à la désintégration. Une fois les corps brûlés, les enfants sont chargés de retrouver ce que le feu n’a pas détruit. Ils marchent parmi les cendres à la recherche de bijoux, de pièces ou d’ustensiles, et pataugent dans la boue du Gange pour récupérer ce qui pourrait être vendu. Ils ramassent les morceaux de bois qui n’ont pas été brûlés pour les ramener à la maison, où ils seront utilisés pour cuisiner. Tout dans cette industrie est récupérable. Grande leçon, pour notre époque !
Commenter  J’apprécie          310
Vous n'avez pas encore compris la futilité d'un tel acte. Vous qui portez la plume aux mots, la salive au désir, le ventre au cercueil, la ruine à l'orgueil, vous serez les prochaines épaves. On retrouvera sans doute un jour quelque minerai enfoui au fond de vos incertitudes, quelque cristal de démesure dont on ne saura plus décompter les facettes, on parlera d'écriture avec un mol regret comme on parle d'un objet cassé mis au rancart du souvenir, ou ce sera peut-être la lassitude énigmatique du chercheur devant ses hiéroglyphes, mais ce sera tout.
Commenter  J’apprécie          280
Hélas, je suis lucide à défaut d'être mince: je suis obèse, donc, aux yeux des autres, déficiente en neurones. (...) Personne n'admirera ma vivacité d'esprit alors que mon corps tout entier la contredit.
Commenter  J’apprécie          270
Alcool, cigarette, bouffe, drogue, sexe, ce sont les excès qui nous excitent, qui nous passionnent. Sans eux, nous sommes de pâles effigies faisant semblant de vivre. Sans eux, nous passerions de la naissance à la mort comme des ombres qui n'auraient jamais connu le bonheur des délices interdits. Nous sommes la contradiction vivante de nos idéaux de sainteté et de santé. Nous ne sommes pas faits pour le jeûne ou l'abstinence, sauf comme forme de punition et d'autoflagellation.
Commenter  J’apprécie          230
Marche au milieu de ta sciure elle te collera aux pieds sans jamais te lâcher amie ennemie elle est la poussière de toi qui se perd à force de se rassembler.

Marche au milieu de ta haine elle a des droits sur toi pour être née femme et vide ce vide qui n'a de sens qui n'a de cesse que de se désemplir.
Commenter  J’apprécie          200
Ce que je cherche : une rime de plus. Mais cette syllabe n'existe pas. Elle est le vide dans le silence, et la mort dans l'absence. Elle est l'impossible et l'irrésolue équation.
Commenter  J’apprécie          200
A l'aube, tu descendras pieds nus
Boire à la rivière
Comme ces chats muets
Aux pattes cramoisies

Tu glisseras sur les pentes
Endormies de plaisir
Suivre la piste argentée
Des limaces écrasées

Tu iras au midi chercher l'évidence
Qu'un jour ici tu as vécu
Qu'il y avait des enfants, des amis,
Un amour, une constance

De tout cela demeurent
Que le ciel bas, les herbes grassent
L'eau violente,
Les ruches abandonnées

Tu tends l'oreille
Aux voix des absents
Jusqu'a ce que la nuit enfin
Consente à te parler.
Commenter  J’apprécie          180
J'avais oublié jusqu'au parfum de mes propres feuilles leurs veines les branchages d'où elles ont été cueillies la forme de mes membrures et la cassure de mes arêtes et les exigences de mon ciel et le nuage fervent des cimetières et le cœur de mes orages lourds tout cela oublié oublié alors que m'attendait une petite fille esseulée aux yeux plongés dans son propre regard.

A présent je la vois, je la revis et elle me tente. Je me souviens d'elle, non comme d'une innocente, mais comme une marée ténébreuse qui attendait de déferler. Aujourd'hui encore, cela ne s'est pas fait. Les chemins bifurqués m'ont entraînée bien loin vers de vieilles lunes. Elles ne se sont pas transformées en soleils. Ces chemins de soumission et de complaisance sont en vérité la plus grave des trahisons.

Je veux rejoindre mon étoile. Je veux la parcourir de vie et laisser des traînées de sang sur le miroir des sentiments parce que c'est pour cela que l'on est, par pour un sourire pâle d'aube déjà mourante à peine levée, pas pour un soupir crépusculaire que rien de plus sombre que le repas du soir ne tourmente, pas pour un avenir de pain rassis de rêves réduits de chair amortie d'enfants partis

un devenir d'ombre assaillie par ses propres moisissures.

Et si cela ressemble à de l'amertume, tant pis. Qu'elle soit un coup de fouet sur mon cœur endormi et que la cosse ainsi fendue fasse naître un fruit défendu tenu par une petite fille tragique tout près de sa poitrine, car elle sait, elle, que c'est ainsi que vient la vraie parole,

la seule qui compte.
Commenter  J’apprécie          175
Les hommes sont simples à lire. Les filles, elles, le sont moins, mais elles sont infiniment pliables. C’est presque la même chose. Elles savent cacher leurs pensées, réprimer leurs instincts et, surtout, survivre.
Commenter  J’apprécie          160
Je lui dédie toutes les phrases dont je noircis mes murs.
Je lui dédie mes soleils amers.
Commenter  J’apprécie          150
Ah, je me le demande parfois : que se serait-il passé si elles avaient vraiment été les filles de Kali ? Imaginez un seul instant que cette déesse toute-puissante se manifeste à chaque fois que les femmes sont abusées des mille façons inventées dans ce pays d’excès et de dérives, dans ce pays où l’homme est la seule vraie religion et les femmes ses adoratrices subjuguées ! Il suffit qu’une femme soit seule sur un chemin mal éclairé, un soir, pour qu’elle soit plus qu’un corps offert. Ministre, femme d’affaires, médecin, enseignante, millionnaire ou villageoise intouchable, peu importe ce que tu es : la nuit, toutes les femmes sont chaire. Corps offert en pâture.

(…) Personne n’érige de temples à la seule gloire du vagin. Mais le sexe de Shiva, lui, se dresse, triomphal, dans toute l’Inde, des plus grands temps aux coins paumés de la campagne, où il suffit d’une pierre judicieusement formée ou taillée, dressée, haute et phallique, pour que toute l’Inde se prosterne devant elle.
Commenter  J’apprécie          150
Survivre ne vous donne guère le temps de vous préoccuper d’amour. Survivre est un combat où toutes les présences sont ennemies. L’amitié, l’affection, l’amour, tout cela vous rend poreuse, fragile. Alors, vous fermez la porte, vous la verrouillez, vous la cadenassez. Et cette enfant de votre chair, vous la gardez à distance pour qu’elle ne soit pas une lame de plus qui vous transperce au moment où vous vous y attendez le moins. Cette enfant de votre chair n’est pas vous, n’est pas à vous : une fois née, elle suivra son propre chemin. Essayer de la sauvez, c’est vous enliser, c’est vous laisser parasiter quand vous devez au contraire être forte pour la seule qui compte : vous-même.

C’est ça, survivre.
Commenter  J’apprécie          140
Je me méfie du mot autofiction mais toute écriture n'est peut-être que cela, déguisée de mille et une façons. Même en faisant la folle tentative de la révélation, l'on se transforme en fiction. Ou alors, un jour, on comprend qu'il n'est plus nécessaire d'utiliser des personnages pour revenir vers soi.
Commenter  J’apprécie          140
Ananda Devi
A l'aube tu descendras pieds nus
Boire à la rivière
Comme ces chats muets
Aux pattes cramoisis(...)

Tu iras au midi chercher l'évidence
Qu'un jour ici tu as vécu
Qu'il y avait des enfants, des amis,
Un amour, une constance

De tout cela ne demeure
Qu'un ciel bas,les herbes grasses,
L'eau violente,
Les ruches abandonnées

Tu tends l'oreille
Aux voix des absents
Jusqu'a ce que la nuit enfin
Consente à te parler

(" Quand la nuit consent à me parler")
Commenter  J’apprécie          140
Nous ne sommes plus que cette cosse tombée d'hiver et de sauvagerie

Le présent est prêt à amortir nos chutes mais de quoi avons nous besoin nous avons besoin de nos failles parce que vivre est une dérobade
Commenter  J’apprécie          140
J’aurais pourtant laissé sur la bouche d’un homme
La trace rouge de ma ferveur
Le sang issu de mon ventre
Le jus inné de mon corps

Il aurait crié en se voyant
Dans le miroir de mes yeux
Il serait comme tous les hommes
Terrifié du sang des femmes

J’aurais reçu à mon tour
Toutes ses humeurs
Sans frémir
Pourquoi n’en ferait-il pas de même ?

Mon sang menstruel est un don perdu

Ainsi ai-je parlé
Commenter  J’apprécie          132
Les hommes sont une espèce entropique, se disent-ils dans leur langage de caméléons. Donnez-leur -en le temps et ils se détruisent.
Le temps des hommes est compté.
Commenter  J’apprécie          120
«  Face aux travers de la fortune , jamais Veena n’a ployé.
Aujourd’hui, froide et figée , elle comprend que la route s’arrête là.
Mieux vaut qu’elle les tue toutes deux plutôt que d’offrir sa fille à Shivnath.
Cette vision d’avenir lui glace les os, lui perce les yeux , lui mord le cœur .
Lorsqu’elle tombe à genoux , ce n’est pas pour satisfaire un homme, mais pour contempler le gouffre .
Celui qui nous attend toutes » …
Commenter  J’apprécie          120
Elle est saisie par une lumière d'étoile. Son visage semble décousu. D'étranges couleurs, les couleurs des coups, brouillent ses traits. Ses yeux sont si profonds et leur résonnance si métallique que j'ai du mal à la regarder. Ils vont au-delà de cette maison au-delà de Port Louis, au-delà du présent.
Ses yeux sont à demain, et demain n'existe pas.
Commenter  J’apprécie          120
Shivnath sait qu’il doit avancer masqué. L’époque est moins tolérante que jadis. Avant, une fillette de prostituée de dix ans sous la protection d’un swami, cela n’aurait pas fait scandale. Maintenant, c’est différent. Il doit évaluer la crédulité des croyants et se tenir au courant des informations qu’ils reçoivent sur leurs téléphones depuis les quatre coins du monde. Il suffirait qu’une foutue féministe ait vent de lui pour que les médias se précipitent. Il le sait, chacun est désormais soumis au jugement international, qui n’a rien à voir avec le jugement de son peuple, qui se fout royalement des enfants des prostituées.

Le politiquement correct règne, et il faut montrer du respect aux femmes, aux enfants, aux pauvres, aux intouchables, etc. Même un Premier Ministre doit faire semblant de se plier au jugement international, pense Shivnath, mais en réalité il continue de faire ce qu’il veut. On peut violer les femmes et massacrer les musulmans à condition de ne pas se faire prendre.
Commenter  J’apprécie          120



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ananda Devi (895)Voir plus

Quiz Voir plus

Le rire des déesses

Que signifie Chinti, le nom que décide de se donner la petite fille à l’âge de neuf ans ?

Abeille
Coccinelle
Fourmi
Papillon

13 questions
2 lecteurs ont répondu
Thème : Le rire des déesses de Ananda Devi NirsimlooCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..