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Critiques de André Breton (150)
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Nadja

Une lecture que je redoutais connaissant l'appartenance d'André Breton au mouvement surréaliste. En fait, si ce livre est difficilement classable, il n'est pas hermétique. Ce qui fait son originalité c'est qu'il ne s'agit pas d'un réel récit autobiographique, ni d'un roman, ni d'un essai philosophique, mais d'un mélange des trois genres. Texte particulier donc dans sa forme, mais que j'ai trouvé intéressant et très abordable. De plus l'auteur fournit de nombreuses références littéraires et artistiques, nommant écrivains et peintres. L'ouvrage est enrichi de dessins et photographies. Le seul point négatif réside dans la grande quantité de notes annexes ou en bas des pages. Un livre que je conseille. Cette découverte d'André Breton m'incitant à lire d'autres oeuvres de cet auteur.
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Anthologie de l'humour noir

J'ai un sentiment très mitigé vis-à-vis d'André Breton. Comment cet homme, qui a su fédérer pareille bande de zèbres autour de l'idée d'introduire la liberté illimitée dans les arts au risque assumé de la provocation, s'est-il transformé en machine à exclure pire qu'un zélote obtus ?



D'autant que je n'ai jamais été époustouflé par Nadja ; si vous me demandez, l'élève René Crevel a largement dépassé le maître dans Êtes-vous fous ?

Et que j'ai l'impression que le gros de ses écrits consiste en vaticinations (c'est lui qui emploie le mot et se l'applique, dans une des notules de cet ouvrage), ratiocinations théoriques (là, c'est moi qui le dit) et anathèmes vite fatigants.

Mais je lui donnerai encore sa chance : Les champs magnétiques et L'amour fou connaîtront un jour la caresse de mes yeux.



Et nos moutons, hein ? Cette Anthologie de l'humour noir ?

Il y a du très bon, mais aussi du médiocre.



Je passe vite sur ce qu'il faut rendre à Breton, largement détaillé dans d'autres critiques : l'invention du concept d'humour noir, promis à une belle postérité, ainsi que la résurrection d'auteurs oubliés et depuis redevenus célébrés.



Dans le très bon, une introduction lumineuse ; mais suivie dans le médiocre par la répétition de freudisme mal digéré dans la succession de notules. Qui en deviennent parfois lourdaudes.



Très bon aussi : des auteurs inattendus ou peu connus, ou encore peu connus pour cet aspect de leurs écrits. Je pense à Jonathan Swift (dont la solution au problème des enfants indigents d'Irlande est… indigeste), ou à Christian-Dietrich Grabbe. Il y a aussi Charles Fourier (pour des écrits cosmogoniques délirants en marge de son utopie), Sade (ce qui ne me surprend qu'à moitié, j'ai souvent pensé qu'il était peut-être plus ironique que le pathétique obsédé qu'on croit). Et encore des ahuris grandioses comme l'émouvant Jean-Pierre Brisset, visiblement connu de tous ceux qui s'intéressent à la « littérature des fous » (une piste à éventuellement creuser).

On retrouve avec surprise Gide (puis Arthur Cravan qui se paie Gide) et avec plaisir Rimbaud pour Un coeur sous une soutane.

C'est là que le bât commence à blesser : c'est parfois très drôle (parfois moins ou pas du tout, d'ailleurs), mais où est le « noir » ? On a l'impression que Breton s'est fait le plaisir de citer des auteurs en élargissant sa définition pour les intégrer. Mais où sont passés le morbide ou l'ironie déplacée à l'endroit de sujets pathétiques, qui sont dans mon acception consubstantiels à l'humour noir. C'est encore plus fréquent à mesure qu'on arrive à ses contemporains, d'autant qu'on n'est pas dépaysés par les heureux élus cités pourvu qu'on connaisse un peu l'animal.



Au total, un sentiment mitigé concernant cette anthologie (décidément…) peut-être dû à l'erreur de se l'envoyer d'un seul tenant au lieu d'y picorer des petits bouts de plaisir sur une plus longue durée.
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Nadja

Souvent Breton fait partie de ceux avec qui ça passe ou ça casse, tant par rapport au personnage et sa vision du surréalisme qu’au niveau du style en tant que tel. Pour moi Nadja est tout simplement un chef-d’œuvre.

J’avais déjà eu un gros coup de cœur pour Le Paysan de Paris d’Aragon, qui est un peu le pendant onirique (et solitaire) de Nadja. Contrairement à Aragon qui se laisse porter par ses rêveries, Breton, fidèle à lui-même, est beaucoup plus cadré dans son style (ou en l’occurrence sa volonté de non-style qu’il intime au roman surréaliste) et dans sa perception de ce qui l’entoure puisque, pendant ses déambulations, il cherche à comprendre ou intellectualiser ce qui se passe autour de lui, tout en restant dans la position du « témoin hagard ». Témoin qui veut vivre la ville et chercher comment cette dernière peut répondre à l’homme et inversement. Pour Breton, Paris est l’endroit idéal pour se confronter à des rencontres, des situations, une esthétique du quotidien qui participeront à une sorte de quête de soi, tellement qu’il n’hésite pas à situer très précisément les endroits qu’il fréquente, comme pour montrer que c’est une démarche réelle est accessible. Les questions du qui suis-je et du que vis-je se mélangent donc et s’alimentent l’une l’autre. Lors de son parcours un événement renversant arrive, il s’appelle Nadja. Incarnation absolue de l’émancipation et de l’anticonformisme, elle bouleverse l’auteur au beau milieu de son introspection. Elle arrive et repart comme un mystère, presque comme une personnification du surréalisme dans tout ce sur quoi Breton veut le faire reposer. Et s’il faut parler d’histoire d’amour ou de fascination, c’est là qu’elles se trouvent, dans ce que Nadja incarne de manière entière et éperdue, pas dans une attirance du cœur.

Pour un peu qu’on soit charmé, ce livre est une ambiance, une quête, un ton dans lesquels une replongée après lecture, même pour quelques pages, peut directement renvoyer dans cette sensibilité du « merveilleux quotidien ».
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Nadja

"Un livre sans images, ça ne ressemble à rien" disait l'Alice de Lewis Carroll.

Elle a bien raison Alice, et c'est d'autant plus vrai pour cette Nadja, étrange objet littéraire dont les photos parisiennes qui l'émaillent m'auront au moins donné un point d'appui, et l'expérience d'une pérégrination dans la capitale comme dans un roman de Modiano. Car en dehors de cela, les points d'appui m'auront bien manqué au cours de cette lecture, perdue que j'étais entre les propos obscurs d'André et les échappées de Nadja en dehors du réel.

Toujours est-il qu'il marque, ce personnage de Nadja, comme le ferait un rêve étrange, cotonneux et lumineux, révélateur de vérité et un peu inquiétant. Finalement le pape du surréalisme aura atteint son but : donner à voir la vie dans sa réelle essence, comme une construction issue du mariage du réel et du rêve. Enfermée dans son asile, je me demande si Nadja, elle, y a survécu.
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Nadja

Si une langue est belle et maîtrisée, elle n'en devient pas forcément "artificielle". La langue magnifique de "Nadja" assume de ne PAS vouloir à tout prix émouvoir son lecteur -- par exemple, avec la détresse psychique manifeste de la personne qui a visiblement servi de "modèle" à l'écrivain...



Cette langue est pudique (comme son auteur). J'aime -- pour ma part -- énormément cette pudeur-là, et me fatigue très vite de tout chantage à l'émotion (Cf. "Charlotte" de D. Foenkinos où l'auteur satellise -- certainement sans en être très conscient -- autour de ses affects personnels la destinée tragique d'une jeune peintre décédée à 28 ans dans les circonstances tragiques que l'on sait...).



La lecture de la "Nadja" d'André BRETON peut avoir sur son lecteur un effet hypnotique (j'en témoigne !).



Lire ce que l'on nomme -- encore aujourd"hui -- "La grande Littérature" (oposée à la paralittérature ou, pire, la NON-littérature dont la prolifération a été dénoncée par Gracq dès 1950 dans son court pamphlet "La littérature à l'estomac") n'est pas forcément le plus "facile", j'en conviens...



On pourra d'ailleurs lire avec profit (pour éclairer notre lanterne poétique) le petit essai amical de Julien GRACQ : "André Breton. Quelques aspects de l'écrivain", (José Corti, 1948).



Sur-travailler un manuscrit n'est pas -- ou pas forcément -- signe qu'on "se regarde écrire". Pour conforter mon propos, C.F. Ramuz a écrit 6 versions successives de son roman magnifique "Le Règne de l'esprit malin" entre 1914 et 1946... (une oeuvre formidable d'originalité et de poésie sombre, toujours méconnue des lecteurs francophones aujourd'hui !), mais plutôt d'une formidable exigence esthétique qui peut aussi "émouvoir"...



L'esthétique de Breton ignorait totalement celle des "faiseurs" de son temps... et se f...tait pas mal des tristes & sinistres "Pri-prix" littéraires, et autres concours à caniches savants qui "font" toujours l'actualité "littéraire" ici et là, hélas...



Et puis, l'aspect proprement "fantastique" des photographies et peintures intercalées dans le texte, comme dans l'onirique roman de Georges RODENBACH, "Bruges-la-Morte" (1892) où le rêve surnage et affleure, accessible au lecteur, à portée de chaque page...



Ceci pour dire que je me souviens encore de cette progressive modification de l'état de conscience de son lecteur (et sans usage de substances psycho-actives qui ait pu lui être concurrent) apportée par la lecture de l'étrange "Nadja" d'André BRETON...
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Manifestes du surréalisme

Le surréalisme, comme le romantisme, c’est la manifestation d’un désespoir qui n’est pas suffisamment naïf pour trouver son refuge et sa consolation dans l’atmosphère artistique, mais qui ne pousse pas suffisamment la réflexion existentielle au point d’en sortir et va plutôt tenter de tout y faire entrer.

Alors que l’immédiat artistique atteint son paroxysme lorsque s’impose magistralement la réalité d’une image originale qu’un individu exceptionnel parvient à extérioriser dans une extase géniale, l’immédiat surréaliste est une fuite rageuse de la réalité qui revendique aussi bien le rêve : « L’homme, ce rêveur définitif, de jour en jour plus mécontent de son sort » (p.11), que la destruction violente et gratuite en tant que mode d’existence : « L’acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers aux poings, à descendre dans la rue et à tirer au hasard, tant qu’on peut, dans la foule » (p.78) et sa réflexion ne se fera jamais autrement qu’en tant que réaction contre les critiques externes, les courants de pensées concurrents et les défections.

D’autre part, si on s’attarde au cas de Breton, on s’aperçoit que sa subjectivité entre constamment en conflit avec l’idéal surréaliste qu’il a fondé et voulu défendre. Par exemple, on voit mal pourquoi un mouvement qui affirme la primauté du rêve devrait être athée et matérialiste, surtout lorsque la « magie » et l’« esprit » sont évoqués comme repères intellectuels et que la réalité socio-économique est complètement ignorée par le mouvement.

Ceci dit, malgré l’absence de véritable originalité du mouvement (qui répète de manière plus violente et plus pauvre ce que l’on trouvait déjà chez les romantiques), malgré toutes les incohérences, les bizarreries et maladresses dans l’expression de ces manifestes, ils ne manquent pas leur effet lorsqu’il s’agit de servir, comme l’écriture nietzschéenne, de digestif efficace et agréable à celui qui a beaucoup à digérer.
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Dictionnaire abrégé du surréalisme

Ce document de 76 pages. abondamment illustrées offre au lecteur, en même temps qu’un panorama de l’expérience picturale surréaliste à travers le monde, des informations précieuses sur les poètes et plasticiens du mouvement. Mais son apport le plus fascinant consiste dans la moisson de ‘définitions’ pourtant aussi bien sur des concepts que sur des objets ou personnages choisis, définitions empruntées aussi bien aux grands anciens (Swift, Lichtenberg, Duchamp, Vaché) qu’aux surréalistes mêmes, d’Aragon à Scutenaire et Tzara-- ou résultant de l’‘invention collective’ telle qu’elle se révèle par les divers ‘jeux’

Ce document demeure, quarante ans après sa parution, un miroir exemplaire de l’illumination surréaliste à la fin des années trente. A nôtre époque de slogans et d’explications simplistes, son pouvoir éclairant, par contraste, n’a fait que grandir. Il est également significatif que le premier ‘dictionnaire du Surréalisme’ ait été écrit par les surréalistes eux-mêmes
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Signe ascendant

Breton contrairement à L.P. Fargue dont je viens de terminer Haute Solitude, il y a chez le poète, comme un plasticité figée en un spectacle métaphysique, contre-miroir d'un quotidien que Breton devait trouver totalement privé de goût. Fargue trébuche, se perd dans son imaginaire, déploie des trésors d'allégories, il vit au travers d'elles ! Elles l'émeuvent. Breton lui contemple. Il contemple froidement des paysages métaphoriques et, très zen (excusez le xxx ), il nous dépeint un paysage littéraire fascinant certes mais statique et décharné. Les poèmes de Signe ascendant forment une suite de visions, esthétiques, prophétiques ("Je suis celui qui va"), philosophiques même dont l'âme reste à mon goût trop absente.





Dans le texte liminaire de 1947, le pape du surréalisme s'explique sur son esthétique et nous voilà mis devant le fait : Breton nous assure n'éprouver de plaisir intellectuel que devant la métaphore... Breton est un intellectuel, cela va sans dire et encore mieux en le disant dans ses mots. Fargue lui vit, admire la vie, y participe comme il peut, comme roue déjantée qui s'accroche au ciel. Mais Fargue n'a jamais été surréaliste.



Finissons-en donc avec cette comparaison sans fondement : Breton versus Fargue. Rien ne nous y porte; pourtant de les avoir rapprochés nous éclaire sur l'art de chacun.



Breton a évidemment ses fulgurances, ses images fortes. En outre, la condition humaine (et son avenir) lui tient à cœur; au travers de ses rapprochements surréalistes improbables, il la théorise :

"Plus à portée de l'homme il est d'autres coïncidences

Véritables fanaux dans la nuit du sens

C'était plus qu'improbable c'est donc exprès

Mais les gens sont si bien en train de se noyer

Que ne leur demandez pas de saisir la perche"



L'image rare et surréelle vogue dans le monde des idées et n'aborde que rarement le vécu, l'émotion, la compassion du lecteur.



Il y a bien sûr quelques exceptions comme "Les États Généraux" ou encore ces Constellations, mini-récits inspirés des couleurs et de l'espace rêveur de Joan Miro. Il y a ces poèmes plus personnels aussi comme "Je reviens" où le poète se perd dans son ancien quartier comme le chauffeur de taxi dans sa rêverie ou encore "Sur la Route de San Romano" où "La poésie se fait dans un lit comme l'amour" où Breton sans s'épancher aucunement évoque amour et poésie comme seuls refuges à la tristesse du monde.



Je ne peux que rester ébahi par la force de pensée et la détermination littéraire et philosophique d'André Breton, sa volonté de révolutionner la littérature et la société mais je reste souvent plutôt froid devant sa poésie privée à mon avis d'une large pinte de chair et de sang ou encore de rires et de larmes.

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Anthologie de l'humour noir

Un livre de poche parmi tant d'autres. Un outil de culture ! Beaucoup de réalisme pour le roi du surréalisme! Question d'époque ! Livre à lire après un désagrément ou une mésaventure pour redonner un petit coup de fouet. (C'est une image). Amicalement. André
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Anthologie de l'humour noir

Cette anthologie, je l’ai lu et relu probablement plusieurs fois, par petites touches, car il ne se passe presque pas de vacances sans que j’en lise quelques pages. André Breton commence par une préface intitulée Paratonnerre où il donne sa définition de l’humour noir, terme qui pour nous va presque de soi mais qu’il a en fait inventé à l’occasion de ce livre, en 1939. Pour lui donc, l’humour noir est « borné par trop de choses, telles que la bêtise, l’ironie sceptique, la plaisanterie sans gravité … (l’énumération serait trop longue) mais il est par excellence l’ennemi mortel de la sentimentalité à l’air perpétuellement aux abois – la sentimentalité toujours sur fond bleu – et d’une certaine fantaisie à court terme, qui se donne trop souvent pour de la poésie ... » Il faut croire que l’humour noir fait peur et dérange car la première édition fut saisie par le gouvernement de Vichy ! Les auteurs choisis par Breton sont variés, parfois inattendus, certains ne sont d’ailleurs pas vraiment connus en tant qu’écrivains comme Picabia ou Picasso. Les textes sont plutôt courts mais font quand même assez souvent plusieurs pages, la longueur d’une courte nouvelle ; il s’agit donc de longues citations, extraites d’oeuvres d’une longueur bien plus conséquente, et qui en tant que telles, ne relèvent pas forcément de l’humour noir, loin de là. A découvrir, que l’on n’aime ou non l’oeuvre d’André Breton, car ces textes n’ont pas spécialement de lien ni avec le surréalisme ni avec l’oeuvre de cet auteur.
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Anthologie de l'humour noir

Voici un livre que tous les esprits curieux devraient avoir dans leur bibliothèque. A travers ces divers extraits de textes et leur pertinente présentation par André Breton, c'est tout simplement l'ouverture à une conscience différente de la réalité que l'on peut trouver ici. Les auteurs réunis ici, certain fort peu connus, ont pour point commun d'apporter une singulière intensification de la perception et du sens; à mille lieux de l'abrutissement et de la bêtise médiatique que l'on nous déverse chaque jour. Cet "Anthologie de l'humour noir" pourrait donc s'envisager comme un fort appréciable apprentissage à la liberté d'esprit et c'est sans doute bien à cela que pensait Breton en "composant" son livre.
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Nadja

Je referme à l'instant Nadja d'André Breton.

Ce récit auto-biographique raconte un épisode de la vie de l'auteur : sa rencontre avec une jeune femme qu'il va ensuite retrouver régulièrement dans différents lieux parisiens. Autour de Nadja pour laquelle on sent qu'André Breton éprouve de l'amour et une immense admiration, divers événements et coïcidences se produisent constamment. Vers la fin du récit, on apprend que Nadja est finalement internée dans un asile.

Que d'impressions diverses j'ai ressenties à la lecture de ce livre! La réflexion qui m'est ensuite le plus souvent venue étant "Il est très difficile de prendre ensuite soi-même la plume après ce genre de lecture tant la langue française est maîtrisée." A mes yeux, elle est sur-maîtrisée, sur-jouée, elle se regarde écrire, elle commente ce qu'elle est en train de dire avant même de l'avoir totalement exprimé. Les mots ne sont plus les serviteurs d'une pensée ; la recherche d'une belle langue préside au sens. J'ai à la fois admiré cette belle langue et eu constamment le sentiment qu'elle était artificielle : rempart à une immense pudeur?

Cette langue, pour belle qu'elle soit, m'a inspiré d'emblée de l'antipathie pour l'écrivain. Pourquoi se commoufle-t-il tant derrière les mots? On trouve cependant quelques passages sublimes, d'une finesse extrême, tel celui qui figure sur le quatrième de couverture. "J'ai vu ses yeux de fougères s'ouvrir le matin sur un monde où les battements d'ailes de l'espoir immense se distingent à peine des autres bruits qui sont ceux de la terre et, sur ce monde, je n'avais vu encore que des yeux se fermer".

Contrairement à André Breton, je n'ai éprouvé vis-à-vis de Nadja qu'un sentiment de rejet. Je n'ai pas non plus ressenti d'empathie pour l'auteur lui-même. Quelle vie mène-t-il donc pour passer son temps à errer dans Paris? Je n'ai commencé à me sentir bien qu'à partir du moment où j'ai enfin lu "J'avais, depuis assez longtemps, cessé de m'entendre avec Nadja.". Jusqu'ici, je ne pouvais supporter qu'il soit si béat d'admiration, si amoureux d'une personne si inconsistante. S'il peut s'agir d'un génie, nul ne le saura jamais car ses réalisations semblent se limiter à quelques dessins à l'allure d'inachevé. Nous sommes loin de Camille Claudel telle qu'elle est par exemple dépeinte dans Une femme d'Anne Delbée. A chaque page de Nadja, j'étais révolté par l'aveuglement dont l'auteur faisant preuve en l'aimant.

Si lire ce livre n'a pas été agréable, il m'a cependant donné le goût et montré le besoin d'affiner ma façon de m'exprimer, tout en me faisant entrevoir le risque qu'il y peut y avoir à trop raffiner un language.

24.09.2011

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Nadja

Il est de ces livres qu'on adore ou qu'on déteste. Nadja, sans aucun doute, est de ceux-là. Ce texte hybride aux confins de l'autobiographie, de l'essai et du roman, agrémenté de photos, dessins et références littéraires, est grandiose et foudroyant. Breton ne cherche pas à plaire, bouscule, dérange. Il propulse son lecteur dans le mouvement surréaliste, aux portes de la folie. Qui était Nadja ? Insaisissable, indéchiffrable, Nadja semble être la figure incarnée du surréalisme. Elle semble si irréelle qu'on la croirait sortie de l'imagination de Breton. Pourtant Nadja fut. Mais la véritable et sempiternelle question est ailleurs. Qui suis-je ?



La dernière partie est un magnifique plaidoyer contre la privation de liberté et la médecine psychiatrique balbutiante en un temps où entrer en hôpital "spécialisé" signifiait ne plus jamais en sortir. Eloge de la folie, rejet de la bienséance et droit à la différence. Magnifique et intemporel.
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Correspondance (1918-1962) : André Breton / J..

C'est drôle de lire entre les lignes. (Si tant est que cela soit possible, avec ces deux là..)

Dans son mystère, Breton peut passer pour un hypocrite au moment où il se livre le plus.

Peut-être parce qu'il aime trop le faire et avec trop de talent, de charme.. pour être toujours pris au sérieux

Paulhan, jusque dans son hommage, semble doucement lui reprocher cet amour de l'ombre qui le précède, même, dans sa manière (bien à lui) d'éclairer



S'il se met tout à coup à briller, c'est presque malgré lui et chacun est suspendu un moment, dans son sillage.. Mais cela ne paraît pas l'arrêter, lui, nulle part



C'est un lion.

Et en tant que tel, toujours supplanté par son image ; l'image du lion (son autorité) est beaucoup plus forte que le lion, lui-même.



Je ne sais pas quelle sorte d'animal est Paulhan, par contre

Est-ce pour cela qu'il n'y eut jamais de "fable" entre les deux ?

Il semble que malgré une estime réciproque ; l'amitié à proprement parler, si elle a existé, a été aussi fort empêchée par les deux hommes..

Qui ont chacun la politesse de ne pas se l'expliquer

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Nadja

Léone Camille Ghislaine D. est un coup de foudre, une passion fugace d'André Breton, une danseuse figurante de théatre, dont la fillette a été confiée à ses parents,qui a eu des protecteurs,s'est adonnée au trafic de drogue,une jeune femme rencontrée entre deux guerres au moment des années folles et du mouvement surréaliste.Mais elle est plus que ça.

Nadja, dont le prénom est le début d'espérance en russe est une poupée frêle à la grâce enfantine,aux "yeux de fougère","aux cheveux d'avoine","au sourire imperceptible", sa sensibilité touche André Breton.

"Tu écriras un roman sur moi.Je t'assure..." avait-elle affirmé.

Et effectivement Nadja, roman autobiographique(le livre le plus lu de l'auteur), naitra en 1928, un livre illustré de photos,objets,portraits,documents,dessins symboliques de Nadja qui s'inscrit dans une démarche créatrice surréaliste car les images font écho au texte.

Qui suis-je? s'interroge André Breton, persuadé que les personnages crées sont partie prenante de l'auteur.

Qui est-elle? s'efforce-t-il de répondre dans un deuxième temps.Héroïne surréaliste, elle rit de tout et "jongle avec les noms de certains mets" alors qu'ils déambulent de restaurants en cafés, elle s'effraie de tout, lorsqu'il déclame Baudelaire,elle est une enfant qui touche de sa main l'affiche d'une "main rouge à l'index pointé",elle est la fée "qui se pose à peine en marchant", l'intuitive qui voit ce qui ne se verra que l'instant d'après,mais se donne "des airs du Diable", elle est entre poésie et vraie vie, à la frontière de l'inconscient,elle est surréaliste.

Entre l'hôtel Prince de Galles de Saint Germain et l'éloignement pour la "merveilleuse anonyme", en fait Suzanne Musard citée en fin de livre, Nadja s'attache de plus en plus vu "le pouvoir" qu'il exerce sur elle, (alors que lui ne l'aime pas, elle, vraiment) et elle sombrera par la suite dans la folie pour s'interroger elle aussi Qui suis-je?

Superbe!

André Breton,écrivain français du XX° siècle, promotteur et principal animateur du mouvement surréaliste,fondateur de revues poétiques, a été un poète engagé à la vie tumultueuse.
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Signe ascendant

Je découvre les poésies d'André Breton né le 18 février 1896 et dcd en septembre 1966.



Pour moi, à savourer doucement, à petits pas en essayant d'y trouver l'essence même du plaisir des mots et des phrases.



... deux objets de pensée situés sur des plans différents, entre lesquels le fonctionnement logique de l'esprit n'est apte à jeter aucun pont et s'oppose a priori à ce que toute espèces de pont soit jeté. (p. 9)



* sur le lit du blanc de l'oeil, l'iris est le sommier du matelas de la pupille, où un fantôme de nous-même s''étend dans le rêve.* (Malcolm de Chazal)



Constellations , vingt deux dernières pages où face à des lithographies coloriées de Joan Miro (reproductions de Matisse) l'auteur y a écrit 22 proses en parallèle.















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Nadja

Voici le roman du surréalisme. On y retrouve tous les grands principes édictés par André Breton lui-même dans son "Manifeste du surréalisme": construction aléatoire liée au hasard objectif, référence au rêve et remise en cause des codes bourgeois. Mais, contrairement au "Paysan de Paris" d'Aragon, ce roman révèle trop l'égocentrisme de son auteur-personnage. Certes, il a une dimension autobiographique, on s'en rend compte dès le départ, et il est donc logique que Breton parle du personnage-Breton, que le monde, ou la surréalité de ce monde soit perçue depuis son regard et ses fantasmes. Pourtant, on sent tout le long du roman, la haute estime de l'auteur pour sa personne, pour sa place dans la société parisienne et son rôle dans le mouvement surréaliste. Sa rencontre avec le personnage de Nadja est aussi marquée par cette posture. L'empathie qu'il éprouve pour cette femme aux comportements troubles et fantasques est purement égoïste.
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L'amour fou

L’amour fou est, pour moi, quelque chose d’indescriptible. Raison pour laquelle après « Nadja », au détour d’un rayonnage, je me suis décidé d’acheter ce livre de Mr Breton. Comment parler de rationalité dans ce surréalisme des sentiments exacerbés ?



Je ne cherchais pas tant la rationalité des explications dans ce recueil qui m’a souvent perdu entre tout et tout. Et puis, entre autres, une phrase qui me reste de cet ouvrage :



« La mise en évidence de l’irrationalité, immédiate, confondante, de certains évènements nécessitent la stricte authenticité du document humain qui l’enregistre »



Un contexte donc, et une remise en question à l’heure du tout numérique, qui m’importe forcément un peu moins que les personnes qui sont derrière l’écran.



Un ouvrage un peu plus difficile à lire, une écriture peut-être trop cartésienne et moins dans les actes, un ouvrage qui mérite son titre.



Merci.



Après comme les ouvrages détaillés sur l’inconscient du pourquoi du comment du quoi qu'est-ce, je laisse les avenues ouvertes au spontané et aux surprises dans mes actes personnels, car cela vaut tout l’or du monde. Agir dans un contexte.



Allez, je me plonge dans un autre ouvrage souvent mis au devant de la scène. El tiempo de Nabokov, que sera, sera.

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L'amour fou

Ce livre est la suite de Nadja, André Breton nous narre la façon dont il rencontra sa future femme qui lui donna ensuite une petite fille du nom d'Aube.

Le point faible de ce roman est l'histoire beaucoup trop décousue pour intéresser hors des inconditionnels du surréalisme.
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Nadja



Je craignais un peu de relire ce roman, lu pendant mes études, et dont je ne conservais rien.

Les premières pages semblaient me conforter dans mes craintes avec leurs longues phrases à consonnances philosophiques sur le "qui suis-je?". Et puis, à un moment, j'ai basculé et j'ai lu le roman, certes bien court, d'une traite. Je me suis trouvée comme hypnotisée par la plume de Breton et je voulais poursuivre à tout prix cette balade dans Paris aux côtés de lui et de Nadja.



L'ensemble de l'ouvrage, composé de texte sans beaucoup d'émotion et de photos qui évitent à l'auteur de décrire ou expliquer, confine à l'inexplicable. Autant je comprends que ce roman puisse être complètement hermétique à certains lecteurs, autant je serais bien en peine d'expliquer ce qui m'a tant attirée et poussée à lire jusqu'à la dernière page sans lâcher une fois l'ouvrage.



Une deuxième rencontre qui, cette fois, me laissera quelque chose d'indéfinissable, comme une impression fugace qui me portera sans doute à relire le roman dans vingt ans.
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